Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

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FLAMNET-RÉTRO: De l’identité des Haratines ! par Bara Ba

Les Haratines, cette force montante, constitueront, de plus en plus, un enjeu important  dans l’évolution future des  rapports de force inter- communautaires. Voilà pourquoi ce groupe  ne laisse personne indifférent . Voilà pourquoi, également,  le doute, la réflexion  et un questionnement qui  traversent actuellement  certains segments de ce courant  sur la meilleure voie devant mener à leur liberation interpellent chacun de nous. Lorsque j’ai lu la réponse de Samory à  Nany, suite à une lettre, naïvement, adressée aux Nations-unies, j’ai décidé,  à mon tour d’entrer dans le débat . à ma manière. Prenant d’emblée  le contre-pied  de  Ould Nany, je pose que  la  libération de l’esclave – tout esclave-  passe par une rupture ombilicale d’avec le maître , nécessairement.

Cette rupture ombilicale d’avec le maître  se justifie en raison de la nature même de la relation d’intérêt  maitre-esclave, par essence conflictuelle, antagonique; En effet  l’un cherche à asservir, à aliéner une liberté,  l’autre cherche  à  recouvrer cette liberté, à se soustraire à  l’asservissement. On  entend  souvent dire, comme par définition, que «  l’esclave  est celui-là qui manque de tout, qui fait  tout  et qui n’a aucun droit, et que le maître est celui qui a tout, qui ne fait rien et qui a tous les droits  ».

 Par ailleurs l’histoire enseigne qu’en général, l’esclave recouvre rarement sa liberté, par la volonté du maître, ou au gré de celui-ci ! L’esclave se libère ou  rompt les chaînes de servitude, par la seule  force de sa volonté, dans  certaines conditions favorables.

 Il me paraît alors  normal et tout naturel, pour revenir au cas mauritanien, que le ? “haratine -abeid ?”, pour se libérer, empruntât, lui aussi, cette  même voie  de  rupture;  il devra, pour se faire, s’affranchir du lien tribal , psychologique et économique .

J’ai dit s’affranchir du lien tribal car celui-ci participe de l’instrumentalisation du groupe Haratine par le montage, à dessein, d’une  « majorité maure », dont les bénéfices et retombées positives reviennent  presqu’exclusivement au seul sous- groupe dominant Bidhaan! La tribu, en fait, constitue un carcan subtil  qui  entretient un semblant de relations affectives inter-membres destiné, en réalité, à maintenir l’esclave dans la dépendance, sentimentalement et socialement .

Autre chaîne dont il faudrait  se défaire: ce  mensonge « religieux  », grossier, déliberement entretenu  par le maître, afin de  renforcer la dépendance psychologique de l’esclave, qui stipule que ?’ ne pas obeir à la volonté du maître conduirait au purgatoire”; que le maître  serait celui- là, seul , capable de lui garantir le paradis, chose au dessus du pouvoir même des  prophètes !

Enfin dernière dépendance à briser, et non des moindres, la dépendance économique; ?’l’autonomie  économique” de l’esclave vis-à-vis du maître est indispensable pour sa  véritable  libération. Il est heureux de constater que ce processus  est  dejà  en marche en milieu urbain,  forcé par les sécheresses des années 70; à ce niveau les Haratines qui vivent en milieu urbain ont un rôle majeur à jouer, dans le réveil de la multitude, encore  endormie dans le fin fond du pays !

Rompre donc, en conclusion, les chaînes tribale, psychologique et  économique , afin  d’accéder  à l’affranchissement définitif et irréversible, telle me paraît être la seule voie qui puisse  mener vers la liberté ;  mais attention  à ne pas tomber dans l’illusion que  cette liberté, une fois conquise,  conduirait automatiquement  à l’émancipation du haratine et surtout à sa pleine citoyenneté; il en faudrait beaucoup plus  !

Tant  que demeurera le racisme anti-Noir il serait illusoire de nourrir un tel espoir .

 Sans l’élimination de la discrimination raciale, érigée en Système, contre les Négro -mauritaniens ( Haratines et Négro- africains ), les Haratines, en se libérant  de l’esclavage, changeraient, simplement, de type de « ghetto » ; ils auront quitté  le ?’ghetto” de l’esclavage pour retomber  dans celui du racisme, ni plus ni moins !.

