Daily Archives: 12/12/2021
Le discours de Ouadane, par Samba Thiam, président des FPC
J’ai lu le discours de Ouadane. Il ne me parle pas ; il ne nous parle pas. Décrypté, il semble plutôt s’adresser aux haratines -Abeid, mais en filigrane, par circonlocutions, sans oser nommer les choses; sans oser nommer l’esclavage et ses séquelles, à l’origine “des préjugés et stéreotypes” qui frappent cette composante.
Il s’adresse aussi aux Arabo-berbères, comme le fit toujours ould Ghazouani en mettant le doigt sur la résurgence du tribalisme, pointé comme un mal pour la cohésion “nationale”. A aucun moment il ne parle de discriminations ou de racisme d’Etat, dont souffrent les négro africains, tous les jours.
Le président finit par poser que “l’état continuera à préserver la dignité, la liberté, et l’égalité des citoyens”. Mais égalité signifie égalité des langues et cultures, égalité à l’école et dans l’accès à l’emploi et à la promotion sociale, égale dignité surtout !
Or les écoles spéciales et les écoles d’excellence- symboles à outrance des discriminations ethniques et raciales- continuent de fonctionner après ses deux ans de mandat; la promotion récente des officiers pilotes ou des commissaires de police, puis chaque conseil des ministres, avec son lot de nominations, illustrent le contraire.
Le Président ajoute, plus loin dans son discours, “qu’il n’instituera aucun privilège sur la base d’une appartenance quelconque autre que l’Etat”; affirmation formellement controdite par les faits , au quotidien, dans tous les démembrements du gouvernement. A la tête de chaque institution créée, fut-elle la plus insignifiante, il faut un arabo-berbère – loi non écrite en application depuis les purges ethniques de ould Taya- .
Ce Président, en fait, toujour émet des vœux, ruse et use de slogans, sans jamais poser des actes forts, concrets, plus susceptibles de convaincre … Et l’on sait que la courtoisie toute seule ou la ruse tout court ne suffit pas pour gouverner.
L’Opposition doit, courageusement reconnaitre , que la seule difference entre ce commandant en chef et le précédent réside dans la courtoisie, la civilité, le côté avenant du personnage; dans la méthode de l’un et l’autre, à oser et assumer… Pour le reste rien a changé. Tous les deux sont guidés par la préservation du Système ; tous les deux restent mûs, par la même idéologie, plus ou moins. S’ajoutent à ce tableau le dossier des terres toujours pendant, ces répression brutales de manifestants pacifiques toujours en pratique , puis ces lois liberticides, récemment votées, qui conduisent , sans le dire, au culte de la personnalité.
Non, l’Opposition doit avoir l’honnêteté de reconnaître que sur le plan des attentes c’est la désillusion , la déception… Rien est mené fermement, rondement, assumé courageusement; on observe toujours un louvoiement, des hésitations sur les grands dossiers. Le Pouvoir dit s’attaquer à la corruption, et l’acte posé en conséquence, immédiatement par lui, a été de dire qu’il accroîtra le personnel du Contrôle d’Etat…Quel rapport ? il y a des dossiers tout ficelés qui n’attendent que d’être ouverts !
Dans la même foulée, le ministère de l’Education nationale, pour redresser ce secteur en déliquescence, se propose de recruter près de 2000 Enseignants. Mais recruter sans corriger les dysfonctionnements structurels majeurs ,pour ne pas dire l’anarchie générale qui y règne, recruter sans assainir au préalable, n’est-ce pas rajouter l’anarchie à l’anarchie ? La priorité est ailleurs, dans la mise en place des mécanismes pour installer l’ILN et démarrer l’enseignement des langues nationales! Par ailleurs -soit dit en passant- injecter 3 milliards d’ouguiyas dans des zones arides, sous-peuplées , pour quel rendement ?
Dernière chose pour finir, j’ai noté cette fois un silence complet, assez parlant, sur les perspectives des concertations-dialogue. Assez parlant, si l’on recoupe ce silence avec les omissions précédentes … Non, l’Opposition doit ouvrir les yeux et cesser de tenir au dialogue plus que la partie en face. Sans une volonté politique clairement affichée ou lorsque la partie adverse n’en voit pas l’impérieuse nécéssité et les enjeux, à quoi bon ?
Non, l’Opposition doit admettre qu’elle s’est trompée et oser tirer, courageusement, les conclusions qui s’imposent…Il y a risque d’être menée en bâteau, à la remorque d’un agenda qui, certainement, ne servira pas ses intérêts …
Samba Thiam
Président des FPC.
le texte intégral du discours du Président : OUADANE
“Au nom de Dieu le Miséricordieux
Et que les prières et la paix de Dieu soient sur son Noble Prophète
Monsieur le Président de l’Assemblée nationale
Monsieur le chef de file de l’opposition démocratique
Mesdames et Messieurs, Ministres
Monsieur le Wali
Honorables présidents des conseils régionaux, élus et maires,
Mesdames et Messieurs, membres du corps diplomatique
Chers chefs de partis politiques,
Mesdames et messieurs, invités de la ville du patrmoine
Mesdames et messieurs invités
Tout d’abord, je tiens à vous adresser, à vous les habitants de la ville de Ouadane, les meilleures expressions de remerciement pour l’accueil chaleureux et la véritable hospitalité de Ouadane.
Mesdames et Messieurs,
De par son rayonnement culturel et historique, son architecture unique, ses bibliothèques riches en manuscrits précieux, la ville de Ouadane constitue un trésor patrimonial rare.
