Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 03/01/2025

Naissance d’une Coalition anti-système: Biram plébiscité pour la diriger

Au cours d’une conférence de presse tenue ce lundi 30 décembre au siège de IRA, les leaders de la coalition Biram Président 2024 ont officialisé la création de d’une nouvelle coalition dénommée Coalition anti-système.

Ce nouveau rassemblement est constitué de partis politiques, d’associations, de mouvements et des organisations de la société civile ayant tous soutenu la candidature à la dernière présidentielle de Biram (juin 24).

Pour rappel, le candidat Biram Dah Abeid, arrivé en 2e position continue de revendiquer la victoire avec près de 22% des suffrages. La coalition a épinglé la « fraude et la falsification des résultats » en faveur du candidat du pouvoir, Mohammed Cheikh El Ghazwani.

Le choix à l’unanimité du président Biram pour diriger la nouvelle coalition se justifie par « son engagement sans faille, son courage, son parcours de militant contre l’injustice, les sacrifices qu’il a consentis, et son souci constant pour préserver l’unité nationale et la coalition sociale », a expliqué le président des forces progressistes pour le changement (FPC), dans un mot introductif de la rencontre avec la presse.

Dans une longue déclaration rendue publique et distribuée à la presse, la coalition a dressé un sombre tableau de la gouvernance du président Ghazwani.

Pour la coalition, ce régime est marqué par la fraude massive des élections législatives de 2023, de la présidentielle de 2024, par la corruption, source de frustrations, de division, de l’injustice, le népotisme, le trafic d’influence.

« Sous Ould Ghazwani le système ne fait que renforcer l’injustice et la discrimination en tout genre favorisant le racisme institutionnel et la corruption, au lieu de les combattre comme promis », lit-on dans la déclaration de la coalition avant de poursuivre : «Au lieu d’engager de véritables réformes, son gouvernement recycle des élites corrompues, les gabegistes, et amplifie l’anarchie dans les administrations publiques, où des pratiques d’épuration ethnique sont systématiquement menées ».

Et la coalition d’enfoncer le clou : « il s’abstient de s’attaquer aux formes de discriminations les plus fréquentes, notamment l’esclavage, l’enrôlement des populations et le passif humanitaire ».

Et face à cette situation, « nous avons décidé de mettre sur pieds cette coalition pour confronter ce régime et opérer un changement radical et pacifique », ont indiqué les leaders de la coalition qui en appellent à la communauté internationale pour « créer les conditions d’émergence d’un Etat de droit, une Mauritanie réconciliée, égalitaire, moderne et développée et qui accepte pleinement sa diversité ».

Signalons que l’annonce de la création de la coalition antisystème intervient au lendemain de la décision du gouvernement d’adopter une nouvelle loi portant sur les conditions de mise en place des partis politiques.

Une loi considérée par certains observateurs et leaders politique comme dirigée contre le RAG de Biram Dah Abeid et les FPC de Samba Thiam qui courent depuis des années derrière leur reconnaissance par les services du ministère de l’intérieur.

le calame

Analyse et commentaire critique du nouveau projet de loi du ministre de l’Intérieur (Forme, Fond et Perspectives)

Dans la Forme, il y a eu sélectivité dans les convocations ( FPC non convoquées ), et par ailleurs l’opinion des partis convoqués n’a pas été prise en compte. En vérité, c’est toujours notre faire-semblant, soutendu par un subterfuge que nous avait servi Ould Eyih, avec les fameuses journées de concertation sur la réforme de l’Education…

Il faut donner l’impression d’une caution de popularité, et ici de crédibilité, par le “soutien” des partis politiques présents, “associés” qui auraient donné leur aval au projet ! Tout ça relève d’un grossier montage –un gros mensonge-, destiné à la consommation de l’opinion nationale et internationale mystifiées, car le projet est déjà concocté et mûri en amont.

En tout état de cause, il ressort des conclusions de l’échange que tous les partis demandeurs de reconnaissance et les partis officiellement reconnus ont tous désavoué le projet et demandé l’application de la loi 91-024, bien plus flexible.

Mais le ministre n’en eut cure…

Si nous nous attaquons à la critique de fond, nous dirons que les motivations secrètes du gouvernement à travers certains critères mentionnés (5000 parrains issus de toutes les régions, des sièges dans la moitié du territoire ) pour des partis qui n’existent que par le sacrifice de leurs membres, et au regard, comme on le sait, du bon vouloir du parti au pouvoir à accorder à la carte les parrainages) c’est d’effacer, d’éliminer toute Opposition crédible ou tout parti qui refuse d’être inféodé au parti au pouvoir.