Voilà pourquoi  ils devront comprendre que la voie la plus courte  pour leur libération et émancipation  totale  passe, nécessairement, par la  fin du racisme d’Etat . 

Voie toute politique, on en convient !

Cette approche, on le voit,  milite, par voie de conséquence, si tant est qu’elle est bien comprise, pour un changement dans la stratégie actuelle, adoptée jusqu’ici par certains leaders Haratines, axée essentiellement sur la dimension exclusive « droits de l’homme »,  qui se mène comme  en vase clos ! L’engagement politique militant est nécessaire, qui prendrait en charge toutes les dimensions de la lutte devant mettre fin à l’esclavage …

Ici  se situe mon incompréhension à voir certains militants activistes de  cette cause, se tenir en  marge des chapelles politiques, comme par évitement, alors que les choses restent fortement  imbriquées !

Bien entendu cet « engagement politique » ne se fera pas sans un choix .difficile, voire douloureux !

En effet cet engagement politique et militant  suppose,  au  préalable, une clarification  sur « l’identité des Haratines » !

 Qui sont -ils ? Négro-africains ? Arabo-berbéres ? Une entité spéciale à part ? ou encore juste une classe sociale tout court ?

Il leur appartiendra de se définir, de  déterminer leur identité ou ce qu’ils souhaitent devenir. Alors seulement se dégagerait  une  stratégie claire et adaptée, pour leur libération et émancipation !

Nous avons dit que ces choix ne seront pas sans douleur, ni sans  passion et  sans  heurts, car le front Haratine n’est plus ce qu’il paraît , c’est- à -dire uni .

J’ai encore en mémoire certains propos de leaders Haratines, teintés d’une sorte de dilemme douloureux  qui définit le Hartaani comme  objet d’un double rejet, coincé  entre « le mépris des uns et l’esclavage  des autres  »,  coincé entre« un  déni de statut dans un cas, et un déni d’humanité dans l’autre », pour emprunter cette formule à quelqu’un.

J’avoue pour ma part ne pas bien comprendre ce dilemme, fondé sur des termes aux effets négatifs certains , mais dont les  préjudices moraux et sociaux respectifs sont sans commune mesure, l’un de l’autre  !

J’ai aussi entendu parler d’une certaine terminologie, comme de  « Hartaani arabe », assumée de surcroît , que je trouve doublement absurde .

En s’identifiant au maître,  l’esclave, quelque part, ne retardait-il pas ou pire, n’hypothéquait-il pas  par là  même, les chances mêmes de  sa  libération?

 En second lieu, il m’avait  toujours semblé que, biologiquement, l’Arabe était de race sémitique et le Hartaani  nègre!

Hartaani arabe** ? Peulh arabe ? ces notions étaient pour moi un non sens, et cachaient  une vaste tromperie !

J’affirme qu’il est faux de prétendre que le Hartaani « est essentiellement de culture arabe ».

Le fond culturel du Hartaani est nègre, encore une fois, fait de vestiges sur lesquels se sont  déposés, progressivement,  des éléments de culture arabe.

 Il suffit pour s’en convaincre d’observer l’habitat du Hartaani, d’observer son pas de danse rythmé par la “Taballa”, ses cérémonies festives qui rappellent étrangement celles de  fin des  travaux  champêtres, cette manière bruyante et joyeuse de s’éclater, toute sédentaire, ces  coeurs de l’Est  qui vibraient  au moindre grincement des cordes « noires » de Banzouman Sissoko, et j’en  passe .

Ce sont là, sans aucun doute, des débris de culture négro- africaine, ensevelie sous le limon de l’apport arabo-berbère .

Le Hartaani  est donc de culture hybride ; il n’est pas culturellement arabe mais « linguistiquement » arabe, comme le soutenait à juste titre  quelqu’un, récemment à Flamnet. Et la nuance est de taille !

Ce fond culturel nègre est si présent chez le Hartaani, que l’intégration des Haratines en milieu négro- africain ne posait pas de problème. Cela est prouvé au  Sénégal voisin, et cela a également été prouvé dans la région du Tooro où les évènements de 86 /89  ont révélé des  groupes entiers insoupçonnés de Haratines qui s’étaient complétement fondus dans les populations Négro-africaines locales ; ces « Hartaanis assimilés » , se sont vus forcés de se démarquer, de s’expurger des villages  sur exigence de  l’Armée , afin  d’éviter de se  faire réprimer ou déporter .

