Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

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Décès de Aly Kalidou Ba, ancien directeur de l’informatique et signataire du Manifeste des 19

Après son frère  Abdoul Aziz Ba, décédé le 28 mai 2012, les frères Mohamed El Bachir Bal et Mohamed El Habib Bal décédés les 24 février 2018 et 19 juillet 2020, Abdoulaye Sow le 22 juillet 2020, Demba Seck  et Satigui Oumar Hamady Sy décédés les 13 et 14 novembre 2022 puis son cousin Mohamed Abdallahi Ba décédé le 04 février 2023,  tous signataires du Manifeste des 19, la Mauritanie perd à nouveau un de ses premiers cadres qui avait fait le choix de la dignité, de vivre loin des éclats sombres de la compromission. 

Né en 1939 ou en 1940 à Gouriki, notre regretté Aly Kalidou Ba est décédé ce mercredi 24 avril 2024 peu avant 1 heure du matin à Nouakchott. Qu’Allah l’accueille dans son paradis. Nous adressons nos sincères condoléances à la famille, à sa veuve gorgol Ndira Barry, à ses enfants Abdoul Aziz dit Zeus, Mariame, Coumbis, Hamidou et Sidi Mahmoud, ses frères et sœurs, et à tous ceux qui sont proches et chers.

La Mauritanie a perdu un de ses premiers hauts cadres « En 1966 déjà, il était inspecteur de trésor (finances) formé à Grenoble puis il a poursuivi une autre formation à Washington. Après celle-ci, il est nommé directeur de l’informatique au ministère des finances. Un poste qu’il cumule avec celui de gouverneur suppléant de la Mauritanie auprès du FMI et de la banque mondiale » précise son fils Abdoul Aziz.

La disparition dans l’anonymat et dans l’indifférence de Aly Kalidou Ba, comme des autres auteurs du Manifeste des 19, est le reflet d’une Mauritanie raciste qui assume ouvertement la suprématie et la mainmise totale d’une seule communauté sur tous les leviers du pouvoir. Assuré de sa « victoire », le système dominant ne fait plus semblant. 

Le temps  a fait son œuvre. Les uns après les autres, ces pionniers, précurseurs et visionnaires s’effacent. Pas leur œuvre malgré l’acharnement avec lequel la direction de leur pays s’emploie à les recouvrir d’un oubli qui est le lot commun de ceux qui dérangent mais auxquels l’histoire a donné raison. C’est peine perdue. Preuve en est que l’on est nombreux à se souvenir.

Qu’Allah accueille ces grands hommes dans son paradis. Des 19 visionnaires, il reste Daffa Bakary et Traoré Souleymane dit Jiddou. Nous leur souhaitons une très bonne santé.

Pour lui rendre hommage et immortaliser, nous republions ce texte daté du 11 février 2022.

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Le 11 février 1966, arrestations des auteurs d’un texte de référence : le Manifeste des 19

Il est des faits auxquels leur immédiate évidence confère une force singulière et durable. Le Manifeste des 19 conserve, cinquante-six ans après sa publication, un impact qui, non seulement ne s’est pas démenti, mais s’est renforcé. Le texte fait plus que jamais sens et référence. Devenu flambeau et cri de ralliement, il renferme une démarche, une séquence historique, un jalon de l’histoire politique de la Mauritanie. Jamais un texte aura eu une telle portée emblématique. On sait à quel point le regard rétrospectif peut se révéler un juge sévère. D’où vient qu’année après année, la postérité s’est faite plus généreuse?

Le Manifeste est une réussite à de multiples égards

D’abord par la simplicité des mots voulus pour dire la réalité. «Manifeste», il fallait y penser. Ni déclaration, ni résolution, ni charte, ni appel…juste un manifeste. Un texte pour avertir, montrer et donner à voir des faits évidents dans leur simplicité et leur vérité et d’autres qui couvent sous les cendres.