Entre autres arguments, en lieu et place des critères, arbitraires, retenus, d’autres paramètres plus pertinents auraient été plus indiqués, telle

+ la participation active du Parti à la vie politique du pays

+ sa vie politique active interne ( Assemblée, activités internes, journées de réflexion, fora etc )

+ la possession d’un siège ( être localisable )

+ une gestion transparente des ressources du Parti ( règles de gestion et de contrôle respectées etc )

+ Dissolution à moins de 1 ou 2 % des suffrages, par compromis.

Ces critères sont suffisants et pertinents pour l’évaluation du sérieux d’un Parti politique.

Par ailleurs que penser de l’appel au dialogue du Président Ghazouani si ce n’est que cet appel manque de crédibilité et de cohérence, pour relever de l’hypocrisie et du cynisme ? En effet, comment, d’un côté appeler au dialogue, et de l’autre avancer son agenda secret sur des questions qui devaient relever du justement de ce Dialogue ? Comment d’un côté chercher à discuter avec les partis, dans l’inclusion, en même temps préparer en secret une loi pour les avoir pieds et poings liés ?

Cynisme quand tu nous tiens !

Quelle perspective ou conclusion tirer des manouvres du gouvernement à travers son ministre de l’intérieur ?

– Il est clair que ce projet de loi constitue une menace pour tout le monde, y compris pour les partis politiques officiels, dépourvus pour la plupart de ressources ( parrainages et nombre de sièges requis dans une limite de temps restreinte ) d’une part, et, d’autre part, par cette disposition du projet très élastique que traduit la menace à l’ordre public. A tout moment le ministre de l’intérieur peut faire tomber un parti sous le coup de cet article. Voilà pourquoi je pense que ces partis politiques reconnus devraient être plus audibles, dans leur opposition au projet du ministre…

Ce projet constitue un recul démocratique marquant et notoire !

Je crois, dur comme fer qu’avec ce gouvernement, par l’élimination des partis de l’opposition significative, l’on s’achemine, vers l’instauration d’un régime de parti unique, à la manière de Moctar Un Remake de sa stratégie; comment il procéda ?

En effet, l’on se souvient comment Moctar se débarrassa des personnalités fortes de son régime (ould Cheikh Sidiya, Mohamed Ould Cheikh et leurs partisans ) pour imposer le parti unique ), devenant le seul chef à bord !

– Faire disparaitre les Opposants, bâillonner les activistes, supprimer les libertés fondamentales d’expression et d’opinion, à terme, inféoder tous les médias pour instaurer la pensée unique comme actuellement au Mali, en Guinée Conakry, au Burkina et au Maghreb, voilà l’objectif secret de ce gouvernement.

C’est la menace ou l’épée sur nos têtes !

Quelle solution ?

Revenir à la loi 91- 024 et laisser les partis politiques compétir librement, sous la sanction des électeurs ou l’arbitrage des urnes. C’est la seule voie juste et de pacification du climat politique.

Maintenant commentons un peu les conditions personnelles, scandaleuses posées par le ministre de l’intérieur à Biram Dah pour l’obtention de son parti. Il s’agit de :

– Reconnaitre la victoire de Ghazouani, qui est une position de toute la Coalition.

– Se séparer de Samba Thiam dans cette Coalition.

– Revenir sur son jugement concernant l’ex-président Abdel Aziz.

Quelle lecture en faisons nous?

D’abord faire remarquer que cette personnalité centrale et officielle de l’Etat, ne fait pas honneur à notre Etat, si tant est qu’on en ait un !

En temps normal, dans un pays normal, elle démissionnerait ou on la ferait démissionner, parce que sa posture indique que le citoyen n’obtient pas ses droits en conformité à la loi, mais par le bon vouloir personnel d’un ministre…Mépris et violation flagrante de la loi, pour un magistrat en charge de veiller à son application !

Requête pour 1 fois, 2 fois passe, mais 4 fois de suite la même condition cela suppose qu’il s’agit d’une conviction forte, d’une posture ancrée.

Ces révélations indiquent que notre Etat n’a aucune crédibilité …

C’est un piège dans lequel, le camarade Biram n’est pas, heureusement, tombé. Satisfaire ce ministre serait se faire hara kiri, politiquement, par l’immensité du discrédit, et la perte totale de son aura politique…Et au bout, perte toute capacité de nuisance. Et c’est là que le ministre l’attendrait pour le jeter comme du klenex usé!

Biram a compris la ruse, le piège tendu, et l’a soigneusement évitée. Il faut le féliciter pour avoir fait preuve de dignité mais surtout de lucidité.

Le 30 décembre 2024

Samba Thiam

Président des FPC.