Au fil des époques successives, cette ville a su être un pôle économique actif, un pont qui relie l’Afrique du Nord à l’Afrique subsaharienne, et une source de rayonnement civilisationnel généré grâce au génie de ses savants, à leur bonne humeur et l’abondance de leurs connaissances, ainsi que grâce aux capacités créatives exceptionnelles de ses enfants qui s’appuient sur divers services issus de l’artisanat traditionnel et du développement animal ou agricole, construction et autres.
Ce sont ces groupes qui ont pu vaincre les dures conditions naturelles, et sans leurs efforts légendaires, la ville n’aurait pas été formée en premier lieu, et elle n’aurait pas pu survivre et résister face des temps ordinaires, pour l’élever aujourd’hui comme un héritage précieux.
Ce qui m’attriste, c’est que ces groupes de notre société ont historiquement été victimes d’injustice et de vision négative, alors qu’ils sont à la bonne échelle, ils devraient être au sommet de la hiérarchie sociale.
Le moment est venu de purifier notre patrimoine culturel des vestiges de cette injustice odieuse et de se débarrasser de ces préjugés et stéréotypes qui contredisent la vérité, heurtent les règles de la charia et de la loi, affaiblissent la cohésion sociale et l’unité nationale et entravent le développement de mentalités conformes aux concepts d’État, de droit et de citoyenneté.
De cette place, j’appelle tous les citoyens à transcender les vestiges de cette injustice dans notre patrimoine culturel et à purifier les discours et les comportements de ces préjugés et faux stéréotypes. J’appelle également chacun d’entre eux à se dresser face à l’émergence du soi tribal ces jours-ci, qui contredit la logique de l’État moderne et ce qui nécessite de se soucier de l’unité nationale ainsi que des intérêts des individus eux-mêmes.
En passant, je voudrais souligner que l’État restera le protecteur de l’unité nationale, de la dignité, de la liberté et de l’égalité de tous les citoyens par la force de la loi, quel qu’en soit le coût, et qu’il n’établira pas un droit ou un devoir sur toute affiliation sauf affiliation nationale.
Mesdames et Messieurs,
Ce festival a pour objectif de célébrer notre patrimoine, de revaloriser ses villes, de les accompagner dans des projets de développement, de stabiliser la population dans leurs foyers et de stimuler les industries culturelles et patrimoniales.
Conformément à cet engagement, le gouvernement a procédé à une revue globale des modalités et des objectifs du festival et a alloué, en prévision de la version actuelle de celui-ci, plus de trois milliards d’anciens ouguiyas pour financer divers projets d’aménagement qui contribuent à améliorer l’accès aux services de base tels que l’eau, l’électricité, l’éducation, la fin de l’isolement, le soutien au développement agricole et animalier, et d’autres choses qui contribuent à la mise à niveau de la ville et de ses environs et à l’établissement d’un développement local conforme à ses caractéristiques patrimoniales.
Je renouvelle mes remerciements aux résidents et invités pour annoncer, avec la bénédiction de Dieu, l’ouverture de la dixième session du Festival de la ville patrimoniale, en souhaitant à tous succès et réussite.
Je vous remercie et que la paix, la miséricorde et les bénédictions de Dieu soient sur vous.
Le combat de nos langues nationales: Reponse A SAKHO
Il y a quelques mois, j’avais fait une réponse détaillée à un texte de Monsieur Sakho sur la transcription des langues en Mauritanie. Mais après avoir vu sa récente vidéo, je crois que j’avais un peu ‘surestimé’ la nature intellectuelle de son propos !
La seule question que je me suis posée après avoir vu la récente vidéo de Monsieur Sakho à propos de la transcription des langues est de savoir si ce Monsieur était vraiment à sa place…
Sait-il vraiment de quoi il parle? Connait-il seulement les enjeux de cette gigantesque question sous ses aspects primordiaux?
Professeur? Okay. Mais on en connait des nullards aussi.Chercheur? Peut-être. Mais on en a vu des improductifs !Donc, on doit se référer aux oeuvres et à leur qualité. Quelles sont les siennes sur cette question? Quelles sont les siennes tout court?
Il ne faut pas permettre aux individus en mal de création intellectuelle de venir saborder une construction de plusieurs générations. Venir piétiner l’oeuf et empêcher sa maturation. Nous renvoyer plusieurs décennies en arrière. Le classique de l’improductivité, de l’infertilité intellectuelle. De celui qui vend une position académique (Dr, Prof, que sais-je encore) en lieu et place d’idées novatrices à même de faire fructifier le contenu de plus d’un demi siècle de lutte, de sueur et d’essais.
Ces langues sont une affaire de plus d’une vingtaine de pays. Aucune irresponsabilité idéologique, incarnée en une solution nationale, ne permet de les ‘localiser’ et d’y introduire des barrières aussi isolatrices. Si vous avez un peu de force, essayez de penser donc au-delà des frontières, ne serait-ce que pour vous conformer à la réalité de votre sujet. Et vous vous rendrez compte de combien grande est la bêtise consistant à vouloir adopter une transcription différente selon les pays. Sinon, vous pouvez continuer de jouer le rôle du guignol de l’histoire et de la marionnette d’une politique adoptée par un système qui affiche ses intentions de tailler la Mauritanie à l’image qui lui sied: tout devrait être arabe, sentir arabe, parler arabe, écrire arabe, chanter arabe. Vous resterez alors un pion à déplacer sur l’échiquier de ce système.
Mouhamadou Falilou Sy dit Pullo Gaynaako