Daily Archives: 17/06/2019
Démocratie en Mauritanie , mythe ou réalité ? Par Samba Thiam
Si je devais parler aux étrangers vivant parmi Nous, je leur dirais que nos gouvernants s’évertuent au quotidien, par toutes les ruses possibles, a vendre une image démocratique du pays . Mystification ! Image mystificatrice sur laquelle, hélas, nos partenaires ferment les yeux …
Prenons, à titre d’exemple, ces Présidentielles en cours , vues sous differents angles :
_ La CENI -commission électorale nationale in dépendante – a été et reste partisane, car étant composée exclusivement de la majorité présidentielle ; elle demeure fermée jusque- là à l’Opposition démocratique réelle, en violation flagrante de la loi, malgré toutes les démarches de cette dernière pour y prendre place.
_Le Ravel – recensement à vocation électorale- devant prendre en charge tous les électeurs non inscrits et réviser le fichier électoral n’a été implanté que dans les chefs lieux de département , alors que les agents chargés de la tâche se devaient, habituellement, de sillonner tous les recoins du Territoire. De surcroît, comme par calcul , ces commissions se sont mises au travail sans la ‘’pub’’ requise et n’avaient été visibles que dans certaines régions choisies du pays…
_ Les parrainages; bien que la loi stipule que ‘’ le parrainage est libre et individuel ’’, les Autorités administratives, en complicité avec le parti au pouvoir, firent obstruction ; en exigeant aux conseillers et maires de ces partis de signer et rassembler au niveau central leurs parrainages à blanc, dans le but d’étouffer et faire chanter certains candidats de l’Opposition à la présidentielle, mis dans l’obligation de quémander des parrainages au Parti au pouvoir , afin de valider leur candidature …
_ Observation du processus : Le gouvernement mauritanien refuse catégoriquement l’implication des obseravteurs internationaux , y compris ceux inoffensifs de l’Union Africaine …
Dernier élément, le ministre de l’interieur n’á pas voulu entendre parler d’audit du fichier électoral, encore moins de neutralité de l’administration et de l’Ármée . Pire, il circule, depuis quelques jours dans les réseaux sociaux, des images d’achat massif et de cartes d’identité nationale et des consciences de fonctionnaires qui , sous le couvert de contributions ‘’volontaires’’ pécuniaires furent sommés d’apporter des sous au candidat du Pouvoir …
A Nouakchott , tous les 100 mètres, se déploient, insolemment, les stands bruyants de Ghazouani qui use et abuse des moyens financiers de l’Etat …
Voilà l’image réelle de la Démocratie mauritanienne que les acteurs politiques –les candidats en premier- ne dénoncent pas avec suffisamment de force , à mon sens , et que nos partenaires internationaux se complaisent à laisser se poursuivre …
Samba Thiam
President des FPC
17 juin 2019
SI LA VOLONTÉ EST RÉELLE D’EN DÉCOUDRE AVEC L’ESCLAVAGE EN MAURITANIE, RÉSIDUS, SÉQUELLES, SURVIVANCE OU CAS AVÉRÉS….
» Parmi les dossiers prioritaires auxquels le futur président sera confronté, la « question haratine » trône au beau milieu, avec ses mille et une ramifications. Si la volonté est réelle d’en découdre avec l’esclavage en Mauritanie, résidus, séquelles, survivance ou cas avérés, il faudra faire la seule chose qui n’a jamais été faite en la matière jusqu’à là. Et qui est, du reste, la pièce manquante à la longue chaine des mesures et dispositifs mis en place comme arsenal de lutte et de dissuasion, avec les résultats mitigés ou inexistants que l’on connait.
Pour entrer dans une autre étape de la difficile résolution de ce phénomène, une étape effective et volontariste, le Président à venir devra surtout…Parler. Il devra aller faire son marché aux mots qui disent cette chose confuse et diffuse qu’est le vécu de la servilité chez nous. Il devra produire un Discours, nouveau, officiel, propre à l’Etat, un discours débarrassé des complexes centenaires, lucide, audible, avec la fermeté et le courage de celui qui tient à prendre le taureau par les cornes. Un discours qui sache dépasser les « il existe, il n’existe plus », un discours qui présentera ses propres chiffres, ses propres analyses, puisqu’il n’aura pas eu peur en amont de prendre le pouls réel de la situation. L’Etat, il faut le dire, n’est coupable que de ne pas faire le nécessaire, il n’est pas coupable d’un tel héritage. Au président nouveau, il faudra le Verbe, les lois sont déjà là, ce n’est pas elles qui viendront à bout du mal et de ses avatars, on le sait bien, elles ne sont que balises. Il faut un supra-discours, à distance égale de tous, qui dira, énoncera le remède-processus. Une parole d’en-haut, première responsable de la garantie des libertés fondamentales, seule capable, par les moyens, d’imposer et d’accompagner un nouveau cadre citoyen, seyant à tous.
