Monthly Archives: July 2021
Mauritanie : Malouma, la diva mélancolique
Jeune Afrique – L’incontournable chanteuse a fait de son art un combat politique. Accusée de corruption en 2017, elle reste marquée par cette épreuve.
Lorsque ses doigts se posent sur son ardin, le silence se fait autour d’elle. Les cordes de cette harpe mauritanienne sont autant de fils qui relient Malouma Mint Meïddah à la tradition musicale de son pays. Un patrimoine qu’elle voit disparaître avec nostalgie. Alors, avant qu’il ne s’envole, elle l’a capturé en 2016 dans un double album, Chants populaires traditionnels hassani mauritaniens.
Elle y a réuni dix grands artistes originaires du Trarza (Sud) du Brakna (Sud-Ouest) ou encore du Hodh el-Gharbi (Est) et du Tagant (Centre). Les vingt compositions (appelées echouars) choisies, tantôt bluesy, rythmées ou mélancoliques, suivent les modes de la musique maure, dont son père, Moktar Ould Meïddah, fut l’un des grands maîtres.
Dans ses propres créations – dont la dernière, Knou, est sortie en 2014 –, elle n’a jamais cessé de lui rendre hommage, tentant même de le ressusciter dans ses chansons.
Élue sénatrice
Née en 1960 près de Mederdra, dans le Trarza, non loin des rives du fleuve Sénégal, Malouma a reçu cette éducation musicale en héritage, dès ses 6 ans. À l’âge adulte, très engagée aux côtés des femmes, cette ancienne griotte a combattu les mariages forcés, l’exclusion des plus démunis, le racisme… Ce qui lui a valu pendant de nombreuses années d’être marginalisée dans les médias. Son combat, incarné dans sa poésie, est devenu politique.
Engagée aux côtés de son grand ami, l’opposant Ahmed Ould Daddah (pour qui elle a composé une chanson, Habib Echaab, « le bien-aimé du peuple »), elle a été élue sénatrice en 2007.
Après la sortie de son album Nour, teinté de blues et de sonorités plus pop, la même année, cette amoureuse de musique classique (elle écoute et réécoute Mozart, Wagner, Chopin, Beethoven, Vivaldi…) a un temps délaissé son art pour se consacrer à l’organisation d’événements au travers de sa Fondation Malouma pour la culture, le patrimoine et les arts. Moutribat el-Chaab, « l’artiste du peuple », avait notamment imaginé La Grande rencontre, une nuit de concerts où elle avait réuni des musiciens mauritaniens de tous horizons.
Grande tristesse
Mais depuis 2017 et « l’affaire Mohamed Ould Ghadda », du nom d’un parlementaire accusé de corruption, Malouma l’insoumise est gagnée par la tristesse. Mise en cause parce qu’elle aurait accepté de l’argent pour rejeter le projet de réforme constitutionnelle voulu par le président d’alors, Mohamed Ould Abdelaziz, – finalement adopté –, elle a perdu son poste et évité la prison de justesse.
Placée sous contrôle judiciaire, elle était privée jusqu’au mois de mai dernier de son passeport. Elle a dû renoncer aux tournées internationales, elle qui s’est produite aux États-Unis, en Égypte ou encore en Arabie saoudite. « On m’a enchaînée avec des mensonges ! s’émeut-elle. Mon nom a été gâté, mon honneur blessé, toute ma vie a été touchée. » Ses doigts continuent de faire vibrer son ardin quand, à cet instant, elle fait résonner sa voix dans une grande mélancolie.
Par Justine Spiegel – à Nouakchott
Attaques terroristes en Côte d’Ivoire : sept Mauritaniens incarcérés
Les services de renseignement ivoiriens ont progressé dans leurs enquêtes sur les attaques terroristes ayant visé les bases de Kafolo et de Doropo.
