Réaction de Bâ Mamadou Alassane, président du PLEJ à l’éditorial (n° 851) d’Ahmed Ould Cheikh, directeur de publication du Calame
Dans votre éditorial en date du 25 septembre 2012, vous avez posé une très pertinente question : « Comment sortir de l’impasse politique actuelle où se débat notre pays ? » Or, l’ébauche de solutions que vous évoquez, je crois l’avoir largement développée et justifiée dans le document que vous avez eu l’amabilité de publier dans les colonnes de votre journal. Permettez-moi donc de vous y renvoyer.
Le gouvernement d’union nationale, selon les expériences vécues dans certains pays et même chez nous, avant les dernières présidentielles de 2009, n’est et ne peut pas être une solution durable et efficace. Provisoire, ce n’est qu’un simple analgésique, inapte à guérir définitivement le mal chronique dont notre pays souffre, depuis des décennies. Les gouvernements d’union nationale qui consistent à faire asseoir, au sein d’un même gouvernement, des ministres issus de partis différents ont, globalement, échoué. Ils ne peuvent être des panacées parce qu’ils enfantent discordes et crises.
Laisser Ould Abdel Aziz achever son mandat n’est pas, non plus, une solution, parce que la crise ne cesse de culminer sous son régime. Au nom du salut national, c’est sans délai qu’il doit partir. Organiser des élections apaisées n’est pas facile : vingt ans durant et à une exception près, elles ne se sont jamais déroulées dans une atmosphère paisible, sans contestation. Pire, elles ont même été, comme ailleurs, sources de graves tensions dans notre pays,
Reste, alors, la dernière solution que vous avez ébauchée : accorder les mêmes chances à tout le monde. C’est, justement, l’objet de mes 17 propositions adressées aux acteurs politiques mauritaniens. Elles vont vers une sortie de crise, une égalité de chances entre tous les Mauritaniens dans l’accès aux emplois, le partage du pouvoir et des richesses, en vue de construire une société de justice qui seule nous permettra de voir le bout du tunnel et sortir de l’impasse ; une société de justice, édifiée sur le socle des principes et valeurs de morale islamique contenues dans le Livre Saint auquel nous croyons tous, sans exception. Dans mon document, j’ai plus insisté sur la légitimité par consensus que sur celle par vote. Nous nous rejoignons encore sur ce point. Je crois donc que mes propositions constituent une réponse à vos préoccupations, aux préoccupations de tous les patriotes, à savoir : « comment sortir de l’immobilisme politique où notre pays est plongé, depuis quelques années ? »
Tandis que vous terminez votre édito par l’invite « Prions ! », j’invite, pour ma part, les Mauritaniens à la réflexion : c’est une autre forme de prière. Réfléchissons sur notre spécificité, sur nos grandes valeurs, sur ce qui nous unit, et exploitons mieux notre potentiel cognitif, au lieu de (re)copier les autres, sur les autres, un « modèle » importé qui nous divise. Halte donc aux séquelles des idéologies héritées de la colonisation que l’Occident continue à nous faire subir !
J’estime que notre pays a besoin d’un autre « coup de tonnerre » que celui figurant en manchette de votre journal. Mes 17 propositions que vous a intégralement publiées – soyez-en remercié, au passage – constituent ce coup de tonnerre. J’encourage votre journal à poursuivre sur cette lancée. Il en va de l’intérêt de notre pays.
Bâ Mamadou Alassane
président du PLEJ
Source: Le calame