La fortune d’un écrit ou d’une démarche n’est jamais acquise d’avance. C’est le temps qui la consacre même si, en l’occurrence, il y avait de multiples raisons à ce que ce texte là rencontre, non pas le succès, expression subalterne en l’espèce, mais l’adhésion. Il y a d’abord le profil des auteurs. Ils appartenaient à toutes les ethnies négro-africaines ainsi qu’en témoignent leurs noms. Issus de l’élite négro-africaine, les rédacteurs du Manifeste avaient beaucoup à perdre du fait de leur initiative. Et d’abord leur statut ou, pour être trivial, leur place. Ils la perdirent effectivement. Leur liberté par-dessus tout. Elle leur fut également confisquée. Ils étaient ingénieurs, hauts fonctionnaires, enseignants. Ils étaient l‘ossature de l’administration et savaient ce qui se tramait, ce qui était en vue et ce qui risquait d’arriver.

En un mot, et le principal est là. Les faits leur ont donné raison. Le jugement de l’histoire a suivi. Ils ont eu raison trop tôt. Ce qui est difficilement pardonné. Ils ont compris très tôt que le fait déclencheur de leur soutien au mouvement lycéen débuté le 4 janvier 1966, l’introduction à la hussarde de la langue arabe dans l’enseignement du second degré, ne pouvait simplement s’analyser en termes de réforme du système éducatif. Loin d’être anodin, le fait brut faisait date C’était un jalon essentiel qui donnait le signal de ce qui se passe aujourd’hui : une arabisation massive à vocation assimilatrice, une politique discriminatoire par l’instrumentalisation d’une langue, la promotion d’une identité culturelle et raciale unique, hégémonique voire exclusive d’un pays pourtant multiculturel.

La force du Manifeste, c’est son actualité

Des phrases rédigées il y a cinquante huit ans et dont la résonance est aujourd’hui telle qu’on n’a nul besoin de les revisiter. Tout y est. Sous toutes ses formes, la politique d’effacement et d’invisibilisation des Négro-africains de l’espace public est décrite dans ses mécanismes et chiffres à l’appui. Le seul changement intervenu, à plus de cinq décennies d’intervalle, tient à l’ampleur de ce qui est décrit et à son caractère désormais systématique.

Parmi tant d’autres, un exemple montre la perspicace vigilance des vigies de 1966. Et l’actualité leur donne raison au moment même où des chevaux de retour nous vendent leur projet d’assimilation sous l’emballage de l’islam, « notre religion commune». Une communauté qui, au passage n’a jamais fait obstacle ni au racisme, ni aux injustices, ni aux pogroms, ni aux tortures ni aux déportations mais qui réapparaît dès qu’il est question de transcription des langues nationales, de l’emprise de l’arabe sur la scène nationale. Plus que jamais, les auteurs du Manifeste ont eu raison de dissocier ce qui, en effet, doit l’être : l’appartenance à une religion et la préemption de cette religion par un groupe dominant à des fins hégémoniques et d’exclusion. Les auteurs du Manifeste avaient vu venir et avaient annoncé les tenants d’une « politique de civilisation » ayant pour « pilier fondamental le credo religieux». Au « Vous êtes musulmans donc devenez arabes » qui se murmurait en 1966, les rédacteurs du Manifeste avaient répondu : musulmans mais pas arabes. C’était il y a cinquante-six ans. Aujourd’hui, d’autres, assurés de leur victoire, ne se contentent plus de murmurer. Ils ordonnent.

Ciré Ba et Boubacar Diagana– Paris, le 24/04/2024

Objection: des faits historiques sur les années de braise et “le printemps” des lettres ouvertes en Mauritanie ( 1986- 1991)

Sans esprit polémique, je veux juste apporter quelques éclaircissements sur des faits historiques irréfutables sur les premières dénonciations des exactions du régime de terreur de Ould Taya.

Certains veulent apparemment réécrire l´histoire récente de notre résistance et nous faire croire que les dénonciations des crimes du régime militaire ont commencé avec la période des lettres ouvertes d´avril 1990 ou de la “démocratisation” bridée du colonel despote ould Bothaya. Que nenni !

