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DECLARATIONSUR LES PRESIDENTIELLES DE 2024
Dans le cadre de la campagne des élections présidentielles prévues en fin juin courant, il a
largement circulé récemment, à travers les réseaux sociaux, une vidéo dont la source est la
Direction Nationale de la campagne du président Mohamed Cheikh El Ghazwani, candidat à sa
propre succession.
La teneur de cette vidéo fait ressortir, à l’intention de l’opinion nationale et internationale que
la gestion d’un État étant à la fois difficile et complexe ne saurait et ne pourrait être confiée qu’à
des individus expérimentés, insinuant par là que seul O uld Ghazwani serait la personne la mieux
indiquée pour conserver le pouvoir, occultant ainsi totalement qu’en démocratie, c’est par les
urnes qu’un président est élu et c’est par ces mêmes urnes qu’il est déchu. Monsieur le Ministre
Directeur Natio nal de Campagne du président sortant, en l’occurrence SID Ahmed O uld Ahmed,
précise sa pensée en affirmant, sans ambiguïté aucune, que le régime en place ne peut et ne doit
s’aventurer à céder le pouvoir à des hommes sans expérience, pour dire clairement que le pouvoir
en Mauritanie est affaire de cession d’une main à u ne autre et non une affaire de choix du peuple
selon les normes démocratiques classiques.
C’est pour dire que ce Directeur National de Campagne
considère le groupe au pouvoir, comme
étant celui qui a consenti ,seul ,des sacrifices au prix desquels la Mauritanie existe et que par
voie de conséquence, la légitimité de le conserver lui revient , au détriment des autres citoyens
perçus comme mineurs et sans légitimité .
Ces propos
de Monsieur O uld Ahmed, à la fois graves et antidémocratiques, provocateurs et
insultants, ne sauraient être tenus sans l’aval du candidat O uld Ghazouani. Par ailleurs le
déploiement des forces armées et de sécurité au Hodh, dans le Gorgol et au Brakna, observé
depuis le lancement de la campagne électorale, vient à son tour s’inscrire dans une démarche
d’intimidation des électeurs, soigne usement élaborée en vue de perpétrer un coup d’état
électoral, comme à l’ habitude Toute chose qui dénot e la panique d’un régime aux abois
Mais que l’on nous entende bien , cette fois la fraude ne passera pas.
Aussi
voulons nous , ici, alerter l’opinion nationale et internationale sur les menaces et dangers
pour la paix et la stabilité du pays qu’entraînerait toute tentative du régime à vouloir reproduire
les scénari et expériences des présidentielles de 2019 et des législatives de 2023 ; et dont ceux
qui nous gouverne nt seraient seuls responsables
Voilà pourquoi nous invitons la communauté
sous régionale , régionale et les amis
de la Mauritanie à faire pression sur le régime de Ghazouani afin de l’amener prendre les
mesures de transparence électorale requises , pour nous éviter les dangers de la déstabilisation ;
en effet les forces politiques , la société civile, le peuple et sa jeunesse, en un mot, ne se laisseront
en effet les forces politiques , la société civile, le peuple et sa jeunesse, en un mot, ne se laisseront plus jamais voler leur victoire . La Fraude ne passera plus jamais voler leur victoire . La Fraude ne passera plus, encore une foisplus, encore une fois..
NKT le NKT le 21 juin 202421 juin 2024
La Coalition Biram 2024
La Coalition Biram 2024 ––SignatairesSignataires
CVE
CVE
DEKALEMDEKALEM
Groupe Ladji Traore
Groupe Ladji Traore
FPC
FPC
IRA
IRA
KEVANA
KEVANA
MEJD
MEJD
MITHAAGH
SOCIETE CIVILE
RAG
FOUTA TAMPI FELLITI
UNE INTERVIEW EXCLUSIVE DU GRAND COMBATTANT DE LA LIBERTÉ ET RÉSISTANT DE TOUJOURS ABDEL NASSER ETHMANE YESSA
“Je soutiens le porte-voix de la rupture, Biram Dah Abeid et favorise son avènement à la Présidence de la République”.
Entretien réalisé par Adama Guène (Observateur de la société civile, Jeune ambassadeur de l’Union africaine pour la justice transitionnelle, Dakar).
Monsieur, Abdel Nasser Ethmane Elyessa, alias Jemal Ould Yessa, je vais vous poser beaucoup de questions, au risque de vous bousculer. Est-ce que vous consentez ?
Oui, bien sûr, avancez, foin d’autocensure !
Tout d’abord, on ne vous connait pas d’abonnements aux réseaux sociaux, sur la toile vous ne laissez pas de trace audio ou vidéo, à partir de 2009. A part l’écrit parcimonieux, vous êtes plutôt discret. De la part de quelqu’un qui exerce la politique depuis longtemps, c’est curieux, non ?
Vous avez sans doute raison de noter l’apparente contradiction mais le défaut de visibilité corrobore aussi une hygiène de vie. Donc, je ne suis pas près de renoncer au luxe de l’invisibilité.
Vous intervenez rarement dans le débat mauritanien, souvent avec une certaine virulence concernant des sujets de société comme le « passif humanitaire », l’écologie, la laïcité, le féminisme, etc. A la veille de l’élection du Président de la République en 2024, sur quel candidat se porte votre choix ?
Tout d’abord, afin de prévenir le malentendu, je vous réponds, à titre individuel. La direction de campagne du candidat le représente mieux.
Je soutiens le porte-voix de la rupture, Biram Dah Abeid et favorise son avènement à la Présidence de la République. L’instant est venu, depuis longtemps, de rompre la fatalité du Chef d’Etat arabo-berbère et militaire. Les histoires longues ont une fin et celle-ci, en sus d’avoir déçu et provoqué l’affliction et le deuil, devient un germe de discorde et de ruine. Il faut tourner la page, au prix d’un dégât moindre. A présent, la cohésion de la Mauritanie exige l’alternance historique. Nous avons besoin d’un meneur de réformes, d’extraction noire subsaharienne, pour nous guérir du cumul des ressentiments, nous préserver des pièges de la récidive, rendre justice à la loi du nombre, libérer les énergies, valoriser le travail manuel et éradiquer les privilèges de la généalogie. Biram Dah Abeid a payé, en prison et mainte fois, l’amère rançon d’une œuvre vouée à éteindre(le) statu quo et purger l’héritage de l’esclavage et de l’humiliation. Son aversion au racisme institutionnalisé explique notre convergence. La concordance procède, surtout, de la passion de l’égalité que résume l’article premier de la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen du 26 août 1789 : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune ».
Ce que vous citez, là, ne parle pas trop aux Mauritaniens. Ce qui vient de la France a-t-il bonne presse en Afrique ?
Me reprocheriez-vous la référence à la Révolution française ? Je vous objecterai un aveu : Rien de ce qui m’a mené à la quête de liberté et de foi en l’espèce des humains ne provient de ma culture autochtone, plutôt réservoir de préjugés de race et de prime à l’arbitraire. Exceptés l’honneur, la chevalerie, la générosité et le pardon qui ne sont pas précisément des valeurs de progrès, l’héroïsme belliqueux et les ruses de l’Invisible constituent l’essence même du legs de nos ancêtres. L’addition des deux contrarie le combat sur le chemin de l’affranchissement de l’individu, acteur et finalité de l’intérêt général. Rendons-nous à l’évidence, afin que prévale la paix, à l’ombre du droit naturel, il nous appartient de couper, enfin, le cordon ombilical qui nous enchaîne au passé. Du reste, je m’assume francophone et francophile de gauche, naturellement pas de la gauche misérabiliste où l’on érige l’esthétique de la pauvreté en attestation de pertinence. N’en déplaise à la meute du panafricanisme de l’aigreur, nos problèmes, en Mauritanie, ne résultent d’un rapport de belligérance avec l’Occident et l’impérialisme. Chez nous, nous récusons des pesanteurs et des iniquités endogènes, qui remontent à notre histoire d’avant la colonisation. Hier et aujourd’hui, ce sont nos congénères qui nous oppriment, mentent et volent. Sans la pression de la communauté internationale, ils nous écraseraient allègrement.
