Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Monthly Archives: April 2023

Ibrahima Mifo SOW, candidat de la diaspora aux législatives pour la circonscription Amérique du Nord : ‘’ Notre domination est si évidente que l’on est incapable d’imaginer à quel stratagème le système pourrait recourir pour nous faire échouer’’

Le Calame : La coalition CVE – CVE/VR vous a choisi pour défendre ses couleurs aux prochaines législatives dans la circonscription Amérique du Nord. Pouvez-vous nous dire la composition de cette circonscription ? Combien d’électeurs potentiels y sont inscrits et dans quelles conditions ?

Ibrahima Mifo SOW : Notre candidature a été suscitée et soutenue effectivement par les coalitions CVE-CVE/VR et le mouvement IRA en Amérique du Nord, mais elle est aussi et surtout solidement portée par un extraordinaire élan d’adhésion de toute notre diaspora qui se reconnait dans notre combat contre le système discriminatoire nationalitaire qui n’hésite même plus maintenant à transposer son funeste dessein contre nos compatriotes vivant en exil. Nous sommes réconfortés aussi par la présence à nos côtés de notre frère et ami Bakari Tandia, en tant que notre suppléant. Abou est un champion confirmé des droits de l’homme et des causes justes. Ces élections législatives se dérouleront uniquement aux USA alors que la circonscription électorale était supposée couvrir également le Canada et le Mexique. C’est une décision discriminatoire du pouvoir que nous avons vigoureusement dénoncée quand elle a été portée à notre connaissance. Elle n’est pas seulement qu’une confirmation de la gouvernance par des demi-mesures – qui est la caractéristique principale de ce régime -, mais ce qui inquiète davantage c’est qu’elle s’inscrit dans la même logique préférentielle qui fonde les pratiques politiques du système. Il n’y a qu’à voir le tri ethniquement orienté des pays étrangers dans lesquels nos compatriotes voteront pour s’en convaincre ! A l’arrivée, seulement 2 678 mauritaniens sont parvenus à s’inscrire ici pour les élections à venir. Pour beaucoup, c’était un véritablement parcours de combattant ! Imaginez, devoir voyager pendant plus de 24 heures, souvent sous des conditions climatiques extrêmes, pour aller s’inscrire et avec la perspective d’avoir à subir la même épreuve pour pouvoir voter un plus tard !

La diaspora s’est beaucoup plainte du nombre réduit de bureaux d’enregistrement pendant le Ravel mais en même temps en termes de bureau de votes. A votre avis qu’est-ce qui s’explique cette décision des autorités ? Avez-vous saisi qui de droit et quelle a été la réponse ?

 Il faut remarquer que tout le monde n’était pas logé à la même enseigne. Les Mauritaniens ici, aux USA en particulier, se regroupent, naturellement, par affinité de communauté ethnique d’origine et par zone de prédilection. Le pouvoir, qui pilote la CENI, s’est saisi de cette réalité pour pourvoir les principales villes de résidence de nos compatriotes qui lui sont favorables de centres de recensement. De notre côté, il nous a fallu batailler fermement contre ces choix inégalitaires, voire racistes, pour que l’on daigne déconcentrer un peu les opérations d’enrôlement, par le déplacement de court terme d’un agent de la CENI vers certains centres urbains où habitent des Noirs mauritaniens. Comment peut-on justifier autrement que par pure combine raciste, par exemple, qu’un centre de recensement permanent soit installé à la Louisiane pour s’occuper de moins de deux cents (200) potentiels électeurs alors que l’on tenait à ignorer la grande métropole Columbus où réside le plus grand nombre de Mauritaniens aux USA ! Ce qui s’est passé durant ce RAVEL ici est un favoritisme flagrant, à ciel ouvert, un fait accompli qui ne s’embarrasse d’aucun scrupule. Exactement comme le sont devenues toutes les discriminations subies par certaines communautés nationales en Mauritanie même.

 Vous aurez certainement à faire face à plusieurs concurrents dans votre circonscription. Quelles sont les chances de votre coalition pour remporter ? Avez-vous le sentiment qu’on s’achemine vers des élections libres et transparentes, le 13 mai prochain ?