A la vérité historique ces lettres ouvertes de quelques personnalités mauritaniennes au CMSN n´ont pas été les premières à dénoncer les exactions commises contre les Négro-mauritaniens pendant ces années de braise.

En tant qu´un des membres et principaux responsables du département de la presse et à l’information des FLAM à l´époque avec mon ami et camarade Ciré Ba qui dirigeait le département, je peux dire, des archives de presse à l´appui, que les FLAM, principale force d´opposition ouverte au Système pendant ces années de braise, furent les premières à dénoncer l´épuration ethnique au sein de l´armée, la terreur dans la vallée du fleuve et les violations des droits humains en Mauritanie.

C´est suite à notre déclaration reprise par la presse internationale que le ministre mauritanien de l´information de l´époque feu Mohamed Lemine Ould Ahmed (ancien militant du mouvement ablitionniste d´El Horr) fut obligé de reconnaitre les faits et d´annoncer la découverte d´un soit-disant « complot » fomenté par des militaires et des civils noirs dont des anciens prisonniers Flamistes et rescapés la prison mouroir de Oualata.

Nous avons été les premiers à saisir Amnesty International par son responsable de la zone Afrique de l´Ouest de l’époque notre frère Tiébilé Dramé devenu ministre des affaires étrangère du Mali avec le régime de ATT et Rakia OMAR de Human Rights watch.

C´est d´ailleurs l´annonce, à partir de Londres, par Amnesty International de la mort de plus de 200 militaires négro-africains et la confirmation de ces atrocités par différents témoignages qui ont provoqué un véritable choc dans l´opinion publique. Comme sonnés par la révélation de ces horreurs, différentes personnalités et organisations ont tenu à exprimer leur stupeur et leur indignation.

L´UTM, syndicat proche du pouvoir, parlait d´un véritable génocide et estime que « les traitements inhumains et dégradants infligés à la majorité des citoyens arrêtés constituent une menace pour tous et pour chacun et peuvent conduire le pays à la dérive ».

Le groupe des « 50 » et qui avait comme porte-parole sur RFI le cinéaste feu Med Hondo, réclamait la constitution d´une commission d´enquête sur ces massacres dans leur déclaration signée le 10 avril 1991. Sans oublier la lettre ouverte des 125 du 17 mai, la lettre ouverte des femmes des disparus. Jeune Afrique, la voix de Taya, sous la plume de François Soudan, qualifiera ces lettres ouvertes “d´excessives et diffamatoires” voire malsaines dans son numero du 19 au 25 juin 1991.

En France, même le P.S s´est vigoureusement élevé contre ces exactions. Cependant les citoyens mauritaniens se mobilisaient pour dire leur dégoût, comme en témoigne l´historique manifestation organisée à Paris le 13 avril 1991 par les FLAM, le FRUIDEM, Le CSMD entre autres.

Pour la petite histoire nous avons été derrière la courageuse déclaration de notre frère “déserteur” Cheikh Fall dans les colonnes de Libération et sur les ondes de RFI et cette sortie avait sauvé plus d´un prisonnier dans les geôles d´horreur de Ould Taya. Mon ami et frère Mahamadou Sy rescapé et l´auteur de “L´Enfer d´Inal” peut le confirmer aussi.

Ce sont nos camarades de la section FLAM-Europe qui ont accompagné Cheikh Fall dans les différentes rédactions de la presse hexagone pour alerter l´opinion internationale sur les crimes contre l´humanité qui s´opéraient dans les geôles du régime sanguinaire du colonel Ould Taya.

Les lecteurs de BILAL (devenu le Flambeau), notre organe d´information de l´époque, ont certainement toujours en mémoire son émouvante interview avec les détails de tous les massacres, les circonstances d´exécution de nombreux détenus, impliqués arbitrairement dans la prétendue tentative de coup d´état de décembre 1990.

Dans toutes nos déclarations et notamment dans celle du 8 mai 1989 consécutive à ce qu´on appelle pudiquement “les évènements”, nous n´avons eu de cesse dénoncer le racisme d´Etat et de réclamer l´avènement d´une réelle démocratie en Mauritanie.

