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Interview exclusive à L’Éveil Hebdo de M. Kane Ousmane ancien Ministre des Finances
L’Eveil Hebdo – « Ce que je retiens du candidat Ould Ghazouani, c’est sa persévérance, dans son programme et dans ses discours, à rester fidèle à son message du 1er mars 2019 » Monsieur Kane Ousmane a observé un « silence assourdissant » depuis qu’il a quitté le gouvernement, il y’a près de dix ans.
Pourtant ce brillant Ingénieur, diplômé de l’École Nationale Supérieure des Mines de Saint-Etienne (France), et de l’École Polytechnique, Palaiseau (France), ancien Vice-Président de la Banque Africaine de Développement et ancien Ministre des Finances a toujours suivi l’actualité politique dans notre pays.
Aujourd’hui, cet homme discret, natif de la localité de Tékane, décide de rompre le silence et de monter au créneau, et ce, au moment où la campagne électorale pour la présidentielle du 22 juin 2019 bat son plein.
Ainsi, il livre sa lecture sur différentes questions d’actualité qui agitent actuellement la Mauritanie.
-Eveil Hebdo : Pourquoi Monsieur le Ministre avez-vous décidé de rompre le silence ?
Kane Ousmane : Je n’ai certes pas souhaité prendre la parole dans les débats publics dans notre pays depuis quelques années. Ce n’est certainement pas par indifférence par rapport à la chose publique mais, d’une certaine façon, parce que je considère que l’espace est suffisamment bien occupé par des gens qui le font relativement bien ; et aussi parce que je ne voyais pas ce que ma parole, isolée, apporterait dans les débats qui ont émergé ces derniers temps.
Avec la campagne électorale en cours, les choses changent. Les enjeux pour l’avenir du pays et celui de nos enfants sont suffisamment importants pour justifier une nouvelle attitude de ma part.
-Eveil Hebdo : En quoi cette élection est-elle aussi importante pour le pays ? qu’est-ce qui la différencie des précédentes ?
Kane Ousmane : Au moins pour trois raisons, ces élections sont particulières pour le pays.
C’est la première fois qu’un Président élu, au terme de la durée fixée par notre Constitution, organise des élections auxquelles il ne se présente pas. On nous avait trop souvent habitué à d’autres formes de changement à la tête de l’État.
Il faut ainsi remercier et féliciter toute la classe politique mauritanienne qui a permis ce progrès. C’est ainsi une bonne opportunité pour les mauritaniens d’enraciner un peu plus la démocratie dans le pays.
Observons ensuite l’offre qui se présente au choix des électeurs. Nous avons des raisons d’être satisfaits du fait que tout le spectre politique mauritanien est représenté. Nous sommes en droit d’espérer un choix informé de la part des électeurs et une évaluation objective des différents courants politiques qui occupent la scène.
Enfin, la situation du pays interpelle tous les patriotes. La sécurité extérieure du pays doit demeurer une priorité pour tous : l’actualité dans les pays voisins nous le rappelle tous les jours. Or, sans cette sécurité, aucun des autres problèmes auxquels fait face le pays ne pourrait être abordée avec la sérénité nécessaire.
La cohésion nationale qui a subi de multiples et sérieux coups de canifs au cours des dernières décennies est à reconstruire : aimer la Mauritanie c’est accepter son identité telle qu’elle est, pas telle qu’on aurait aimé qu’elle soit.
Avec sa population diverse, sa géographie unique, son histoire réelle. Les systèmes éducatifs et judiciaires, l’Administration, l’Économie nationale, entre autres, sont dans des situations qui nécessitent des choix forts, éclairés et urgents.
– Eveil Hebdo : Votre lecture de la campagne présidentielle : Précisément, avez-vous pris position pour soutenir un des six candidats ? Lequel ? Et pourquoi ce soutien ?
