Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 14/11/2021

La COP26 adopte un accord en demi-teinte après deux semaines de négociations éprouvantes

RFI – Les 200 pays de la COP26 ont adopté samedi un « pacte de Glasgow » pour accélérer la lutte contre le réchauffement de la planète, sans assurer de le contenir à 1,5°C ni répondre aux demandes d’aide des pays pauvres.

Le texte a été adopté d’un coup de marteau du président britannique de la conférence mondiale pour le climat, Alok Sharma, à l’issue de deux semaines de négociations éprouvantes.

Témoignant de la difficulté à aboutir à cet accord, le président de la COP26 s’est dit d’une voix émue et les larmes aux yeux « profondément désolé » pour des changements de dernière minute introduits sur la question des énergies fossiles à la demande de la Chine et de l’Inde.

Il avait plus tôt estimé que l’accord « inaugure une décennie d’ambition croissante » en matière de climat.

Sur le point critique de la limitation des températures, alors que la planète se trouve selon l’ONU sur une trajectoire « catastrophique » de réchauffement de 2,7°C par rapport à l’ère pré-industrielle, le texte appelle les États membres à relever leurs engagements de réductions plus régulièrement que prévu dans l’accord de Paris, et ce dès 2022. Mais avec la possibilité d’aménagements pour « circonstances nationales particulières », point qui a suscité les critiques des ONG sur les ambitions réelles du texte.

La limite de +1,5°C pas garantie

Le compromis trouvé n’assure d’ailleurs pas le respect des objectifs de l’accord de Paris, limiter le réchauffement « bien en deçà » de 2°C et si possible à 1,5°C. Mais il offre des perspectives permettant à la présidence britannique d’afficher un succès sur son objectif de voir Glasgow « garder 1,5 en vie ». Les experts avertissent régulièrement que « chaque dixième de degré compte » alors que se multiplient déjà les catastrophes liées au changement climatique : inondations, sécheresses ou canicules, avec leur cortège de dégâts et de victimes.

Le texte contient également une mention, inédite à ce niveau, des énergies fossiles, principales responsables du réchauffement de la planète et qui ne sont même pas citées dans l’accord de Paris. La formulation a été atténuée au fil des versions et jusqu’à l’ultime minute avant l’adoption en plénière, à l’insistance notamment de la Chine et de l’Inde. La version finale appelle à « intensifier les efforts vers la réduction du charbon sans systèmes de capture (de CO2) et à la sortie des subventions inefficaces aux énergies fossiles ».

Après un échec aux deux dernières COP, celle-ci a d’autre part réussi à mettre la dernière main aux règles d’utilisation de l’accord de Paris, notamment sur le fonctionnement des marchés carbone censés aider à réduire les émissions.

Les pays pauvres « extrêmement déçus »

Le dossier explosif de l’aide aux pays pauvres, qui a un temps semblé pouvoir faire dérailler les négociations, n’a en revanche pas trouvé de résolution. Échaudés par la promesse toujours non tenue des plus riches de porter à partir de 2020 leur aide climat au Sud à 100 milliards de dollars par an, les pays pauvres, les moins responsables du réchauffement, mais en première ligne face à ses impacts, demandaient un financement spécifique des « pertes et préjudices » qu’ils subissent déjà. Mais les pays développés, au premier rang desquels les États-Unis, qui redoutent de possibles conséquences juridiques, s’y sont fermement opposés.

À contrecœur, les pays pauvres ont donc cédé, acceptant une poursuite du dialogue afin ne pas perdre les avancées sur la lutte contre le réchauffement, dont les effets les menacent déjà directement. Mais ils se sont dits « extrêmement déçus ». « C’est une insulte aux millions de personnes dont les vies sont ravagées par la crise climatique », a commenté Teresa Anderson, de l’ONG ActionAid International.

L’égérie du mouvement mondial des jeunes pour le climat, Greta Thunberg, n’était pas plus tendre, dénonçant sur Twitter « un tsunami de greenwashing » pour tenter de faire passer ce Pacte de Glasgow pour « un pas dans la bonne direction ».

(Avec AFP)

Mauritanie : La captation de l’État par l’idéologie panarabiste au cœur de l’accaparement des terres agricoles du Sud

Et, d’abord, comme dans le film : y a-t-il un pilote dans l’avion? Y a-t-il encore un ministre de l’agriculture au gouvernement? L’omniprésence de son collègue des affaires économiques dans le dossier OPA sur les terres du Sud, justifierait presque le soupçon d’emploi fictif. On ne voit et n’entend que M. Kane.

Pour la énième fois, et probablement pas la dernière, il vient d’accorder une interview qui fleure bon la contre-offensive à l’ancienne. Grosse ficelle et petites recettes éprouvées. Preuve quel le système éliminationniste du général se vautre de plus en plus dans le déni. Le préposé à l’agriculture étant aux abonnés absents, le ministre, couteau suisse, en charge des affaires économiques, sert de bouclier et chante un air de déjà-vu.