Vu vos origines, on pourrait vous accuser de démagogie, de populisme quand vous défendez la veuve et l’orphelin ?
Soyons sérieux ! Je n’ai pas grandi dans la curiosité du commandement ou le désir de la notoriété. L’éducation traditionnelle les considérait, déjà, motifs d’inconfort et de restriction. Dedans, il n’y a pas d’agrément enviable. Qui y échappe s’estimera chanceux. Nul ne doit être réduit à la fortuité de sa naissance, d’où notre résolution à démentir les déterminismes du berceau. Nous ne cédons à la surenchère, la réalité des inégalités et du pillage en Mauritanie suffit à valider nos griefs. Malgré la rigueur du constat précité, je reste rétif à la démagogie et ne me sens en sûreté au milieu des vociférations de la foule. Si le peuple en mouvement touche au sublime lorsqu’il abat la tyrannie, sa fureur et son enthousiasme du lendemain recèlent une formidable charge de destruction et d’homicide. A l’heure de la désinformation, l’instinct grégaire de la multitude justifie la vigilance et un excédent de veille. L’irresponsabilité et l’ivresse noyées dans le tumulte d’une masse sans visage entraînent souvent la débâcle de l’esprit critique et le triomphe de l’animalité. L’histoire de l’humanité charrie de tels charniers, par millions. Je ne suis de ceux auprès desquels l’intolérance légitime à l’autocratie autorise une réaction de nihilisme.
Pourquoi le choix de Biram Dah Abeid ? D’autres candidats de l’Opposition sont en lice.
Et pourquoi pas lui ? Des 5 candidats de l’opposition, d’ailleurs nos alliés, Biram, d’emblée, est le plus disposé à renverser la table, secouer le tapis, bref oser le coup de balai téméraire qui nous réconcilierait avec la normalité. Ici, il y a lieu de comprendre, par normalité, la rationalité du mérite, comme fondement universel du prestige et de la récompense. Il n’est plus décent de continuer à entériner, dans l’indifférence et la banalité, la promotion permanente des filles et fils de grande et moyenne tente-case, toute communauté confondue, au prétexte de leur patronyme. L’élégance et la prudence commandent, aux ci-devant, de s’effacer un peu, même provisoirement, afin d’encourager l’expérimentation d’une formule alternative, dont découlerait une chance de réaliser mieux. Nous devons tarir les micro-persécutions qui jalonnent le quotidien des cadets sociaux, défaire la trame de passe-droits et d’usurpations qui nuisent toujours aux mêmes. Il s’agit d’une prise de risque raisonnable, au regard des échecs de la gouvernance, depuis l’éviction du régime civil en 1978. Dites-le au Président sortant, les aristocraties rances et faisandées ont vécu, elles n’incarnent plus que l’imposture d’une popularité factice. Quiconque continue à leur conférer de la considération n’a pas compris les impératifs du siècle. La conservation de la gent parasite ralentit notre marche vers la répartition équitable de l’effort et du rendement.
La campagne du Président Ghazouani met en avant la présence de personnalités Haratine, Hal pulaar, Soninké, Wolof. Ce n’est pas un démenti aux présumées discriminations que vos camarades et vous dénoncez ?
La solution ne réside pas dans l’affichage d’un personnel-alibi que l’on convoque, en vue d’inverser l’invraisemblance : « regardez, nous ne sommes pas racistes, nous associons tout le monde ». La figuration ne fait le film. Dans la quasi-totalité des domaines de la production de richesse et de l’exercice de l’autorité d’Etat, le noir mauritanien survit aux marges du système de prédation. Le capital privé national étant de causalité politico-administrative, vous constaterez la mainmise des tribus maures sur les douanes, la banque, l’agriculture, les mines, la pêche, le commerce d’importation, le commandement militaire et de sécurité, le récit collectif et même la religion…Le plafond de verre impose, aux Mauritaniens subsahariens et natifs des castes, l’acceptation d’une infériorité indue. Nous cherchons à le briser.
Quelles sont selon vous les qualités du Président Ghazouani ?
Je ne connais pas vraiment le Président sortant. A s’en tenir aux dires concordants de ceux qu’il reçoit, l’aptitude au consensus l’habite et façonne son tempérament. La vox populi le répute peu enclin à l’avidité matérielle, affable, à l’écoute et profondément réfractaire à la violence. Il n’hésite à rendre service aux anonymes et, je puis en témoigner, ne leur réclame de contrepartie. Le culte de la personnalité le dérange mais il le supporte, par courtoisie envers le laudateur. Il fuit le scandale davantage qu’il n’incline à la réparation résolue des erreurs et fautes de sa cour. C’est ici que les qualités de l’homme se confondent à ses failles. Nous en traînons, tous.
…et ses défauts ?
Hélas, il exagère le souci de contenter son prochain, d’où un laxisme et une complaisance qui vont le (nous) perdre. Il avalise le recyclage à tout-va, tolère une gredinerie autour de lui puis en congédie l’auteur, ponctuellement disgracié. Au bout de quelques mois d’oubli, le temps de se fondre dans l’amnésie collective, voici le délinquant de retour, promu à l’occasion d’une série de « mesures individuelles », selon le jargon de clôture des réunions du Conseil des ministres. A parcourir ces répétitions hebdomadaires de l’opprobre, l’on s’interroge si la Mauritanie compte des compétences en dehors des Maures. Pire, l’attitude de conciliation mécanique que le Président adopte en modèle de direction des affaires de la cité finit par discréditer l’éthique et diffamer l’équité, au nom de laquelle son parti (Insaf) prétend gouverner. Aujourd’hui, la corruption et le laisser-faire n’importe quoi ont atteint des abîmes vertigineux et pas un indicateur prédictif n’augure la perspective de les réfréner, sous le pouvoir du moment. Consultez, je vous prie, la composition des donateurs de la campagne du Président, au titre du patronat. La liste des 12 capitaines d’industrie vous confirmera quel groupe ethnique confisque l’économie de la Mauritanie. L’on dirait un catalogue des revenants du Prds. Inconscience ou mépris, ils ont eu l’outrecuidance de diffuser, fièrement, l’écrit qui les accable.
J’ai lu une de vos phrases fétiches, qu’est-ce que vous appelez « faillite du système » ?
Les exemples de reconversion des médiocres et des cuistres à barbe, d’impéritie sans complexe, de surfacturation de chantiers, de détournement des marchés publics, de rétrocommissions et surtout leur impunité pourraient alimenter des mois de témoignages devant une instance d’audit. Je vous épargne les suspicions de blanchiment massif dans les secteurs du bâtiment, du commerce et du transfert de monnaie. Certains de nos diplomates recrutent auprès d’eux des parents proches, d’aucuns savent à peine lire une déclaration, d’autres doivent le poste à une maladie, l’armée règle ses dépenses en sacs bourrés de liquidités, les généraux s’arrogent le partage exclusif, entre leurs parentèles respectives, des bourses de formation d’élèves-officiers, à l’étranger… Le roman de l’entreprise de rapine comporte assez de rebonds et de ricochets pour enrichir, bien au-dessus des capacités de l’intelligence artificielle, l’imaginaire des scénaristes de tragicomédie. L’échec du premier mandat est attesté, reconnaissons-le. Le second ne dérogerait à la leçon empirique du précédent. J’ai écouté le discours du Président de la République, dans la nuit du 14 au 15 juin courant. Il promet de sévir au détriment des concussionnaires et des prévaricateurs, agglutinés, ce soir-là, à sa proximité. Les susdits ont applaudi. La minute d’après, ils arboraient un maintien réjoui. Bien jobard qui les suspecterait de naïveté.
