Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 03/02/2023

Congrès AJD/MR: «Les Négro-mauritaniens sont dans une situation d’un malade mourant qui n’a plus faim ni soif, ils ne pensent plus au plaisir de la vie…», affirme Ibrahima Sarr

L’Alliance pour la Justice et la Démocratie, Mouvement pour la Refondation (AJD/MR) a tiré les rideaux sur son congrès ordinaire, tenu à Nouakchott les 18, 19 et 20 Janvier 2023. La cérémonie de clôture a été marqué par la reconduction de son président Ibrahima Moctar Sarr pour une année à la tête du parti. L’homme qui voulait passer le témoin à la jeunesse pour une relève en douce s’est finalement plié à la demande des militants, avec cependant une condition : une année, pas plus, pour préparer un congrès extraordinaire et élire son successeur. Une condition acceptée par acclamations. La décision du président Ibrahima Sarr intervient après une longue réflexion et un bilan du fonctionnement du parti. Dans son discours d’ouverture, l’ancien journaliste de Radio Mauritanie, ancien bagnard de Oualata, ancien candidat indépendant à la présidentielle de 2007 qu’il acheva en quatrième position,  jugeait que les moyens d’actions utilisées par son parti n’avaient pas été efficaces pour déconstruire le système en place. Celui-ci « ne cesse de se renforcer » et « il faudrait par conséquent », proposait le vieux leader, « passer le témoin à la jeunesse. »

En dépit des désillusions léguées par le régime précédent, les coups de boutoir contre son parti, les reproches et attaques portés à son encontre, le président Sarr rappelle que l’AJD n’a « jamais versé dans la surenchère ou l’extrémisme suicidaire » mais bien « plutôt prôné le dialogue entre les patriotes de tous les bords du pays » pour faire face à un système décadent et dévastateur. « Après avoir atteint les limites de son développement intrinsèque et sans ressources intelligentes de renouvellement et de dépassement, à l’instar de l’apartheid sud-africain, ce régime se débat dans les contradictions qui opposent ses dirigeants pour son contrôle et le menacent d’implosion ».

Poursuivant son propos, le rescapé du bagne de Oualata rappelait les différentes tentatives de saborder son parti de l’intérieur, par des frondes de certains de ses membres visant à amarrer l’AJD au pouvoir. Évoquant la situation des Négro-mauritaniens dont le parti est accusé de se préoccuper exclusivement, IMS affirme avec force qu’« ils sont dans la situation d’un malade mourant qui n’a plus faim ni soif, ils ne pensent plus au plaisir de la vie, ils veulent simplement ne pas mourir bêtement en tant qu’individu, en tant que communauté, en tant que peuple fort d’une histoire multiséculaire qu’il veut sauvegarder. Ce n’est pas du sectarisme ! »Et son président d’affirmer : « les Négro-mauritaniens veulent être considérés comme des citoyens à part entière. Même s’ils partagent avec la grande masse des autres mauritaniens le lot des déshérités du système, ils sont les seul à vivre l’exclusion au plan culturel, voire médiatique, la déportation et le bannissement. Les Négro-mauritaniens ne gèrent plus les deniers publics pour avoir la tentation de les détourner. » Pour Ibrahima Sarr, l’école est le lieu de l’exclusion par excellence. Et de citer pour preuve la dernière loi de réforme du système éducatif où l’on entend introduire les langues nationales, pulaar, soninké et wolof sans les avoir au préalable officialisées. 

Puis l’honorable tribun constatait avec amertume le recul des rares libertés acquises de haute lutte : liberté d’expression, liberté d’association, liberté politique tout court. « L’exclusion et l’oppression ont atteint un niveau jamais égalé, les lois liberticides sont adoptées à tour de séances, nous assistons à une passation de service entre les hauts gradés de l’armée reconvertis en civil, un relais qui connaît des ratés, avec le cas du président Ould Abdel Aziz », indique-t-il.

Face à l’« exclusion rampante du système en place », l’AJD continue à se battre sur tous les forums, surtout au niveau de l’opposition démocratique mais aussi au sein de l’Assemblée nationale où elle avait envoyé quatre députés en 2013,  pour réclamer l’abolition de la « loi scélérate » de 1993 et permettre ainsi l’apurement du passif humanitaire, prémisses indispensables à l’avènement d’un régime démocratique et égalitaire où tous les fils de ce pays auront les mêmes chances de s’épanouir ;  l’officialisation des langues nationales pulaar, soninké et wolof et leur introduction dans le système éducatif afin de garantir à tous les chances de réussite ; la fin des injustices et du recul des libertés.

Pour réussir un tel challenge, il est nécessaire, estime le président de l’AJD/MR, que les justes et patriotes des autres communautés nationales acceptent d’apporter leur contribution. Maishélas, déplore-t-il, « les agendas au sein de l’opposition divergent et la Communauté internationale reste insensible à notre combat ». Si l’AJD se bat en effet pour déconstruire le système injuste en place, d’autres partis de cette opposition ne s’opposent, quant à eux, qu’au pouvoir qui le gère. « Voilà pourquoi », indique le président Sarr, « notre parti a décidé de marquer une pause afin de tirer les leçons de son combat depuis 2007. « Place à la jeunesse ! Je l’espère plus dynamique, plus imaginative et plus incisive car la question ne se pose pas entre exister ou disparaître. Vive la vie ! » Et la décision du vieux leader à n’accepter qu’un prolongement d’une année seulement à son poste est à cet égard sans équivoque. Un exemple dont devraient s’inspirer d’autres partis, de l’opposition bien sûr mais également de la majorité présidentielle.

TM

le calame

Beelly Konate – Monsieur le Président de la République de Mauritanie,

Nous, enseignants francophones mauritaniens, vous écrivons pour exprimer notre profond mécontentement face à la discrimination institutionnelle à notre égard. Nous sommes consternés de constater que dans certaines wilayas du pays, les directeurs francophones et certains arabophones ont été remplacés par des instituteurs arabophones ou bilingues dans les écoles à cycle incomplet et complet.

Nous considérons que ces directeurs, certains en poste depuis plus de 20 ans, ont été dégradés de manière inacceptable. Nous considérons qu’il est important que les francophones ou usagers de la langue française soient également pris en compte dans les nominations en fonction de leurs compétences.

Nous vous demandons de prendre des mesures immédiates pour mettre fin à cette discrimination institutionnelle et de garantir l’égalité de chances pour tous les enseignants et tous les élèves mauritaniens. Nous demandons la restitution des directeurs francophones à leurs postes et l’introduction d’enseignants arabophones et francophones dans les écoles à cycle incomplet.

Cela permettrait aux élèves de bénéficier d’un enseignement de qualité dans les deux langues et de se préparer aux exigences du système éducatif mauritanien et international.

Ainsi, ce remplacement des enseignants francisants par des arabisants et des bilingues est fait sans tenir compte de leur niveau de compétence en français. Cela rend l’apprentissage du français plus difficile pour les élèves et compromet leur réussite scolaire.

Nous sommes déterminés à aller jusqu’au bout, quelles que soient les conséquences, car il s’agit des carrières de certains fonctionnaires qui sont mises en jeu. Cet acte est un sacrifice de nos carrières et une marginalisation.

Nous considérons que les Mauritaniens sont les victimes de cette réforme qui ne peut conduire qu’à l’échec sur tous les plans. Nous vous remercions de l’attention que vous porterez à cette lettre de protestation et nous espérons une rencontre ou une solution favorable.

Cordialement,

Noms et signatures de certains victimes