La démocratie est elle conforme aux préceptes de l’Islam ?
Réponse à Mohamed Jamil Mansour, Président du Parti Tawassoul
Je me suis toujours demandé si Mohamed Jamil Mansour, Mohamed Ghoulam, les islamistes d’ici ou d’ailleurs se sont une seule fois demandé si la démocratie dans laquelle ils acceptent de jouer des rôles d’acteurs est conforme aux préceptes de l’Islam ?
Le mot démocratie vient de deux mots grecs : démos (le peuple) et kratos (le pouvoir). La démocratie prend ses racines principales dans les réformes engagées autour de la cité d’Athènes dans la Grèce antique autour du VIème siècle avant J.C. La démocratie athénienne est l’ancêtre des démocraties modernes. C’est le régime politique dans lequel le pouvoir est détenu ou contrôlé par le peuple. Ses principaux initiateurs étaient des philosophes athées (Périclès, Platon, Aristote…) qui ne croyaient pas en l’existence de Dieu.
En démocratie on parle des élus du peuple. La Cour Constitutionnelle peut déclarer l’incapacité d’un Président (élu au suffrage universel), et par une telle décision le destituer de tous ses pouvoirs, le Parlement et le Sénat (élus du peuple) peuvent rejeter une loi et remettre en question toute la politique d’un pouvoir. La démocratie reconnait l’égalité des sexes et la répartition équitable des richesses.
En Islam on parle de Khalife. Celui-ci est désigné par Al Djamaa Alhal We El Akhd. Ses décisions ne sont susceptibles d’aucune contestation, remise en question et encore moins d’un recours pour excès de pouvoir. L’Islam ne reconnait pas l’égalité des sexes. C’est notre religion et nous en sommes fiers, et il n’y a de Dieu qu’Allah et Mohamed est son prophète.
Je ne cherche pas à remettre en question la foi en Dieu des uns ou des autres et j’ai un grand respect pour Mohamed Jamil Mansour, Mohamed Ghoulam et d’ailleurs tous les acteurs politiques du pays. Mais en tant que chercheur, j’ai le droit de chercher à savoir comment une démocratie initiée par des athées est conciliable avec la Charia Islamique. De me demander aussi comment Mohamed Jamil Mansour peut demander aux citoyens de sortir leurs épées sachant que les érudits n’avaient pas incité à la révolte contre AL Maamoun (héritier du trône d’Haroun Rachid) pour éviter le désordre.
Cela me fait très mal de voir ailleurs des gens criaient Allah Akbar pour égorger ou tirer sur des êtres humains. Et ce Cheikh Al Gharradaoui qui l’autre soir sur Al Jazzera légitimait aux musulmans ayant déjà fait le pèlerinage à la Mecque, la possibilité de ne pas le faire cette année et d’envoyer les frais du voyage comme soutien aux combattants Syriens. Des voyous ramassés de tous bords, armés jusqu’aux dents, venus semer le désordre dans un pays longtemps berceau de la résistance arabe.
Non franchement je ne trouve pas que la Tunisie, l’Egypte, la Lybie, le Yémen et encore moins la Syrie, vivent une meilleure situation. Une dictature dans la stabilité est dix milles fois mieux qu’une liberté dans l’instabilité. Et encore plus grave, qu’il n’y a pas eu de liberté dans ces pays, chaque groupe de barbus fait sa propre loi.
C’est vrai qu’ailleurs, on dormait et se réveillait sous le portrait du Guide. Le cordonnier, le boucher, le voisin, le chat et la mouche travaillaient pour la police sans oublier que tous les appels téléphoniques sont sous écoute. Ailleurs, pour parler du Guide, on disait Samba. En Mauritanie, on n’a jamais vécu une telle situation.
Tout bon musulman qui cherche réellement à se rapprocher de Dieu, doit être convaincu que la seule chose qui ne mène pas au paradis, c’est la politique. Celle-ci se base surtout sur la mauvaise foi, le mensonge et les sales manœuvres.
La mort de toute personne me diminue car je suis solidaire du genre humain, donc ne me demandez pas pour qui sonne le glas, puisqu’il sonne pour vous-même.
De grâce chers Islamistes, faites attention, l’ivresse dans la politique peut facilement conduire à la mécréance
Source: Al Akhbar