Monthly Archives: January 2020
L’opposition a-t- elle perdu la voix ?
Le Rénovateur Quotidien – Reconnaissance implicite de la victoire de Mohamed Ghazouani sans aucune expression de félicitation, rencontres entre le nouvel homme fort du pays et les leaders de l’opposition notamment les candidats à la dernière présidentielle.
Participation de certains chefs de partis issus de l’opposition aux festivités du 59ème anniversaire de l’indépendance tels sont les signes de décrispation post -électorale. Rarement on aura vu un climat politique aussi détendue au sortir d’élections en Mauritanie.
L’atmosphère postélectorale s’ouvre le plus souvent sur une longue crise politique fermant la voie à tout consensus.
Après les violences d’une rare intensité qui avaient agité la capitale au lendemain de la proclamation des résultats, de l’élection présidentielle, l’impression d’une nouvelle crise se dessinait sur la scène politique laissant planer le doute sur une confrontation entre le nouveau pouvoir et l’opposition démocratique partie en ordre dispersée lors du scrutin présidentiel achevé sur un score de 52% obtenu par Ghaazouani.
Mais en l’absence d’un pacte de solidarité au sein des pôles politiques de l’opposition, rien n’empêchait chaque leader de prendre l’orientation qu’il veut. Le successeur de Mohamed Ould Abdel Aziz ne trouvait pas mieux pour s’offrir la sympathie de ses challengers à la présidentielle et apaiser les tensions politiques sans préalables très dérangeants. L’idée d’un dialogue politique inclusif qui s’imposait après le départ de la bête noire de l’opposition qui ne faisait pas de cadeau à ses adversaires n’est pas à l’ordre du jour de l’agenda politique de Ghazouani.
Ce dernier préfère le mot « causerie » au mot dialogue qui a une connotation plus passionnelle. Une manière de freiner dès le début la cavalerie des forces de l’opposition attachées à ce rendez-vous tant réclamé pour convier tous les acteurs politico-sociaux autour d’une table pour discuter sans tabou de toutes les questions de fond. Visiblement ce forum national n’enchante pas le nouveau locataire du palais gris, affichant grise mine à l’évocation de ce sujet.
Trêve d’opposition !
A part ces premières rencontres de courtoisie avec Ghazoauni, les leaders de l’opposition venus individuellement se sont-ils tourné le dos comme s’ils n’ont plus rien à se re dire. Les alliances se sont-elle disloquées et les agendas de lutte mis sous les placards ? Le départ de certaines figures de l’opposition démocratique vers la majorité présidentielle, le délitement de la CVE, la rupture des alliances autour de l’opposition démocratique sont autant de facteurs qui ont fragilisé cette classe politique réduite à la diffusion de communiqués circonstanciels.
Cette situation de trêve profite largement à la majorité présidentielle qui vient de se restructurer après un congrès qui a consacré l’échec du projet de récupération politique de l’UPR par son père fondateur, Aziz. Lentement mais sûrement le président Ghazouani est en train de couper l’herbe sous les pieds de ce qui reste de l’opposition démocratique ou de ce qui peut en tenir lieu.
La voix forte et le discours percutant d’une opposition unie capable de mobiliser les masses et remplir les grands espaces est-elle menacée de mort lente, Les signes des premiers mois de la présidence de Ghazouani ne trompent plus sur sa volonté de ratisser large dans les rangs des contestataires d’hier fussent-ils des mécontents du régime d’Aziz reconvertis en alliés de premier plan du maitre du palais.
Seule la voix de Biram Dah Abeid ou les tentatives de reconquête du terrain par la CVE nouvelle version, rappellent que quelque part que le nouveau pouvoir peut essuyer des tirs sporadiques à la moindre incartade. L’alliance de l’opposition démocratique attend-t-elle quelque chose du nouveau régime et que sera cette chose pour justifier son silence sur la situation politique pos-électorale ou considère-t- elle qu’il faudrait donner le temps au temps pour rebondir sur la scène ?
CRIDEM
Sénégal: Macky Sall brise le silence sur le 3e mandat
RFI Afrique – Est-ce la fin de l’omerta au sujet d’un éventuel troisième mandat pour Macky Sall ? La question est relancée depuis les vœux du président sénégalais face à la presse mardi 31 décembre.
« Ni oui, ni non », a rétorqué le chef de l’État, interrogé sur son intention de se représenter en 2024. Si la réponse reste évasive, c’est la première fois que Macky Sall rompt le silence autour cette question.