Peut-être que le Président Ghazouani est victime des siens, le cas ne serait pas extraordinaire, ça s’est vu ailleurs ?
Il me semble présomptueux de blâmer, toujours, l’entourage du Prince et d’exonérer celui-ci. En l’occurrence, le Président, désigne ses collaborateurs et sait l’amplitude de leurs travers. Le Chef de l’Etat, vous pouvez me croire, ne méconnait la banqueroute présente, ni le détail des mesquineries, du trafic de prérogatives, de l’enrichissement illicite, des conflits d’intérêt et de l’incurie de l’appareil de gouvernement et de la haute administration. Il ne saurait plaider l’ignorance de bonne foi. Mal secondé, il lui arrive de résoudre des litiges périphériques, régler des détails, lever des blocages, corriger des négligences, réparer une déficience du service public, arbitrer dans le vide. Autour de lui, en dépit de ses propres décisions, la mauvaise volonté tient lieu de conduite. La plupart des responsables auxquels il délègue ne suivent ses directives que s’ils en tirent un profit privé. A force de bienveillance, de placidité et d’investissement sur l’horizon lointain, il s’est enlisé dans l’impuissance d’endiguer la vitesse du pourrissement en cours. Qui va-t-il admonester ? Ses subordonnés laissent l’impression, nette, de ne pas craindre leur chef. Bien entendu, ils ne sont pas tous mauvais ou lacunaires. Disons que le respect de l’autorité présidentielle et le zèle à la redevabilité ne les singularisent. Observez la cacophonie de la cérémonie d’ouverture de campagne de l’Insaf au stade olympique de Nouakchott, les fautes de syntaxe sur les affiches, en Arabe et Français, l’orateur assoiffé qui réclame un peu d’eau, le Premier ministre se désaltérant au goulot parce qu’il ne trouvait pas de verre. Dès le début de l’oraison du Président, une partie du public commença à se retirer. Une fois rémunérés, les rabatteurs de badauds et leur bétail de circonstance se dispersaient. La scène se renouvela lors du rassemblement nocturne des jeunes. C’est ainsi que l’élite de l’instant dirige la Mauritanie, en dilettante. Pourtant, en 2022, deux ans après son élection, le Président bénéficiait du plébiscite, inédit, de l’opinion et des politiciens. Je suis tenté de conclure à un gâchis irrattrapable.
Vous ne ressentez pas la lassitude de ressasser d’invariables critiques et revendications ? La politique c’est aussi le pragmatisme et la volonté de construire, non ?
En politique, au sens noble du métier, deux postures s’offrent au militant : Soit il compose et se dilue, dans l’espoir – prétentieux – de changer le système de l’intérieur, soit il enfourche la dissidence, à l’image de l’insurgé, réitère l’assaut et garde patience. A équidistance, s’ouvre le troisième choix, en somme la souplesse contextuelle, une combinaison de lucidité tactique et de certitude chevillée au corps. Les modalités qui articulent les deux dernières options se manifestent ainsi, la première étant disqualifiée, à nos yeux :
1. Sous un règne de brutalité que caractérisent le recours à la contrainte des corps, la torture et l’attentat à la vie des innocents – quand bien même la vertu ornerait la gestion du bien public – aucune agressivité, pas une subversion ne doit être évitée au despote. Le plus sacré des devoirs de l’existence en société dicte de précipiter sa chute, peu importent l’intrigue à ourdir et ses outils. Aussi, le Chef fautif sera-t-il vitupéré, au travers de sa famille, de sa tribu, de ses prétoriens et combattu avec une ardeur d’autant moins économe qu’il aura commis et couvert des crimes de sang en proportion significative. Si sa nuisance vise une ethnie, le motif aggravant requiert le déversement d’un surplus de férocité à ses dépens. La Mauritanie est sortie du cas paroxystique, en 2005.
2. En revanche, sous une coterie de prédation tribale et de fraude qui consent, à ses détracteurs, un espace d’expression et les exempte de la privation de déplacement, la compétition partisane abrite une marge de compromis. Ici, la divergence respectera les standards de la bienséance et de la retenue, à la condition de ne jamais occulter les méfaits de la gestion néo-patrimoniale et du népotisme. La détente qui éluderait le préalable de la transparence, expose, l’opposant, à trahir sa vocation de redresseur de tort et le frotte, dès lors, aux rugosités du réalisme. Le pragmatisme n’est pas le conseiller idoine des ambitieux, encore moins l’orient des justes. La situation du jour en Mauritanie correspond au substrat que je viens de décrire. Autrement dit, quel que soit le verdict des urnes au lendemain du 29 juin 2024, les protagonistes potentiels de la crise à venir gagneraient à prévenir l’impasse. Compte tenu de la fragilité de notre voisinage immédiat et des désordres de la planète, le vainqueur et le vaincu authentiques sont tenus de ne pas exclure la formation d’un gouvernement d’union. La clairvoyance les appelle à cosigner un pacte d’apaisement. Aucun n’a intérêt à piétiner l’autre. Leur jeu à somme nulle anéantirait le pays. Au demeurant, la menace ne viendra de notre camp. Nous ne sommes des pyromanes et ne détenons les instruments de la coercition.
Qu’est-ce que vous craignez et à la lumière de quels indices ?
Vous avez vu la démonstration des fantassins, de l’artillerie, des blindés et des unités anti-émeutes, au cœur de la capitale et ce durant 3 journées consécutives. Le geste d’intimidation n’était pas approprié. De même, une éminence de la campagne du Président sortant pouvait s’abstenir d’agiter ce genre de dissuasion : « La gestion de l’Etat est très ardue à celui qui méconnaît l’appareil de la gouvernance et en a plutôt des perceptions inapplicables aux réalités du terrain. Nous ne pouvons risquer l’avenir de notre nation, en la livrant à des gens dépourvus de l’expérience suffisante de gestion de la chose publique. Celui à qui une telle faculté fait défaut ne pourra jamais s’en sortir, il sera choqué face au réel. Il échouera à y remédier. C’est pourquoi, nous ne pouvons compromettre un pays, au salut duquel beaucoup de personnes sont mortes, d’autres sacrifiées ; et nous, on le néglige ? Jamais ! C’est impossible » :
Un observateur neutre qualifierait, la tirade, de malvenue, au minimum. Quand l’on va à l’émulation, il y a lieu d’y aller doucement et de ne pas répudier l’hypothèse de la défaite. La convocation du collège électoral n’est pas une proclamation de guerre civile.
Des récriminations montent contre la Commission nationale électorale indépendante (Céni), c’est un début de contestation du scrutin ?
Il surviendra certainement une tension, à cause de la fiabilité discutable de la Céni. L’instance d’organisation du vote manque d’impartialité et d’intégrité. En attestent les décomptes rocambolesques du scrutin de mai 2023. Les « grands électeurs » de l’Insaf escomptent, de leur troupeau convoyé, la preuve de la docilité, en photo. Or, jusqu’ici, l’interdiction du téléphone portable, aux abords de l’isoloir, n’est pas acquise. Traquez les anecdotes émoustillantes du fonctionnement de la Céni, menez votre enquête, demandez-vous comment elle sélectionne ses fournisseurs et embauche son personnel. Vous découvririez matière à vous hérisser le poil. Enfin, je vous invite à le retenir, un pourcentage conséquent de la diaspora est écarté de l’enjeu.
Si l’Opposition, singulièrement le candidat Biram Dah Abeid remporte la compétition, vous allez bien devoir vous mouiller, mettre les mains dans le cambouis de l’Exécutif ?
Pourquoi devrais-je nécessairement prétendre à une fonction de l’Exécutif ? Les cadres de bonne facture et du meilleur aloi sont légion, à l’intérieur et parmi la diaspora. Plusieurs végètent au sein de la Majorité en sursis. Personne n’est irremplaçable. Certes, réserve morale oblige, je ne puis servir l’Etat, tant que l’article 306 du code pénal et la loi d’amnistie de 1993 polluent notre jurisprudence. L’article 306 est digne de Daesh. La loi de 1993 insulte l’unité nationale et le sens élémentaire de la droiture.
