Entre les vérités du président et les questions des journalistes
« Le grand oral » auquel s’est livré le président Mohamed Ould Abdel Aziz à Atar et qui aura duré 4 heures d’horloge a mobilisé des foules énormes au stade de la capitale “Adraroise” plein à craquer de gens venus d’eux-mêmes ou trimballés par des clans politiques qui se sont fortement investis pour la réussite de l’événement.Il fallait que la dimension du rendez-vous ne trahisse pas les attentes.Est-ce le cas ?
La sortie d’un président sous la batterie orale de 8 journalistes avait toutes les chances de porter haut le débat à travers les réponses à des questions parfois pertinentes, parfois évasives posées par le pool de la presse. Mais dans bien des cas les réponses sont passées à côté de la plaque réduisant l’exercice à une sorte d’autosatisfaction du bilan selon son auteur est réalisé à plus de 70% en trois ans seulement ! Si on accepte de se livrer à un oral on doit aussi bien faire la part des choses sans verser dans des procès d’intention du genre de confondre ce que dit le journaliste avec ce que disent les hommes politiques. On ne peut pas admettre qu’un journaliste indépendant dans la formulation de ses question soit taxé de caisse de résonance au service d’hommes politiques alors que dès le départ on lui assurait de sa liberté de dire ce qu’il pense. Mais dès qu’il use de ce droit on le considère comme une milice politique. Apparemment la liberté de penser gêne beaucoup si cela ne met pas à l’aise celui à qui on s’adresse. Il est paru étonnant de voir le président rappeler à chaque fois le journaliste dérangeant si c’est lui qui parle ou si c’est un commanditaire de l’opposition de la COD. C’est ainsi que les soupçons ont pesé à chaque fois sur une question qui fâche si bien qu’on ne comprenait pas si le jeu en valait la chandelle. Le Président se donnait des droits d’adresser des remarques sur une question dont la formulation a piqué au vif, histoire de brouiller les cartes ! Nous avons vu comment des réponses à certaines questions ont été escamotées au lieu d’être prises à leur juste valeur. D’autres ont été passées sous silence par indifférence calculée. Ce grand oral a déçu bien de téléspectateurs qui s’attendaient à un niveau plus relevé et surtout à plus de clarté dans les idées. De bout en bout c’est d’un Président déterminé à écraser ceux qui pensent pouvoir le faire quitter et qui voient partout des rebelles , qui a été au centre d’un plateau télévisé perturbé par le bruit de laudateurs surexcités et apparemment manipulés par des mains de l’ombre. Ces vieilles pratiques qu’on pensait révolues étaient à l’œuvre durant tout le temps qu’a duré l’oral. Le peuple auquel était principalement destiné l’événement est bien resté sur sa faim durant une longue nuit blanche que des jeuneurs épuisé ont eu du mal à tenir. En tout cas pour l’honneur de la démocratie on ne lisait dans le discours présidentiel aucune volonté de tendre la main à l’opposition et du coup œuvrer au dépassement de cette situation aux conséquences incalculables. Dommage !
Cheikh Tidiane Dia