Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Monthly Archives: July 2011

Ould Abdel Aziz aux Affaires Entre l’Amateurisme et l’Exclusion des Noirs

altLa nature provocatrice et abusivement discriminatoire du recensement,  nous emmène, encore une fois à nous interroger sur les intentions réelles de ceux qui ont pris le pays en otage et continuent de le  conduire vers  un échec cuisant.  Depuis le putsch suivi du coup de force électoral, Ould Abdoul Aziz et ses ouailles ne cessent de poser des actes qui dénotent soit de l’amateurisme, soit de la volonté de s’inscrire dans une dynamique de perpétuer la domination d’une minorité  sur l’écrasante majorité des Mauritaniens. Depuis qu’ils sont aux affaires, c’est soit le pilotage  à vue, soit la continuité de la politique de Taya, mais cette fois-ci avec des méthodes plus sournoises. Examinons d’abord  l`aspect économique.  Ils clament haut et fort qu’ils veulent d’un développement économique qui se matérialise par une croissance à deux chiffres, sans au préalable avoir une vision claire de ce qu’ils veulent faire et de quel modèle de développement, ils préconisent. Ils n’ya aucun plan de développement durable. Les études de projets ne sont faites que pour faire affluer des devises dans le pays. Une fois que l’argent est décaissé, les projets se voient rangés dans les tiroirs.  

Sur le plan infrastructures, Aziz et sa bande s’empressent de créer une ville alors que la priorité devrait être d’assainir les grandes cités (Nouakchott, Nouadhibou) et de développer les villes  et villages du Sud qui ont connu une dégradation piteuse sous le dictateur Taya.  

Sur le plan éthique, ils sont contre la corruption aujourd’hui, et blanchissent leurs protégés  le lendemain.  Ils déclarent qu’ils sont pour l’égalité des chances, et forgent une nouvelle ploutocratie.  

Ils parlent de réconciliation nationale,  organisent des prières théâtrales à Kaédi, et laissent les auteurs des crimes se promener librement.  Ils parlent d’égalité et envoient Yahya Ould Ahmed El Waghef cracher sur le caractère multilingue de la Mauritanie. Ils clament haut et fort leur opposition au racisme et à l’esclavage d’une part, et d’autre part, ils poursuivent la politique de l’exclusion, de l’impunité et protègent les esclavagistes.

Aujourd’hui nous sommes en 2011, les déportations et les massacres ne sont plus adaptées, et il faut, vaille que vaille, trouver un moyen de réduire le poids politique et démographique des Negro-Mauritaniens, d’où ce recensement à caractère exclusionniste et raciste.   

En définitive, il faut dire que leur gestion des affaires relève de l’amateurisme et de la volonté de perpétuer la domination d’un groupe sur l’autre. Et dans les deux cas, les Mauritaniens de toute part, doivent leur barrer la route.

Abda Wone.

Des activistes protestent de nouveau contre l’enrôlement

altALAKHBAR – Le mouvement « touche pas à ma Nationalité » a organisé jeudi matin(21 Juillet), son quatrième sit-in pour protester contre le déroulement des opérations d’enrôlement des populations. Les jeunes du Mouvement ont commencé à dix heures leur sit- in en face du centre d’accueil des citoyens de Tevragh-Ziena à coté de la Polyclinique. Ils ont soulevé des bandeaux marqués « touche pas a ma nationalité », « recensement raciste », « la Mauritanie une et indivisible » parmi d’autres slogans. D’après leur porte parole Birane Wane « le combat continuera malgré les résultats minimes qui continuent à tomber, tel que le débat d’hier soir à la télévision Mauritanienne ». Aujourd’hui en Mauritanie « tout noir est considéré comme d’origine étrangère. Nous sommes là pour refuser cette exclusion » a martelé Wane. Les participants dans la manifestation, visiblement plus nombreux que la semaine passée, ont distribué des tractes annonçant leur programme ultérieur. Ils ont crié aussi « recensement raciste ». La police était sur les lieux. Elle a observé de loin la situation sans intervenir. Le sit-in a pris fin sans violence. Les jeunes comptent organiser un nouveau sit-in le vingt juillet.

Phénoménologie du racisme d’Etat, ou le malentendu originel

altPréambule

 

Aleg 1958.  On est à deux ans de la proclamation de l’indépendance du pays. Un projet de Nation se discute entre fils et filles d’une Mauritanie naissante. Dans l’euphorie générale des populations africaines bercées par la promesse d’une dignité retrouvée, une poignée de cadres négro-mauritaniens doutent. Le projet Mauritanie, tel qu’il se dessine, ne les rassure point, et offre à leurs yeux, peu de gage quant à l’édification d’une société dans laquelle, à défaut du droit à l’indifférence, on aurait l’assurance du respect des différences culturelles, linguistiques et raciales.  La citoyenneté des noirs, leur mauritanité, ne leur parait pas d’évidence acceptée.

