SI LA VOLONTÉ EST RÉELLE D’EN DÉCOUDRE AVEC L’ESCLAVAGE EN MAURITANIE, RÉSIDUS, SÉQUELLES, SURVIVANCE OU CAS AVÉRÉS….
» Parmi les dossiers prioritaires auxquels le futur président sera confronté, la « question haratine » trône au beau milieu, avec ses mille et une ramifications. Si la volonté est réelle d’en découdre avec l’esclavage en Mauritanie, résidus, séquelles, survivance ou cas avérés, il faudra faire la seule chose qui n’a jamais été faite en la matière jusqu’à là. Et qui est, du reste, la pièce manquante à la longue chaine des mesures et dispositifs mis en place comme arsenal de lutte et de dissuasion, avec les résultats mitigés ou inexistants que l’on connait.
Pour entrer dans une autre étape de la difficile résolution de ce phénomène, une étape effective et volontariste, le Président à venir devra surtout…Parler. Il devra aller faire son marché aux mots qui disent cette chose confuse et diffuse qu’est le vécu de la servilité chez nous. Il devra produire un Discours, nouveau, officiel, propre à l’Etat, un discours débarrassé des complexes centenaires, lucide, audible, avec la fermeté et le courage de celui qui tient à prendre le taureau par les cornes. Un discours qui sache dépasser les « il existe, il n’existe plus », un discours qui présentera ses propres chiffres, ses propres analyses, puisqu’il n’aura pas eu peur en amont de prendre le pouls réel de la situation. L’Etat, il faut le dire, n’est coupable que de ne pas faire le nécessaire, il n’est pas coupable d’un tel héritage. Au président nouveau, il faudra le Verbe, les lois sont déjà là, ce n’est pas elles qui viendront à bout du mal et de ses avatars, on le sait bien, elles ne sont que balises. Il faut un supra-discours, à distance égale de tous, qui dira, énoncera le remède-processus. Une parole d’en-haut, première responsable de la garantie des libertés fondamentales, seule capable, par les moyens, d’imposer et d’accompagner un nouveau cadre citoyen, seyant à tous.
Au futur élu, il faudra interpeller, fédérer autour de cette question. Avec un discours donc, qui doit s’inscrire dans une opération de communication » inédite », surtout pas politicienne. Son message doit être un mélange de compassion et d’un appel sur fond de sommation clairement et simplement formulé. L’Etat doit parler aux concernés que nous sommes tous, et aux haratine spécifiquement, une parole claire à eux dédiée, qui dit, qui raconte l’histoire aux temps multiples, aux visages variés, qui reconnait l’injustice sociale, qui dit qu’une seule situation d’esclavage empêche de considérer le phénomène comme éradiqué, que les situations d’extrême dépendance sont intolérables, que les liens affectifs au détriment d’une des parties sont malsaines, que l’Etat repensera sa prise en charge de cette question, qu’il s’informera, sortira de vraies données, qu’il pourra assumer car il sera en même temps dans une réelle prise en charge sans précédent, qui se fera aider par toutes les bonnes volontés, les citoyens, les organismes de défenses de droits humains dont le rôle doit être revalorisé, et leur recommandations incorporées.
Il y’a en fait autant de questions haratine que de hartani. Autant de parcours et de trajectoire vers l’émancipation qu’il y’a de descendants d’esclaves. Monsieur le Président vous ne pourrez pas faire l’économie d’un état des lieux, partager les mythes de la réalité, affronter les constats de terrain, mettre des mots sur la complexité des différentes configurations, de Medbougou à Kseyr terchan.
Depuis la fin des années 70, toutes les parties se sont exprimées sur le sujet, certaines ont évolué, en lâchant du leste, d’autres en se radicalisant. L’Etat seul ne s’est pas encore exprimé. Jusqu’ici sa posture a été inexistante. Car le déni n’est pas une posture mais un retrait.
A bon entendeur… »
Rose Du Désert Sahara
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