Selon nos informations, les autorités ivoiriennes ont établi avec certitude que des groupes salafistes mauritaniens étaient impliqués dans ces attaques. Environ 2 millions d’ouguiyas ont servi à financer celle de juin 2020 à Kafolo, ayant causé la mort de 14 soldats ivoiriens. Cinq ressortissants de ce pays, par qui les fonds auraient transité, ont été arrêtés.
jeune afrique
Éloignons-nous du repli identitaire !
News RIM – Détribalisons nous, éloignons nous du repli identitaire, si nous voulons construire une nation.
L’instinct grégaire est fatal au développement des esprits et des pays car il favorise les inégalités et l’injustice. Depuis des décennies certains utilisent l’État, le pouvoir et l’argent pour privilégier leurs groupes d’appartenance au détriment de la majorité du peuple.
Il est temps de changer…. je suis tellement au fait des bienfaits et des méfaits de la tribu ayant grandi dans son moule et ayant été formaté à la considérer comme le premier et dernier salut et rempart, que j’en mesure le danger réel sur la modernité et le développement.
Certes les défenseurs de la tribu arguent de la faiblesse de l’Etat dont les défaillances dans son rôle social sont remplacés par la solidarité tribale….pour justifier le recours de certaines franges de la population à ce regroupement social.
Personnellement, je pense que cette défaillance de l’Etat à se substituer à la solidarité tribale, est un argument battu en brèche par toutes les tares et injustices corollaires à son existence et qui se manifestent le plus souvent par la suprématie de certaines tribus et les inégalités économiques et sociales qui en découlent. Ajoutons à cela les risques d’interférence permanente entre les exigences républicaines d’un etat démocratique et les considérations anachroniques forcément antinomiques et dichotomiques avec les paradigmes modernes et universels.
La comparaison entre les méfaits du tribalisme sur les esprits et ses éventuels bienfaits sociaux ne peuvent qu’être au désavantage des derniers.. L’expérience le vécu nous le démontrent tous les jours. Népotisme, injustice, frustrations et marginalisation.. etc….selon qu’on est d’une tribu dominante ou périphérique. Ce tribalisme spécifique à une composante de la population a engendré au plan endogène un phénomène de morcellement des appartenances sociales dabord au sein même de la société maure et ensuite au niveau exogène un repli identitaire des autres communautés par un phénomène de résistance à tous les paradigmes sociaux et culturels fondements de cette société tribale.
Cette dernière devenue du coup aux yeux des autres communautés hégémonique crée un sentiment de refus de l’autre qui s’est exacerbée depuis des décennies. Personnellement je suis convaincu qu’en lançant une lutte sans merci contre le tribalisme les autres phénomènes de repli identitaire s’estomperont à la faveur des dispositions qui ne pourront être que constitutionnelles et législatives pour être efficaces. Oui tout repli identitaire sur la base de la tribu, de l’ethnie ou de la race devront un jour faire l’objet de mesures coercitives.
La création d’une nation digne de ce nom passera par là.
Imam Cheikh Ould Ely
Vadili Ould Rayess membre du comité des experts de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale
La Mauritanie a proposé, dans la plus grande discrétion, au mois d’avril dernier, l’ancien fonctionnaire du ministère de l’Intérieur et juriste, Vadily Ould Rayess pour siéger au nom du pays, au sein du Comité des experts de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale jusqu’à 2024. Ould Rayess remplace Yemhelhe mint Mohamed à ce poste qui siégeait jusqu’à décembre 2021.
La Mauritanie a ratifié cette Convention le 13 décembre 1988 mais elle n’a toujours pas accepté de signer les procédures de plaintes individuelles.
Vadili, un agent étatique actif dans la conception et l’exécution exactions extrajudiciaires et déportations massives des noirs en 1989 ?