 Certains pousseront la méfiance jusqu’à réclamer un état fédéral. Beaucoup en tous cas ne prendront qu’avec des pincettes les premiers jalons posés par le régime de Ould Dadah, jalons s’inscrivant dans ce qu’on appellera non sans grandiloquence «la repersonnalisation de l’homme mauritanien ».

 

Tout au long du cheminement du pays une espèce de terrible malentendu originel s’installera entre les tenants du système et les populations négro-africaines. Malentendu sur l’histoire du pays, malentendu sur son espace d’appartenance culturelle, malentendu sur le projet d’avenir ; bref, malentendu sur l’identité du pays, et partant sur l’identité de ses habitants. Une partie importante de ce qui se racontera aux générations futures sur la construction de notre jeune « nation » sera marquée par les évènements qui sont l’expression douloureuse de ce malentendu.

Comme quoi, les sceptiques d’Aleg n’étaient pas que des râleurs professionnels. Ils auront très tôt pressenti 1966 et le Manifeste des 19, humé l’air pollué de 1979 et la « circulaire 02 », présagé de 1986 et du « Manifeste du négro-mauritanien opprimé », alerté sur 1989, 1990 et 1991 et le paroxysme de l’abominable « tayayisme ».

 

 Aujourd’hui encore, au vu du projet d’enrôlement qui repose insidieusement l’abjecte question de la mauritanité dite « apurée », il n’y a plus de doute à se faire sur le fait que le malentendu est volontairement entretenu…

 

Mon ambition ici, et dans la série des textes à suivre n’est pas de faire dans la science politique de haute facture, mais juste de traduire dans des mots à peu près compréhensibles, la façon dont un enfant de cette histoire mauritanienne, négro-africain de surcroît, peut ressentir et analyser ce malentendu.  Je propose de revenir sur certains des évènements qui ont pu constituer pour la communauté négro-africaine un trauma certain. Je me propose d’en livrer une analyse qui n’a d’autre prétention que de rendre compte d’une vision personnelle. Que les experts veuillent d’avance pardonner les approximations qu’ils pourront y lire. Droit leur est naturellement ouvert d’y apporter un correctif, ou de me porter la contradiction ; ça ne fera qu’élever le débat. Je ferai l’effort de rester moi-même ; c’est-à-dire, en principe mesuré. Mais les quelques excès que d’aucuns pourront y lire sont d’avance assumés. Car je ne suis pas, comme pour paraphraser Cesair, un loup qui danse, mais un homme qui crie… De colère !

 

Bocar Oumar BA      

Enrôlement des populations: chronique d’une épuration ethnique annoncée

altLes faits

L’opération de recensement dite d’enrôlement des populations en cours actuellement en Mauritanie pose au moins une question, non celle de savoir combien d’âmes vivent sur le territoire de notre pays, objectif principal de toute opération de recensement,  mais bien celle stupide de la « Mauritanité » de celles et ceux qui se présentent dans les bureaux citoyens pour se faire recenser. Les agents recenseurs, investis de on ne sait quels pouvoirs se sentent légitimes à juger que tel nom est typiquement mauritanien, tel autre aurait une consonance étrangère, donc son porteur ne mérite pas d’être recensé. C’est irréel, contraire à toutes les règles du droit et en déphasage total avec l’histoire de notre pays. Nous nous abstenons donc de faire comme eux. Nous sommes tous Mauritaniens et voulons vivre ensemble dans le respect et la dignité.

Les premiers et très nombreux témoignages qui nous parviennent, font état d’empêchements de toutes sortes faits à des Noirs mauritaniens de toutes conditions sociales, à Nouakchott comme à l’intérieur du pays : anciens ministres, anciens officiers supérieurs de l’armée, fonctionnaires en exercice, citoyens lambda.

On croyait cette époque révolue. Mais nous voilà brusquement réveillés de notre sommeil.

Notre analyse

L’objectif de cette opération politico-administrative est, on ne peut plus clairement, défini par le premier ministre : épurer l’état civil. Sur notre territoire, comme sur tout autre, vivent des nationaux et des étrangers. L’ensemble constituant la population de la Mauritanie à un temps T. Le recensement doit pouvoir distinguer les uns des autres sans discussion, sans contestation, sans équivoque. Soyons clairs : un Sénégalais n’est pas Mauritanien ; pas plus qu’un Marocain ne l’est. Mais un Mauritanien est un Mauritanien. Normalement. Hélas, à l’épreuve des faits, cela n’est cependant évident que s’il est maure (entendez Bidhani) ; systématiquement douteux dès qu’il est noir. Cette opération est aussi dangereuse pour la communauté haratine. Biram Dah  ABEID estime que « 600 000 esclaves domestiques n’ont pas de papiers et l’Etat mauritanien refuse de les leur donner ». Leur enrôlement dépend donc du bon vouloir de leurs maîtres. Le noir mauritanien doit à tout moment expliquer, justifier, remonter le fil de son histoire familiale, villageoise et l’étayer par celle de ses voisins pour prouver qu’il est effectivement mauritanien. Il ne reste plus qu’à lui imposer des tests ADN.