Kane Ousmane : Je vous ai dit que je suis satisfait de la diversité des candidatures. Mais j’aurais souhaité un débat d’une meilleure qualité ; débarrassé de « fake news », autour des programmes, des idées et des personnalités des candidats. Ce n’est malheureusement pas encore le cas. Cette critique s’adresse peut-être plus aux journalistes qu’aux candidats eux-mêmes.
Les personnalités qui se présentent à nous sont, pour la plupart, connues des mauritaniens : leur histoire et leur itinéraire professionnels notamment. Les programmes (pour ceux qui en ont) et les engagements sont déclinés jour après jour. Je considère cependant que, par respect vis-à-vis des mauritaniens, chaque candidat aurait dû élaborer, publier et mettre son programme à la disposition des électeurs.
Je suis surpris par le manque de transparence et/ou de préparation à ce niveau de la part de certains prétendants. Me concernant, en dehors de toute considération subjective, je considère avoir suffisamment d’éléments pour faire mon choix.
Je ne peux choisir que celui qui, par sa personnalité et son programme, répond au mieux aux défis actuellement posés au pays : l’exigence de sécurité, la nécessaire reconstruction de la cohésion nationale, la réforme du système éducatif, l’apaisement de la vie publique, la restructuration de l’économie nationale, l’empathie vis-à-vis de ceux de nos frères et de nos sœurs les moins favorisés sont clairement et intelligemment traités dans les discours et dans le programme du candidat Ould Ghazouani.
-Eveil Hebdo : Ce dernier n’est-il pas le dauphin de Ould Abdel AZIZ ? Mieux, il affirme qu’il a même demandé à ce dernier de faire un troisième mandat en violation de la constitution ?
Kane Ousmane : Au sujet du troisième mandat, je vous suggère d’aller à la source (comme j’ai eu à le faire) pour savoir exactement ce qui s’est passé…
Pour ce qui est du statut de « dauphin », ou peut-être de «candidat préféré », du Président sortant, il va de soi que mon choix ne saurait prendre cet élément en considération. J’éprouve beaucoup de respect pour ceux qui ont le sens de l’amitié.
Mais l’amitié est une notion privée qui ne peut et ne doit influer sur l’action publique. Mr. Ould Ghazouani a, dans son discours de candidature, revendiqué son droit d’inventaire non seulement sur le bilan du Président sortant, mais sur celui de tous ceux qui se sont jusque-là succédés à la tête de notre pays. C’est aux mauritaniens et à l’Histoire qu’il appartient de faire le bilan des uns et des autres.
Ce que je retiens du candidat Ould Ghazouani, c’est sa persévérance, dans son programme et dans ses discours, à rester fidèle à son message du 1er mars 2019. Ce qui me surprend chez ses adversaires, c’est l’insistance à lui coller un bilan (bon ou mauvais) qui n’est pas le sien. Analysons, apprécions, comparons les personnalités et les programmes de ceux qui sollicitent nos suffrages. C’est à cela qu’il convient d’inviter les mauritaniens.
– Eveil Hebdo: Vous n’êtes pas fatigué des militaires ?
Kane Ousmane : Je suis fatigué des coups d’état. Nous avons affaire à six civils (dont l’un a connu une bonne carrière militaire avant de réintégrer la vie civile) qui viennent, chacun avec sa personnalité, son expérience et son projet pour le pays, dans le cadre d’un débat démocratique apaisé, dans le strict respect des dispositions constitutionnelles, solliciter le suffrage des mauritaniens. Pour la qualité du débat, il faut toujours revenir à l’essentiel.
-Eveil Hebdo : On estime que le règlement du passif humanitaire demeure flou dans son programme, de même que la question de l’esclavage ?
Kane Ousmane : Le règlement de ces deux dossiers ressort de la sincère volonté politique de nos dirigeants. Il faut se convaincre que le temps et quelques discours ne suffiront pas à faire oublier à des franges importantes de notre peuple leur exigence de citoyenneté pleine et entière.
