Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

FLAMNET-Agora: Les Flam: de la conscience inquiète à la conscience révoltée par Jamal Sow

alt”Rendons à César ce qui est à César, à Dieu ce qui est à Dieu”

  Le surgissement des Flam dans l’histoire de la mauritanie ne résulte ni par hasard ni par souci machiavélique . Mais ce surgissement est la conséquence d’une volonté politique délibérée de faire acte de rupture avec la réalité multiraciale du pays et de la négation totale de l’homme noir dans toutes ses dimensions, notamment: physiques, morales, culturelles, économiques et historiques . C’est cette mauritanie inégalitaire et injuste qui va enfanter en son sein une conscience négro-africaine inquiète, angoisée et pour devenir plus tard révoltée et militante .

Les Flam furent d’abord doute, angoisse et interrogation. Doute et angoisse devant ces événements dont les horizons étaient non seulement brumeux et opaques; mais aussi dont les orientations n’étaient guerre rassurantes à l’aube des indépendances.Cette conscience inquiète qui se définissait sous des formes et dans des cadres différents voyait déjà des signes précurseurs d’une marginalisation politique, économique, culturelle et voire même une possible “dénégrification”. L’histoire ne démentira pas cette conscience inquiète. Ainsi, cette conscience inquiète ne tardera pas à tirer des signaux d’alarmes: l’envoie de délégations, les menaces de démissions collectives et la rédaction de tracts caractériseront cette âme angoissée et inquiète. Malheureusement, les idéologues du système négationniste étaient sourds, pour eux , coût que coûte, il fallait faire avancer la caravane qui portait en elle tous les ingrédients qui devaient permettre à une seule communauté(certainement au dépend des autres ) de s’affirmer et d’affirmer son hégémonie. Cette idéologie s’appelait dans le jargon de DADDA: “la politique de rééquilibrage”. “kono hirke o yahri bannge no feewi”.

Devant l’entêtement des faits et la dure réalité des orientations politiques menées, entre autre: le refus de reconnaitre l’homme noir dans sa condition d’être humain qui a des droits et des devoirs, la négation de sa singularité linguistique et culturelle, la remise en question de son appartenance à la nation mauritanienne; la conscience négro- africaine cesse d’être inquiète, elle fait dépassement de la situation première pour s’affirmer en conscience réactionnaire et militante: les événement de 1966, la publication des 19, les grèves des lycéens en 1979, incarneront cette conscience qui s’était désormais décidée “à s’opposer en se posant”.

Face à cette situation, les partisans de la politique raciale n’avaient jamais cherché à s’interroger sur le pourquoi de ces mutations de cette conscience politique. Peut être ils savaient la réponse.Dans leur entendement, il faut renforcer la politique de la “différenciation” et du racisme d’État. C’est pourquoi, la discussion et l’écoute n’avaient jamais intéressé ces penseurs du mal contemporain. Ainsi, l’attitude de la conscience révoltée du négro-africain redonnait toujours aux idéologues d’une mauritanie entièrement blanche et arabe de nouvelles “bouffées d’oxygène” pour ré-dynamiser l’accaparement de toutes les vannes qui permettaient l’accès dans les hautes sphère des pouvoirs politiques et économiques.

 

 Devant cette férocité animale où les forces aveugles des passions imposaient ses vérités au visage sombre et macabre: le négro-africain ne doit pas aspirer à l’idéal d’une existence égalitaire, de justice et de liberté. Par conséquent, il doit vivre non seulement comme un ”ancien descendant d’un footballeur malien ou celui d’un tirailleur sénégalais”; mais purement et simplement comme animal de seconde de zone.Cette philosophie aux fondements grégaires, au cours de l’histoire va dépasser son caractère théorique et va atteindre son paroxysme dans sa réalisation pratique et concrète avec entre autre: loi de la nationalisation des terres, l’arabisation à outrance des instances éducatives, administratives et juridiques, les déportations 1989 et l’élimination des milliers de militaires noirs en 1991.

Cette idéologie brutale, barbare, antimorale, antiréligieuse et antihumaine, va pousser la conscience révoltée du négro-africain à ce radicaliser dans ses structures, dans sa stratégie et dans ses méthodes de combat: la publication du manifeste en 1986, la tentative du coup d’état en 1987, la sensibilisation du monde sur le sort déplorable de la condition humaine du négro- mauritanien experimeront cette radicalisation. Cette dernière reste légitime et juste dans la mesure où elle n’est que refus, elle n’est que défense et elle n’est qu’aspiration à une mauritanie égalitaire, juste et libre. A cet effet, elle n’est pas condamnable. Par ailleurs, c’est à partir de là aussi que nous comprenions, le point commun entre les Flam et les autres mouvements de libérations qui ont jalonné l’histoire de l’humanité. Partant de là , le mouvement des Flam cesse d’être une organisation close et singulière; mais comme celui dont les principes et les aspirations rentrent dans le cadre de L’UNIVERSEL où chaque humanité se reconnait. Ainsi, le mouvement des Flam demeure l’expression de notre refus, il incarne notre résistance et notre quête constante de la liberté. Il traduit notre fierté, notre dignité et notre honneur, il est présent dans chaque moment douloureux de notre être, dans chaque moment acre de notre histoire mauritanienne. Dans ma compréhension, penser pour les Flam, c’est faire acte de reconnaissance de ses idées essentielles, de sa lutte, de ses actions et de ses œuvres qu’elles ont élaboré et adopté.

Apporter son soutien sans faille, en félicitant et en encourageant ces consciences, ces volontés et ces disponibilités qui sont éparpillées à travers le monde pour notre cause. Penser pour les flam, ce qui me parait le plus important, c’est faire acte de critiques participatives. C’est à dire apporter des interrogations, des analyses, et des idées neuves, dans un climat de dialogue, de discussions et surtout dans une atmosphère de tolérance et de respect. Cela est nécessaire, car les Flam est une œuvre humaine et toute œuvre non DIVINE, souffre d’imperfection. Ainsi, pour le dynamisme de cette tension vers une perfection absolue, il est fondamental d’activer les principes de la raison. Par contre, penser contre les Flam, c’est nier son discours, rester sourd à ces revendications et ignorer ses appels. Surtout penser contre les Flam, c’est développer une critique négative aux couleurs sophistes. Cette critique qui tire son fondement dans les sensations immédiates des sens, ne peut être que paralysante. En termes simples elle tue les ferveurs, elle sème le désespoir et ledésordre. Elle participe dans le triomphe de la politique de la différenciation, instaurés par les bourreaux du système ségrégationniste et raciste. Elle bloque la main de l’homme révolté qui cherche à briser les chaines de l’injustice.

Nous autres négro-africains, longtemps la conscience négative celle du MND, la conscience gourmande celle des bourgeois et la conscience médiocre celle des marabouts, ont beaucoup pesé et ont beaucoup profondément ralenti notre lutte; qu’il est vital, aujourd’hui que vous les intellectuels négro-africains ,de prendre toutes vos responsabilités devant l’histoire et de repenser autrement votre devoir devant un peuple opprimé. Car “la parole fait du bruit, le silence aussi” écrivait J.P SARTRE .  

La lutte continue!

 JAMAL SOW/ANGERS FRANCE

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