Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 28/07/2023

Difficultés d’enrôlement : Le bout du tunnel ?

Lancée début Juillet, la décision de reconsidérer le cas de ceux qui n’avaient pas réussi à se faire enrôler à ce jour fait renaître l’espoir chez les citoyens en attente de papiers d’état-civil ; pour certains, depuis le début de l’enregistrement biométrique (2010-2011), soit plus de deux décennies. Si l’opération de rattrapage se passe bien, ces citoyens « apatrides » pourraient enfin recouvrer leur «mauritanité ».

Selon le ministère de l’Intérieur, ses démembrements et le commissaire aux droits de l’Homme, à l’action humanitaire et aux relations avec la Société civile, il s’agit là de « fermes instructions » du président de la République. Comme jadis celles de l’ex-président Ould Abdel Aziz… ce qui n’avait pas empêché bon nombre de citoyens de continuer à courir derrière leurs pièces d’identité. Un véritable calvaire…

Toujours est-il que l’actuel Raïs semble accorder une grande importance à cette opération. Aussi le ministre de l’Intérieur a-t-il demandé aux citoyens concernés de se mobiliser et aux autorités administratives de s’impliquer pour sa réussite. De son côté, le commissaire aux droits de l’Homme a lancé une caravane de sensibilisation, rappelant que « l’état-civil est un droit et offre des droits ». Des droits dont beaucoup de familles ont été délestées depuis le démarrage du recensement qui suscita et suscite encore des controverses et des protestations. Plusieurs partis politiques et organisations de défense des droits des victimes, notamment « Touche pas à ma nationalité » (TPMN), ne cessait de dénoncer un « génocide biométrique ».

De déportations aveugles…

Une qualification en référence à la déportation de milliers de citoyens négro-mauritaniens vers le Sénégal et le Mali à partir d’Avril 1989, sous le magistère d’Ould Taya dont le régime était phagocyté par des nationalistes arabes partisans de la « dénégrification de la Mauritanie ». Tous ces bannis avaient perdu leurs papiers d’état-civil parfois déchirés ou brûlés sous leurs yeux. Depuis, TPMN aura mené plusieurs manifestations à Nouakchott et à l’intérieur du pays dont l’une – en 2013 à Maghama – se solda dramatiquement par la mort du jeune Lamine Mangane, suite à un coup de feu tiré par un gendarme.

Les recalés n’ont donc cessé de protester et le gouvernement de tenter, bon an mal an, de « gérer » la situation à travers l’ANRPTS. Une première tentative en 2017 mit en place une commission présidée par l’ex-ministre des Finances, Thiam Diombar, conseiller à la Présidence. Elle fit long feu, faute de rapports cordiaux avec l’agence de tutelle : obstructions et lenteurs en ont eu raison. Second acte en 2022, lors de la visite à Kaédi du président Mohamed Cheikh El Ghazwani : en réunion avec les cadres locaux de son administration, il les engageait « à régler rapidement les problèmes d’accès à l’état-civil, en se mettant tout de suite au travail ». On attendait depuis la traduction en actes de cette instruction sans équivoque.

… en CAC vraiment accueillants ?

Et voilà que les Centres d’Accueil des Citoyens (CAC) « nouvelle mouture » sont depuis début-Juillet à pied d’œuvre ! Les populations intéressées se mobilisent, rassemblent leurs fonds de dossier et ceux qui n’en disposent pas peuvent à bon droit s’interroger. Car il y a bel et bien du nouveau : même ceux-ci pourraient se faire enrôler grâce au simple témoignage de notables de leur village. Chaque CAC comporte un chef de village, deux membres de chaque localité, deux membres du conseil municipal et un membre de l’administration locale. Les obstacles sont quelque peu aplanis :au début de l’enrôlement, on exigeait tout un tas de paperasses et qui n’en disposait pas devait présenter un groupe de « notables » de son village d’origine pouvant certifier son identité ainsi que celle de ses parents et leur situation matrimoniale. On comprend ici les difficultés des citoyens ne vivant pas en leur lieu natal dont la CAC était souvent fermée ou très éloignée…