Parce que l’avenir ne se construit pas dans l’injustice et les frustrations, c’est dans l’intérêt de l’ensemble du Peuple mauritanien qu’il faut convenablement et durablement traité ces points sombres de notre société.
Parce que nous sommes un peuple unique, il appartient à notre élite d’inventer une façon à nous de cohabiter, de travailler et de nous épanouir ensemble. Vous noterez que c’est tout simplement l’engagement que prend le candidat Ould Ghazouani dans son programme. Il est rafraichissant d’entendre un tel discours de la part d’un prétendant aussi sérieux à la magistrature suprême de notre pays.
Son programme traite largement du problème de l’esclavage. Il reconnaît que le Passif Humanitaire est une plaie encore ouverte, et qu’il s’engage à faire face. Cet engagement pourrait rassurer et suffire quand on sait le sens que l’homme accorde au mot « engagement ». Je comprends cependant, en raison des tentatives passées d’escamoter le problème, que certains auraient souhaité plus de précisions à ce sujet.
Je suis de ceux qui croient que, au-delà du mal fait à plusieurs de nos compatriotes et à leurs descendants, le traitement du Passif de l’Esclavage et du Passif Humanitaire devrait faire l’objet d’une revendication consensuelle nationale, pas seulement de certaines composantes de notre Peuple.
Il faut aller aux racines du mal qui a engendré ces bêtises humaines. Le candidat Ould Ghazouani propose une réponse multiforme, à travers les réformes des systèmes judiciaire, éducatif, économique et social. Il faut prendre ces engagements au sérieux parce qu’ils peuvent, s’ils sont sérieusement mis en œuvre, être le début d’une nouvelle ère de fraternité et de justice entre mauritaniens.
Je sais que la colère et l’émotion ont été convoquées au débat en cours. Mais à l’heure des choix, de la préparation de l’avenir des générations à venir, c’est à la raison que j’invite mes frères et sœurs. Je comprends ces sentiments, mais, au risque de nourrir longtemps encore les sources de cette colère, il faut puiser au fonds de soi-même le courage nécessaire pour se convaincre que l’heure est aux solutions, et non récriminations ; aux choix positifs, non aux rejets.
Il faut, en toute objectivité, se poser la question de savoir lequel des six candidats aborde le thème de la Cohésion Nationale avec le plus de rigueur et de responsabilité. Et se déterminer en conséquence.
Enfin, l’élection d’un nouveau Président en juin ou juillet 2019 ne signifie pas la fin du combat pour les Droits de l’Homme en Mauritanie. La mission des associations qui se sont illustrées, avec succès, pour la promotion des droits des descendants d’esclaves, contre l’oubli et pour la justice en faveur des victimes de la politique des années 1986-1991, pour un accès équitable aux documents d’états civils, contre la spoliation des terres agricoles ne s’arrêtera pas au lendemain de ces élections.
Tout au contraire, reconnues (nous l’espérons) dans leur rôle d’intérêt public, elles continueront à veiller à ce que, dans la fraternité et la quiétude, la vérité soit dite et les droits rétablis.
– Eveil Hebdo : Ce sont de belles promesses !
Kane Ousmane Oui. Mais venant de ce candidat, je les prends au sérieux. Pour mon pays, je souhaiterais entendre des promesses équivalentes, en cohérence et en équité, de la part de tous les autres prétendants aussi.
-Eveil Hebdo : Au passage que pensez-vous du bilan du Président AZIZ ?
Kane Ousmane : J’apprécie la sécurité transfrontalière dont jouit le pays depuis plusieurs années. J’espère qu’elle perdurera très longtemps encore.
– Eveil Hebdo : C’est tout ?
Reconnaissons au Président sortant d’avoir introduit dans le débat public la nécessité de lutter contre la gabegie et contre la pauvreté. Ce sont des thèmes majeurs dans la vie d’une Nation. J’espère, là-aussi, qu’ils seront présents dans les préoccupations de tous ceux qui auront à porter une parole publique dans le pays.
