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Pandémie Covid-19 Mauritanie : la recomposition de l’opposition post-covid-19 plane sur la scène nationale
Alors que le président de l’IRA se retrouve avec le président des FPC après 5 mois d’absence du pays les autres leaders de l’opposition sous la houlette de TAWASSOUL se concertent pour une offensive politique dans les jours à venir. Ces pourparlers en sourdine sont considérés par les observateurs comme une possibilité vers une recomposition de l’opposition après le covid-19.
Incontestablement le déplacement de Ould Abeid chez Samba Thiam ce début de semaine à Nouakchott revêt une double signification importante. Après 5 mois d’absence au pays le président de l’IRA a choisi son premier camp les FPC avec lesquelles il partage l’ostracisme du pouvoir et le même combat contre le racisme d’Etat. Dans ce contexte de crise sanitaire provoquée par la pandémie du covid-19, les deux hommes partagent la même vision sur les lacunes de la gestion de l’épidémie. Ensuite cette rencontre symbolique pourrait être interprété comme un pas vers la convergence des luttes pour se démarquer des forces démocratiques de l’opposition qui viennent au même moment de se concerter pour une offensive politique. Cette rencontre à laquelle ont participé les leaders du FRUD, de SAWAB, du parti MOUSTAQBA et du parti islamiste TAWASSOUL à l’initiative de ce conclave. Derrière l’anniversaire des dernières présidentielles considérés comme une des pages sombres de la démocratie se profile à l’horizon une recomposition politique post-covid 19. L’absence du RFD et de l’UFP est significative à cet égard au moment où ce dernier parti est au centre de critiques sur sa ligne idéologique sur les réseaux sociaux.
Yaya CherifKane- Journaliste
DÉBAT: Mamadou Barry dit Hammel Barry des FPC répond au ministre Mohamed Vall Bellal L’intervention de Mr. Ould Bellal :
DÉBAT: Mamadou Barry dit Hammel Barry des FPC répond au ministre Mohamed Vall Bellal L’intervention de Mr. Ould Bellal : si seulement la base de son raisonnement était vraie… Je viens d’écouter l’intervention de Mr Mohamed Vall Ould Bellal adressée aux membres d’un groupe WhatsApp. Et cela tout juste après avoir lu la réponse du président des FPC, Samba Thiam, à Mohamed Ould Maouloud, président de l’UFP. Alors, je me permets quelques remarques. Cette intervention révèle un talent extraordinaire de l’ancien ministre. Il est très convainquant dans son discours et parait très raisonnable dans son approche : Ould Bellal s’est fondé principalement sur les thèses suivantes : – Les Arabes étaient majoritaires en Mauritanie pendant la colonisation française et ils continuent de l’être ; – Le colon français avait privilégié le Noir mauritanien au détriment de la majorité arabe ; – Historiquement des interactions positives ont existé entre nos différentes communautés. J’étais presque embarqué par l’éloquence et l’apparence raisonnable du discours de l’ancien ministre. Cependant après avoir écouté son intervention en arabe (malgré des limites dans cette langue), et quand j’ai commencé à me poser des questions sur la base de son raisonnement, j’ai tout de suite vu qu’il fallait des réserves nécessaires. En effet, certaines affirmations demandent des faits objectifs pour convaincre de leur véracité. Premièrement, la question est de savoir, sur quel fait se base M. Ould Bellal pour affirmer que les Arabes étaient majoritaires en Mauritanie. Est-ce que l’ex-ministre considère déjà d’office que les harratines sont arabes ? Et quelles données fiables, officielles, de quel recensement objectif se base-t-il pour déterminer que telle communauté est majoritaire ou que telle autre est minoritaire ? Ensuite, l’ex-ministre pense que le colon privilégiait la communauté Noire au détriment de la communauté arabe et cela en se basant sur l’école et l’impôt. Quand on examine cette assertion, on se rend compte qu’elle est erronée. Les Noirs payaient l’impôt, non pas seulement sur le nombre des individus que comptait la famille, mais aussi ils étaient taxés par rapport au nombre du bétail possédé par la famille. Certains d’entre nous connaissent bien la torture sous le soleil du chef de village pour non-règlement de l’impôt. Mr. Bellal trouve que l’enseignement colonial privilégiait les communautés du Sud, puisque sédentarisé, tandis