 Nous ne craignons pas la concurrence. Au contraire, nous la trouvons indispensable en tous domaines et, en particulier quand il s’agit de gagner la confiance de ses compatriotes pour des charges aussi sensibles que celles de la représentation. Nous vivons depuis longtemps dans un environnement où la compétition, la compétitivité est la norme, la règle de vie. Mais bien évidemment, cela n’a de sens que quand les règles du jeu et les conditions d’arbitrage placent les différents concurrents au même pied d’égalité. Les interférences manifestes du pouvoir déjà observées en amont sur l’exécution des opérations déterminantes du recensement présagent la volonté de fausser les résultats des élections à venir. Mais notre domination est si évidente que l’on est incapable d’imaginer à quel stratagème le système pourrait recourir pour contrecarrer le destin.

Quels problèmes de la Diaspora allez-vous défendre au parlement, une fois élu député ?

Nous avons décliné notre programme sous forme d’objectifs, parmi lesquels : meilleure réinsertion des émigrés qui retourneraient au pays, pleine jouissance de leurs droits de retraités indifféremment dans les deux pays, rapprochement plus efficace de notre administration consulaire des lieux de résidence de nos compatriotes pour la prise en charge de leurs préoccupations, règlement de leurs problèmes d’état civil (un nombre considérable des membres de notre diaspora restent privés de leurs papiers mauritaniens), reconnaissance conséquente par l’Etat du rôle très important de la diaspora dans le développement de notre pays en lui consacrant un statut particulier… Mais les questions et enjeux nationaux nous interpellent aussi en tant que citoyens dont la vie, pour la plupart, a été marquée par les problèmes internes. Nous leur consacrerons, de ce fait, toute l’énergie que demande leur résolution.

 Au sortir d’une audience accordée par le Président mauritanien, la représentante des Nations-Unies en Afrique de l’Ouest et le Sahel a félicité le gouvernement pour la bonne préparation des prochaines élections. Votre réaction ?

 J’ignore de quelles conditions elle parle, mais ce que je constate sur le terrain, au niveau de la circonscription qui me concerne, c’est que des anomalies graves, capables d’entacher la crédibilité de ces élections, ont caractérisé la mise en œuvre de la phase d’exécution du recensement des membres de notre diaspora. En plus des cas observés d’inégale disponibilisation des centres d’enrôlement pour nos compatriotes selon qu’ils soient favorables ou non au pouvoir, il y a aussi que la durée consacrée au recensement en Amérique du Nord y a été injustement plus court. Je recommande donc aux observateurs étrangers, prompts à décerner des satisfécits, d’être un peu plus regardants sur les détails que ces régimes corrupteurs dissimulent sous des apparences reluisantes. Ces détails qui leur échappent font toute la différence.

Propos recueillis par Dalay Lam

Le président Ghazwani aurait-il un dauphin? par ELY OULD KROMBELE, FRANCE

Si l’histoire est le récit des événements du passé, le passé, lui, doit nous interpeller sur les enseignements des réalités empiriques léguées par nos prédécesseurs. Il est vrai que les enseignements tirés de notre histoire commune, nous instruisent souvent peu ou prou. Acteurs ou spectateurs de notre ” comédie humaine”, n’est-il pas temps de jeter par simple curiosité, un regard, soit-il furtif, sur l’exercice du pouvoir en général, et de manière particulière en Mauritanie? Car cette vieille entreprise humaine qu’est l’exercice du pouvoir, loin d’être une science exacte, ne découle plutôt que d’un mécanisme de valeurs intrinsèques, donc propres à  chaque acteur qui veut exercer ce pouvoir. Ainsi sont pris en compte la caractériologie dérivée de l’inné, de l’acquis, ou de l’environnement hostile, ou propice à chaque prétendant; d’où la grande différence d’approches dans la méthode de gouverner. Cependant, il arrive que la vraie personnalité d’un homme ne se dévoile qu’à l’instant même où il est au sommet de sa gloire. Allah m’a donné la longévité qui m’a permis d’observer le comportement de certains de mes contemporains, avec qui j’ai partagé la jeunesse, et qui , dès que nantis d’une situation lucrative ou régalienne, changent totalement, deviennent capricieux, le vent en poupe, comme si, auparavant ils n’étaient pas sortis libres du vendre de leurs mamans. Pour  ces carriéristes qui placent la fonction et surtout l’argent au-delà de l’intelligible, le vis-à-vis n’est qu’un niais du parterre, qu’il faut soit piétiné ou au demeurant méprisé. C’est ce qui a trompé l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz, surpris par la brusque hargne désobéissante du président actuel Mohamed Ould Cheikh Ghazwani, après plus de 40 ans d’effacement devant l’envahissante impériosité et surtout le culte de la personnalité que cultive l’ancien président. Pourtant Ghazwani, avant sa sortie de la caverne, a toujours fait son job correctement, car il sert d’abord la République. Et  tant qu’il n’avait pas le pouvoir, il n’interférait dans aucun sujet ni sensible ni anodin, pour autant qu’on ne lui avait pas demandé son avis.  C’est ce qu’on appelle la sagesse. A noter que depuis le jour où il est devenu président, c’était à Aziz de jouer désormais dans l’arrière-cour avec la sincérité et le dévouement dans les actes, comme il en a bénéficié lui-même de la part de son  successeur. Tout cela n’a pas fait comprendre à Mohamed Ould Abdel Aziz, que chaque chose a une fin, que les privilèges ne sont pas éternels. Ainsi l’on est en droit de se demander pour le cas spécifique de la Mauritanie si le système du dauphinat, est légitime et surtout s’il est productif?  Ne porte-t-il pas en lui-même les germes de son inefficacité? Enfin que se passerait-il, si un jour Ghazwani décidait de prendre à son tour un dauphin, en la personne par exemple du ministre de la défense, le général de 2ème section Hanena Ould Sidi, qu’on dit très proche de lui ?

