Enrôlement sur les registres de population : Des méthodes peu orthodoxes … pour des besoins électoralistes
Face à la lenteur des retraits des nouvelles pièces d’identité nationale qui s’accumulent au niveau des centres, l’Agence nationale chargée des registres des populations et des titres sécurisés a trouvé un subterfuge peu orthodoxe
Désormais, tout citoyen âgé de moins de 45 ans ne peut plus se faire enrôler s’il ne présente la photocopie des cartes d’identité de ses deux parents. L’objectif est de pousser les 1.935.420 déjà inscrits à retirer leurs pièces… Certainement pour permettre la tenue des élections législatives et communales dans les plus brefs délais. Jusque-là le retard pris dans ces retraits est lié à l’incapacité des Mauritaniens à s’acquitter de la taxe de 1.000 UM requise pour l’obtention de la pièce d’identité.
Plusieurs voix se sont élevées pour demander la gratuité de l’acte, comme ce fut le cas pour les étrangers. Ces derniers ont été soumis à l’entame de l’opération à une dîme de 30.000 UM par tête, avant que la décision ne soit annulée au bout de plusieurs mois. La plupart des Mauritaniens, de faibles revenus, comptaient ainsi sur les campagnes électorales pour obtenir des facilités, étant entendu que plusieurs partis politiques sont prêts, à de pareilles occasions, à payer à la place des électeurs dont le vote leur est assuré.
En exigeant aujourd’hui cette formalité draconienne, il est à craindre que des ralentissements s’en suivent au niveau des centres d’enrôlement, dans une sorte de cercle fermé du “cause à l’effet”. Les jeunes ne pourront pas se faire recenser parce que leurs parents n’ont pas de quoi acheter une carte d’identité et l’Etat ne pourra pas organiser des élections parce que tout le monde ne dispose pas de pièces. L’impression enfin est que l’enrôlement subit les contrecoups d’une improvisation qui l’accompagne depuis sa conception. Aucune norme juridique ne semble sous-tendre son action qui se déroule à vau-l’eau, selon les honneurs de son chef d’orchestre adjoint, un parfait inconnu parmi les PNP, qui a l’honneur de coiffer une superstructure qui n’a de compte à rendre qu’au Président de la République.