Au futur élu, il faudra interpeller, fédérer autour de cette question. Avec un discours donc, qui doit s’inscrire dans une opération de communication » inédite », surtout pas politicienne. Son message doit être un mélange de compassion et d’un appel sur fond de sommation clairement et simplement formulé. L’Etat doit parler aux concernés que nous sommes tous, et aux haratine spécifiquement, une parole claire à eux dédiée, qui dit, qui raconte l’histoire aux temps multiples, aux visages variés, qui reconnait l’injustice sociale, qui dit qu’une seule situation d’esclavage empêche de considérer le phénomène comme éradiqué, que les situations d’extrême dépendance sont intolérables, que les liens affectifs au détriment d’une des parties sont malsaines, que l’Etat repensera sa prise en charge de cette question, qu’il s’informera, sortira de vraies données, qu’il pourra assumer car il sera en même temps dans une réelle prise en charge sans précédent, qui se fera aider par toutes les bonnes volontés, les citoyens, les organismes de défenses de droits humains dont le rôle doit être revalorisé, et leur recommandations incorporées.
Il y’a en fait autant de questions haratine que de hartani. Autant de parcours et de trajectoire vers l’émancipation qu’il y’a de descendants d’esclaves. Monsieur le Président vous ne pourrez pas faire l’économie d’un état des lieux, partager les mythes de la réalité, affronter les constats de terrain, mettre des mots sur la complexité des différentes configurations, de Medbougou à Kseyr terchan.
Depuis la fin des années 70, toutes les parties se sont exprimées sur le sujet, certaines ont évolué, en lâchant du leste, d’autres en se radicalisant. L’Etat seul ne s’est pas encore exprimé. Jusqu’ici sa posture a été inexistante. Car le déni n’est pas une posture mais un retrait.
A bon entendeur… »
Rose Du Désert Sahara
Adrar-info
“La Guinée, une usine à fabriquer des dictateurs”
« Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. » Tocqueville
Hissez un rat au sommet de l’Etat, tous les Guinéens viendront s’agenouiller ! A force d’opportunisme et de démagogie, nous sommes devenus un peuple de laquais qui prend un malin plaisir à fabriquer ses tyrans et à leur offrir des verges pour se faire botter le cul. Du postier, Sékou Touré, nous avons fait « le responsable suprême » d’une révolution aussi criminelle que surréaliste ; du soudard Lansana Conté, un général, du pompiste Dadis Camara, le Moïse des nouveaux temps ; du tigre en papier, Sékouba Konaté, un kaiser des tropiques ; de l’éternel étudiant Alpha Condé, un professeur-président et bientôt peut-être, un mangué à vie. Les titres ronflants, les discours creux, les louanges à quatre sous, ça nous connaît ! Sommes-nous les citoyens d’une République ou les griots de la cour ? Les griots de la cour, sûrement ! Sauf, que le griot, le vrai, est d’ascendance noble. Tout chez lui, exprime la prestance : l’allure, le geste, la parole ! Hélas, la décadence de notre pays est telle que cette valeur-là aussi a fini par dégénérer. On ne pince plus la cora à la gloire des valeureux, on ne joue plus de la flûte pour chanter le courage et l’amitié mais pour le prix de la sauce. Nous avons atteint un tel niveau de bassesse humaine que les prêtres comme les marabouts, les soldats comme les mandarins, les riches comme les pauvres, tout le monde est prêt à jeter la culotte pour un plat de bourakhé, à honnir le père et la mère pour un misérable strapontin. Nous sommes devenus un petit peuple de rien du tout que plus personne ne craint, que plus personne ne respecte. Normal, diront nos détracteurs : le larbinisme ne mène jamais loin !
Et pourtant, nous avions tout pour devenir une nation riche, une nation forte, une nation exemplaire : la culture, l’histoire, la géographie ! Qui dit Guinée dit passé glorieux, beaux paysages, belles femmes, bauxite, cours d’eau, diamant et or. Il ne manque qu’une seule chose à ce pays de cocagne : la dignité ! Où l’avons-nous mis, ce legs capital de nos aïeux ? Comme Esaü, son droit d’aînesse, nous l’avons vendu pour un plat de lentilles ou plutôt pour une calebasse de niébé.
Pauvre Guinée ! 61 ans d’Indépendance ! 61 ans de misère, d’infantilisme politique et de haine ! La faute à qui ? A nous tous !
Comment en est-on arrivés là ? Par le jeu sans fin de la cupidité et du renoncement : renoncement au courage, renoncement à la solidarité, renoncement à l’histoire, renoncement à l’honneur, renoncement à l’honnêteté. Tout cela mis ensemble a produit cette société infecte qui est la nôtre aujourd’hui. Ce monde interlope propice aux charlatans et aux criminels, aux tartuffes et aux aigrefins. Plus d’ami, plus de frère ! Aucun effort, aucun mérite ! Aucun idéal, aucune ambition ! Une seule et unique raison de vivre : le bakchiche, le pot de vin, la prébende ! Bouffer à n’importe quel prix quitte à ramper devant Médor et à aboyer à sa place ! D’où vient ce manque de confiance en soi, ce réflexe de peuple mineur, ce besoin permanent de s’inventer des parrains corses et des garde-chiourmes armés de triques ?
Avons-nous peur d’être libres ?
A un moment où de nouveau, notre destin se joue avec-comme sous Lansana Conté en 2006 et Dadis Camara en 2010- un risque énorme de bain de sang, nous devrions méditer ce qu’écrivait l’écrivain français Joseph de Maistre : « Toute nation a le gouvernement qu’elle mérite. »
Tierno Monénembo