« Macky nage dans le clair-obscur », « Macky Sall sort du bois », « Macky Sall bluffe au ni oui ni non ». La réponse du président sénégalais s’affichait partout en Une de la presse locale ce 2 janvier.
« Ni oui ni non » donc, une réponse volontairement élusive à un débat qui agite l’espace public depuis sa réélection en février 2019.
Jusqu’ici, le sujet était tabou. Plusieurs hauts fonctionnaires et collaborateurs du président ont d’ailleurs été limogés pour s’être prononcés sur cette question épineuse.
Selon un collaborateur de Macky Sall, ce dernier entend ainsi éviter les guerres de succession au sein de sa formation politique, l’APR, et de son gouvernement. « Si je dis que je ne serai pas candidat, les membres du gouvernement ne vont plus travailler, chacun va essayer de se positionner. Si je dis que je serai candidat, une vive polémique va s’ensuivre », a d’ailleurs assuré le président devant les médias, rappelant qu’il n’avait pas de dauphin désigné.
Pour Papa Biram Touré, vice-président du groupe parlementaire majoritaire Benno Bokk Yakaar, la sortie de Macky Sall est « cohérente avec la position que le président a tenue jusqu’ici ». « Il faut donner la priorité à ce qui le mérite », assure le député de la majorité, ajoutant que « la priorité est à l’évocation des réalisations et des perspectives du second mandat et au débat programmatique ».
RFI
Mauritanie : 2020, année charnière des réformes de Ould Ghazouani
Les réformes déjà bien engagées dans les secteurs-clés l’éducation nationale et la santé, la normalisation des relations avec l’opposition et les hommes d’affaires ont incontestablement rehaussé l’image du président mauritanien pour les premiers 100 jours de son quinquennat.
Les observateurs attendent en 2020 la consolidation de cet acquis et une volonté politique de réconcilier tous les mauritaniens qui passe par le règlement du passif humanitaire.
Officiellement depuis son investiture en août 2019 Ould Ghazouani affiche un tout autre visage que celui de son prédécesseur du moins un changement de pied et de style avec une accélération de ses promesses de campagne sur la réduction de la fracture sociale et de la lutte contre la gabegie et la corruption.
Le président mauritanien a multiplié les signaux en commençant par normaliser ses relations avec l’opposition qui attend en 2020 un dialogue inclusif pour améliorer le système des élections avant de s’attaquer à deux maux qui gangrènent la société mauritanienne depuis plus de 3 décennies, la mauvaise santé des citoyens et les résultats catastrophiques d’année en année de l’éducation nationale.
Pour le premier point des mesures idoines ont été prises pour régler le problème des urgences dans les hôpitaux.
Désormais tous les patients passeront à la caisse après avoir été soignés. Les faux médecins et pharmaciens ont été mis hors d’état de nuire. Les médicaments périmés brûlés et une agence de contrôle des aliments vient de voir le jour.
Quant au deuxième point le recrutement de prestataires éducatifs devra combler en partie le manque d’enseignants du Fondamental et des professeurs de collèges et lycées.
Une expertise des besoins de formation et fonctionnaires permettra de tracer les contours d’une réforme de l’éducation nationale. Hormis le dégraissement de ces deux Mamouths, Ould Ghazouani devra accorder en 2020 une priorité à la sécurité routière.
Beaucoup de mauritaniens meurent depuis des années dans des accidents de la route sans qu’aucune mesure n’ait été prise par les pouvoirs publics. Le dernier en date a fait plus de 13 morts et deux blessés graves sur la RN3 Nouakchott-Nouadhibou.
2020 sera donc une année charnière entre les réformes en cours et d’autres attentes des mauritaniens comme la réconciliation nationale jusqu’ici passée sous silence par Ould Ghazouani. Ce sera le plus grand défi de son quinquennat.
Cherif Kane
kassataya
Point de vue/Mauritanie : Guerre ouverte contre la langue française
Entre les mauritaniens-ou du moins une partie d’entre eux-et le français, ce n’est pas toujours le grand amour.
La langue de Molière dont la masse de locuteurs dans le pays se rétrécit comme une peau de chagrin, est menacée de disparition et ses rares utilisateurs sont régulièrement exposés aux assauts inquisiteurs des arabisants de pacotille. En effet, les ténors de l’arabisation à outrance du système éducatif ont fini de démolir tous les efforts entrepris pour le maintien contre vents et marées de cette belle langue.
Malheureusement l’acharnement de politiciens sans scrupules aidés par l’ignorance d’une populace rondement menée en bateau ont fini par avoir raison de l’ancrage de cette langue qui, qu’on le veuille ou non fait partie de notre histoire.