que l’enseignement de la communauté arabe était nomade. Un fait qui est manifestement positif pour les Arabes, mais l’ex-ministre veut lui trouver un aspect négatif. En tout cas mes parents peulhs auraient bien aimé avoir un enseignant avec eux à chaque fois qu’ils se déplaçaient avec leurs vaches au lieu de faire voyager leurs enfants à des dizaines de kilomètres pour se rendre à l’école. La majorité des Noirs n’étaient pas instruits à cause de l’absence de l’école dans leur zone d’habitation. Enfin, Mr l’ex-ministre nous fait l’éloge de la bonne cohabitation de nos différentes communautés. Certes, nous avons des exemples de l’interaction positive entre nos communautés, mais aujourd’hui l’histoire nous renseigne que nos divergences ont plus d’impacts négatifs sur nos relations que l’inverse. Par ailleurs, Mr. Bellal a omis beaucoup de choses intéressantes de son exposé en arabe de la version française. Par exemple, là où il avertissait tous les extrémistes de faire attention à leur projet qui aura une incidence dangereuse contre eux même. Cette menace à l’encontre des nationalistes, surtout negro-mauritaniens n’apparait pas dans la version française. La question est de savoir pourquoi l’omission ? Cela confirmerait-il les confidences de Jamal Ould Yessa relatées par le président des FPC ? Plus curieux encore, l’Ex-ministre a évité certains sujets importants. Il ne veut pas reconnaitre l’état de fait. Aujourd’hui, les Negro-mauritaniens sont vidés de l’administration. Le processus de spoliation de leurs terres est presque achevé. Ould Bellal a pris soin de ne pas parler des déportations. Mais il n’a pas hésité de mentionner des erreurs commises par toutes les communautés. Chose qui est devenue familière chez certains Mauritaniens. Cette position équilibriste, ce comportement têtu de certains de nos progressistes arabes qui note une volonté de faire toujours partager les responsabilités coûte que coûte entre l’oppresseur et l’opprimé. De mon point de vue, le premier problème à résoudre en Mauritanie serait de se débarrasser de cette obsession par rapport à la majorité démographique. En effet les déportations, les exécutions extrajudiciaires et le déni de citoyenneté des Noirs ne s’expliquent que par la détermination du système de réaliser ce mythe majoritaire. Pour conclure, je dirai si nous voulons une vraie réconciliation, il faudra commencer par reconnaitre que toutes les communautés mauritaniennes n’ont pas les mêmes intérêts. A partir de cette vérité simple, nous devons nous demander comment faire pour avoir des intérêts communs. Pour être bref, il faut repartir au point de départ, pour un possible contrat social entre toutes les communautés mauritaniennes. Mamadou Barry dit
Hammel Barry USA
20/06/2020
Commission Communication Initiative de Résurgence Abolitionniste(Ira-M) de la conférence de presse du député et président Biram Dah Abeid, Nouakchott, le 19 juin 2020
Commission Communication Initiative de Résurgence Abolitionniste(Ira-M) de la conférence de presse du député et président Biram Dah Abeid, Nouakchott, le 19 juin 2020
1. Comme docteur Martin Luther King, nous n’acceptons pas de nominations à des postes officiels ou semi, qui nous éloigneront d’une lutte inachevée. D’autres aînés ont éxpérimenté ce chemin sans landemain avant moi.
2. Nous n’avons connaissance d’une seule condamnation d’arabo-berbères auteurs des crimes de génocide, d’esclavage ou de viol contre les populations d’ascendance noire africaine, tels les bambara, wolof, soninké, pulaarophones, les hratin et immigrés subsahariens…
3. A l’exemple des afro-américains pendant les décennies antérieures à la conquête des droits civiques, nous sommes privés de l’enrôlement électoral, donc de la faculté de voter ; à ce titre, les nôtres sont empêchés de s’organiser comme le démontre l’interdiction des mouvements capables de vaincre l’hégémonie ethno-tribale, dans les urnes. Je citerai, ici, Ira-M, le Rag, les Fpc…
4. La privation foncière frappe les noirs de plein fouet, souvent par la spoliation de leurs terres de culture et espace de pâture, au profit d’autres mauritaniens privilégiés, des multinationales de l’agrobusiness et des vendeurs de charbon de bois. Arrachés au sol nourricier dont la qualité se dégrade, ils s’exilent vers les villes et en deviennent le prolétariat corvéable, à vie.