En 1986 déjà, nous avions dénoncé, dans “Le manifeste du négro-mauritankien opprimé”, l´existence d´une discrimination raciale dont la poursuite et l´aggravation ne pouvaient qu´hypothéquer l´existence de notre pays. A l´époque cependant, il ne s´était pas trouvé suffisamment de bonnes volontés dans les mouvements politiques concurrents pour formuler avec autant d´exigence que nous, la revendication d´une réelle égalité entre tous les citoyens mauritaniens.

Le livre Blanc que nous avions publié en octobre 1989- sous le titre ” Radioscopie d’un Apartheïd méconnu ” et qui a été largement repris par la presse internationale revenait sur la terreur dans la vallée et les assassinats de nos camarades dans les geôles de Oualata. Nous étions seuls dans la dénonciation. C´est encore sous notre pression et de certaines ONG que Ould TAYA fut contraint de transférer nos camarades de la prison mouroir de Walata à celle d’Aïoun avant de les libérer.

Que les évènements, plus douloureux, les uns que les autres, qui se sont succédés dans notre pays depuis cette date, aient cruellement confirmés nos analyses, ne saurait être pour nous l´occasion d´une quelconque délectation. L´important est ailleurs : il est dans la reconnaissance par tous de la nature raciste de la politique conduite par l´ETAT mauritanien.

Pendant ces années de braise ( 1986- 1991) les FLAM qui étaient relativement au début seules sur ce terrain de la dénociation du régime raciste et militaire, avec l´arrestation et la détention de nos camarades à Oualata et l´exil forcé des autres, n´ont pas manqué d´apprécier à sa juste valeur le document des jeunes Maures mauritaniens appelés “Mouvement des démocrates indépendants” d´avril 1989, sous le titre “Plus jamais ça” qui dénoncait les tueries en Mauritanie et au Sénégal et rappelait le processus de répression ethnique en vigueur dans notre pays depuis 1986.

Pour la petite histoire le tract a été rédigé Rue des Écoles à Paris puis expédié, à Nouakchott, sous pli fermé, avec mention “dossier d´inscription Sorbonne”. A l´époque nous avions loué le courage de ces jeunes compatriotes maures, comme nos amis Jemal Ould El Yessa, Béchir El Hacen et Abdallah Ould Kebd qui, émergeant du troupeau ont eu l´audace de reconnaitre et les posant, les graves problèmes de cohabitation que connait toujours notre pays et nous avions exprimé notre disponibilité à travailler avec eux pour le triomphe de nos justes positions.

Cette preuve palpable de disponibilité à travailler avec ces compatriotes arabo-berbères ne nous a pourtant pas dispensé des critiques malveillantes des vieux chevaux chauvins du Système.

Notre lutte a été détérminante pour acculer le pouvoir à des concessions, force nous est de reconnaitre que celui-ci, cruellement isolé au plan diplomatique avec la défaite de leur mentor Sadolf Hussein de l’Irak, a subi de fortes pressions internationales qui l´ont amené à lâcher du lest.

Les observateurs n´avaient pas manqué de faire le rapprochement entre les visites á Nouakchott du ministre francais des affaires étrangères Mr Roland Dumas et de Mr Michel Vauzelle, président de la commission des affaires étrangères de l´assemblée nationale française et sur le discours du 15 avril 1991 du colonel Ould Taya dans lequel il annoncait une série de mesures visant entre autres, à l´instauration d´un multipartisme et l´adoption d´une constitution qui serait soumise au peuple par un référendum dont la date avait été fixée au 12 juillet 1991.

Rappelons que Mr Vauzelle a été saisi directement par des Flamistes lors d´une rencontre à Paris le 27 mars 1991 où il nous avouait avoir mis en garde la Mauritanie et lié l´aide de la France à certaines conditions. Il nous avait aussi exprimé son émotion devant les exactions et humiliations dont les Noirs de Mauritanie sont victimes.