Votre engagement peut dérouter. A part donner des leçons et planter des feux rouges, quelle est l’utilité de ce magistère ?
En contrepoint du politicien de terrain, véritable moteur du rapport des forces, émerge le lanceur d’alerte, une manière de rebelle de la plume et de la parole, doublé d’une vigie insomniaque, généralement à l’abri du danger. Sa citadelle se nomme exil. La vocation s’est imposée à moi. Nous sommes désormais nombreux sur le Continent. L’objecteur de conscience africain affiche une contenance d’oxymore car elle procède d’un accommodement parsemé d’épines. L’idéaliste (ce n’est pas une péjoration) se résout à vivre de peu, prend vœu d’irrévérence, s’interdit les dettes et ne s’asservit à la propriété d’un bien consistant dans son pays d’origine, dont la menace de la spoliation lui vaudrait le chantage. Il acquiert la double nationalité qui le protège des siens, gagne son pain à l’extérieur et se détourne des privilèges. Celui-là peut défier le destin, voyager léger et vivre heureux, en harmonie avec sa conviction et la compagnie de ses livres.
Bon, romantisme à part, reposons la question sous un autre angle : A quelles missions vous sentez-vous le mieux préparé ?
La direction des Eaux et forêts, les questions d’environnement, le règlement du déni de citoyenneté, l’inspection générale de l’Etat, le contrôle en amont des marchés publics, l’humanisation des prisons, m’intéressent. Un poste subalterne où j’aurais les coudées franches m’agrée.
Vous vous dites internationaliste, universaliste et n’hésitez à vous impliquer dans les luttes hors de votre pays. Combien de nationalités portez-vous ?
Je ne suis titulaire que du passeport mauritanien et m’en désole, d’ailleurs. Il est vrai qu’au renversement d’une dictature ou d’un régime d’exception, je festoie. Malheureusement, l’occasion se raréfie, les brutes reprennent l’initiative.
Selon la rumeur, l’ancien Président Mohamed Ould Abdel Aziz soutiendrait votre candidat, Birame Dah Abeid. Confirmez-vous ?
Mohamed Ould Abdel Aziz est toujours à la merci des juges et je n’entends rajouter à son infortune. Je ne cible un adversaire à terre.
Et si vous n’y arrivez pas en 2024 ? Comment préparez-vous la suite, la traversée du désert ?
Vous plaisantez ? Le désert et nous entretenons une cordiale familiarité : Nous ne cessons de l’arpenter. De toute façon, la dynamique du changement drastique est lancée, d’elle-même. Il nous revient de poursuivre le labour de la société, la formation des militants à la rébellion non-violente et à la déconstruction de l’ordre hégémonique. Le fruit mûr tombera avant terme. Sérénité et endurance !
En quelque sorte, vous vous apprêtez à rééditer l’expérience récente au Sénégal ?
S’il vous plaît, comparez ce qui est comparable ! Le Sénégal est un Etat de droit. La Mauritanie est encore une ébauche de république bédouine qui aspire à la modernité de l’esprit. Quelques décades l’en séparent. Chez nous, la base de la société s’avère aussi corruptible que le sommet est corrompu. La majorité triche parce que le nivellement par le bas et la disqualification de l’excellence ont ouvert les vannes de l’anarchie, de la foire d’empoigne. Alors, pour échapper à la file d’attente, le citoyen, pressé, achète son droit ou donne du coude, parfois en vient aux mains. A titre d’illustration, osez un tour dans les locaux de l’Agence nationale du registre des populations et des titres sécurisés (Anrpts), un spectacle ubuesque vous y attend. Ensuite, vous présenterez des excuses au Sénégal.
Comment vous comptez vous assurer des résultats à la sortie des urnes ?
Le grand défi de l’Opposition liguée, consiste à mutualiser ses ressources humaines, aux fins d’avoir 1 ou 2 représentants à l’intérieur de chaque bureau de vote et à l’entour Il faudra veiller à choisir des gens de confiance et éviter d’en mandater qui soient vulnérables à la vénalité. Voilà notre talon d’Achille.
A mi-campagne, des dizaines de localités réclament une visite du présidentiable Biram Dah Abeid, qui a le vent en poupe. Vous pensez y parvenir, vu la modicité de vos finances ?
Notre campagne est démunie. Nous manquons de moyens mais y sommes habitués. Donc, le candidat ne se rendra pas dans certains endroits du pays. Pour l’instant, nous nous efforçons de réunir quelques ordinateurs neufs et des téléphones performants pour restituer, à temps, les procès – verbaux de dépouillement. Nous font aussi défaut des drones à usage civil et de quoi alimenter, en carburant, nos émissaires motorisés. Les contributeurs de bonne volonté peuvent se rapprocher du candidat, à Nouakchott. Il n’est pas trop tard. Je le souligne, nous leur garantissons l’anonymat.
Pourquoi pas vous ?
Je séjourne loin de là, en Europe. De surcroît, il ne me paraît sage de confier, à un chômeur, le maigre denier de la cause.
Avant de conclure, quel passage de l’introduction au programme de Biram Dah Abeid vous inspire le plus ?
« …la Mauritanie de nos aspirations signera et ratifiera le Statut de Rome, endossera pleinement les mécanismes de la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples, abolira, de son corpus juridique, la peine de mort et les châtiments corporels et interdira l’enseignement des livres du Fiqh qui règlementent l’infâme institution de l’esclavage ».
Un dernier mot aux électeurs ?
Oui, voter Biram Dah Abeid équivaut à une révolution, les flots d’hémoglobine en moins. J’y appelle l’ultra-minorité de compatriotes qui me ferait grâce d’entendre les arguments de la raison et les alarmes de l’altruisme. Même à nous supposer un degré élevé de méchanceté et la tentation de la revanche, mes camarades de l’opposition radicale et moi, une fois parvenus au pouvoir d’Etat, ne pourrions réussir l’exploit de surpasser, les autorités actuelles, en médiocrité et brigandage. Essayez-nous, qu’avez-vous de si précieux à aliéner? Le bien-être, le confort, l’indépendance de la magistrature, l’abondance, les loisirs, le pouvoir d’achat, la couverture maladie universelle, la garantie du lendemain radieux ? Vous n’en jouissez, même pas à dose homéopathique ! Dans un environnement sain, 5 années d’attente gratuite suffisent à instruire le désenchantement. Alors, à moins de se résigner ou de s’en remettre aux décrets hasardeux de la Providence, les prières, seules, ne hâteront l’échéance de l’émancipation.
Je vous remercie de m’avoir accordé autant d’attention, c’est moi qui sors de l’entretien, bousculé.
Vous m’en voyez navré. Merci à vous !
QUI EST SAMBA THIAM, LE SYMBOLE DE NOTRE RÉSISTANCE ?
Samba Thiam est le président des Forces Progressistes du Changement (FPC). Né en 1948 à Sélibaby (Sud de la Mauritanie), inspecteur de l’enseignement de formation et ancien formateur à l’Ecole Normale des Instituteurs (ENI). Samba Thiam est membre fondateur du MPAM (Mouvement populaire africain de Mauritanie) en 1979 et des FLAM en mars 1983. Il fut arrêté en septembre 1986, après la publication du « Manifeste du Négro-mauritanien Opprimé », dont il faisait partie du comité de rédaction, il fut jugé et condamné à cinq ans d’emprisonnement ferme, interdiction de séjour, privation de droits civils et politiques et envoyé au bagne de Walata, devenu tristement célèbre comme prison mouroir pour les Noirs..