-Eveil Hebdo : Enfin pensez-vous réellement que votre candidat peut résoudre les questions cruciales, de l’unité nationale, des droits humains, de l’indépendance judiciaire, et la pauvreté qui fait jour dans notre pays.
Kane Ousmane : Tout seul, je ne pense pas. Avec un appui massif du Peuple Mauritanien, je crois que c’est jouable. La Mauritanie dispose de potentialités certaines pour se hisser parmi les pays les plus performants du continent.
La pauvreté n’est pas une fatalité pour les mauritaniens. Le candidat Ould Ghazouani a identifié les leviers sur lesquels il est urgent et impérieux d’agir pour valoriser ce potentiel : la sécurité, la justice, l’éducation, l’exemplarité du comportement des dirigeants, la solidarité avec les faibles. Il appartient aux mauritaniens de faire en sorte que ces idées et promesses se matérialisent.
Propos recueilles par SMB
cridem
Ce que le racisme d’Etat et les discriminations font à la politique mauritanienne
Le racisme d’Etat, les exclusions normalisées et les pratiques politiques décadentes ont rendu possible une chose vis-à-vis de laquelle nombre de Mauritaniens avaient jusqu’à présent une aversion sans borne : la communautarisation de l’espace et des engagements politiques. Si cette créature hideuse, dont nous ne connaissons que trop bien la puissance de destruction, est à combattre dans les espaces publics et dans l’intimité des familles, il convient pourtant, pour nous qui vivons un moment exceptionnel de re-mobilisation politique généralisée, de ne point ranger les candidatures de Biram Dah et de Kane Hamidou Baba dans la rubrique de ces communautarismes (harratine, peule, soninké, wolof…) néfastes à décapiter. Au contraire, celles-ci doivent être prises pour ce qu’elles sont : des candidatures de combat, de visibilité sociale, politique et culturelle. Il s’agit, dans une République qui ne soucie guère de justice sociale au sens large, d’une nécessaire étape dans la « lutte pour la reconnaissance » de catégories discriminées. C’est l’une des manières pour des populations symboliquement et réellement infériorisées d’opposer un refus collectif face aux injustices, aux exclusions, vexations et humiliations.
Les moments Taya et Aziz, en sus d’avoir été médiocres, violents et attentatoires aux droits élémentaires de fractions importantes de gouvernés, (persécutions et massacres des années 1980-90, complicité /complaisance à l’égard de l’esclavage, recensements et exclusions des années 2010, ostracisation de langues nationales, arabisation aveugle de l’administration et de l’enseignement, spoliations des terres, etc.) ont durablement installé dans les esprits la méfiance du « même envers le même », celle du Mauritanien envers son double. Ce rapport biaisé à l’autre, les sultans et courtisans du haut en ont fait une arme, privatisant le pouvoir, le jeu politique, et donnant, au travers de candidatures ritualisées soutenues par une partie de leur communauté d’extraction, un corps réel à la méfiance et au repli communautaire. Il n’est donc pas inutile, pour enrayer ces manières de faire, éteindre ce feu qui consume tout, d’allumer des contre-feux, introduire des « candidatures miroirs » qui répondent à d’autres imposées depuis des années par des autocrates, embourgeoisés et issus des mêmes milieux. Ces candidatures miroirs, comme celles de Biram Dah et Kane Hamidou Baba, remplissent au moins deux fonctions : rendre présents ceux qui ont été rendus invisibles par des politiques racistes et discriminatoires, et pour les tenants du bégaiement stérile de la vie politique mauritanienne, révéler l’absurdité et l’iniquité d’une conception sectaire et étriquée de la politique. Cette démarche, dans notre entendement, ne pourrait être que provisoire, une transition vers la formation d’une société plus égalitaire, plus soucieuse du bonheur collectif de ses membres.