Face à notre pression permanente et celle des ONG des droits humains (Amnesty International, Human Right Watch, FIDH, entre autres..), de personnalités, de partis politiques, de l’engagement à notre côté de certains grands décideurs politiques, le régime ethnogénocidaire, totalement discrédité, et parfois privé de financements d’institutions internationales, fut contraint et ne pouvait que céder. C´est alors que dans l´affolement, “le syndrome malien”, aidant, il se mit à annoncer des mesures vite interprétées à l´époque comme un tournant démocratique en Mauritanie.

Heureusement que chaque jour qui se lève apporte son lot d´éclairage au drame mauritanien, permettant ainsi le recentrage des débats autour des vrais problèmes que les mentors du régime, leurs porte-faix et autres chauvins panarabistes ont essayé de brouiller tant bien que mal. La vérité par delà les passions, les errements et aveuglements qui peuvent la brouiller momentanément, finit toujours par s´imposer en se frayant son chemin.

Demain il fera jour et la lutte continue!

Kaaw Touré.

« Mauritanité », quand tu nous tiens !:

Nous sommes dans un pays où certains ont réussi à usurper à leur propre profit notre bien commun, la « Mauritanité », et à partir de leur position de simple citoyen, comme tous les autres, dictent pourtant aujourd’hui celui qui est mauritanien et celui qui ne l´est pas; celui qui est patriote et celui qui ne l´est pas, qui doit voter et qui ne doit pas voter.

Qui doit être enrôlé et qui ne doit pas être enrôlé. Ils définissent pour leurs propres concitoyens ce que veut dire « le patriotisme », ce que veut dire la « Mauritanité », qu´ils confondent souvent et à dessein avec « mauritude »!

La particularité de cette singularité dictée est dans sa manifestation concrète: l´emprisonnement de tous les dissidents et insurgés à l´ordre injuste établi, l´assassinat des centaines de militaires et civils dont ils doutent le « patriotisme », la déportation manu militari de plusieurs dizaines de milliers de leurs propres concitoyens au Sénégal et au Mali et l´exil forcé de milliers d´autres en Europe, en Afrique et en Amérique.

Et cette fumeuse et fameuse « mauritanité » particulière et particulariste continue encore à faire des ravages dans l´administration, dans l´armée, dans les médias et dans la vallée avec les nouvelles colonies du peuplement, des expropriations des terres, inspirées certainement du régime sioniste de » Sammba alaa Daande en » au proche Orient !

L´unité nationale oui nous sommes pour parce que nous n’avons que la Mauritanie comme patrie mais nous sommes contre une certaine unité, l´unité du cavalier et du cheval. Nous voulons d’une unité qui respecte la dignité de chaque Mauritanien et garantisse l’équilibre entre toutes les composantes nationales.

Pour nous, sauver la Mauritanie ne passe pas forcément par l’imposition d’une unité coûte que coûte mais par la mise en place de fondements inébranlables parce que intrinsèquement justes et égalitaires. L’unité, en soi, n’est pas une fin mais un moyen pour construire » le mieux vivre ensemble », dans une Mauritanie viable parce que réconciliée avec elle même.

Nous avons très tôt revendiqué la démocratie en Mauritanie au moment où certains rasaient les murs ou collaboraient avec le Système éthnogénocidaire pendant les années de braise en exigeant, depuis des décennies, une égalité de droits et de devoirs pour tous les citoyens.

Notre combat consiste non seulement à dénoncer des oppressions culturelles, économiques et politiques réelles, mais aussi à proposer des solutions alternatives qui renforcent la culture démocratique en réconciliant la Mauritanie avec sa vraie identité. Ce combat est actuel. Nous ne nous satisfaisons pas d´une démocratie qui se résume au rituel des élections, auxquelles d´ailleurs la majorité noire est exclue de fait.

Nous assistons à une démocratie de facade parce que biaisée, dans ses fondements injustes. Comment parler de démocratie là où il y a déni de citoyenneté pour les Négro-africains et déni d´humanité pour les Haratines/esclaves? Voilà pourquoi nous ne nous satisfaisons pas d´une démocratie qui se résume au rituel des élections, et pour laquelle du reste la majorité noire est laissée pour compte.