Comme Nelson Mandela il peut dire aussi : “Au début, je n’ai pas choisi de placer mon peuple au-dessus de ma famille, mais en essayant de servir mon peuple, j’ai découvert que je ne pouvais plus remplir mes obligations de fils, de frère, de père, de mari “. Le président Thiam a sacrifié sa carrière professionnelle, sa famille et donné sa vie pour la cause. Et comme disait son ami et compagnon de prison notre doyen et camarade Fara Ba ” Samba était notre gardien de but et maintenant il est le gardien de la cause”.
Il n´a pas attendu que la liberté d´expression soit “tolérée” et que la “démocratie” soit instaurée en Mauritanie pour s´insurger contre le Système.
Après des longues et terribles années dans la prison de Oualata où il a vu mourir certains de ses compagnons de lutte, décédés suite aux conditions de détention horribles, il rejoint la résistance en exil pour continuer le combat. Connu de tous pour son courage, sa témérité, son intégrité morale et honnetêté intellectuelle il fût plébiscité par ses camarades à
l´unanimité à la tête des FLAM au premier congrès ordinaire du mouvement en exil.
Samba Thiam est un intellectuel accompli au vrai sens du mot, un éveilleur de conscience. A lui seul il symbolise la lutte des opprimés de Mauritanie, la constance dans les principes, la foi en une cause , la fidélité à un engagement et le refus à l´arbitraire.
Très modeste et humble il confiait un jour à un journaliste : “Je suis un homme de l’ombre, un homme ordinaire, sans vraiment rien de spécial. Le crépitement des Flash,ça n’est pas pour moi. J’aurais aimé,un peu comme Engels, être un second volontaire auprès d’un Marx. C’est pour dire que cette position que j’occupe aujourdh’hui et qui me place sur un piédestal, je ne l’ai pas recherchée ,car en opposition totale avec ma personnalité, au point que des fois je me surprends à me demander ce que je fais là”.
C’est certainement la désespérance et la révolte qui faisaient dire à Ibrahima Dieng, le personnage principal du ” LE MANDAT “, que “L’honnêteté est un délit”. Une sentence sans appel prononcée par un vieux notable désabusé que ses mésaventures d’inadapté rendent finalement à la lucidité. La société vomie du vieux marabout à sa régle, la fourberie, et ses caïds, des prédateurs aussi féroces que malicieusement imaginatifs.
La tentation est forte de faire le rapprochement entre la société honnie de Dieng avec l’arène politique nationale, un milieu où la duplicité et la versalité sont sanctuarisées, érigées en dogmes. Ce milieu-là n’est pas celui de Samba Thiam, le Président des FPC. Il s’y sentirait égaré, désorienté. Pourtant, ce ne sont pas les motifs de l’endurcissement qui lui manquent. Sa vie. Une vie de dévot au service d’un idéal incarné par une organisation. Une croix qu’il porte vaillamment depuis ce jour de rencontre décisive qu’il aime rappeler. Parce que le président des FPC est avant tout un guerrier peulh, qui combat à la traditionnelle. Et le code d’honneur de la bataille, il le connait: ni trahir, ni se rendre.
L’ennemi est coriace, sournois, mais l’adversité ne lui fait pas peur. Il faut de l’audace pour décider de défier cette hydre informe, ce Système avec un S grand comme le “ racisme structurel de l’Etat mauritanien ”. Un mal absolu dont un tyran nommé Maaouya a été l’incarnation. Quand il a fallu le combattre il l’a fait sans concession, ni compromission ou compromis.
Cet homme-là a du courage physique et la patience d’un pédagogue. Et cela fait la différence. Ainsi, là où ses adversaires foncent sur le foin, lui prend de la hauteur pour mieux faire partager sa “vision globale” des solutions aux maux qui gangrènent l’unité nationale. Car la vérité est que la Mauritanie ne guérira pas de son instabilité tant qu’elle n’aura pas osé affronter la question lancinante de la cohabitation de ses peuples. Le président des FPC en est convaincu. Il le dit à haute et intelligible voix. Il le dit avec cette éloquence qui refuse l’emphase et le superflu. Avec
l´enfant du Guidimakha comme interlocuteur, c’est la politique qui retrouve ses lettres de noblesse. Pour la petite histoire il est le seul encore des rescapés de la prison mouroir de Oualata que le régime de Nouakchott refuse de rétablir dans ses droits de retraité parce qu´il a refusé de céder au chantage du Général Aziz et pour la même raison encore le régime de Nouakchott refuse de reconnaitre les FPC, le parti qu´il dirige. Il fait tellement peur au système qu’aux élections présidentielles de juin 2019 il fut le seul leader arrêté alors qu’il n’était même candidat mais pour le régime neutraliser Samba Thiam c’est empêcher toute vélléité de résistance au hold up électoral de l’ex duo- putschiste et ex frères siamois Aziz- Ghazouani.
Samba Thiam l’homme fait bouger les lignes depuis son retour au pays natal après plus de 23 ans d´exil. Il arrive à imposer le débat sur l´épineuse question de la cohabitation. C´est tout le mérite des FPC. Une autre Mauritanie est incontournable, il est un honneur d´être dans ce camp des combattants de la liberté, de la justice et de l´égalité, le reste n´est que médiocrité.
Samba Thiam a toujours mis à côté sa personne pour l’intérêt national et à fait de l’unité des forces Progressistes son combat de toujours c’est pourquoi après une analyse concrète d’une situation concrète du pays, les FPC, en tant que parti indépendant et avant-gardiste de notre lutte, ont jeté leur dévolu sur le candidat Biram Dah Abeid pour donner une chance à l’avènement du changement dont notre pays a tant besoin. On ne le dira jamais assez Biram, à notre avis et en toute objectivité, symbolise aujourd’hui cette unité des opprimés, il symbolise cette chance pour le changement pour réunir ces critères de crédibilité, de légitimité et de popularité n’en déplaise à ses détracteurs. Notre conviction est, et a toujours été, que la lutte en ordre dispersé contre l’ennemi commun n’a pas d’autre effet que la défaite pour tous.
Demain il fera jour et la lutte continue!
Kaaw Touré.
Réponse de la CENI aux «demandes urgentes visant à assurer la liberté, la transparence et l’intégrité des élections »
AMI – La Commission électorale nationale indépendante (CENI) a exprimé sa satisfaction quant au comportement positif des candidats à la présidentielle de 2024 à l’égard des efforts de la Commission visant à organiser des élections transparentes, libres et équitables.
Dans la lettre qui suit, la CENI répond à un certain nombre de propositions formulées par les mandataires de cinq candidats à la présidentielle 2024.
« A Messieurs :
– Teslem Yessar, mandatrice du candidat El-Ide Mohamed Mbareck,
– Abderrahmane Hamoudy, mandataire du candidat Otouma Antoine Souleimane Soumaré,
– Abdallahi Abou Diop, mandataire du candidat Biram Dah Abeid,
– Cheikh Kintou, mandataire du candidat Mamadou Bocar,
– Ohamed Lemine Chouaïb, mandataire du candidat Hamady Sidel Mokhtar.
Objet : Réponse de la Commission électorale nationale indépendante à votre lettre «Demandes urgentes visant à assurer la liberté, la transparence et l’intégrité des élections »
Date : 1er juin 2024
Messieurs les mandataires,
C’est avec beaucoup de satisfaction et d’intérêt que nous avons reçu votre lettre contenant 12 demandes dont la satisfaction représente pour vous « une indication prouvant le sérieux de la Commission et de sa volonté réelle de remédier aux déséquilibres et aux lacunes enregistrés lors des élections précédentes, et une preuve de sa volonté de coopérer avec ses principaux partenaires et de répondre à leurs demandes ».
La Commission électorale nationale indépendante apprécie votre initiative et la considère comme une étape importante qui est au cœur de la préoccupation de la Commission, qui est de fusionner tous les efforts en un seul creuset, afin d’organiser la prochaine élection présidentielle, dans une atmosphère compétitive, transparente, libre et équitable.