5. Cette discrimination d’Etat exacerbée qu’ont vécu les Usa après la fin de l’esclavage, se manifeste de nos jours en Mauritanie ; l’exclusion des afro-Mauritaniens du personnel civil et militaire de l’Etat en est la manifestation la plus courante…Le processus a été entamé au début des années 1980 et atteint son achèvement aujourd’hui, tant et si bien que les nominations monochromes se banalisent.
6. Nos mouvements non-violents et légalistes sont accusés de racisme et de violence par le bloc conservateur où se retrouvent le pouvoir, des syndicats, des corporations d’imams, de blogueurs, de journalistes, d’hommes d’affaires, de dignitaires tribaux, etc. Le matraquage de l’opinion sous les discours de haine et de diabolisation des courants abolitionnistes, enracine, dans la société, le mépris du nègre, que la culture enseigne et reproduit, parfois sous couvert de religiosité. Ainsi, sommes-nous accusés de vouloir abâtardir l’univers arabo-musulman, d’en adultérer la pureté et la singularité.
7. Dans le but de mieux nous retarder, distraire et contenir, des organisations prétendument progressistes, des pseudo défenseurs des droits de la personne, issus de milieux afro-mauritaniens, se retrouvent en demeure de nous critiquer au bénéfice du système. Beaucoup sont maintenus aux confins du stress alimentaire qui les expose à la compromission. Plus l’édifice des inégalités vacille, davantage leur nombre augmente et se dévalue.
8. Le même procédé de diversion-détournement touche la communauté de lutte contre l’oppression de la femme ; l’on se souvient que de tels montages ont été réalisés pour détruire la réputation des pionniers des droits civiques aux Usa. A titre d’illustration, il convient de mentionner l’invention et la contrefaçon de 35 viols de femmes maures, dans la ville de Bassiknou en ce début du mois de juin 2020. Cette forme de propagande sensationnelle et vindicative, a été utilisée par le KKK(le groupe suprémaciste blanc le plus violent de l’histoire de l’Amérique) durant les années 50 et 60 ; elle visait à obtenir le discrédit et la défiance envers le combat des afro-américains; la méthode commence à prendre forme et favorise l’éclosion des premiers embryons du KKK en Mauritanie.
9. La police de l’Etat mauritanien agit dans le sens de conforter et de rassurer les ultra-racistes arabo-berbères, en faisant régner la terreur au cours des marches pacifiques de Ira-M; il suffit d’observer les scènes de molestation et de torture, infligées aux militantes et militants, notamment l’acharnement symbolique sur les femmes. Les forces de l’ordre inique nous traitent en ennemi, lors d’une guerre, alors que nous sommes désarmés. A l’image du suprémacisme blanc aux Usa, la police agit en gardienne de la domination. 10. l’Etat est le premier concepteur et producteur de violence -symbolique et physique – à l’endroit des afro-mauritaniens, quand il institue, de facto et selon ses normes, l’ostracisme et le bannissement des mouvements porteurs de la parole d’émancipation raciale, offre l’impunité automatique aux criminels d’esclavage avec le maintien de la loi d’amnistie de 1993, résume le message adressé aux “bons citoyens”, en somme les mauritaniens de naissance convenable : « nous, l’Etat, vous protégeons de la justice et de l’étranger ». Voici, en somme, le diagnostic que je me suis toujours fais de la situation de la gouvernance raciale en Mauritanie ; il s’agit du verrou principal qui plombe la citoyenneté, la cohabitation, la démocratie, le développement et surtout la paix bâtie sur un fondement sain. Après la proclamation plus que discutable d’une prétendue victoire dans les urnes, le Président Mohamed Ould Cheikh Ghazouani, recevait le pouvoir, de son prédécesseur, nuitamment, du 22 au 23 juin 2019 ; en trois jours, de concertation avec ses proches conseillers et certains de mes amis proches, j’ai cru devoir désamorcer la situation explosive du moment. Notre franchise et sincérité ainsi que l’amour du pays, attendu de tout mauritanien de bonne foi, devraient inciter le nouveau Chef de l’Etat à comprendre que l’époque devient gourmande en démocratie, droits de l’individu, aspiration à la dignité humaine, y compris pour les noirs. Le 21ème siècle consacre la libération irréversible du descendant d’africain subsaharien. Il est bien temps d’en prendre conscience, en Mauritanie, sous peine de rater le rendez-vous de l’histoire et se retrouver anonyme parmi les vaincus ! Aussi, j’espère qu’avant la fin de sa première année de mandat, le Président de la république va se ressaisir et permettre, à la majorité des mauritaniens, de se sentir fiers de vivre sur une terre des justes.