Or, quand on commence à regarder plus sérieusement cette « Mauritanité », des difficultés surviennent. Etre mauritanien, est-ce exclusivement être né en Mauritanie, d’au moins un parent qui y est également né  ? Ou faut-il avoir en plus le nom qui convienne. Qu’à cela ne tienne ! Mohamed Ould Abdel AZIZ n’était-il pas, à la lettre près, le nom d’un dirigeant historique du Polisario, au moment même où la Mauritanie livrait une guerre d’occupation au Sahara Occidental. Est-ce que pour autant cela fait peser un doute sur la « Mauritanité » de l’actuel président de la République ? Ni même le fait qu’il soit, qu’il serait, natif de Louga, qui comme chacun le sait se situe bien en territoire sénégalais.

Enfin, comment joue la « Mauritanité » dans le projet de la Mauritanie nouvelle que nous prépare le général. En vérité, avec l’arrivée au pouvoir de Mohamed Ould Abdel AZIZ, l’affirmation identitaire arabe exclusiviste de la Mauritanie refait surface avec force et violence.  Le caractère excluant de la « Mauritanité » porte les germes de ce qui va déliter la cohésion et l’unité nationales. Il fait courir au pays qui porte encore les stigmates d’un conflit ethnique dont il peine à panser les plaies, le risque de nouveaux conflits aux conséquences incalculables. L’Etat procède à une modification de peuplement des villages et villes du Sud. Ce projet, pensé sous Maawiya Ould Sid’Ahmed TAYA, organisé et entrain d’être mis en place par Ould Abdel AIZIZ vise à permettre aux tenants du racisme de prendre le contrôle des municipalités du Sud : projet de ville nouvelle à Kaédi participe de cette entreprise.

Les soutiens d’hier du général Ould Abdel AZIZ n’hésitent plus désormais à reconnaître publiquement qu’il est coresponsable des exactions perpétrées entre 1986 et 1993 sous Maawiya Ould Sid’Ahmed TAYA et qui présentent toutes les caractéristiques d’un génocide. Avec cette opération d’enrôlement il en pose de l’acte de parachèvement, la solution finale.

Les agents recenseurs, minutieusement choisis, formés à l’école de la haine de l’autre, renvoient les candidats à l’enrôlement aux marqueurs identitaires du récit ethnique, la langue, le mythe des origines, censés servir à définir ceux qui peuvent « mériter » l’appartenance à la Mauritanie, ceux qui peuvent être reconnus dans le « Nous » et stigmatiser au contraire les « Autres ».  Dans la construction de la nouvelle Mauritanie de Mouhamed Ould Abdel AZIZ, ce « Nous » doit être entendu comme maure, Bidhani, et distinctif des « Autres » entendu comme noirs.

En Mauritanie, ceux qui vendent au général les notions creuses de citoyenneté et de démocratie comme des remparts face aux idéologies de l’extrême le trompent. Ils valident au passage son projet politique de nationaliste arabe, inspiré d’une idéologie baathiste des plus extrêmes et précipitent notre peuple dans l’abîme. Ils doivent savoir que, avant eux et ailleurs, des intellectuels et/ou universitaires ont souvent mis leur talent au service d’idéologies abjectes. Hegel fut un piètre précurseur dans l’absolutisme du roi de Prusse. En Yougoslavie, le nationalisme est né dans l’esprit d’enseignants, de médecins, de psychanalystes, d’économistes, d’artistes, de poètes, de toute une intelligentsia qui a théorisé, enseigné les thèses du nationalisme Serbe que Milosevic s’est fait un plaisir d’appliquer. En Côte d’Ivoire, au Rwanda des intellectuels se sont prêtés au même jeu, pour les résultats que l’on connaît.

Appel

Devant le danger que constitue le projet fallacieux d’enrôlement qui procède par exclusion, Le Général fait diversion : il trompe son peuple, trahit les facilitateurs des accords de Dakar dont il tient son magister, mais qu’il a depuis foulé au pied, et ment à l’opinion internationale quand il joue le médiateur en chef dans le conflit ivoirien alors qu’il était ouvertement partisan du maintien de Gbagbo ou encore quand il se pose en négociateur dans le conflit libyen. Notre inquiétude est de voir Mohamed Ould Abdel AZIZ légitimé dans ses rôles nouveaux, alors qu’il est avant tout un usurpateur qui s’est emparé du pouvoir au mépris de la légalité constitutionnelle.