  AZIZ-GHAZWANI : LA RUPTURE

   Même un dauphin constitutionnel peut s’avérer votre pire ennemi. Dès que vous tournez les talons, il sera en droit et en mesure de déconstruire tout ce que vous avez pourtant édifié ensemble. Mais dans ce cas de figure, Ghazwani est une exception, car on reproche même au président actuel de n’avoir pas  aussitôt  eu la volonté de se démarquer des orientations de son prédécesseur, qui au contraire fait tout pour déstabiliser son pouvoir. 

   Dans l’histoire africaine post-indépendance, on peut citer des exemples frappants. Au début des années “80”, le premier président du Cameroun Ahmadou Babatoura Ahidjo avait pris pour dauphin Paul Biya. Et puis les relations se sont détériorées et Ahidjo a même voulu reprendre le pouvoir. Mais c’est sans compter sur le manoeuvrier Paul Biya, qui est encore aux commandes, en vieillard sénile, tandis que Ahmadou Ahidjo est mort en exil, à Dakar le 30 novembre 1989. Les exemples ne manquent pas où les dauphins tentent d’effacer les traces même de ceux qui les avaient pourtant choisis pour leur succéder. Plus près de nous le cas du président sénégalais Macky Sall avec l’avocat célèbre et ancien président Abdoulaye Wade.  Macky a fini par emprisonner le fils de  Abdoulaye Wade, le fameux Karim. A l’exception mauritanienne, le système du dauphinat en Afrique comme il s’est passé au Bénin (Yayi  Boni avec Patrice Talon), en Angola (Dos Santos avec l’actuel président Jonas Lourenço)…n’a jamais produit les résultats auxquels le prédécesseur s’attendait, ou vis versa. 

  En Mauritanie, je défie quiconque de prouver que c’est Ghazwani qui a été à l’origine de la brouille avec Aziz. Si Aziz n’avait pas un caractère aussi particulier, il aurait été traité avec tous les égards dûs à un ancien chef d’Etat et ami de longue date, malgré tout ce que la majorité des mauritaniens lui reproche. Il faut reconnaître que les relations entre les deux hommes se sont totalement détériorées pour atteindre un point de non-retour. Si un jour nous devons consulter les annales de notre Histoire Nationale, pour savoir qui a raison, je ne douterai  pas que les Mauritaniens sincères sauront rendre un verdict juste.

  GHAZWANI-HANENA : LA LUNE DE MIEL, JUSQU’A QUAND?

   Sans mettre la barre plus haut, nous nous conterons de reproduire la remarque pertinente de la jeune servante de Thrace, il y a de cela plus de deux millénaires et qui a raillé l’éminent philosophe Thalès (à l’origine de l’axiome qui porte son nom), quand il tomba dans un puits, en “observant les astres”, au lieu de regarder autour de lui. Ainsi donc je suis persuadé qu’au lieu de penser à  une quelconque présidentielle,  le ministre de la défense ne doit, ne peut s’occuper que de questions sécuritaires inhérentes aux différentes missions des deux institutions, à savoir l’Armée et la Gendarmerie qu’il commande directement. Car il y a du grain à moudre et les récents événements liés à l’évasion des terroristes illustrent bien le rire devenu historique de la petite servante de Thrace. 