Si l’intégration a pu être ainsi  possible et même aisée  dans ces milieux, c’est bien parce que le fond culturel nègre était là, enfoui dans leur inconscient collectif, qui ne demandait peut-être qu’à revivre !.

Alors, Hartaanis arabes ? Hartaanis nègres , ou « awlad hartaani » tout court ?

Quand le choix sera fait, les leaders du mouvement se devront alors d’identifier le camp des forces-partenaires  ou  des  alliés naturels   .

Il est à  penser qu’ils se rangeront  au coté de ceux  avec qui ils partageaient cette commune discrimination profonde, cette commune oppression subie, cette commune exclusion imposée, côtoyant  les forces  avec lesquelles  ils partageaient aussi, «  cette communauté de résistance  continue et de lutte opiniâtre pour la liberté et l’indomptable esperance » , pour citer Césaire .

Alliance du camp des opprimés dans leur marche pour l’émancipation et la conquête d’une pleine citoyenneté , non pas pour opprimer, à leur tour, qui que ce soit, mais pour jeter les bases d’un Etat de droit , respectueux de la dignité des uns et des autres, sans distinguo.

Une nation  ne peut pas vivre moitié libre, moitié esclave, disait A Lincoln .

J’ai déjà dit  que ces choix ne seraient pas sans passion, ni sans heurts.

De jeunes loups  émergeaient enfin, au discours controversé, et dont la virulence du propos dérange les cercles du  pouvoir, agace les figures de proue du mouvement . 

Entre autres,  Biram Ould  Dah Ould Abeid – sorte de Malcom X des Haratines -.

Ould Abeid  qui se voit accusé de précipiter la violence alors qu’il est, lui même, la victime première de cette violence exercée par ceux- là mêmes qui l’accablent aujourd’hui, et pourtant le condamnent  à l’inhumaine indignité de l’esclavage  !

Ould Abeid fait face, présentement, à la même situation qu’avait vécue Martin Luther King Junior, auprès des Blancs du Sud ( Etats-Unis), pendant les campagnes chaudes du “Civil rights movement”.

Je crois que Ould Abeid, tout comme Samory ( en plus timide ), tente d’une certaine manière, de s’inspirer  de  la  méthode et des  justifications du Dr King.

King rappelait, à travers une lettre écrite à partir de sa cellule de prison à Birmingham, la nécessité de ?’créer la tension?’, seule façon, disait -il, « d’amener en surface l’injustice vécue par les négros, et d’aider les honnêtes gens à se hisser au dessus de l’esclavage et du racisme, et à tendre vers la fraternité ».

Une différence essentielle toutefois entre les deux hommes, King, lui , bénéficia d’une complicité interne de taille à la maison blanche, en la personne de Lyndon B Johnson qui incita  au  jeu de  rôle «  inside-outside »*** ; circonstance favorable très éloigné de Ould Abeid, quand on sait que le « Président des pauvres » tergiversait et hésitait encore à s’attaquer aux problèmes de fond , en s’offrant  quelque diversion !                                                                                                                                         

King , songeur , soulignait par ailleurs sa déception à l’endroit « des Whites moderate »( Blancs modérés )  qui  restaient plus dévoués à l’ordre qu’à  la justice ; qui préferaient  la paix négative -qui est absence de tension -, à la paix positive -ou présence de justice.  Whites moderate qui, constamment, vous disent, ajoutait -il,«  je suis d’accord avec vous sur vos objectifs, mais je ne puis être d’accord avec vos méthodes » !

Ces « whites moderate » sont symbolisés, chez nous, par Ould Nany et ce type de professeurs  à l’image des Ould Bilal, Ould Maouloud et consort et qui sont légion …

Miské , Yehdih Bredeleil , Babaha, Mohameden Ould Babah symbolisaient le KKK !

Daddah et Jemil, eux, avancaient, masqués . mais non loin des seconds.

Ould Abeid, Samory, et tous ces jeunes loups, se devraient, je crois , de méditer cette maxime de Césaire   , « une révolte qui n’est que révolte conduit à une impasse historique » !

Hartaanis arabes, Hartaanis-négro-africains ou « awlad Hartaani » tout court ?

La problématique est  posée, qu’il  appartiendra  aux haratines  de  trancher !

