Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 25/11/2021

Dialogue : À petit trot…

 

Les tentatives de dialogue entre les acteurs politiques se poursuivent à petit trot. La mayonnaise tarde à prendre, surtout du côté de l’opposition. Après plusieurs réunions, ses membres peinent à harmoniser leur position. Si le principe d’aller au dialogue est acquis, certains traînent des pieds, notamment l’APP. Selon des sources proches de ce parti, même si des représentants ont été envoyés pour assister aux réunions chargées d’examiner la plateforme de dialogue, « on reste réticent ». Car, nous dit-on, c’est entre le gouvernement et l’opposition que devraient s’établir les concertations. Or, estime l’APP, c’est loin d’être le cas : le président de la République se cache derrière l’UPR pour refuser d’engager un débat de fond sur les questions majeures que sont l’unité nationale, l’esclavage et ses séquelles, le passif humanitaire, l’officialisation et l’enseignement des langues nationales, la cohabitation entre les différentes communautés, le partage équitable de nos ressources…Pour l’APP, ces questions majeures requièrent une volonté politique réelle et un engagement fort du président de la République, quant à la mise en œuvre des résolutions qui seront prises par les parties prenantes.

Tawassoul est aussi accusé de traîner les pieds, tandis qu’en d’autres partis tout aussi réputés d’opposition, on peine à s’entendre sur la représentation au dialogue. De quoi alimenter l’accusation de placer leurs intérêts devant ceux du pays ? Être au-devant, faute de quoi jouer l’« obstruction » ? C’est en tout cas ce qui expliquait, par le passé, les divergences autour de l’organisation des dialogues précédents…

Pendant que les partis de l’opposition tentent de mettre en place une plateforme commune, on explique le retard, côté pouvoir, par la volonté de certains groupes hostiles à un dialogue qui« ne s’impose pas », selon eux, « puisque le pays ne connaît aucune crise ». Et les voilà donc à s’agiter pour « torpiller » les efforts en cours. Parmi ces groupes, il y a ceux qui ne veulent pas de débats sur le passif humanitaire et la question des langues : les partisans du statu quo, donc. C’est précisément pour cette raison, s’accordent à dire plusieurs observateurs, que le gouvernement s’est employé à anticiper cette dernière question qui préoccupe, en particulier, la composante négro-africaine. Ils estiment que cette question devrait être débattue lors du dialogue politique en gestation.

Vers quelle issue ?

On suivra avec intérêt les résolutions des journées de concertations nationales sur la réforme de l’Éducation. Les acteurs politiques en débattront-ils lors du dialogue ? Est-ce pour ne pas couper l’herbe sous les dialoguistes qu’on s’est en quelque sorte empressé à évacuer cette réforme ? Autre sujet qui taraude également beaucoup d’observateurs :la question de l’unité nationale. Elle doit poser celles de la cohabitation et du vivre ensemble, fortement entamés depuis quelques années et surtout remis en cause par les pratiques d’exclusion dont les Négro-africains et les Harratines se plaignent. Il convient ici d’être particulièrement lucides : toutes ces interrogations qui risquent d’exacerber les tensions dans le pays ne peuvent pas être reportées à chaque fois qu’un dialogue est engagé. C’est en refusant de les traiter et de les évacuer qu’on a accentué – accentue ? Pour quelle fatale issue ? – les plaintes et les méfiances.

                                                 Dalay Lam

                                                       

Seigneur de miséricorde, abrège nos souffrances !

Le document faisant état de malversations à la banque Centrale de Mauritanie au temps d’Ould Abdel Aziz, que l’ex-conseiller du ministre de la Justice affirmait détenir par devers lui et qui lui valut d’être interpelé pendant deux jours par la police, a été divulgué par l’Observatoire du Civisme et des Libertés. Et il n’a dévoilé qu’une infime partie de ce que tout le monde savait déjà, un petit morceau d’un énorme iceberg de prévarication et de gabegie, une symphonie savamment jouée par tout un clan. Où la BCM joua allègrement sa partition, comme toutes les autres institutions de l’État. Comment aurait-il pu en être autrement, d’ailleurs ? Quand, dans un pays qui se dit islamique, son raïs reconnait avoir lui-même trempé dans des affaires louches avant même d’arriver à la tête de l’État, il faut s’attendre au pire une fois qu’il aura toutes les cartes en main. Et l’on n’a pas été déçu. On aura tout vu en une décennie. Même la banque Centrale, dont les méthodes de gestion et les procédures étaient systématiquement frappées du sceau de la rigueur – n’exagérons toutefois pas outre mesure… – n’a pas échappé à la boulimie ambiante. Elle s’est transformée en passoire où les principales devises se retiraient ou s’échangeaient en toute opacité. La suspecte N°1 dans l’affaire dite de la BCM déballa tout aux enquêteurs. Le procureur de la République en fit rapport à sa tutelle. C’est de cela que parlait Ould Haroun. Mais il n’y eut jamais de suite : pouvait-on, de fil en aiguille et d’aveux en dénonciations, inculper toute la république ? Il ne s’agit pas de couper un doigt gangrené ; la main, le bras – la tête ? – sont pourris. Y a-t-il donc une chance de sauver notre Nation ? On se prend parfois à souhaiter que le Jour Dernier vienne au plus vite…

                                                               Ahmed ould Cheikh