   Pour dire vrai, beaucoup de mauritaniens, qu’ils soient issus de l’opinion, des médias sérieux, de la sphère politique  ou même de l’intelligentsia, parlent de plus en plus du tandem Ghazwani -Hanena comme étant irréversible, pouvant ainsi aboutir à la conclusion d’un possible “dauphinat”. Certains esprits malintentionnés vous diront à cor et à cri que Ghawani est même sur le point de choisir Hanena pour lui succéder à la présidentielle de 2024 !!!. Je ne pense pas que ce soit une bonne initiative pour la Mauritanie, surtout pour la présidentielle de  2024, encore moins pour 2029, si  toutefois Ghazwani devrait briguer un second mandat (ce qui est vraisemblable). Le système du dauphinat a montré ses limites et il n’est pas inscrit dans le marbre que le choix d’un président sortant pour un dauphin constitutionnel, soit une bonne initiative, autrement une aubaine capable de raffermir la bonne gouvernance et améliorer surtout les conditions socio-économiques au profit des populations d’un pays.

  Le général HanenaOuld Sidi, en tant que ministre de la défense d’un pays aux portes du Sahel, doit d’abord s’atteler à la performance de son Armée. L’homme doit diriger et exécuter les décisions prises en conseil de défense. Il est aussi le garant de la sécurité nationale devant le gouvernement. Depuis 2019, qu’il est au ministère de la défense nationale, il avait le devoir de faire connaître la doctrine d’emploi élaborée par notre Armée. D’autant que la stratégie de presque toutes les Armées du monde s’articule autour de 4 points essentiels : prévention, dissuasion, protection et enfin intervention. Et c’est l’Etat-Major National qui doit se charger de l’application et de l’exécution de ces éventuelles opérations militaires. J’attire l’attention également du ministre que le monde dans sa sphère géopolitique, évolue vers une bipolarité entre un Occident jadis dominant et un autre pôle qui se concrétise, et dont l’embryon se dessine à travers le rapprochement Chine-Russie. La Russie, qu’il ne faut surtout pas ignorer, ni défier est à nos portes, présente désormais au Mali, probablement demain au Burkina et…encore. Je vous recommande de diversifier notre partenariat stratégique avec tous ces acteurs et ne pas l’orienter exclusivement vers les pays occidentaux, particulièrement la France et son encensoir qu’est le G5 Sahel. Il faut savoir tirer profit de la coopération bilatérale, d’où qu’elle vienne et pourvu qu’elle tienne compte  de notre souveraineté. Coopération oui, compromission, non…Il faut inscrire cet axiome dans notre doctrine d’emploi des Armées. Si vous faites pencher la balance du côté occidental, attention Wagner est à quelques encablures de Bassiknou,  et de Adelbagrou et un incident peut vite arriver. C’est une spécialité Russe quand elle se sent humiliée…Enfin et toujours dans le cadre de notre politique de défense, je constate qu’au moment où les “pauvres” pays que sont le Mali et le Burkina se prévalent de la possession de dizaines de drones de surveillance et d’attaque, la Mauritanie est dans l’expectative?  Peut-on savoir pourquoi, car nous avons le droit d’être informés sur l’avenir de notre nation commune? La Mauritanie a toujours été la pionnière de la sous-région en matière de lutte contre le terrorisme, pour défendre son intégrité territoriale, ses citoyens et leurs biens. Le chemin de la présidence passe par un satisfécit sans faute d’abord à partir du ministère de la défense nationale.  

   Vous voyez mon général, le chemin est long, et en citoyen mauritanien, j’ai le droit et le devoir de me préoccuper des performances ou des lacunes d’un ministère dont vous avez la charge et qui porte en lui, l’existence de notre patrie. Vous êtes un officier doué , vous connaissant depuis le grade de sous-lieutenant, très méticuleux, soucieux du petit détail. Alors mettez en exergue vos compétences militaires variées car vous ne ferez jamais un bon politicien. Si vous ne me croyez pas, en écoutant plutôt le chant des sirènes qui vous exaltent, essayez et vous serez moins performant que votre ennemi de toujours Mohamed Ould Abdel Aziz.

    En 2029, après le second mandat de Ghazwani, vous aurez plus de 70 ans, et ce n’est pas l’âge idéal pour briguer la magistrature suprême. Ghazwani, en ce moment  précis doit laisser les mauritaniens organiser des élections transparentes et céder la place à un quinqua ou un sexagénaire expérimenté, patriote, de bonne moralité, soit-il ancien militaire ou civil. Car le système du dauphinat ne sert ni le prédécesseur, ni le successeur, encore moins la nation, c’est plutôt un frein à l’exercice démocratique, un leurre pour tous les protagonistes./ .

le calame