Seulement, nos dirigeants successifs ne l’entendent pas de cette oreille, en dehors de feu Me Moktar Ould Dadah qui avait imposé le français comme langue exclusive de travail en Conseil des ministres -et même d’ailleurs au sein de l’administration-, tous les autres ont préféré joué sur la fibre patriotique en voulant imposer l’arabe coûte que coûte, et comble de l’hypocrisie, ils étaient tous francophones et beaucoup d’entre eux parlaient un arabe au rabais.
Cette fièvre nationaliste avait abouti au début des années 80 à une politique d’arabisation improvisée qui a eu pour conséquence une crétinisation de notre système éducatif et une chasse aux sorcières qui a purgé l’administration mauritanienne de ses éléments les plus valables, des cadres francophones bien formés. Et c’est apparemment au même remake qu’on assiste actuellement.
En effet, la dernière décision du Bureau de l’Assemblée Nationale qui impose l’usage des langues nationales est une exclusion à peine voilée du français de cette auguste chambre.
Autres fait intervenus concomitamment, d’abord la dernière conférence de presse de l’ex président Aziz qui a refusé de parler français, arguant qu’il s’adresse aux mauritaniens.
Il y a eu ensuite ce congrès de l’UPR qui vient de se tenir à Nouakchott et où les congressistes ont hué la journaliste qui était chargée de traduire en français les interventions l’empêchant ainsi d’accomplir cette mission.
Autre fait non moins révélateur, la levée de boucliers suscitée par le nouveau président, Mr Ghazwani, à qui on n’a pas pardonné d’avoir livré ses premières interviews à des médias francophones.
Ainsi donc, les francophones n’ont pas pignon sur rue en Mauritanie et ils sont de plus en plus dans la ligne de mire d’une plèbe téléguidée par des pyromanes, qui véhiculent des idées d’un autre âge, qui attisent les conflits inter communautaires et qui prônent l’intolérance.
Il est donc du devoir du président Ghazwani d’empêcher ces pêcheurs en eau trouble de replonger le pays dans les abysses de l’obscurantisme.
Bakari Guèye
gueyebakary22@yahoo.com
Mauritanie : Ghazouani “s’est endetté politiquement”, selon l’analyste Mohamed Ould Mohamed El Hassan
RFI Afrique – À l’issue du congrès qui s’est achevé dimanche soir, l’Union pour la République, le parti au pouvoir en Mauritanie, a resserré les rangs derrière le président en exercice Mohamed Ould Ghazouani.
Ce congrès acte aussi la mise à l’écart définitive de l’ex-chef de l’État Mohamed Ould Abdel Aziz qui espérait en conserver les rênes. C’est l’actuel directeur général de la Société nationale des eaux (SNDE), Sidi Mohamed Ould Taleb Amar qui a été élu nouveau président du parti au pouvoir. Mohamed Ould Abdel Aziz n’a donc pas obtenu la présidence de l’UPR.
L’analyste mauritanien Mohamed Ould Mohamed El Hassan estime que ce n’est pas une surprise. Critiqué par une partie de la population et désormais écarté du pouvoir, l’ancien président a définitivement perdu son aura au profit du nouveau leader du pays.
« Le congrès est une consécration de la fin politique de Aziz. C’est un message qui lui est adressé parce qu’il est venu présider ce parti à un moment donné en venant de l’étranger, et il voulait s’accaparer ce parti sous prétexte qu’il a une carte dans ce parti et qu’elle porte le numéro 1. Une fois qu’il n’est plus au pouvoir et qu’il ne dispose plus de ses atouts, Aziz et devenu Aziz, égal à lui-même. Il est naturel qu’il soit solitaire et qu’il soit isolé au sein de son parti », estime Mohamed Ould Mohamed El Hassan.
Mais attention prévient l’analyste, le nouveau président n’obtient pas pour autant carte blanche de son parti : « Aujourd’hui, pour le nouveau président, c’est une forme de fête à la mauritanienne. C’est un accueil chaleureux que les Mauritaniens font à un tout nouveau président avec une présomption de bonne foi. Mais je ne vous dis pas que tout est acquis pour lui réellement. Il s’est endetté politiquement dans ce congrès et il doit rembourser pendant son mandat. »
Il y a quelque temps, l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz a déclaré qu’il était prêt à prendre la tête d’une nouvelle formation politique. Mais il lui faudra attendre plusieurs années avant de se confronter au verdict des urnes. En effet, aucun scrutin majeur n’est prévu dans le pays avant 2023.