Nouakchott, 20 juin 2020
Mauritanie : 9 victimes de la canicule dans le nord du pays
Saharamédias– La forte canicule a tué neuf personnes mercredi dans la localité d’El Medah wilaya, de l’Adrar, dont sept personnes âgées, selon le médecin chef du centre de santé d’Awjeft.
Le docteur Mohamed Ghali Marouf a demandé aux populations de la zone d’augmenter sensiblement les liquides notamment chez les enfants et les personnes âgées, insistant sur l’importance de transporter de l’eau lors des déplacements entre les différentes localités de la moughata.
Le wali de l’Adrar, Hadady Barry Yatéra, au nom du président de la république a présenté les condoléances aux familles des victimes d’El Medah et a exprimé aux populations la solidarité du gouvernement avec les populations de la commune et notamment celles d’El Medah, lors d’un voyage effectué sur place jeudi.
Le maire de la localité d’El Medah Abdi O. M’Heyham a demandé la résolution d’un certain nombre de problèmes, notamment l’amélioration des services de santé, celle des infrastructures (routes et écoles) en plus des services de base comme l’eau et l’électricité.
Il a par ailleurs demandé l’ouverture de points pastoraux à Graret Levrass, à accentuer l’aide consentie sur les souches fragiles de la société dans cette conjoncture particulière et à ouvrir des points de vente de la société nationale pour la distribution du poisson.
Sortie de Mohamed ould Maouloud de l’UFP, réplique du président Samba Thiam des FPC.
Au regard des appartenances respectives affirmées du moment, il revenait, je crois, davantage à d’autres le soin de réagir à la sortie de Maouloud; pour une question de logique et de légitimité me semble-t-il …
Mais avec leur “Histoire” éculée, rabâchée à tout vent, un style et une pensée qui bégaient …je me dois d’assumer ma part historique.
Gémal avait l’habitude de nous souffler que lorsque des Arabo-berbères avaient quelque chose à cacher, ils l’exprimaient en arabe…Que Maouloud, francophone de pure souche, s’exprime en arabe sur ces questions sensibles, laisse songeur, interroge à plus d’un titre.
C’est en écoutant ses audios en circulation, que l’on comprend la promptitude de Mr Lô à voler à la rescousse de son ami, empêtré dans ses concepts ; pour limiter les dégâts … Presque du Gaston la gaffe !
J’avoue avoir été quelque peu surpris par des propos qui tombent comme un cheveu dans la soupe; au regard du timing choisi, du contenu, manifestement, en porte-à-faux avec la ligne prétendument défendue par l’Ufp ces derniers temps, au regard, enfin, de la portée, comme pour déterrer la hâche de guerre, à l’assaut des adversaires politiques d’hier, avec lesquelles une paix des braves, implicite, semblait avoir été actée ! Quel intérêt y avait-il à réveiller les vieux démons ? Que va chercher Maouloud avec ces thèses légères des plus fantaisistes ?
Il faut dire que, dans nos rares moments de tête -à-tête dans le cadre du G8, défunt, j’ai perçu des positions chancelantes sur certains aspects de la question nationale.
Un jour, tentant de me raisonner, il me dit que “poser l’officialisation des langues nationales, c’était quand même trop demander…” Puis suivit ce propos, tenu dans la presse, que “Ould Taya était un homme d’Etat, un nationaliste qui aimait son peuple…”, comme pour narguer la sensibilité des Négro-africains. Ses dernières sorties, dignes d’intérêt à l’hémicycle, dans un passé récent, renforcées par celles régulières de Gourmo- remarquables par leur courage-, m’avaient amené à passer l’éponge ; et fait croire au changement, à une évolution positive réelle au sein de l’Ufp.
Mais avec, de nouveau, cette sortie flip-flop, déconcertante, il ya de quoi être ténaillé par le doute ; on n’est plus vraiment rassuré … tant sur la vérité du changement de ligne prônée, que sur la volonté de construire des passerelles, d’apaiser les relations entre courants, hier, conflictuelles, hostiles.