On a l’impression de subir à nouveau l’activisme désordonné et indécent du pouvoir du petit génocidaire Maawiyya Ould Sid’ AhmedTaya (12 décembre 1984 – 3 août 2005), de le réentendre niant avec le cynisme qu’on lui connaît avoir déporté un seul Mauritanien noir au Sénégal et au Mali. «Nous avons rapatrié des Sénégalais» éructait le sinistre histrion perclus de racisme et de complexes et qui ne pouvait concevoir la mauritanité d’un Négro-africain.

Il a fallu attendre sa chute pour que, sous la pression des mobilisations et des combats, s’entrouvre bien timidement la phase de reconnaissance, très partielle, de la tragédie. Le temps qui passe n’emporte ni les réflexes ni les automatismes. Dans un spectre pas si différent qu’il n’y paraît, la déclaration du ministre Kane fait écho, Dieu merci dans la seule stratégie du moins, à celle du grand horloger du génocide.

Toutes proportions gardées ! Lui aussi nie les accusations, pourtant justifiées de spoliations des terres. Il le fait sans réels éléments probants. «Il s’agit tout simplement du chemin inverse, du contraire du processus de ce que d’aucuns ont appelé « accaparement des terres» martèle-t-il. Arguments d’autorité. Et, surtout, déni de la part d’un ministre délibérément ou non amnésique mais en lévitation. « Notre » ministre oublie qu’on a affaire à un Etat-rouleau compresseur qui a conçu et qui met la dernière main à sa politique d’effacement des populations autochtones du Sud mauritanien et à leur remplacement programmé par le biais d’une colonisation de peuplement.

Qui ne voit pas que la Mauritanie du Sud est perçue et gérée comme un no man’s land, une friche  à valoriser mais sans ses autochtones rendus étrangers sur leurs terres? Les faits sont têtus et l’histoire bégaie. Les concepteurs du Group Areas Act, mur porteur du système de l’Apartheid, ont fait des émules. Ils peuvent être fiers de leurs héritiers.

La pitoyable ligne de défense de ce pouvoir, inerte, aux abois, qui en est désormais réduit à menacer et à intimider tout ce qui bouge est à son image: fantomatique et virtuelle. Alors à quoi bon de courser un mirage? L’essentiel n’est plus de démonter les incohérences de l’argumentaire des autorités. Elles y arrivent bien toutes seules par leur rhétorique hara kiri. Non, l’essentiel est ailleurs. Il est dans le fait bien plus sérieux que les exclus, ces parias de toujours, n’y croient pas. Bien que combatifs, ils sont désarçonnés. Loin d’être rassurés, ils doutent à bon droit de la parole publique. La confiance est plus que jamais rompue. Elle l’est depuis les années 1980 et rien n’a été fait pour la rétablir. Après tout, que vaut pour un pouvoir raciste, hégémonique et méprisant la confiance des «Intouchables» mauritaniens?

Un expert reconnu du développement rural concède :«l’interview (du ministre) ne reprend que la démarche classique que doit mettre en œuvre un Etat normal. Les propositions ne souffrent pas de cohérence en termes de partenariat entre les différentes parties intéressées». Mais, loin d’oublier l’essentiel, le même pose des préalables :«Il faut pour cela avoir d’abord une véritable politique agricole et une vision: l’encadrement technique, la recherche et la formation. Malheureusement la déstabilisation de l’unité nationale, l’exclusion manifeste ne participent pas à assurer une confiance d’autant que la citoyenneté de beaucoup n’est pas reconnue». Traduction : il manque l’essentiel c’est-à-dire la confiance.

Dans sa «Grande interview», le ministre oublie en effet que son propos n’a de sens que pour et dans un «pays normal » et qu’il représente à l’inverse un pouvoir abonné à une politique ségrégationniste dont le carburant est un ersatz de panarabisme au rabais, auto-satisfait, aux conséquences meurtrières. Piégé dans un système, il en devient prisonnier des pratiques et notamment celles de l’évitement. Interrogé sur les réponses aux protestations de villageois auprès des autorités suite à l’occupation depuis 2016 de leurs terres par un investisseur, le ministre répond :«je n’ai pas en charge la gestion des plaintes dont vous parlez. Mais je sais que notre gouvernement est animé d’une volonté réelle et permanente pour répondre à tout appel de justice d’où qu’il vienne».