Notre devoir, dès lors, est d’appeler :

– nos compatriotes, de l’intérieur comme de l’étranger, membres de la société civile, syndicalistes, militants associatifs des droits humains ou militants des partis politiques à manifester par tous les moyens leur opposition à ce sinistre projet, tous les jours et sans discontinuer jusqu’à son abandon ou son retrait total et définitif.

– les partenaires de la Mauritanie, en premier lieu la France et l’Union Européenne que le Général a prises à témoin pour asseoir son pouvoir illégitime à ne pas se laisser berner par le rôle nouveau de Robin des bois qu’il s’est taillé sur mesure en leur promettant de lutter contre le terrorisme et l’intégrisme. L’enjeu est ailleurs : l’amélioration des conditions de vie de nos concitoyens dont une écrasante majorité est encore frappée par la faim, la maladie, le manque d’éducation et la pauvreté.

 Boubacar DIAGANA & Ciré BA

www.flamonline.com

L’unité nationale face à sa diversité !

altSi l’identité est par essence ce qui détermine une personne ou un groupe il y a en Mauritanie des identités culturelles, linguistiques sociologiques permettant de différencier les uns et les autres, au-delà des simulacres de similitudes parfois réductrices. Par nature, chaque être humain est attaché à ce qu’il est car c’est ce qui fonde sa raison de vivre. Il arrive que de telles valeurs fondamentales subissent de altérités à cause de facteurs multiples. Cette image d’une Mauritanie multiculturelle partageant une même religion a du mal à se construire autour d’une identité nationale. Pour des raisons politiques et idéologiques, cette image fédératrice d’une nation a subi au fil des années, des actions de sape ayant mis à mal les rapports intercommunautaires, cultivé un sentiment nationaliste débridé , avivé les tensions et accentué les disparités culturelles et linguistiques.

A maintes occasions le réveil de tels complexes trouble la quiétude et entretient des velléités de domination et d’exclusion voire de négation de l’identité tant culturelle que nationale. C’est dans ce contexte de conflits permanents provoqués non pas par les haines communautaires mais bien par des mains sataniques que nous avons de la peine à régler nos dissensions internes.

Les mauritaniens des différentes communautés ne se détestent pas. Il y a des mains dangereuses qui créent en permanence des situations de méfiance entre les uns et les autres au gré des contextes politiques. Ces gens sont dans toutes les administrations brandissant sans cesse le concept de « mauritanité » sous sa face unique et inique tout en s’acharnant à trouver des arguments sans fondement pour exclure les autres.

Les références culturelles, au lieu de servir de cordon ombilical pour dépasser nos particularismes sont hélas utilisées pour diviser la Mauritanie en blanc , noir , Haratine, étrangers , sahraoui , berbères, zénaga etc…chacun porte sur l’autre un prisme déformant.

 Quand il faut choisir un président on fouille sur sa tribu, sa région, et jamais sur ses compétences, sa moralité. Quand il faut nommer un ministre, un wali, un commissaire de police, on se réfère à des critères tout aussi subjectifs. On a vu des individus limogés de leurs fonctions parce qu’ils sont castrés, beaucoup sont laissés en rade malgré leurs talents à cause de considérations incongrues.

Quand vient le temps du recensement, les chauvins sortent de leurs repaires pour agiter le drapeau rouge de l’exclusion, de la terreur. Ils inventent des mots clé, des Abc du mauritanien authentique façonné par leur  rêve morbide, selon leur volonté belliqueuse et leur plan machiavélique. L’identité nationale qu’ils cherchent à officialiser n’est pas celle que la Mauritanie mérite avec tant de peines et de sacrifices que tous les fils dignes de ce pays ont  consenti  pour forger ce pays en des moments difficiles.

 Après tous les combats menés pour défendre ce pays contre les agressions expansionnistes. On ne peut  pas admettre cette théorie de l’identité mesurée  au compas et à l’équerre de faux géomètres, des fossoyeurs allait-on dire !

L’identité mauritanienne existe telle que la Mauritanie est et demeurera par la volonté d’Allah,  à savoir un pays multiculturel et linguistique partageant ce qu’il y a de plus cher : la religion. Ce ne sont ni les mains falsificatrices ni les instructions criminelles qui arriveront à réinventer l’identité mauritanienne, moins encore un recensement qui annonce les pires tragédies dans un pays fragile comme un château de carte.

 

Cheikh Tidiane Dia- LE RÉNOVATEUR