Il faut être dupe pour croire à des miracles pour les prochaines échéances électorales. L’opposition n’a pas été associée en amont et en aval dans tout le processus.

La CENI est composée en majorité par des retraités du parti au pouvoir, qui ont servi tous les régimes à commencer par son président le tristement célèbre ancien gouverneur dans le Sud pendant les années de braise et ancien ministre du colonel despote ould Taya.

L’avancée démocratique, véritable suppose la prise en charge sans tricher, du problème fondamental de la question nationale et sociale ou du « Vivre ensemble » qui menace « l’unité nationale » de façade, car les vraies bases démocratiques supposent le nivellement des citoyens, avec les mêmes droits et les mêmes devoirs. Tout le reste n’est que discours creux et démagogique! Il faut se ressaisir. Il est temps de se surpasser pour outrepasser l’impasse.

Demain il fera jour et la lutte continue !

Kaaw Touré

Écho du Rwanda à la Mauritanie

Le 7 avril 2024, j’ai écouté le discours émouvant prononcé par Président Paul Kagame lors de la commémoration du 30e anniversaire du génocide au Rwanda. En écoutant, mes pensées ne pouvaient que se tourner que vers les nombreux Mauritaniens qui ont été injustement assassines ainsi que leurs veuves et orphelins qui souffrent actuellement de traumatismes similaires. Nous espérons que l’écho retentissant de ce message se répercutera á la Mauritanie et au-delà.

La présence du Président Mauritanien Mohamed Cheikh Ould Ghazouani à cette cérémonie hautement chargée d’émotions rappelle ostensiblement que « chickens come home to roost, » ce qui veut dire qu’on va toujours être rattrapé par nos erreurs.

Je ne peux m’empêcher de penser à ce qui pouvait se passer dans son esprit lorsque Président Kagame racontait et partageait ces histoires horribles qui mettaient en évidence l’ampleur de cette terreur.

Quelles leçons va-t-il tirées de ce moment propice à l’enseignement ? Voit-il un parallèle entre les deux tragédies ? Son silence doit-il être interprété comme une confirmation d’un déni de justice pour les victimes tout en protégeant les auteurs ?

Croit-il dans son cœur et dans son esprit que les crimes qui ont entrainé la mort de nombreux pères, fils et maris noirs mauritaniens et qui ont endeuillé leurs familles sont différents de ceux du Rwanda ?

Plus important encore, va-t-il appris quelque chose et si oui, comment compte-t-il appliquer ces leçons apprises afin que le pays puisse panser ses blessures ? J’espère sincèrement que cette commémoration du 7 avril incitera Président Ghazouani à répondre à l’appel persistant à la justice des victimes et de leurs familles en appliquant la justice transitionnelle conformément aux normes internationales et bonnes pratiques.

Comme cela a été clairement indiqué, ces crimes aussi odieux ne peuvent rester impunis. Sans aucun doute, ils résisteront à l’érosion du temps jusqu’à ce que la justice soit rendue. Le déni de justice n’est pas une option viable. En fait, la seule issue est de faire preuve de courage moral en s’attaquant véritablement à ce problème qui dure depuis trop longtemps.

La mort et la destruction laissent des cicatrices ouvertes qui ne peuvent être ignorées ou espérer qu’elles vont disparaitre d’elles- mêmes sans justice réparatrice. Comme au Rwanda, les blessures de la Mauritanie doivent être pansées. Nous devons repousser le «Start buttons» pour un nouveau départ.

En conclusion, nous adressons notre sincère expression de solidarité au peuple rwandais pour ce qu’il a enduré, et dénonçons la tragédie humaine en cours qui a coûté la vie à d’innombrables innocents Palestiniens dans leur patrie de Ghaza.

Le génocide, où qu’il soit commis, est une attaque contre notre humanité que nous ne pouvons en aucun cas tolérer. Des crises et des tragédies surviennent lorsque les dirigeants en charge manquent de sens moral. Il est de notre responsabilité collective de nous unir contre un tel mal afin que la paix et l’amour puissent s’épanouir.