Ces « candidatures-exaltations » de groupes, au sens positif, en même temps qu’elles feraient œuvre d’instruction publique, pousseraient la logique des oppositions politiques jouant sur les sensibilités communautaires jusqu’à leurs limites, afin d’exposer au grand jour le vrai visage d’une société balkanisée. Si la Mauritanie, avec son statut de République islamique, est encore incapable d’ériger l’unité, la justice, l’égalité, la solidarité et la fraternité en valeurs cardinales, il faut donc aux Mauritaniens la possibilité d’envisager le franchissement des limites de l’acceptable pour perturber temporairement la relation politique. Au demeurant, ces limites ont depuis longtemps été franchies par une élite qui, abandonnant toute raison, a radicalisé les positions et naturalisé le fait que la gestion des affaires de la cité revenait de droit à quelques-uns au sein d’une communauté spécifique. Comment, dans ce cas, condamner la naissance de formations politiques majoritairement composées d’afro-Mauritaniens mais également l’émergence de candidats qui portent les revendications légitimes de groupes étouffés ?
Sidi N’Diaye,
Politiste, pour ADN
Mauritanie – Kane H. Baba : « Je ne suis pas propriétaire de l’électorat négro-africain »
Alakhbar – « Je ne suis pas propriétaire de l’électorat négro-africain. Je ne cherche pas l’électorat négro-africain. Je cherche l’électorat mauritanien. Je suis déjà partout en Mauritanie à la recherche de cet électorat mauritanien », déclare Kane Hamidou Baba, candidat aux élections présidentielles du 22 juin 2019 en Mauritanie, dans une interview parue mercredi dans le journal Alakhbar Info.
Le candidat, qui précise qu’il n’y aura ni paix ni démocratie sans l’unité nationale, revient largement sur cette question de l’unité nationale affirmant : « Mon engagement politique ne s’est jamais inscrit dans une dynamique communautaire, mais dans une dynamique de principe (…) Maintenant, il y a des problèmes réels sur lesquels il y’a des partis politiques qui y sont plus sensibles à savoir la question de l’unité nationale.
Il se trouve que se sont les partis de leadership négro-africains qui sont plus sensibles sur ces questions. C’est une réalité. De même quand on regarde la géographie des organisations des droits de l’homme, on se rend compte que les questions des droits de l’homme intéressent davantage les mouvements d’inspiration négro-africaine ».
L’interview a été réalisée dans le cadre de Alakhbar – Débats par Mohamed Diop, rédacteur en chef à Alakhbar, Bakary Gueye, correspondant de presse internationale, Oubeid Imijine journaliste écrivain, et par Dadda Abdellah, journaliste à ArakNews.
Alakhbar
“Il n’est pas scandaleux de parler de logique d’épuration ethnique au Mali”
France Inter – Le secrétaire général des Nations Unies tire la sonnette d’alarme : pour Antonio Guterres, il existe un fort risque d’atrocités à venir au Mali. Spécialiste du Sahel, Yvan Guichaoua, est chercheur et maître de conférences à la Brussels School of International Studies. Il répond à nos questions.
FRANCE INTER : Quelle est la situation sécuritaire au Mali ?
YVAN GUICHAOUA : “Il y a des violences, des exécutions sommaires. Pas de l’ampleur d’Ogossagou, qui a été un épisode extrême de part le nombre de victimes (160 personnes ont été tuées le 23 mars dernier dans l’attaque d’un village peul dans le centre du pays), mais aussi du fait des techniques de violences absolument horribles qui ont été utilisées.