Rappelons qu’en 1988, Vadili Ould Rayess était le directeur de la synthèse du ministère de l’Intérieur et de la communication où il travaillait sous les ordres de Gabriel Cimper alias Djibril Ould Abdallahi, l’un des cerveaux des exactions extrajudiciaires et des déportations massives des négro-mauritaniens dans les années 89-91. Administrateur au ministère de l’Intérieur à l’époque, Vadilli Ould Rayess jouait le rôle de pivot durant toute cette période au cours de laquelle des organisations internationales des droits humains accusaient la Mauritanie de procéder à “l’épuration ethnique”.
À l’annonce du décès de Djibril Ould Abdallahi en janvier 2021, Ould Rayess a révélé que ce lui avait chargé d’effectuer une simulation sur un éventuel conflit entre la Mauritanie et le Sénégal. L’objectif, écrivait-il, c’était de prévoir les conséquences de la fermeture des frontières des deux pays à savoir leur impact sécuritaire.
Ainsi, effectivement, au déclenchement des événements de 1989, plus de 200 villages peuls de Mauritanie du Trarza seront déportés vers le Sénégal. Entre 2007 et 2012, 24 000 personnes ont été rapatriées à la faveur d’un accord tripartite entre le Sénégal, la Mauritanie et le Haut-Commissariat des Nations unies (HCR).
Selon Vadili Ould Rayess, les déportés se seraient installés seulement dans la zone entre 1966 et 1988. L’ex- directeur de la synthèse considère qu’ ” une stratégie de repeuplement” aurait été menée sans indiquer par qui et comment.
Selon lui, un journal officiel de la République Française 1917 avait répertorié 36 villages négro-mauritaniens tout au long de la rive droite et qu’un rapport sécret établi en 1966 par le ministère de l’Intérieur recensait 79 localités habités par les communautés négro-mauritaniens.
Tout porte à croire que l’actuel représentant de la Mauritanie auprès de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale nie l’antériorité et la présence des négro-mauritaniens au niveau de rive droite du fleuve particulièrement dans la région du Trarza.
12 ans au service d’Abdel Aziz
Vadili Ould Rayess est connu, aussi pour avoir conseillé, pendant 12 ans l’ancien président de la République Mohamed Ould Aziz, actuellement en procédure de mandat de dépôt préventive. Il l’a soutenu, notamment dans son projet de modification constitutionnelle en 2017, lequel est à l’origine du changement des symboles de l’État( l’hymne national et le drapeau) ainsi que la dissolution du Sénat.
Présenté par Abdel Aziz lui-même comme un juriste compétent, il avait publiquement défendu le projet de tripatouillage de la constitution pour un troisième mandat.
Le Haut Commissariat des Nations unies pour les droits de l’Homme doit revoir son baromètre de mesure de la moralité de ses experts.
En effet, selon la Convention onusienne, les 18 experts sont choisis par les États pour siéger au Comité des experts conformément à ” leur haute moralité et leur impartialité”.
Car membre du conseil national du parti au pouvoir, l’Union pour la République (UPR), Vadilli Ould Rayess fustige aujourd’hui le règne d’Abdel Aziz et se positionne comme porte-parole de l’actuel régime après l’avoir servi. Et sous le règne d’Abdel Aziz, la discrimination raciale a connu son apogée avec l’instauration d’un recensement biométrique qui a rendu des milliers de noirs mauritaniens apatrides.
Tout dernièrement, Vadilli Ould Rayess a accusé, en direct sur une chaîne de télévision étrangère, le président du parti Ribat, Saad Ould Louleid, soutien politique d’Abdel Aziz d’ “espion corrumpu”. Selon lui, ” l’État mauritanien l’avait acheté pour inflitrer l’opposition radicale”.
La Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale est une convention des Nations unies, entrée en vigueur le 4 janvier 1969. Cette convention engage ses signataires à supprimer toute discrimination raciale, ségrégation raciale ou apartheid et à promouvoir la compréhension entre tous les peuples. Adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies, elle a été ouverte à la signature des États le 21 décembre 1965 et est entrée en vigueur le 4 janvier 1969. À ce jour, 179 pays ont ratifié cette convention, dont la Mauritanie en 1988.
La rédaction
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