Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 17/10/2024

Bobo Loonde sur la sortie toka Diagana

Le raisonnement de mon frère, que je respecte vraiment beaucoup, est tout sauf scientifique. On pourrait dire qu’ il est dans un angle qui nous plait peut être, mais dire que son analyse est de rigueur, celà fait partie du manque de respect aux communautés locutrices de ces langues, aux militants pour leur promotion des premières heures. Apparemment,  il ne maitrise pas les travaux abattus  durant tous ces temps pour la promotion de ces langues, et ce, sur tous les plans. En tout cas ces langues ( particulièrement pour le poular dont je connais mieux  les produits) peuvent véhiculer le savoir aussi bien que l’ arabe ou n’ importe quelle autre langue. Ce qui reste, les profils ne sont pas les mêmes et ne seront jamais les mêmes du moment que les propriétés fondamentales diffèrent. Mais, différent ne signifie ni  supérieur, ni inférieur. Différent veut dire différent, c’ est tout. Toutes les langues relèvent du miracle d’ Allah et personne n’ a marchandé ni sa couleur de peau, ni sa communauté et par conséquent, ni sa langue. Nous sommes fiers et remercions Dieu de nous avoir créé comme tels, ainsi nous ne sommes ni supérieurs ni inférieurs à personne, en tout cas pas sur ce plan.

Enseigner ces langues, les officialiser n’ est pas la négation de la promotion des autres langues ni un frein de développement social ou économique, au contraire, c’ est celà qui a été démontré scientifiquement que l’ enseignement par les langues nationales constitue un raccourci et un accélérateur vers les connaissances, tout en restant un moyen efficace pour éviter justement cette grande perte de temps dont vous parlez, un outil ( le seul à mon avis) pour la cohésion nationale tant rêvée.

Notre vivre ensemble ne sera jamais acceptable en me méprisant, ça c’ est fini. Min ngontaa ɗum jaɓde. Ko yimɓe fof poti, ɓural woni tan ko to Allah, wo towwwf.

D.G Boobo Loonde.

TÉMOIGNAGE : À MON MAÎTRE SAMBA THIAM

Monsieur Samba Thiam, mon cher maître, vous souvenez-vous, alors que je tournais les pages des années noires pour vous atteindre, que notre dernière rencontre remonte à quarante-neuf ans… à un demi-siècle… la vie d’une génération…à avant la guerre du Sahara, avant la chute du régime d’Ould Daddah, et avant la série de coups d’Etat militaires…et avant la profusion des partis et le changement de nom des régions.

Mais ce n’est pas grave, l’épais mur des jours ne peut pas obscurcir ces beaux moments que j’ai vécus enfant dans tes bras, mon grand maître.

Monsieur : Je suis en votre présence aujourd’hui à travers mes lettres et mes pensées. Je suis toujours cet enfant maigre que j’étais, assis à la table d’entrée pour être près de vous.

Saviez-vous que la mémoire de cet enfant se souvient encore de tous les détails : votre boubou gris, votre chemise bleue, la couleur pistache du bracelet de votre montre… Je me souviens encore de votre cravache noire… de l’enrouement tranquille de votre voix et de votre regard baissé quand tu sors vers ton lieu de résidence avec (Tanja) au Service Vétérinaire. Cette maison est toujours intacte. Elle échappe encore à la campagne de cession au profit de certaines personnes influentes des anciennes maisons du gouvernement. Elle continue toujours de refuser la peinture contrefaite qu’ils tentent d’imposer aux façades des maisons peintes au ryhme des cortèges présidentiels d’une décoration temporaire pendant les saisons de visite.

Monsieur, vous souvenez-vous que j’étais le chef de classe et le responsable du magasin de mobilier et de fournitures scolaires malgré mon jeune âge. Vous souvenez-vous que vous m’aviez beaucoup encouragé car je refusais de donner aux maîtres les livres et les cahiers sans autorisations dument signées par le Directeur, puisqu’ils avaient accepté lors d’une réunion de me charger de cette responsabilité ? Vous souvenez-vous que je vous ai défié plusieurs fois lorsque votre fouet corrigeait les bavards et ceux qui n’ont pas fait les exercices à domicile, alors je vous dis : Monsieur, ça suffit ? , ils ne reviendront pas à leurs erreurs, et tu ne répondais à ma pitié…

M. Samba Tihama était un modèle par sa sincérité et un modèle par son comportement. Et un modèle dans son habillement…

Nous le craignions en toute sécurité, et nous l’aimions avec prudence… Son fouet n’était pas plus douloureux que sa réprimande, et sa satisfaction envers nous n’était guère une protection contre sa punition.

Nous avons vu en lui le père qui n’accepte pas que ses enfants s’écartent. Il ressent de la douleur lorsqu’il est cruel envers eux, mais il est très heureux lorsqu’il se rend compte que c’est la sévérité qui repousse le mal et apporte le bien.

M. Samba Thiam m’a enseigné en dernière année de l’école primaire, (CM2), à l’école 1 à Aleg (classe empruntée à l’école 2) au cours de l’année scolaire 74/75, succédant à mon enseignant en CM1, M. Sylla Ibrahima..

La réussite au concours d’entrée au collège était un défi, voire impossible pour quiconque ne le réussira pas au premier essai

Il a déployé d’énormes efforts pour gagner le pari de réussite de ses élèves à la première tentative. Toutes les matières étaient enseignées à cette époque, en français, et seul la matière de l’arabe était donnée en arabe.

Ces matières comprennent la grammaire française : vocabulaire, grammaire, conjugaison, orthographe, dictée et rédaction … en plus des sciences naturelles, l’histoire, l’étude du milieu et l’arithmétique.

Notre Maître a dû faire preuve d’une certaine cruauté pour forcer les élèves à réviser et profiter du temps creux pour faire des devoirs longs et complexes à la maison.

Parfois, il venait s’enquérir de nous la nuit si nous n’avons pas terminé la correction des exercices du soir en classe

Monsieur Samba Thiam est calme et imposant, mais vous vous sentez en sécurité au fur et à mesure que vous vous approchez de lui.

Il a gagné le pari, nous avons donc réussi avec brio la première année de notre examen, et cela a été un grand exploit cette année-là, puisque c’était un événement rare…

Mon cher Maître, malgré les années accumulées et les montagnes de nuits, le souvenir de cet enfant garde encore pour toi beaucoup d’amour, d’appréciation et de désir… et te reconnaît une dette de connaissances qui ne sera jamais oubliée ni effacée…

El Mourtada ould Ahmed Chfagha .