À cet égard, vous pouvez compter sur la disponibilité de la Commission à répondre à toutes vos demandes contenues dans la lettre, à moins qu’elles ne contredisent les dispositions légales et les règlements relatifs à l’organisation et à la conduite du processus électoral :
1. En ce qui concerne la demande d’audit complet de la liste électorale, nous attirons votre attention sur le fait que la Commission a immédiatement publié la liste provisoire, dans le but de la placer rapidement et de manière transparente, sous les yeux des candidats et des électeurs, pour examen et dépôt de plaintes et de griefs, avant l’expiration du délai légal spécifié, et d’annoncer la liste définitive des électeurs. Vous recevrez la liste actuelle sur disquettes, dans un format exploitable par l’information, une fois toutes les données complètes, en coordination avec l’Agence nationale du registre de la population et des documents sécurisés. Tout en confirmant que le Comité est prêt à recevoir toute proposition qui répondrait à vos demandes à cet égard.
2. En ce qui concerne le découpage des bureaux au sein de chaque centre, et votre approche du niveau de neutralité du critère de l’ordre alphabétique, le comité a adopté, et cela correspond à votre souhait, l’ordre croissant des numéros nationaux au lieu de l’ordre alphabétique.
3. Sièges des centres de vote :
Dans la mesure du possible, la Commission a veillé à ce que les centres soient situés dans des bâtiments publics. Pour ce faire, les coordonnées géographiques par GPS seront utilisées comme garantie.
À cet égard, les publications et documents du comité ont explicitement demandé à ses comités régionaux et locaux de louer des locaux neutres aux frais de la Commission.
4. Le Comité accorde une attention particulière aux personnes très déterminées et aux personnes handicapées en les impliquant largement dans les processus de sensibilisation et de mobilisation et en répondant rapidement à toutes leurs demandes.
La semaine dernière, le comité a accepté la demande d’organisations militantes de personnes à besoins spécifiques (patients souffrant d’insuffisance rénale) d’ouvrir un bureau à l’école pour aveugles, qui se trouve à proximité des cliniques de d’hémodialyse. Les personnes qui souhaitaient s’inscrire – et uniquement celles qui souhaitaient s’inscrire – l’ont fait en personne et de leur plein gré.
Il n’y a pas lieu, à notre avis, de parler de « contrainte », de « pression » ou de « surcharge», car la conservation des bureaux d’origine reste possible pour ceux qui le souhaitent.
5. Au cours des deux dernières réunions, nous avons expliqué en détail l’approche adoptée pour la formation des bureaux de vote et le mécanisme de coordination avec tous les partenaires à cet égard. Nous croyons fermement que les missions de la Commission, à l’intérieur et à l’extérieur du pays, mettront en œuvre vos recommandations et reviendront avec des résultats qui permettront de surmonter les lacunes et les déséquilibres enregistrés lors des élections de 2023.
6. L’acquisition de lecteurs d’empreintes digitales de haute qualité (99%) nécessite un montant financier de plus de 50 milliards d’ouguiyas pour couvrir les 4500 bureaux de vote prévus.
Outre le coût financier élevé, le temps nécessaire à la lecture des empreintes digitales aura un impact négatif sur la mobilité des files d’attente et la fluidité du vote.
7. La Commission prendra des mesures pour faciliter l’accès des mandataires des candidats aux comités régionaux et de moughataas. En ce qui concerne l’accès aux bureaux de vote, vous savez que le législateur a précisé les représentants des candidats dans chaque bureau.
8. Le système informatique de la Commission électorale assure la publication immédiate des résultats, dans un souci de transparence et de clarté. L’envoi des copies des procès-verbaux aux mandataires des candidats peut et doit être de la responsabilité des représentants des candidats dans les bureaux.
9. Les résultats sont centralisés et validés, conformément à des dispositions légales explicites et strictes.
La publication instantanée sur la plateforme “myceni” est une adaptation consciente de la rapidité, de la clarté et de la spontanéité des logiciels numériques.
Nous considérons la réservation et l’attente comme un recul et un retour à une case qui a été dépassée par la réalité et décrié par la technologie contemporaine.
10. Dans la dixième exigence, le Comité demande explicitement et légitimement l’application du texte de loi, et dans les ateliers de formation pour les chefs et les membres des bureaux, le Comité s’efforcera d’imposer l’application stricte des textes juridiques, conformément à son devoir, à votre recommandation et à votre observation de fond.
11. En ce qui concerne la possession de téléphones et de matériel photographique par les électeurs, la Commission réitère sa volonté d’empêcher tout ce qui peut affecter la volonté de l’électeur, à condition que cette volonté s’accompagne d’un effort vigoureux de facilitation et non de harcèlement des électeurs – sauf à constater des infractions contraires aux textes légaux régissant les scrutins.
12. La Commission réaffirme son engagement à continuer d’exploiter toutes les applications et tous les moyens techniques disponibles afin de garantir la transparence du scrutin, tout en tenant compte de l’immensité du pays et de l’accès inégal à de nombreux services et applications.
En conclusion, je voudrais exprimer mon appréciation pour la forme et le contenu de la lettre et reconnaître votre soutien à la Commission dans ses efforts pour organiser des élections libres et transparentes.
Veuillez accepter mes sincères remerciements et ma gratitude.
Dah Ould Abdel Jelil
Nouakchott, 03 juin 2024
FLAMNET-RETRO: Chronique de la Question Nationale en Mauritanie – à travers les Mémoires de Ould Daddah,” la Mauritanie contre vents et marrées ” par Bara Ba
J’ai lu les mémoires de Ould Daddah – ” La Mauritanie contre vents et marrées” .
Je voudrais partager avec vous,chers lecteurs ,son temoignage sur juste un aspect de ces mémoires touchant la question culturelle . Mon intention est de montrer combien cette question fut récurrente et chargée . Combien également les gouvernements arabo-berbères louvoyérent , à chaque fois qu’elle se posât avec accuité, voire avec passion le plus souvent, trainant les pieds de report en report , pour qu’enfin on l’enterra , pour de bon .
J’aimerais aussi montrer comment par glissement, volontairement choisi , on est passé de la dimension politique –Question nationale à la dimension culturelle –question de langues-, pour ne retenir , en définitive, que cette dernière ; et cela même présentement chez la plupart de nos leaders politiques arabo-berbères !
A ceux qui s’obstinent à penser que le problème nègre a été ou demeure juste un problème culturel , les faits retracés par Ould Daddah les controdisent formellement en soutenant le contraire à travers les confessions qu’il nous fait , ici même dans ces pages .
Cette question est d’essence politique , fondamentalement .
Dans ce témoignage que je rapporte ici , le plus fidélement autant que possible , je ne manque pas, de temps à autre , de faire ici et là, mes propres commentaires , à certains propos . Vous saurez faire la différence .
Ecoutons plutôt Mokhtar Ould Daddah .
Le Congrès d’Aleg 1959 , Congrès – départ de la dérive , et à partir duquel Ould Daddah remonte .
“ Pendant ce Congrès un débat houleux , voire passionné s’était engagé sur la Question nationale . Le groupe Négro- Africain proposait la solution fédéraliste , à défaut exigeait des garanties constitutionnelles; le Groupe recommandait en outre l’adhésion de la Mauritanie à la Fédération du Mali , position sur laquelle ils étaient même soutenus par le groupe des maure de l’Est .
La Question n’ayant pas trouvé de solution fut donc suspendue , en raison de son acccuité pour être confiée , au groupe parlementaire , au sortir du Congrès.
Il était question , nous confie Daddah qui rapporte les choses , de procéder à une révision constitutionnelle qui serait favorable à la minorité ( entendez Négro-Africains ) suite à leurs inquiétudes exprimées à propos de l’évolution du pays.
“Les Noirs disaient , nous rapporte Daddah , que si la régle démocratique selon laquelle la majorité numérique impose sa loi à la minorité était appliquée telle quelle chez -nous , la majorité maure pourrait dans certains domaines importants , imposer des mesures qui léseraient la minorité. Pour prémunir cette dernière contre de telles éventualités, des garde-fous , des garanties devaient être prévues dans la constitution”.