Mon sentiment étant exprimé, je précise n’avoir ici nullement l’intention d’intervenir sur le fond du propos, mais juste rappeler certaines considérations, éclairer quelques pans de l’histoire, sans esprit polémiste, ni intention de croiser le fer…
1-Les concepts sont crées, dans la vie de tous les jours, me semble-t-il, pour aider à mieux cerner ou démêler l’écheveau de la réalité complexe, la déconstruire pour mieux la comprendre. Nous avions donc, nous aussi, le droit d’en créer…
2-Un concept peut être juste ou erroné, toujours discutable …Que je sache, nous n’avons jamais prétendu détenir la vérité en soi ; ni ici, ni ailleurs. Libre cours donc aux uns et autres d’interpréter, d’adhérer à notre reformulation des choses, à nos terminologies, de les rejeter, mais, bien entendu, en nous opposant des argument sérieux et non pas fantaisistes !
Voilà pour les considérations générales. Maintenant, pour passer aux explications ayant conduit à l’usage de ces termes, disons qu’il nous ont été imposés par la force des choses…
Contraints, dans le cadre de nos campagnes politiques et médiatiques d’explication, nous avons dû, recourir aux concepts, “Négro africains, Négro-mauritaniens”, par pédagogie ; pour mieux éclairer des opinions mal informées, parfois désorientées, sur la réalité socio-politique complexe de la Mauritanie. Le concept de “négro-africains”,-il faut le dire- n’a pas été inventé par nous ; il existe depuis fort longtemps.
Ce que nous avons, toutefois, fait, a été de vulgariser le terme, de lui loger un contenu nouveau, un sens politique ; sans plus. Par contre celui de “négro- mauritanien” a été notre création ; l’usage de néologisme est tout de même admis dans la langue française ! Nous l’avions fait pour des besoins de construction, de description …
Que dans notre démarche se soit glissé un objectif politique, latent ou implicite, ça se peut, mais il n’y eut derrière aucun soubassement à relents ou penchants racistes. Cette grille de lecture n’existe que dans l’esprit, malveillant, de ceux-là qui nous réinterprètent, du fait de tous ces préjugés accumulés sur nous.
Cela dit, convenons, quand même, que pour aborder le champ politico -social mauritanien, on pourrait le faire soit sous l’angle de classes-(approche du mnd)-, soit par l’approche races, ou nations, (voire des deux). Sous l’angle de races, la population, bien évidemment, se diviserait alors forcément, en deux grands groupes, Blancs et Noirs -abstraction faite des quelques métisses -. Nous aurions pu utiliser la terminologie “Noirs de Mauritanie” tout court, ou “Nègres de Mauritanie”, comme on dit “Blancs d’Amérique”. Aurions-nous pour autant échappé à sa critique ?
Dans le choix à faire entre “noir” ou “nègre”, nous avions opté pour le second ; le terme « noir » tout court nous semblait neutre, aseptisé, ne traduisant pas suffisamment, à nos yeux, ce que nous voulions faire passer ; en revanche, celui de “nègre” comporte ou charrie une charge affective de refus, de révolte, dirait Césaire, et traduisait mieux notre ressenti d’opprimés …
Quant au terme “negro-mauritaniens” ce fut un concept, un néologisme, crée par nos soins -je l’ai dit-, pour des besoins de groupement (discutable encore une fois). C’est un ensemble qui va regrouper tous les Noirs, par opposition à tous les Blancs ; angle racial et non pas raciste, la nuance est de taille. Arbitraire, se hâteront d’objecter certains ! Peut-être, mais non moins arbitraire que “hartani-bizaan”! Maouloud, par ailleurs, met en cause, sèchement, le choix du terme “négro-mauritanien”…mais admet, sans se poser la moindre question, l’appelation “El bidhaans-les Blancs”, sans se demander si cette dernière ne traduisait pas une posture, une psychologie raciste, en rapport avec la charge négative que charrie le terme “suudaan”, en milieu arabe ! logique ?
Il se trouva, hélàs, pour revenir à nos moutons, que cet ensemble (tous les noirs mauritaniens) recouvre une réalité complexe, fine, subtile, qu’il était difficile pour un étranger de saisir : deux sous groupes de noirs, mais differents ; tous deux opprimés mais qui se tapaient dessus, incapables de s’unir pour livrer bataille à l’oppresseur, en commun -un Système ! Comment ça se peut ? (tout ceci à reclasser, bien sûr, dans le contexte particulier des années de braise , 1986-90) ? Il était ardu de faire comprendre cette réalité à un esprit rationnaliste, de surcroît étranger ; c’était tout simplement insaisissable pour lui. Oui, Noirs mais differents ; différents par leur cheminement historique, par leur culture, et même par la nature de l’oppression subie ; Tous opprimés certes, mais différemment opprimés.
