Dans le cadre des préparatifs du retour de ce mouvement en exil depuis les années de braise pour les négro-mauritaniens (86-92), qui ont poussé au départ beaucoup d’étudiants et cadres de cette couche et contraint à la déportation des milliers de familles au Sénégal et au Mali, le vice-président des FLAM, M. Ibra Mifo Sow séjourne en Mauritanie où il a rencontré le président de la République, d’autres acteurs politiques de la place et la presse. Au sortir justement de sa rencontre avec la presse en présence de Wane Mamadou, secrétaire national chargé de la jeunesse et des droits humains, M Sow s’est prêté aux questions du Calame.
Le Calame : Annoncé depuis quelques mois, le redéploiement des FLAM en Mauritanie tarde à se concrétiser. C’est un problème de logistique ou une question de stratégie ?
Ibrahima Mifo Sow : La mise en œuvre du processus de retour de notre organisation en Mauritanie se poursuit selon le plan que nous avons, nous-mêmes, déterminé. Comme annoncé dans la déclaration distribuée à l’occasion de la conférence de presse que j’ai animée hier, nous entamons désormais l’ultime phase de nos préparatifs.
Par ailleurs, nous sommes rassurés de savoir que notre peuple est prêt à recevoir nos leaders et, je puis vous affirmer qu’il leur accordera un accueil triomphal.
-Lors de sa première conférence de presse, les FLAM avaient laissé entrevoir la création d’un parti politique. Où en êtes-vous ? Les nombreux contacts que vous entreprenez maintenant entrent-ils dans cette perspective ?
-Notre organisation va certainement connaitre de profondes mutations qui lui permettront d’encadrer les attentes et les aspirations de nos populations à la liberté et à l’égalité. Notre prochain congrès, qui se tiendra sur le sol national, déterminera en dernier ressort le cadre d’action qui conviendra à nos ambitions nationales. En attendant, nous allons continuer notre programme de contact, d´échange et de redynamisation de nos structures internes.
-Pour les FLAM, le pouvoir et l’opposition portent la même responsabilité dans la crise politique que vit la Mauritanie. Les FLAM seraient-elles centristes ?
-Comme je le disais hier à la conférence de presse, plusieurs acteurs politiques ne sont préoccupés que par un agenda électoraliste. Nous, nous n’avons pas encore ce souci. Notre préoccupation prioritaire c’est la réalisation d’une unité vraie de ce pays. Cela passe nécessairement par la libération effective des esclaves et la reconnaissance de la diversité nationale à traduire dans les faits. Cette unité doit être garantie par le partage équitable du pouvoir entre nos différentes composantes nationales. Pour tout dire, notre priorité c’est la résolution de la question nationale. Ces préoccupations majeures ne sont pour le moment pas au centre ni de la plate-forme du pouvoir ni de celle de l´opposition classique.
Nous sommes sans nul doute une opposition, une opposition de gauche, progressiste et démocratique.
-Le pouvoir a décidé de la clôture du dossier dit passif humanitaire. Avez-vous constaté chez le président de la République que vous venez de rencontrer la volonté d’aller au-delà de ce que vous appelez des avancées significatives dans le règlement ?
-Il est très tôt de le dire mais il ne nous a pas paru inflexible!
-Pourrait-il par exemple demander au Parlement de procéder à l’abrogation de la loi d’amnistie de 1993 afin de permettre aux victimes de poursuivre et éventuellement de pardonner leurs bourreaux ?
-Nous ne sommes pas dans les secrets du palais ! Ce qui nous importait, c’était de lui exprimer notre position qui repose sur trois étapes pour le règlement définitif de ce dossier à savoir, trouver l´équilibre entre les exigences de réparations, le refus de l´impunité et la nécessité du pardon.
Propos recueillis par DL
Source: LE CALAME du 06 mai 2013