Outre cet obstacle, les fréquentes absences du personnel des CAC en commune rurale, le doute sur la  citoyenneté de certains requérants, la jeunesse des chefs de CAC, leur manque d’expérience et de courtoisie, le rejet parfois de dossiers bien ficelés avec des jugements de cadis absents eux aussi de leur lieu d’affectation, le tout couronné par le peu ou prou d’implication des maires et députés sur le terrain pour accompagner les opérations… Conséquences, de très nombreux mauritaniens devenus des « apatrides » en leur propre pays, d’autres dans l’impossibilité de voyager, des enfants interdits d’aller ou poursuivre leurs études à l’école…

Avec cette nouvelle opération, l’Administration se rapproche des citoyens, on exige moins de documents. Un simple témoignage suffirait à se faire recenser, alors qu’un chef de CAC pouvait naguère décider du sort de toute une famille, privant ainsi tous ses membres des plus élémentaires droits à l’enseignement, la libre circulation, la santé et autres services sociaux. Comme on le sait, l’état-civil était encore très peu ancré en certaines contrées au début de ce troisième millénaire. Exiger de leurs habitants des documents inconnus ou indisponibles à leurs parents : actes de naissance, certificat de mariage, recensement de 1998,etc. ;relève pour eux de la quadrature du cercle et ils peinent à obtenir des jugements établis par des cadis trop souvent absents de leur lieu d’affectation ou que les responsables des CAC pouvaient ignorer.

Aujourd’hui, les équipes de recensement peuvent se déplacer dans les villages, suivant un calendrier tournant établi avec la mairie, à la condition toutefois que ces localités disposent d’électricité. Dans le cas contraire, ce sont les citoyens qui se déplacent. Ils n’hésiteront pas, eux qui ont déjà passé des semaines – voire des mois – à se rendre dans les chefs-lieux de département pour tenter de se faire enrôler. Longtemps en vain. Avec enfin une chance aujourd’hui d’obtenir gain de juste cause ?

À nouveau tous ensemble ?

Question non moins pertinente : quand le gouvernement mauritanien se décidera-t-il à rapatrier les milliers de réfugiés mauritaniens encore au Mali et au Sénégal qui attendent leur retour au pays depuis 2007 ? Ils avaient cru à la volonté de feu le président Sidioca de rapatrier ceux du Sénégal avant ceux du Mali. Ould Abdel Aziz étouffa leur espoir par son coup de force d’Août 2008. Et ils attendent depuis. À en croire diverses sources, la détérioration de la situation au Mali pousseraient certains à se rapprocher de la frontière avec la Mauritanie. Rien n’est simple en notre environnement saharo-sahélien contemporain, tout se complique… Mais, bon, retenons simplement ici qu’une réelle volonté de simplifier le recensement de nos concitoyens est en cours d’ouvrage en Mauritanie. N’aurait-elle qu’une seule chance de s’imposer, soutenons-la ! Tous ensemble enfin !

Dalay Lam

LE CALAME

Le général Tchiani justifie le coup d’État au Niger par “la dégradation de la situation sécuritaire”

France24 – Chef de la garde présidentielle, le général Abdourahamane Tchiani a lu, vendredi, un communiqué à la télévision nationale nigérienne en tant que “président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie”. La junte qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum a justifié le coup d’État par la montée de la violence de groupes terroristes.

Le nouvel homme fort du Niger a parlé. Le général Abdourahamane Tchiani, chef de la garde présidentielle à l’origine du coup d’État ayant renversé le président élu Mohamed Bazoum, est apparu, vendredi 28 juillet, à la télévision nationale.

Il y a lu un communiqué en tant que “président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNPS)”, la junte qui a renversé Mohamed Bazoum.

Le général a justifié le coup d’État de mercredi par “la dégradation de la situation sécuritaire” dans un Niger miné par la violence de groupes terroristes.

Sous le président Bazoum, il y avait “le discours politique” qui voulait faire croire que “tout va bien”, alors qu’il y a “la dure réalité avec son lot de morts, de déplacés, d’humiliation et de frustration”, a-t-il dit.