On n’a pas connu d’autres épisodes de cette échelle-là, mais il y a des exécutions extrajudiciaires régulières, des raids commis sur des villages, des enlèvements de personnes qui sont souvent filmés. On voit sur les réseaux sociaux des vidéos circuler où untel, soupçonné d’être complice des djihadistes, se fait embarquer en moto par des chasseurs traditionnels vers un lieu inconnu où il sera tué ensuite. Il y a des attaques ciblées, des assassinats dans des hôpitaux ou des centres de santé qui ont lieu la nuit. Ces épisodes se répètent quasiment quotidiennement. Aujourd’hui, il n’est pas scandaleux de parler de logique d’épuration ethnique.”
Il existe une multitude de groupes d’autodéfense, autrement dit des milices. Sont-elles à l’origine de ces violences ?
“Effectivement, elles font l’objet de toutes les suspicions, notamment la milice Dogon Dan Na Ambassagou [NDLR : selon un rapport préliminaire des Nations Unies, des chasseurs traditionnels appartenant à cette milice auraient participé au massacre d’Ogossagou ; le groupe a démenti toute implication dans la tuerie]. Les djihadistes ne se sont pas privés de mener des attaques contre des membres de cette milice parce qu’ils se déclarent loyaux envers l’État malien. Certains ont servi de guide ou d’informateurs pour les forces armées maliennes contre les djihadistes présents dans la région.”
Peut-on dire que ces milices se substituent à l’État malien ?
“Il y a eu une relation ambiguë entre ces milices et l’État malien, qui n’a pas les moyens de déployer ses forces de sécurité sur l’ensemble de la zone où opèrent les djihadistes. Donc il utilise la technique la plus efficace et la moins coûteuse, qui consiste à s’appuyer sur des milices locales. Mais ces milices ont leur propre autonomie, leur propre agenda. Politiquement, c’est compliqué pour l’État malien, qui se retrouve entre des djihadistes qui lui font la guerre et des milices pas très contrôlables, mais qui se disent soucieuses de préserver l’intégrité territoriale et l’autorité étatique. L’État a peu de leviers pour tenter de reprendre le contrôle de ces milices.”
Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations-Unies, parle d’un fort risque d’atrocités au Mali. Vous partagez son avis ?
“Absolument, il fait un diagnostic qui correspond à la réalité : la situation est critique et il faudrait que la communauté internationale se penche sur les solutions à apporter. Antonio Guterres défend également la prolongation et la nécessité de la présence de la Minusma dans la zone. Sachant que dans la zone où ont lieu les massacres, la Minusma est sous le feu des critiques car ses soldats assistent à des exactions sans pouvoir agir. Donc annoncer des risques d’atrocités, c’est bien pour alerter l’opinion internationale, mais il faut aussi résoudre concrètement l’équation de ces milices et trouver des solutions pour que les populations soient protégées dans un premier temps. Puis dans un deuxième temps, il faut faire en sorte que les gens qui ont des armes soient désarmés.”
Par Valérie Crova
RFI
Mariem Derwich :Ce pays est un gâteau imaginaire que l’on peut se partager…
À écouter les différents programmes de la plupart des candidats, nous voilà revenus à la vieille quête des alchimistes : tout transformer en or…
Le seul hic : comment transformer des mentalités, les nôtres…? Car le seul obstacle à un vrai changement chez nous, c’est nous…
Nous qui « votons » comme le groupe, nous qui acceptons la mascarade des adhésions tribales, nous qui avons accepté et accepterons des résultats « officiels » même quand auront été démontrées les multiples fraudes, nous qui, comme « culture » politique n’avons connu que soit le parti unique (civil), soit les coups d’états, soit les chefferies traditionnelles et la cooptation entre gens du même sang et du même rang…
Si pour nous la politique c’est cette absurde course aux banderoles et aux « adhésions » enthousiastes, cette flagornerie répétée, alors nous est rien,
juste une variable d’ajustement dans un processus tout sauf démocratique… Chez nous la politique c’est d’abord le culturel et non pas le sens général…
Alors continuons à croire que l’on peut tout changer en or…
Ce pays est un gâteau imaginaire que l’on peut se partager…
Mariem Derwich
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