Imposante Marche d’AJD/MR pour l’abrogation de la loi d’amnistie de 1993 : Non à l’impunité, non à la vengeance !
Comme prévu, le parti « Alliance pour la Justice et la Démocratie, Mouvement pour la Rénovation » (AJD/MR) a organisé un meeting pour exiger l’abolition de la loi d’amnistie votée, en 1993, par le Parlement mauritanien, afin de protéger les auteurs des crimes extrajudiciaires perpétrées dans les casernes militaires de 1989 à 1991. Imposante marche, mobilisation exemplaire, sans précédent dans les annales, non seulement, du parti d’Ibrahima Moctar, excepté la présidentielle de 2007, mais, aussi, des autres partis d’obédience négro-africaine. De tous les quartiers, ont accouru les populations noires vers le point de départ de la marche, fixé devant le CFPP de Nouakchott, à côté de la nouvelle Maison des jeunes, où un podium avait été dressé. Le parti avait entrepris une vaste campagne de sensibilisation et de mobilisation dans les différents quartiers de la capitale : la mayonnaise a bel et bien pris.
Avant que l’imposant cortège ne s’ébranle vers l’Assemblée nationale où les attendait le député Kane Hamidou Baba, président du Mouvement pour la Refondation, les rappeurs et autres orateurs se sont succédé sur le podium, pour fustiger les exactions commises pendant la période d’exception. Chaude, chaude ambiance. Ce fut, ensuite, un échange d’allocutions officielles. Le président du PLEJ, Baba Mamadou Alassane, seul président de parti politique ayant répondu à l’invitation de l’AJD/MR, le président du FONADH, Sarr Mamadou, le représentant du MPR, de l’IRA- Mauritanie, le président du COllectif des REscapés MIlitaires (COREMI), Sy Aboubécry, de « Touche Pas à Ma Nationalité » (TPMN), le président du COllectif des VIctimes de la REpression (COVIRE), Kane Mamadou Alhousseinou, le représentant du Mouvement du 25 février, la présidente du collectif des veuves, madame Houleye Sall, ont unanimement salué l’initiative de l’AJD/MR qui va « contribuer à rompre la chape de plomb », condamné, ensuite, la loi scélérate d’amnistie dont le but est de protéger les bourreaux des militaires négro-mauritaniens sous le régime d’Ould Taya, exigé, enfin, leur jugement. « Le gouvernement ne peut pas pardonner à la place des victimes que nous sommes, nous continuerons à nous battre, jusqu’au jugement des auteurs des crimes de sang », a déclaré madame Houleye Sall, mère du lieutenant Sall Abdoulaye, mort sous la torture, en novembre 1991, à Inal. Le vice-président d’IRA-Mauritanie a rappelé les initiatives de son mouvement, sous la houlette de Biram Ould Dah Ould Abeid, visant à dénoncer le silence sur le dossier du passif humanitaire (pèlerinages d’Inal et de Sorimalé). Les organisations de défense des victimes militaires et des rescapés ont indiqué que l’action de l’AJD/MR est un appui important pour leur combat de tous les jours.
Un dossier loin d’être clos
Après avoir rejeté la clôture unilatérale, par le gouvernement, du dossier dit « passif humanitaire », plusieurs orateurs ont déploré l’absence de la composante beïdane, de divers démocrates et de certains organismes de défense des droits humains. Sautant sur l’occasion, Abdoul Birane Wane et Dia Alassane, de TPMN, ont relevé que cette absence de la composante beïdane prouve combien la Mauritanie est divisée. Le représentant du Mouvement du 25 février a justifié sa présence par le souci de défendre les droits de l’Homme. « Ce qui s’est passé en 1991 », a-t-il déclaré, « doit être expliqué aux jeunes mauritaniens dont la majorité ignore ce qui s’est réellement passé, pendant cette période sombre de l’histoire du pays. Nous souhaitons la traduction en arabe de « L’Enfer d’Inal », de Sy Mahamadou, pour une plus ample compréhension de ces terribles évènements ».
Prenant la parole, le président de l’AJD/MR a remercié le public d’avoir répondu massivement à l’appel de son parti. Commentant l’objectif de la marche, le président Sarr a indiqué que « le dossier du passif humanitaire est loin d’être clos, […] la loi d’amnistie de 1993, votée sous l’impulsion des parlementaires négro-mauritaniens, est un obstacle à la consolidation de l’unité nationale, […] il faut, par conséquent, l’abroger car elle consacre l’impunité des bourreaux. Les victimes et rescapés ne crient pas vengeance, ils exigent la vérité et la justice, avant de pardonner ».
Constatant l’absence des autres partis politiques, le président de l’AJD/MR a rejeté le prétexte avancé, comme quoi il avait été préconisé, lors des journées nationales de concertation, en 2006, sous le régime de la première transition, la mise en place d’une commission nationale indépendante pour statuer sur le dossier du passif humanitaire. Or, dira Sarr, « tant que cette loi reste en vigueur, on ne peut engager aucune action en ce sens, il faut donc l’abroger, pour permettre la constitution de ladite commission. Voilà pourquoi nous rejetons l’argument de la COD ».
Comme prévu, le cortège s’est ensuite ébranlé vers l’Assemblée nationale, en passant par le carrefour de la Polyclinique, l’état-major de la Garde nationale et l’ancienne Maison des jeunes. Devant la chambre des représentants du Peuple, le président de l’AJD/MR a remis au député Kane Hamidou Baba, avec une chaude poignée de main, la plateforme revendicative de son parti. Les marcheurs ont loué l’action courageuse du président du MPR. Ce dernier a expliqué que sa présence devant l’Assemblée nationale, pour réceptionner la plateforme de l’AJD, est un message à l’endroit du Peuple mauritanien tout entier, pour dire : non à l’impunité, non à la vengeance !
DL-Le Calame
Encadré: La loi d’amnistie
Journal officiel de la République islamique de Mauritanie: Loi numéro 93-23 du 14 juin 1993 portant Amnistie
Journal officiel de la République islamique de Mauritanie.
15 juin 1993
Page 369
Présidence de la République
Loi numéro 93-23 du 14 juin 1993 portant Amnistie.
Article premier- Amnistie pleine et entière est accordée :
– 1) aux membres des forces armées et de sécurité auteurs des infractions commises entre le 1er janvier 1989 et le 18 avril 1992 et relatives aux événements qui se sont déroulés au sein des forces et ayant engendrés des actions armées et des actes de violences.
– 2) Aux citoyens mauritaniens auteurs des infractions subites aux actions armées et actes de violences.et d’intimidations entrepris durant la même période.
Art 2 toute plainte, tout procès verbal ou document d’enquête relatif à cette période et concernant une personne ayant bénéficié de cette amnistie, sera classé sans suite.
Art 3 la présente loi sera publiée suivant, la procédure d’urgence et exécutée comme loi d’Etat, au journal officiel de la République Islamique de Mauritanie.