Bara Ba – Militant FLAM- Dakar Sénégal

Le 30 Mars 2010

www.flamonline.com

www.flamnet.info

Notes

** Certains esprit retors se plaisent à arguer que « tous les Haratines ne sont pas noirs, et que tous les Bidhaans ne sont pas blancs » !… Nous fondons nos assertions sur l’immense majorité, et n’avons que faire de quelques rares cas d’exception isolés !

Aussi, ces quelques  Bidhaans qui sont noirs de peau, se sentaient-ils ou se considéraient-ils  dans leur tête , comme Noirs ? certainement pas !  

*** « role inside -outside » .le Président Johnson s’etait entendu secrétement avec M L King dans la distribution des rôles : King devait agiter le système de l’exterieur en lui donnant le pretexte d’apporter les changements de l’interieur !

Pourquoi l’opposition va d’échec en échec ? Par Mohamed El Mounir*

Le Calame – Le 29 juin prochain, Mohamed Ould Cheikh Ghazouani sera confortablement réélu au premier tour de la présidentielle, reconduit pour un second mandat, dans une élection sans enjeu et sans suspens.

Le sort de cette élection semble, en effet, scellé, tant les logiques de mobilisation tribale et clientélaire, avec l’interférence des notables et l’utilisation du poids de l’administration et des moyens de l’Etat, risquent de peser sur le processus, faisant avorter tout espoir de changement.

Le paradoxe de cette présidentielle est que la réélection acquise du président sortant intervient dans un contexte tout sauf favorable au pouvoir : d’un côté, le gouvernement atteint des cimes d’impopularité, faute de réalisations tangibles et de réponses concrètes aux attentes pressantes des citoyens, et faute aussi de ne pas avoir réussi à engager une politique volontariste de rupture avec l’impunité et les pratiques corruptives qui se sont largement développées ces dernières années, et, de l’autre, un niveau de mécontentement, voire de colère populaire, jamais atteint, et qui, dans un contexte d’individuation et de liberté de vote, se serait concrétisé par un vote sanction.

Une élection cadenassée

Le verrouillage de l’élection présidentielle s’explique par plusieurs facteurs, à commencer par l’absence de consensus sur les règles du jeu et de dialogue entre le pouvoir et l’opposition. En effet, les acteurs politiques n’ont jamais réussi à se mettre d’accord sur des règles du jeu justes, impartiales et équitables, permettant d’encadrer la dévolution et l’exercice du pouvoir dans le pays.

Plus encore, les régimes successifs n’ont jamais cherché à promouvoir un consensus national sur des fondements solides, sur la base d’une large consultation entre les acteurs et parties prenantes, pour ouvrir la voie aux réformes exigées par l’opposition depuis trois décennies et susceptibles de favoriser l’alternance politique.

L’organisation récurrente de journées de “concertation”, entre le pouvoir et l’opposition, n’a jamais permis d’aborder et de trancher les questions centrales, tels que le découpage électoral ou le financement des campagnes électorales, ou encore la reconnaissance des nouveaux partis politiques.

Tout au plus, ces sessions de “dialogue” ont permis d’améliorer sensiblement le cadre électoral, avec une recomposition de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) et l’intégration d’une dose de proportionnelle.

Par ailleurs, le contrôle par le pouvoir de l’état-civil et du recensement pré-électoral, a conduit à arrêter un corps électoral de 1,8 million d’électeurs, chiffre relativement bas, dans un pays de 5 millions d’habitants, avec plus de 60% de jeunes et où l’âge moyen est estimé à 20 ans.

Ce subterfuge permet au pouvoir de maitriser l’inscription sur les listes électorales, notamment dans les grandes villes, où le niveau de l’éveil politique est assez élevé, jouant généralement en faveur de l’opposition. Au contraire, dans le milieu rural, l’inscription sur le fichier électoral bat des records.

En outre, la CENI, supposée servir d’espace d’interaction et de construction du consensus entre le pouvoir et l’opposition, n’arrive pas à susciter la confiance et l’adhésion des parties prenantes au processus électoral.

En effet, sa composition ne reflète plus le paysage politique de manière équilibrée, dans la mesure où les nouvelles forces politiques apparues à la faveur des dernières élections générales (mai 2023) n’y sont pas représentées, ce qui a des conséquences négatives sur la représentation de la Commission électorale elle-même.

