Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Flamnet-Agora: A Boghé, la politique a-t-elle encore un sens ?

altBoghé est un espace qui a offert aux acteurs politiques, à leurs actions, à leurs paroles un lieu d’attache, d’action de concert, une force effective d’entière confiance. Il a assuré aux hommes politiques de fervents partisans ; car il est impossible de faire la politique correctement sans partisans fideles. Ce lien étroit avec une ville est donc extrêmement important.Il fournit des leviers sociaux qui sont, en politique, de formidables atouts. Cette opportunité suffisamment exploitée a offert des positions privilégiées, a produit une élite politique qui est en scène, depuis bientôt 30 ans.
Boghe a, par conséquent, accordé à ses fils l’attention, l’écoute, l’admiration, le suffrage qui garantit une gloire politique. Boghé a fait mieux : elle a suivit ses enfants dans toute leur volte – face et « retournement de veste » : Maaouya, Sidi, et aujourd’hui Aziz. Mais faute d’une qualité suffisante de projection politique, de stratégie politique qui tient compte d’un certain nombre de services rendus, il en résulta une dégradation de l’engouement, une désaffection du sens de la politique caractérisée par une indifférence généralisée.
A quoi bon la politique, se demande l’opinion populaire, puisqu’elle n’est ni vecteur de relais ni de l’esprit de réciprocité ? NAFATA est le leitmotiv chanté en chœur chaque fois que le nom d’un leader politique est évoqué ! C’est cela le sentiment le plus partagé. Ils habitent tous les cœurs. Le tarissement de l’espoir et l’immobilisme installe des brèches, des transgressions, expose à la perte de crédibilité. Lorsqu’une base ne trouve aucun compte dans une allégeance elle enclenche un processus de réaction, de rouspétance, d’agressivité, d’arrogance. C’est ce sort qui a était réservé à nos éminences grises de la politique au lendemain de la chute de Maaouya : tout un processus de production politique, avec lui un corpus de méthode se voit contesté. D’une manière générale, la valeur d’une ville tire son origine du commerce de ses fils avec l’espace national ; surtout, lorsque l’acte politique, simultanément vire de la promesse à l’effectivité. Les grandes actions constituent une force enthousiasmante pour une ville et exerce un effet de persuasion sur une communauté. La conviction de l’utilité de la politique qui s’en dégage établit une véritable relation politique entre sympathisant et leaders : un espace où prévaut quelque chose de grand, quelque chose de digne de mémoire est un espace où les hommes s’écoutent et se meuvent ensemble. L’espace politique n’est ni un campement militaire qui, une fois sa mission terminée lève le camp, ni une constellation de cadres incapables de regarder au-delà d’eux-mêmes. Le politicien doit agir en protecteur permanent de sa maisonnée : répondre aux nécessités vitales des supporteurs est un présupposé indispensable à la stabilité des partisans. De cette façon, la sphère politique est déterminée pour son existence politique par la multitude : être pauvre en monde, être sans monde ravale au statut de parias politique. Et puisque le politicien ne peut pas se tenir debout en dehors des liaisons sociales, il doit payer le prix de sa visibilité politique : constituer un espoir fondé sur une attente. Le leader politique est en ce sens un « produit », au sens économique, de son interaction avec son environnement sociale. En ce sens comme tous produit, il doit être « rentable ». Porte d’entrée pour sa base, l’acteur politique doit se positionner pour positionner ses ressources humaines. Sa productivité politique en dépend : un acteur politique qui ne produit rien, n’améliore rien, ne couvre ni besoins culturels ni besoins sociaux et économiques n’engendre qu’un désert politique. Car quel est le sens de la politique ? Décharger les hommes de leurs soucis. Elle est un moyen d’assurer la satisfaction des besoins de la société ; C’est-à-dire, assurer la simple possibilité de vie meilleure. Mais hélas à Boghé, elle est une aporie réelle, une vision étriquée engoncée dans des égos centrés sur eux-mêmes dont nous pouvons faire l’expérience quotidienne lorsque nous nous donnons la peine de lire la physionomie du paysage politique mais encore en contemplant la morosité en cours dans toute les activités politiques. Il ya, a mon avis, un non sens du politique qui est attesté par le désespoir, le NAFATA ambiant ! le désenchantement, et la désillusion qui ont jaillit des « régimes » politiques Bogheins a renforcé l’idée que la politique est en son fond un tissus de mensonge au service des intérêts et rayonnement familiaux ; d’autant plus qu’a Boghé, la politique s’est développé à partir des familles. Or, la politique est essentiellement mise en relation, un espace de rassemblement, un espace public pluriel dominé par la contrainte non réductible aux affinités reductrices fondées sur la parenté. D’où tout le monde pense qu’il faut se débarrasser de la politique avant qu’elle ne fasse périr toute la communauté. Alternative ? Prendre un nouveau commencement, introduire quelque chose de nouveau, prendre de l’initiative. La jeunesse doit poser un commencement ainsi non seulement elle va contourner le principe de feuillage et l’amensalisme politique régnant mais aussi poser une nouvelle perspective. L’injonction est faite à la jeunesse d’inventer un futur politique si possible avec originalité, de sortir des cadres imposées. Elle doit faire quelque chose sortant de l’ordinaire laissant une trace faisant une pièce au temps. Dés lors le renouvellement de la classe politique de Boghe est une, condition Sine qua non de réussite. En un sens d’ailleurs, l’âge politique est un obstacle épistémologique. Il rouille le dynamisme, aiguillon pour une nouvelle forme de rapports. Ignorer ce phénomène, en minorer les effets c’est simplement s’habituer à se mouler dans le conformisme ou dans le politiquement correcte.

Sy Alassane Adama
Philosophe.

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