Il ajoute plus loin , que puisque ” le Président de la République serait toujours maure , théoriquement , il fallait instituer une vice -présidence dont le titulaire serait issu de la vallée “.
Il fallait donc réviser la constitution dans le sens d’un exécutif bi-céphale.
Le groupe parlementaire se mit donc au travail , et après d’âpres discussions , se mit d’accord , pour l’essentiel , sur la proposition. Il fallait passer à exécution .
Mais Ould Daddah , en fait secrétement hostile à l’idée , saborda la proposition le 8 Mai 1959, pour la raison qu’il révéle ici lui même :” les rivalités entre les candidats potentiels à la vice-Présidence empêchaient tout accord sur une personnalité acceptable par tous les représentants de la Vallée “, disait-il .
Puisqu’il y’avait rivalité entre différents postulants , il fallait enterrer l’idée , soutient apparemment Daddah . Raison fallacieuse , s’il en fut , qui cachait mal un cynisme et une hypocrisie manifeste, en vérité ! car Daddah ignorait délibéremment les recommandations des Négro-Africains et les principes arrêtés par le groupe parlementaire , stipulant « que le candidat Négro-Africain issu de la Vallée devrait être élu , au même titre que le Président de la République , pour bénéficier d’une plus grande légitimité ».
Pourquoi exigea –t-il un consensus autour d’un candidat pour ressortissants de la vallée qui n’avait pas de raison d’être, logiquement parlant, alors que ce critére n’avait pas été retenu par le groupe parlementaire chargé de la question ?
Pourquoi n’avoir pas imaginé plutôt, organiser des primaires entre les candidats, ou simplement les laisser compétir , et que le meilleur gagne ?
Non ! la vraie réponse est qu’en fait Ould Daddah ne souhaitait pas résoudre ce problème , et cette apparente dissension au sein des Nègres fut un prétexte , une aubaine …pour enterrer l’idée .
Ould Daddah évacua donc ainsi la Question , de maniére cavaliére.
Cette question politique , comme on le verra , allait toutefois ressurgir de manière récurrente , mais déviée… ou rebaptisée “ question culturelle “ , à travers l’Arabisation .
Alors que la Communauté de la vallée du fleuve n’avait pas fini de s’inquiéter sur son avenir , le second Congrès de 1961 – congrès de l’unité- adopta le principe de l’officialisation de la langue Arabe , attisant le feu comme par provocation . Ce qui naturellement accrut l’inquiétude nègre, et suscita une atmosphére encore plus tendue .
Ould Daddah le confirme en page 294 , décrivant l‘atmosphére du Congrès : ” d’un côté , les maures dans leur écrasante majorité voulant l’officialisation et l’application immmédiate de cette mesure . Quant aux noirs de la vallée , ils ne voulaient pas l’entendre évoquer “.
Ce fut là le point de départ de l’appelation “probléme culturel” occultant la dimension politique fondamentale initiale .
Manière subtile de faire oublier aux Négro-Africains, (par diversion ?) la dimension politique de la problématique négre ? Sans nul doute !
Cette question , à son tour , – officialisation de la langue Arabe – fut différée au cours des assises , comme du reste celle de la suppression de la chefferie traditionnelle , pour avoir suscité de vives controverses , une tension élevée , par l’ambiance surchauffée pendant les assises du Congrès .
Les seuls points de “convergence” au cours de ce Congrès furent : l’admission du principe de « prédominance du Parti sur l’Etat », l’adoption du régime présidentiel_ c’est à dire la suppression du Régime parlementaire_ ( début de la dérive autocratique), et la révision des accords avec la France .
Le Bureau Politique National (BPN) élu fut chargé , au sortir du Congrès , de trouver des solutions à la question culturelle , laissée en suspens , pour l’horizon du Congrès 1962 .
Ainsi le BPN , à son tour, mit en place une commission chargée d’étudier les question qui s’étaient posées au Congrès . Cette commission était composée de Youssouf Koita, Ahmed Baba Ould Ahmed Miske, Dr Racine Toure , Mohamed Ould Cheikh.
Pas de solution pendant toute l’année 1962 où la question des garanties constitutionnelles fut resoulevée de nouveau, simultanément à l’officialisation de la langue Arabe.
Le BPN -nous relate Ould Daddah- y consacra , aprés le retour des travaux de la commission , plusieurs réunions dont la plus longue dura une semaine du 27 juill au 2 Août 1962). Les discussions achoppérent , toutes “.
Nouvelle commission mise sur pied-encore- en juillet 1962, chargée de “la mise en forme des garanties constitutionneles accordées à chaque Ethnie ( notez la filouterie …comme si l’inquiétude, ou le besoin de garantie existait de part et d’autre !) , de l’officialisation de la langue arabe, l’institutionalisation d’une vice Présidence de la république dont le titulaire n’appartiendrait pas à la même Ethnie que le chef de l’Etat, mais serait élu dans les mêmes conditions que lui ; l’identification de critéres légaux pour l’équité au recrutement aux fonctions publiques , l’Organisme paritaire veillant au respect des garanties “ , fin de citation .Tel fut l’exposé de motifs du travail confié à la commission .
On croirait entendre les FLAM !
Les quatre membres précédents de la commission antérieure sont renforcés par Dah Ould Sidi Heiba , Kane Tidjane , Kane Elimane , Mohamed Mamoune , pour constituer une nouvelle commission.
Celle-ci à son tour crée une Sous-commmission technique ; laquelle sous commission technique adopte les propositions suivantes : Rejet du bilinguisme Arabe peu viable par manque de cadres , rejet de l‘unilinguisme français ,vu les différences sociales et politiques et la mutilation culturelle qu’il entraine , formation de maîtres bilingues , perspective d’une réforme du Secondaire .
Notez encore la filouterie , par cette maniére de louvoyer !
Ces propositions sont soumises au BPN pour adoption ; mais discussions, longues , âpres et passions exacerbées empêchent tout accord . Nouveau report…encore.
La question ( en suspens ) est reportée donc , pour le Congrès de 1963 . Aucune solution, à la fin des travaux de celui-ci ; elle alors reconfiée au BPN ( nouveau ) qui charge sa commmission d’orientation de la tâche .
Octobre 1965 … le problème refait surface mais de maniére plus aigue; L´assemblée nationale désormais inféodée à Ould Daddah vote une loi en 1965 réorganisant L´Enseignement secondaire , entendez rendant obligatoire l ´Enseignement de l´Arabe à partir de la 6éme , à côté du Français . La suite vous la connaissez ;… Manifeste des 19 , émeutes à Kaëdi , Boghé . Discours musclé et plein de menace de Ould Daddah face à l’agitation Négro-africaine ; discours Daddah dirigé contre les 31 cadres Noirs soutenant la gréve scolaire de 1966, et les 19 signataires du Manifeste.
Désapprobation à ce discours côté Négre , et en réaction … démission du Président de l’assemblée nationale ( Mamoudou Samboly Ba ) et des membres Noirs du Gouvernement. Daddah refusera ces démissions sur le coup, par stratégie , mais sanctionnera de maniére humiliante plus tard Mamoudou Samboly, et Elimane Kane .
Sanction, à pas de course , des 19 cadres signataires du Manifeste qui soutenaient l’action des Eléves Noirs .
Il faut dire que Ould Daddah tenta d’abord de faire prendre la mesure de sanction contre les 19 par le BPN ; « ce fut un échec , du fait d’un profond désaccord tranché entre la tendance maure et Négro- africaine, nettement divisée sur la question en deux blocs , à l’exception de un ou deux maures qui soutenaient le clan négre_ » c’est toujours Ould Daddah qui parle .
Ayant échoué au niveau de cette plus haute instance , Ould Daddah fait prendre la mesure en Conseil de Ministres, plus inféodé .
Le Pays est en pleine crise . La tension ne baisse pas .