Dans l’ensemble, les désaccords sur la CENI portent sur sa composition, son mode de fonctionnement, sa gestion des bureaux de vote, le mécanisme de centralisation du vote et du dépouillement des bulletins, ainsi que la préparation unilatérale, avec le gouvernement, du processus d’enregistrement et de mise en place du fichier électoral biométrique.

Sans oublier l’ingérence du ministère de l’Intérieur dans le déroulement des élections, à travers le poids de l’administration locale, particulièrement les gouverneurs et les préfets, ce qui explique la faible indépendance de la CENI par rapport au gouvernement et son manque d’autorité dans l’organisation du processus électoral, y compris par rapport à l’influence des notables et des grands électeurs.

Enfin, le manque de confiance des acteurs dans le processus électoral est aggravé par l’absence de l’application stricte et rigoureuse de la loi sur le financement des partis politiques et le financement des campagnes électorales, de manière à verrouiller les opportunités de corruption électorale.

Dans ces conditions d’absence de transparence sur les sources de financement de tous les acteurs politiques, le parti au pouvoir est souvent accusé d’être financé par des hommes d’affaires, en contrepartie de marchés, ou directement par des fonds publics ou par l’abus des moyens de l’Etat. Il faut ajouter à cela la suspicion de l’implication des notables et des militants du parti au pouvoir dans l’utilisation frauduleuse des cartes d’identité, à travers l’achat des votes.

Une opposition morcelée

Ces facteurs de verrouillage du système électoral n’expliquent pas, à eux seuls, l’incapacité de l’opposition, qui peine à exister, à exploiter l’opportunité de l’impopularité du régime et du mécontentement généralisé. Elle demeure victime de son éparpillement, de ses luttes intestines et de sa propension congénitale à l’improvisation.

Pour l’essentiel, l’opposition historique a été lénifiée et piégée par la position conciliante du régime. L’opposition islamiste semble trouver son équilibre dans une position médiane rassurante pour le système. L’opposition radicale est victime de son repli frileux sur des problématiques exclusivement identitaires, ce qui expliquer son incapacité à fédérer les forces du changement autour d’un projet national.

Le discours identitaire a certes toujours existé, mais il est resté assez marginal, dans le pays. Les régimes le tolèrent parce qu’il joue toujours en faveur du statu quo, compte tenu de son effet repoussoir. Ils ont en effet peur davantage d’une approche susceptible de fédérer l’ensemble des groupes sociaux que d’un discours radical, qui restera sociologiquement minoritaire.

Dans l’ensemble, hormis quelques figures militantes, les forces de l’opposition se résument à des partis et des mouvements centrés sur des ambitions personnelles, dépourvus de vision et sans vraiment de projet de société, et réglés quasi exclusivement sur les échéances électorales, qu’ils s’emploient de taxer systématiquement de frauduleuses.

En juin prochain, au lendemain du sacre programmé de Ould Ghazouani, certains candidats de l’opposition organiseront une conférence de presse, pour crier à la fraude et dénoncer les irrégularités supposées du scrutin, dans un scénario écrit à l’avance et qui dure depuis 1992.

La fraude, un leitmotiv bien utile

Jusqu’ici, les partis de l’opposition se présentent aux élections, les perdent, crient à la fraude avant, pendant et après le scrutin, avant de s’effacer, jusqu’aux prochaines échéances électorales. D’une élection à l’autre, l’opposition n’avance pas, empêtrée dans un éternel recommencement. Une situation qui fait l’affaire du pouvoir.

En mettant systématiquement ses mauvaises performances sur le compte de la fraude, l’opposition s’empêche de réfléchir aux vraies raisons de son échec, de son incapacité à construire et à produire un changement.

En effet, tous les partis de l’opposition ne se remettent jamais en question, ne font pas l’effort d’analyser les enseignements de leur échec depuis 1992, d’évaluer, de tirer les leçons et les conclusions sur la base desquelles ils pourraient corriger les insuffisances et valoriser les points forts.

Par ailleurs, faire porter à la fraude la responsabilité des échecs a permis jusqu’ici aux états-majors historiques des partis de l’opposition de rester indéboulonnables. Alors que, dans des conditions normales, ils devraient reconnaître leur échec et laisser la place à d’autres, plus en phase avec la réalité du moment et avec les attentes des électeurs, notamment les jeunes générations.