Bakary Tandia, Human Rights Advocate
New York City, le 8, Avril 2024

Sénégal: Bassirou Diomaye Faye a prêté serment et devient le cinquième président du pays

RFI-Afrique – Bassirou Diomaye Faye a prêté serment ce 2 avril 2024 à Diamniadio. Il est devenu le cinquième président de l’histoire du pays. Il succède à Macky Sall, chef de l’État de 2012 à 2024.

Au Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, qui était il y a un peu plus de deux semaines encore un candidat de l’opposition en prison ainsi que le candidat de substitution d’Ousmane Sonko – leader des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) – et qui a élu dès le premier tour de la présidentielle du 24 mars 2024, vient donc d’être investi cinquième et plus jeune président de l’histoire de son pays.

« Devant Dieu et devant la Nation sénégalaise, je jure de remplir fidèlement la charge de président de la République du Sénégal, d’observer comme de faire observer scrupuleusement les dispositions de la Constitution et des lois », a-t-il déclaré, la main droite levée, devant des centaines d’officiels sénégalais et huit chefs d’État africains au Centre des expositions de la ville nouvelle de Diamniadio, près de Dakar.

Bassirou Diomaye Faye a prononcé son discours d’investiture sous un tonnerre d’applaudissements.

Debout, l’écharpe verte, et le collier doré de l’ordre national du Sénégal barrant sa poitrine, le visage sérieux, dans son costume sombre, Bassirou Diomaye Faye a commencé par rendre hommage aux Sénégalais qui l’ont élu, relate notre correspondante Léa-Lisa Westerhoff. « Le 24 mars, c’est le Sénégal qui a gagné », a-t-il insisté sous les applaudissements.

Bassirou Diomaye Faye n’a pas manqué de revenir sur ce bras-de-fer de trois ans entre le président sortant, Macky Sall, et son parti, le Pastef. Bras-de-fer qu’il a mené en prison, mais dont il retient l’urgence de retrouver une cohésion nationale et un climat apaisé dans le pays. Un discours fédérateur et humble à l’image de ses déclarations précédentes.

Le jeune président s’est dit conscient du profond désir de changement des Sénégalais. Il a promis d’y travailler inlassablement, promis la stabilité, et la promotion de l’intégration africaine, plus de solidarité aussi avec les pays voisins face aux enjeux de sécurité. « Je souhaite un pays d’espérance, un pays apaisé, avec une justice indépendante et une démocratie renforcée, telle est ma promesse devant Dieu. » Voilà comment le président a conclu ce discours sous un tonnerre d’applaudissements et ces cris « Diomaye président ! »

C’est donc ainsi qu’a pris fin cette cérémonie d’investiture dans le hall d’exposition très bruyant du Centre de conférences de Diamniadio, en périphérie de Dakar.

Bassirou Diomaye Faye est ensuite attendu au Palais, au centre-ville, par le président sortant pour la passation de pouvoir. Macky Sall n’a pas assisté à cette cérémonie d’investiture ce mardi matin.

Huit chefs d’Etat étrangers ont fait le déplacement, comme le Nigérian Bola Ahmed Tinubu par exemple, président de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), mais aussi le président de la Mauritanie, de la Gambie, de la Guinée-Bissau ou encore de la Guinée Conakry.

Particulièrement remarquée aussi, l’invitation qui avait été donnée aux trois dirigeants de l’Alliance des États du Sahel (AES), à savoir le Burkina Faso, le Mali et le Niger.

Ce sont finalement les présidents des parlements de transition du Mali et du Burkina Faso qui sont venus. Et, selon des sources proches du président, Bassirou Diomaye Faye tenait à leur tendre la main aujourd’hui. Car il aimerait œuvrer à leur retour au sein de la Cédéao. L’investiture qui se termine marque, en tout cas, la troisième alternance par les urnes dans l’histoire du Sénégal.

RFI