Les uns, victimes de violence physique et morale le long des siècles, asservis, profondément assimilés avec, néanmoins, quelques vestiges de traits culturels nègres. Vestiges, tel ce mode d’habitat du hartani, tel ce pas de danse rythmé par la “taballa”, cette manière joyeuse de s’éclater, ces cérémonies festives qui rappellent étrangement celles de fin des travaux champêtres en milieu nègre, ces cœurs de l’Est qui vibraient au moindre grincement des “cordes noires” de Banzouman Sissoko.
Les autres, quant à eux, étaient objet davantage de violence symbolique et psychologique post-indépendance, par mépris et déni de leur identité, brutalement descendus de leur piédestal dans une chute vertigineuse, avec son lot de frustrations et de rancoeurs, vécue comme un paradis perdu…
Faire comprendre tout cela à des esprits étrangers, généralement mal informés sur la Mauritanie à l’image extérieure trafiquée, n’était pas aisé; il fallait, à chaque fois, de longues explications, de longs discours au risque d’ennuyer l’interlocuteur. Le recours à ces concepts nous a grandement servi, malgré leur limite; Nous entendons par “négro-mauritaniens” tout le bloc noir, celui de “négro-africain”, cette catégorie qui n’avait pas suivi la trajectoire tragique de l’esclavage, qui n’avait pas été acculturée de façon importante, dont la culture ‘originelle’ était demeurée, plus ou moins, intacte au fil de l’histoire.. .
Voilà pour les concepts et leur usage ; Justes ou erronés, ils sont là et bien là, entrés aujourd’hui dans les mœurs et dans le vocabulaire courant, usités, au quotidien, par bien des groupes, des leaders et acteurs politiques…Quel intérêt Maouloud avait -t-il à y revenir aujourd’hui ? Question ouverte… Au fait, qu’avions nous donc osé dire, hier, de si méchant, sur la question haratine qui nous vaille, aujourd’hui, cette charge déplacée et injuste du leader de l’Ufp ?
Simplement ceci :
– “Que l’esclave devait- s’il tenait à s’affranchir de façon définitive et irréversible-rompre les chaînes de servitude tribale, psychologique et économique d’avec le maître, qui constituent un carcan.
– Que les haratines doivent perdre l’illusion qu’en se libérant de l’esclavage tout court, ils se libereraient.. . Non, ils auront quitté un “ghetto” pour retomber dans un autre, celui de l’oppression du Système, c’est-à-dire du racisme, du racisme d’Etat ; ni plus ni moins.
– Que l’engagement “droit de l’hommiste” devra se doubler de l’engagement politique pour plus d’efficience.
– Que cet engagement politique, pour ne pas s’aveugler, devra résulter d’une clarification préalable de leur identité. Qui sont-ils ? Qui sont les Haratines ? “Hartani –bizaani, hartani arabe”, “Hartani nègre” ou “Awlad Hartani” tout court ?
Nous ajoutions alors, en fin du propos, qu’ils sauront identifier ceux avec qui ils partageaient cette discrimination profonde, cette oppression subie pour créer cette , pour reprendre Césaire”.
Nulle part dans ces passages, on ne peut induire une incitation des haratines à la haine ou à la confrontation avec les Bidhaans ? Ce sont là des raccourcis dangereux, surprenants pour émaner d’un leader politique de cette étoffe. Oui, le groupe haratine constitue une force montante, une équation ; oui, il constitue, par la force des choses, un enjeu de lutte du champ politique … Laissons les haratines déterminer, librement, par eux -mêmes, leurs alliés et leur identité qui, du reste, aujourd’hui, les divise…En dernier ressort, ils doivent rester seuls maîtres de leur destin …
Construire des passerelles conduisant à l’apaisement, pour qu’ensemble, nous conjuguions nos efforts, afin de venir à bout de ce Système chauvin et pernicieux, en vue de construire une Mauritanie reconciliée, qui accepte sa diversité, partage équitablement ses richesses entre toutes ses composantes nationales, cultive la fraternité, voilà qui devrait canaliser nos énergies …
Samba Thiam
Président des FPC
Juin 17 -2020
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