En clair, le ministre renvoie la patate chaude à ses collègues de l’intérieur, de la justice…Il n’est pourtant pas ministre de l’agriculture non plus. Pourquoi cette exception? Pour rappel, les faits de prédation incriminés concernent une dizaine de villages dont Medina Fanaye, Sima, Tekane Ksar Mbairick, Niakwar, Mleiga… dans la région du Trarza. (Il est à noter que certaines de ces localités sont condamnées à voir leurs morts inhumés au Sénégal faute de terres disponibles et donc de cimetières. Les investisseurs, totalement étrangers à des considérations humaines, affectives, à l’histoire des communautés et peu soucieux de leur préoccupations et intérêts ont tout simplement trusté la totalité des terres ne laissant aucun espace aux vivants et pas davantage aux morts. Au passage, c’est à un sort identique que sont voués les Négro-africains qui décèdent à l’étranger sans avoir jamais pu être enrôlés pour des raisons souvent liées à des tracasseries de caractère discriminatoire. Ceux-là non plus ne peuvent reposer auprès des leurs en Mauritanie. Qui n’a d’égards pour les morts n’épargne les vivants.

Pour en revenir à la réponse ministérielle, elle en dit long sur la coordination et la cohérence gouvernementales et justifie les interrogations sur les réels lieux et détenteurs du pouvoir au sein du gouvernement. Certains ministres semblent se cantonner à un rôle de faire-valoir et se contentent d’exécuter des décisions prises par des gourous idéologiques invisibles et retranchés dans des cénacles qui leur sont inaccessibles. Ministres paravents! La recette du déshonneur. Paravents ou pas, à la fin on demeure comptable de ses actes. Le temps reste un juge implacable, y compris de ceux qui auront quitté la scène. Un fardeau lourd à porter pour les générations suivantes et, le cas échéant, par des proches qui n’auront rien à se reprocher.

Dans l’immédiat, on est en droit de demander des comptes. Qu’ont fait ce gouvernement et ceux qui l’ont précédé (auxquels il n’a pas été si étranger) face aux demandes de justice et de réparation des victimes et notamment des victimes des déportations ? Faut-il rappeler que les déportés-rapatriés attendent toujours d’être rétablis dans leurs droits. Le temps leur est plus que jamais compté. Par son attitude, le gouvernement nous fait comprendre que le Sud est pour lui tout sauf une priorité. Un no man’s land où tout est permis. Halal!

Vigilance! Il n’est pas superflu de rappeler que le système se réinvente et change de méthode. C’est cosmétique mais ça compte. Le pouvoir du général Ghazouani est adepte du grand chelem, du blanchiment intégral mais à bas bruit: fonction publique, système éducatif, entreprises publiques et privées, monde économique, médias, enseignement… et évidemment forces armées. Nominations et promotions monocolores partout et toujours.

S’il en fallait des preuves, deux faits récents viennent les apporter : une promotion entière de l’Ecole normale des instituteurs monocolore, un groupe tout aussi monocolore de jeunes soldats présentés comme les «meilleurs élèves d’une académie militaire». Pas étonnant du reste si la totalité des pensionnaires de ladite académie est issue de la même ethnie. Le dernier maillon de la chaîne est sur le point d’être scellé: les terres. Après, l’entreprise d’invisibilisation aura été intégrale. Tout se tient dans une logique implacable et bien pensée. Une «belle » continuité. Les prédécesseurs avaient fait le plus gros en mettant en oeuvre l’ethnocide culturel, les génocides physique et biométrique …Sans possibilités de résistance à la mesure d’une machine étatique ethnocratique et raciste. «Nous avons tout ce que vous n’avez pas: l’argent, les armes et le pouvoir» fanfaronnait un des ténors de cette idéologie panarabiste-raciste, meurtrière et hégémonique qui a pris l’Etat en captation depuis plusieurs décennies.

Face au projet de grand escamotage des populations noires du Sud, de quel poids pèse un projet foncier confiscatoire ripoliné en entreprise d’«intérêt national» mais ayant pour réel objectif réel de déposséder les Intouchables? Le pouvoir, maître d’œuvre de ce projet, est sûr de sa force d’anéantissement. L’histoire a prouvé qu’il n’est pas du genre à souffrir d’états d’âme. Rien ne l’arrêtera. Surtout pas ses flagrantes incohérences.

Avez-vous remarqué que les terres du Nord, les palmeraies sont, comme par enchantement, à l’abri de toutes convoitises et comme protégées par un bouclier invisible : un dôme ethnique. C’est que « nos » belles palmeraies du Nord ont une double assise raciale et tribale. Dans un Etat racial et tribal, figurez-vous que cela peut aider. Alors «pas touche pas à ma palmeraie». Plein Sud plutôt. Où quand, faute de poursuivre des objectifs nationaux, la politique se fonde sur l’épiderme, la tribu, l’ethnie. Voilà une donne qui n’aurait pas dû échapper au ministre négro-africain. Et voilà pourtant ce qu’il semble ignorer. Volontairement ou non. De bonne foi ou non. Il en est meilleur juge. Quant aux populations du Sud et plus généralement aux Noirs de Mauritanie, ils disposent de suffisamment de pièces à conviction pour ne pas croire le juge impartial et la procédure pas courue d’avance.

Ciré Ba 

Paris, le 14/07/2021