Nouvelle Commission nationale en juin 1966, choisie par le BPN, au sortir du Congrès d’Aioun , dont l’objectif était ,disait- on “de maximiser tous les aspects de relation entre les deux communautés nationales, en faisant le point de la situation et en dégageant les perspectives d’avenir “, de réaliser en même temps “un bilinguisme plaçant l’Arabe au même pied que le Français .” sous le couvert de la “repersonnalisation dépouillée de tout chauvinisme et de toute xénophobie “. Fin de citation.
Nouvelle sous-commission (encore !) chargée de traduire ces idées en terme de réforme.
Seck Mame N´diack, Mohameden Ould Babbah, Baro Ali, Mohamed El Moctar O/ Bah , Ahmed Ben Amar , Baro Abdoulaye , Abdellahi O/ Maouloud O/ Daddah , en seront les membres designés.
Remise des travaux trois mois plus tard au BPN ; désaccord ?, insatisfaction ? Daddah n’en dit rien dans son livre. En tout état de cause rebelotte ; le BPN décide d’en reconfier l’étude approfondie à une sous-commission technique…encore une autre !
Babacar Fall, Mohameden O/ Babbah, Elimane Kane , Ba Alassane , Mohamed El Moctar O/ Bah, Sidi Mohamed O/ Deyine, Abdoulaye Baro, Salem Fall , Ely O/ Alaf, en seront les membres . Cette sous-commission fait les recommandations suivantes :
Accent mis « sur la recherche de l’efficacité et de la justice , repersonnalisation dépouillée de tout chauvinisme , renforcement et consolidation de l’unité nationale , ne pas couper l’enfant de son milieu ». Sur la base de ces recommandations , nait la réforme de 1968 instituant la 1ére année du primaire entiérement arabisée, puis celle de 1973 , où les 2 éres années seront entiérement arabisées ; pour le cours élémentaire et cours moyen, l’horaire sera moitieé Arabe , moitié- Français .
Cette réforme consacra , en 1978 , l’échec le plus massif des écoliers Négro-africains.
Vous aurez compris que si cette question culturelle n’a cessé de rebondir , sans trouver de solution c’est bien parceque Ould Daddah n’y tenait pas , en réalité . Son projet de reéquilibrage ethnique au sein de l’Administration – les maures étaient lésés par le fait colonial- la repersonnalisation de l’homme mauritanien , entendez maure-arabe , lui tenait trop à coeur .
Ce fut pourquoi également , je me permets ici une digression , il jugea et sanctionna différemment les personnalités qui, disait -il, avaient été impliquées dans les émeutes de 1966 . Ainsi, faisant semblant d’être à égale distance de ces leaders en cause, que sont Mohamed Ould Mohamed Salah (appelé ministre des Maures par la vox populis ) et Mohamed Ould Cheikh ( appelé ministre des Noirs) tous deux têtes de pont de son régime ,Ould Daddah opta , en fait , pour un parti pris manifeste en faveur…de la réaction.
Mohamed Ould Cheikh qu’il dépeignait comme généreux et progressiste fut sacrifié au profit de Mohamed Ould Mohamed Salah qu’il dépeignait comme traditionnaliste et conservateur . Il limogea tous les partisans de Mohamed Ould Cheikh , tel Yahya Ould Menkhouss et Bamba Ould Yazid , sans toucher à ceux de Mohamed Ould Mohamed Salah…Qu’il réhabilitera du reste plus tard au congrés d’Aioun…
Des hommes justes , progressistes et généreux – dépeints par lui- même comme tels-furent limogés parcequ’ils avaient eu le courage de leurs idées face au problème nègre, et pensé comme le groupe nègre dans la gestion de cette question politico-culturelle, Ould Daddah choisit donc de liquider le clan progressiste au profit du clan réactionnaire et raciste … le tout sous le couvert de l’équité …quelle filouterie !
Je me suis permis cette digression pour mieux vous éclairer sur le penchant et les motivations sécrétes du marabout, lecteur ,… mais revenons à nos moutons .
De 1958 à 1978 , cette question culturelle sera donc balottée de commissions en sous-commissions ; Daddah avait lu Clémenceau.
Elle continuera de l’être de 1978 à 2000 .
Sous la pression sociale des Négro-Africains , le systéme à filiére ( Arabe /Francais ) est institué sous Ould Haidalla . Léger changement , légére concession .
Mais là également , au fil des années et des manigances de maitres d’Ecole partisans d’une Mauritanie Arabe, la filiére française se retrécira comme une peau de chagrin dans les Ecoles du Sud, que l’on arabisera un peu plus , chaque année après l’autre , en dépit de la liberté de choix proclamé .
Ould Taya , le plus grand despote de tous les temps arrive entre-temps , radicalise l’Enseignement de l’Arabe ; 90% des Ecoles mauritaniennes sont arabisées , les 10% restant ont toutes les peines du monde à dispenser les quelques cours de Français encore existant , de 1984 à 1999.
Au bout de son oeuvre , l’impasse et un gâchis énorme pour des générations d’écoliers sacrifiés .
Suite à ce constat d’échec Ould Taya entreprend une nouvelle réforme …celle de 2000, sous prétexte ‘’ d’unifier le système’’; Il fera supprimer l’Institut des langues, qui pourtant réussissait,…on ne supprime pas quelque chose qui reussit à moins de….… .
Mais , comme toujours l´idéologie de la Mauritanie Arabe- permanent soubassement des politiques racistes – prend le pas sur la raison ; L’unification se fait à nouveau au détriment des Ecoliers Négro- Africains .
En effet, dans cette nouvelle réforme l’Enseignement des matiéres définies comme « matiéres culturelles » comme la philosophie , la langue , l’histoire , la géographie , l’instruction civique , la morale et la religion , sera dispensé en Arabe. Les 2 premiéres années du primaire _ comme ce fut pour la réforme de 1978 _ sont entiérement arabisées . Les Ecoliers engagés dans cette réforme sont aujourd’hui ,en 6 éme année , leur niveau plus bas que jamais . Encore des sacrifiés de la vie …des sacrifés à vie !
Il ressort de ce témoignage , pour conclure , que manifestement Ould Daddah lui-même reconnaissait l’existence du problème nègre –comme problème politique qui se posait en termes de garanties constitutionnelles , voir de partage du pouvoir. Ce fut progressivement que l’aspect culturel prit le pas sur l’aspect politique , comme certaines forces l’avaient conçu , pour conduire à l’appelation « probléme culturel ». Ce glissement ne se fit par hasard . Il et ne fut ni gratuit ni innocent , nous l’avons dit !
A entendre encore aujourd’hui beaucoup de leaders politiques , comme Mohamed Ould Maouloud de l’UFP (cfrt récente déclaration )… comme Conscience et Résistance qui ne retient de notre problématique que l’aspect culturel et humanitaire (déportés,)… comme Ould Daddah Junior dont le mutisme de carpe sur ces questions est encore plus révélateur, nous sommes frappés par la continuité de pensée !
Cette dimension politique que nos leaders politiques s’évertuent à nier ou à gommer , Ould Daddah lui même , à travers ses Mémoires , la reconnaît pourtant . Seul CHBIH Ould Cheikh Malainine osa, par honnêteté, faire entendre une voix discordante. La fuite en avant n’a jamais réglé les problèmes … Elle contribue plutôt à toujours les aggraver , en les faisant durer.
Depuis 1958 il en fut ainsi ; même idéologie de domination , même négation de l’autre personnalité de la Mauritanie , même obstination absurde à vouloir assimiler les Négro- Africains …mais également , même résistance timide, timorée et velléitaire du Négro- mauritanien . Hélas !
Sommes-nous suffisamment indignés par notre Condition dans ce pays ?
A chacun d’en faire l’examen de conscience.
La lutte continue !
BARA BA
Dakar- Sénégal
Sources : FLAMNET-ARCHIVES- mars 2007