Selon lui, “l’approche sécuritaire actuelle n’a pas permis de sécuriser le pays en dépit de lourds sacrifices consentis par les Nigériens et le soutien appréciable et apprécié de nos partenaires extérieurs”, la France et les Etats-Unis faisant partie des principaux.

“Le CSNP, par ma voix, demande aux partenaires et amis du Niger, en cette étape cruciale de la vie de notre pays, de faire confiance à nos Forces de défense et de sécurité, garantes de l’unité nationale”, a-t-il ajouté.

“Illégitime et dangereux”

Ce haut gradé discret commande la garde présidentielle depuis sa nomination en 2011 par Issoufou Mahamadou, prédécesseur de Mohamed Bazoum.

Sa prise de parole est intervenue au troisième jour de la séquestration du président déchu dans sa résidence privée située à l’intérieur du camp militaire de la Garde présidentielle, dont les commandants figurent parmi les putschistes.

Mohamed Bazoum, retenu avec sa famille, est en bonne santé et a pu s’entretenir au téléphone avec d’autres chefs d’État, parmi lesquels le président français, Emmanuel Macron, qui a condamné, vendredi, “avec la plus grande fermeté” le putsch l’ayant renversé et exigé sa libération.

“Ce coup d’État est parfaitement illégitime et profondément dangereux pour les Nigériens, pour le Niger, et pour toute la région”, a-t-il déclaré depuis la Papouasie-Nouvelle-Guinée où il se trouve en visite.

Jusqu’à cette déclaration, la France ne considérait pas comme “définitive” la “tentative” de coup d’État au Niger.

L’état-major de l’armée nigérienne avait apporté jeudi son soutien aux militaires putschistes.

Wagner en embuscade

“Ce qui s’est passé au Niger, ce n’est rien d’autre que la lutte du peuple nigérien contre les colonisateurs qui essayent de lui imposer leurs règles de vie”, aurait affirmé Evguéni Prigojine, selon un message diffusé jeudi soir par une organisation russe liée au groupe paramilitaire Wagner, dont l’authenticité n’a pu être confirmée.

Après le Mali et le Burkina Faso, le Niger, jusqu’alors allié des pays occidentaux, devient le troisième pays du Sahel, miné par les attaques de groupes liés à l’État islamique et à Al-Qaïda, à connaître un coup d’État depuis 2020.

Le Mali et le Burkina Faso se sont notamment tournés vers la Russie après avoir exigé le départ des soldats français de leur territoire.

Sur le terrain, les militaires putschistes ont annoncé “la suspension jusqu’à nouvel ordre des activités des partis politiques” et appelé “la population au calme” après des incidents lors d’une manifestation, jeudi, à Niamey, organisée pour les soutenir, pendant laquelle des drapeaux russes flottaient et des slogans anti-français étaient scandés.

La junte menacée de sanctions

En dépit de l’interdiction décrétée par les militaires, une nouvelle manifestation est prévue, vendredi, à l’appel d’une coalition de partis d’opposition au président Bazoum, qui “tout en désapprouvant tout changement par la force, soutient les motivations” des putschistes, selon un communiqué.

La junte, qui rassemble tous les corps de l’armée, de la gendarmerie et de la police, a suspendu les institutions, fermé les frontières terrestres et aériennes, et instauré un couvre-feu de 22 h à 5 h (21 h à 4 h GMT).

Les militaires ont également mis en garde contre “toute intervention militaire étrangère” évoquant dans une allocution télévisée “certains anciens dignitaires terrés dans des chancelleries en collaboration avec ces dernières [qui] sont dans une logique de confrontation”.

Le putsch a été vivement condamné par les partenaires occidentaux du Niger et l’ONU qui ont demandé la libération de Bazoum.

L’Union européenne (UE), par la voix du chef de sa diplomatie, Josep Borrell, a menacé, vendredi, de suspendre “tout appui budgétaire”.

Selon la cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) “va tenir une réunion au sommet vraisemblablement dimanche” où “d’éventuelles sanctions pourraient être décidées”, que la France soutiendra.

Avec AFP