Ce qui explique que le leadership historique des partis de l’opposition continue de barrer la route à la relève et à l’émergence d’un leadership de rechange, qui existe pourtant au sein de chaque formation de l’opposition, sans pouvoir émerger, faute d’espace politique.

Propension de l’opposition à l’improvisation

Au lieu de se définir des objectifs atteignables et réalistes, l’opposition, en général, rêve de grands soirs de changement, pensant qu’elle peut gagner comme par enchantement, sans avoir dessiné une stratégie et une approche d’accès au pouvoir et sans même s’être investie sur le terrain.

En effet, elle a pris l’habitude de déterminer des critères de réussite ou de succès électoraux très élevés, au-delà de ses capacités et au-delà de la situation sociologique et électorale du pays, encore favorable au makhzen.

Elle attend tous les 5 ans pour présenter un ou plusieurs candidats, dont certains dénichés au dernier moment, avec, en arrière-plan, l’idée de l’homme providentiel susceptible de gagner l’élection présidentielle, par miracle, délaissant pendant cette période tout le travail de remobilisation, de structuration politique, de contestation, d’élargissement de la prise de conscience et de proposition.

Dans l’acception de l’opposition, une candidature à la présidentielle ne doit pas forcément couronner un travail de proximité avec les populations, de manière continue, et les élections ne se gagnent pas par des campagnes d’implantation et un investissement de plusieurs années, avec des campagnes de porte à porte menées inlassablement par une armée de militants déployés sur le terrain. En un mot, l’opposition cherche à gagner sans investir ni occuper le terrain. Une manière d’essayer de récolter sans semer.

Repenser la stratégie pour le changement

Aujourd’hui, l’unique voie pour créer un rapport de force significatif et suffisant, susceptible d’imposer le changement est de répondre à l’impératif besoin de recomposition du paysage politique national, avec un nécessaire renouvellement du leadership et du discours politique.

L’objectif serait de fédérer les efforts des groupes exclus ou marginalisés, ainsi que l’ensemble des groupes sociaux qui veulent le changement démocratique, en développant un projet de société et un discours inclusif, plus représentatif et plus fédérateur, pour constituer une alternative crédible pour beaucoup de Mauritaniens.

Le changement doit avoir lieu par touches successives et selon une approche graduelle, évolutive et cumulative. L’idée, à ce moment-là, ne serait pas nécessairement d’accéder immédiatement à la magistrature suprême, en gagnant la présidentielle, mais de gagner les élections locales et construire sur cette base, pour montrer que les forces démocratiques ont une capacité à produire du changement visible, immédiat et positif dans la vie des citoyens et bâtir là-dessus. Elles peuvent s’assigner comme objectif aux prochaines législatives de priver le pouvoir d’avoir la majorité absolue au parlement, de gagner des conseils régionaux dans certaines grandes régions, et de s’emparer de plusieurs municipalités dans les grands centres urbains.

Pour y arriver, il faut s’en donner les moyens, dès à présent, en accumulant les forces, en contestant les pratiques corruptives et les dérives autoritaires, en allant pacifiquement dans la rue, en s’opposant tout simplement. Il faudrait préparer cette échéance de manière organisée, structurée et offensive. Seul le travail collectif peut aider à remobiliser la majorité silencieuse et promouvoir le changement.

Cela passe par dépasser les logiques identitaires et poser les jalons d’une alternative nationale, fédérant les attentes et les espoirs des populations, avec de vraies chances pour engager le pays sur la voie des reformes requises.

Il faudrait travailler l’opinion, ressusciter l’espoir, l’ambition, la foi et la combativité qui animait l’opposition jadis, et fédérer, dans la mesure du possible, les réformateurs et les forces du changement, en espérant que l’addition de toutes ces bonnes volontés créera une masse critique suffisante, pour promouvoir le changement par le haut. Il s’agit de favoriser une dynamique vertueuse de réformes, pour avoir plus de chance de peser sur le jeu politique, en espérant créer une opportunité d’un changement à la présidentielle de 2029.

*Docteur en science politique
Expert international en développement

TEXTE DE NIZAR QABBANI. Un texte qui a fait l objet de controverse,

Nizâr Qabbâni est un célèbre poète syrien, né le 21 mars 1923 à Damas, et décédé le 30 avril 1998, à Londres.

Non, nous ne sommes pas des Arabes. Assez de mensonge, de tromperie, de fraude, de faiblesse, d’impuissance et de peur.

Le Syrien n’est pas un Arabe, l’Irakien n’est pas Arabe, l’Égyptien n’est pas un Arabe, le Libanais n’est pas un Arabe, le Jordanien et le Palestinien non plus.

Nous sommes des Levantins, nous sommes des Byzantins, des syriaques, des Chaldéens, des Assyriens, des Coptes, nous sommes les descendants des Mésopotamiens, des Phéniciens, des Pharaons, nous sommes du Levant et de son peuple autochtone. 

Nous ne sommes pas des Arabes. 

Assez  de viol, et de  falsification de l’Histoire, de la géographie, de la vérité et de la réalité.

Les descendants de l’Arabie sont les Arabes – et pour rester fidèle à l’Histoire – nous disons qu’il y a des tribus arabes qui sont devenues chrétiennes mais l’arabité de la minorité ne saurait se généraliser à la majorité Levantine qui n’a jamais été Arabe.

Même si nous sommes arabophones, cela ne veut pas dire pour autant que nous sommes des Arabes. 

L’Américain qui parle anglais n’est pas un anglais pour autant, le brésilien qui parle portugais n’est pas  portugais pour autant, et l’Argentin qui parle espagnol n’est pas espagnol pour autant.

Ce sont des langues coloniales héritées d’un passé colonial.

Même si nous parlons arabe, nous ne sommes pas des Arabes et nous ne ressemblons en rien aux Arabes, ni dans la pensée, ni dans le goût, ni non plus dans la civilisation. 

Eux, leur  terre est le désert alors que la nôtre elle est celle du lait, du miel, de la figue, de l’amande, de la pomme et du raisin. 

Nos ancêtres avaient cultivé la terre et s’y sont enracinés et ils y sont devenus « des Authentiques » quant à vous, vous êtes des nomades, vous ne semez point et vous n’y êtes jamais enracinés.

Nos ancêtres avaient planté la vigne, fabriqué du vin et cultivé la musique, ils ont fait la fête, ils ont dansé, ils ont construit des civilisations et ont écrit des livres, vos grands-parents ont bu du sang et ils le  font toujours, ils ont dansé sur des cadavres de certains d’entre eux et ont abattu certains d’entre eux pour faire la fête et ils le font toujours.  

Ils ont détruit les civilisations et brûlés des livres et ils le font toujours. 

Que ce soit dans l’Histoire ancienne ou dans l’Histoire contemporaine, nous ne vous ressemblons point.

Notre passé est fait d’épopées, de science, et de gloire, quant à vous, votre passé est une trahison, votre présent est une trahison et votre avenir est une trahison.

Nous ne vous ressemblons en rien, ni par notre passé humain, ni par notre passé chrétien, ni par notre passé musulman. 

Les musulmans de mon pays, sont des musulmans aimants de la science, de la vie, alors que vous avez élevé des peuples emplis de haine, de complexes, de maladies, qui adorent la mort. 

Notre passé est une civilisation, une science, une littérature, une musique, une poésie, votre passé est fait de sang, d’invasions, de haine et de convoitises.

Celui qui est devenu musulman dans mon pays, après l’invasion arabe, a gardé sa noblesse sociale, ses traditions, et ses coutumes et même celui qui a vécu parmi nous est devenu l’un des nôtres du point de vue social, nous avons mangé ensemble, dansé ensemble, ri ensemble et pleuré ensemble, mais vous, vous ne changez jamais. 1400 ans et vous ne changez jamais et quand vous vous êtes rendu compte que vous n’arriverez pas à nous changer, vous avez détruit notre pays, notre patrimoine, notre coexistence et vous nous avez détruit. 

Le musulman Levantin n’a plus foi en vous, vous le dégoûtez plus que vous l’êtes pour un chrétien Levantin.

Nous vous avons enseigné, construit vos villes, vos hôpitaux et vos universités et préservé votre langue. 

Si seulement nous ne l’avons pas fait, si seulement nous vous avons laissé à la justice de Dieu et votre destin plus foncé que votre pétrole.

Nous étions un pont entre vous et l’Occident et vous êtes devenus un outil entre les mains de l’Occident pour détruire notre orientalité.

Nous vous avons connu à travers vos fruits, un passé barbare, fait d’humiliations et de fractures. 

Rappelez-nous une seule victoire à vous ? Ou une seule gloire à vous  ? 

Vos victoires se réduisent à l’anéantissement de l’Autre, du frère à frère, du fils à son père pour le pouvoir, ou pour une femme, ou pour un chameau, ou encore pour un âne.

L’Occident vous a écrasé, celui-là même que vous taxez d’infidèle et vous lui léchez quand même les pieds pour qu’il préserve vos trônes, et  voler ensuite les deniers des pauvres pour remplir ses ( l’Occident ) banques.

On en a assez et on ne couvrira plus jamais cette farce à partir d’aujourd’hui.

Soutien des FPC à la candidature de Biram, la reaction de Moulaye El hassene 

La décision extrêmement sage, de soutenir la candidature de Biram Dah Abeid , prise par la direction du parti FPC, sous la présidence de son leader, le Président Samba Thiam, démontre qu’il y a encore dans le pays quelques irréductibles militants qui ont encore le “sens du sacrifice” quant il s’agit de l’intérêt suprême de la nation.

   Cette décision, qui n’est pas étonnante quand on sait la maturité intellectuelle et la longue expérience dans le militantisme intègre et foudroyant du Pr. Samba Thiam, constitue une ponctualité nette à ce grand rendez-vous électoral qui opérera certainement, un tournant dans l’Histoire politique et sociale du pays. 

   On ne peut que s’en réjouir, nous autres, jeune génération, qui rêvions tant de cette Union Sacrée, indispensable à notre effort commun et à nos aspirations communes pour une Mauritanie reprise des mains du système chauvin, raciste et tribaliste qui l’a en otage depuis des décennies; et remise à toutes ses filles et à tous ses fils sans distinction aucune, sans stratifications, sans hiérarchisations claniques. 

   Félicitations à nos deux leaders, Pr Samba Thiam et Biram Dah Abeid, pour l’aboutissement de ce cette conjugaison des forces.

Moulaye El hassene 

(Texte écrit en français, si lu en arabe, c’est la traduction “approximative” de Facebook).

Approche des autorités mauritaniennes envers les réfugiés maliens et apatrides mauritaniens. 

L’approche des autorités mauritaniennes envers les réfugiés en provenance du Mali mérite reconnaissance pour son impartialité. Toutes les populations réfugiées, qu’il s’agisse des Tamacheks, des Maures (Berabiches), des Peuls, des Songhais, des Sarakoles, sont acceptées et reconnues comme réfugiées de manière équitable, sans discrimination. Cette reconnaissance se fait de manière collective, sans nécessité de déterminer individuellement le statut de réfugié.

Actuellement, environ 150 000 réfugiés maliens se trouvent à Mbera, ce qui en fait la seconde ville la plus peuplée de Mauritanie après Nouakchott. De plus, des milliers de réfugiés préfèrent résider en dehors des camps pour rester près de leur bétail. L’ensemble des groupes ethniques est représenté parmi ces populations réfugiées, certains préférant s’installer à Nouakchott ou dans d’autres grandes villes.

Cependant, il est à déplorer que les autorités mauritaniennes refusent de reconnaître et d’intégrer dans leur nationalité environ 15 000 apatrides (mauritaniens) présents au Mali depuis 1989. En outre, au Sénégal, quelques milliers se trouvent dans une situation juridique similaire. Il est incompréhensible de renvoyer des personnes qui sont à la fois réfugiées, apatrides (mauritaniennes) et résidant au Mali, un pays en situation de conflit et d’insécurité ayant motivé leur fuite vers la Mauritanie.

Il est essentiel de demander des explications sur ce refoulement, notamment en se référant aux conventions internationales ratifiées par la Mauritanie. Un État ne peut renvoyer des personnes fuyant une situation d’insécurité vers un pays où elles risquent d’être exposées à des dangers. De même, un État ne devrait pas refuser à ses propres citoyens, même s’ils ont commis des actes répréhensibles, le droit de retourner dans leur pays d’origine.

Il est également crucial de se questionner sur la possible discrimination opérée par la Mauritanie envers des populations en fonction de leur apparence physique, face à un afflux de personnes issues du même pays, fuyant des causes similaires.

Mohamed Askia Touré