Monthly Archives: September 2021
Le président Abdou Diouf a juste manqué de courage / Par Ciré Ba
Suite à la publication par le site ODH-Mauritanie d’un extrait des Mémoires du président Abdou Diouf, je me permets d’apporter des éclaircissements avec la distanciation nécessaire et en toute objectivité.
Je le fais avec ma qualité de partie prenante impliquée : chef du département communication des Forces de Libération Africaines de Mauritanie (FLAM) au moment des faits. Parmi d’autres acteurs mauritaniens qui avaient trouvé refuge au Sénégal et qui pourraient apporter leurs contributions.
Extrait publié
Le président Abdou Diouf écrit « L’événement majeur de l’année 1989 fut cependant la grave crise entre le Sénégal et la Mauritanie, qui aurait pu déboucher sur l’irréparable.
A l’origine, il y eut un incident entre des agriculteurs sénégalais du village frontalier de Djawara, et des bergers mauritaniens. Des sénégalais furent alors arrêtés sur le territoire national, et emprisonnés à Sélibabi en Mauritanie. (…)
Je me rappelle les propos de certaines personnes qui me disaient : « Monsieur le Président, ce que la Mauritanie a fait est inacceptable, et il faut leur déclarer la guerre ».
Je dois avouer avoir eu beaucoup de difficultés avec les Sénégalais de la vallée du fleuve. Certains ressortissants de la vallée, qui étaient d’ailleurs mes amis, m’ont traîné dans la boue au cours de meetings, en disant que si je voulais la paix, c’est tout simplement parce que j’étais lâche (…)
Etant un homme épris de paix, je n’ai jamais cédé à de telles exhortations. Surtout, je sais que quand on commence une guerre, on ne peut jamais dire avec certitude, le moment où on va l’arrêter.
C’est donc fort de cette conviction que, dans cette histoire avec la Mauritanie, j’ai toujours écarté la solution de la guerre, pour miser sur une issue pacifique.
Cette option me semblait la plus bénéfique pour le Sénégal. En effet, après le conflit, lorsque tous les esprits retrouvèrent le calme, nous apprîmes que les Forces armées mauritaniennes étaient beaucoup plus armées que les militaires sénégalais. Saddam Hussein les avait équipées en missiles, et selon leur plan, ils devaient détruire Saint-Louis, et ensuite Dakar, si le Sénégal bougeait. » Soit.
Les incohérences, la vérité
Le président Diouf « homme épris de paix » a honteusement écrit aussi en page 280 de ses mémoires « … Il faut d’ailleurs dire que la qualité de nos relations, faites de complicité, aida beaucoup à calmer le jeu lors de cet épisode de l’histoire de nos deux pays. S’il n’y avait pas eu à la tête des deux Etats Maaouiya Ould Taya et moi-même, la situation aurait été plus grave ».
Le comble ! Quelle honte ! Cette médaille décernée à Maawiya Ould Sid’Ahmed Taya, architecte du génocide en Mauritanie et de mises à mort de sénégalais paisibles installés dans ce pays, est mal venue.
Ceci en dit long sur la posture du président Diouf à l’époque des faits.
Il n’hésite pas par la suite à tirer à boulets rouges sur certains de ses compatriotes qu’il qualifie de va-t-en guerre : Dr Hamath Ba et Aly Bocar Kane «Tous les deux, gagnés par la passion qui avait pris le dessus sur la raison, m’ont vraiment accablé. Ils n’étaient pas les seuls va-t-en guerre dans ce contexte de crise. On en comptait un grand nombre » écrit-il en page 283.
Calculateur, il s’abstient tout de même de citer les autres membres du comité de suivi et les autorités religieuses qui soutenaient ce comité.
Page 284, il écrit sans gêne « En effet, après le conflit, lorsque tous les esprits recouvrèrent leur calme, nous apprîmes que les forces armées mauritaniennes étaient en réalité bien mieux armées que les militaires sénégalais. J’ai eu la confirmation du soutien de l’Irak grâce à mon ambassadeur à Paris, Massamba Sarré, qui lui-même a eu l’information de l’ambassadeur d’Irak à Paris.
Ce dernier, lors d’une rencontre dans la capitale française, après s’être désolé de la situation entre les deux pays frères, lui avait affirmé qu’au cas où il y aurait une guerre entre le Sénégal et la Mauritanie, l’Irak serait du côté de la Mauritanie.
La raison en était que ce pays faisait partie de la nation arabe. Il s’agit d’un soutien fondé non pas sur la religion, mais plutôt sur l’idéologie du Parti Baas, à savoir le nationalisme arabe ». Simplement incroyable.
Un aveu étonnamment tardif dans la mesure où ce soutien militaire et multiforme de l’Irak à la Mauritanie se savait de tous et bien avant 1989, année du « conflit » entre les deux pays et de déportations de dizaines de milliers de noirs mauritaniens au Sénégal.
La réalité est qu’il voulait rester au pouvoir, un pouvoir qui lui échappait. Très impopulaire, « pris à la gorge » par les conséquences des ajustements structurels du Fond Monétaire International, contesté par une opposition très populaire, ébranlé par le soutien qui serait apporté par la Mauritanie aux séparatistes en Casamance, il tente de maquiller ce que certains de ses compatriotes qualifient de « capitulation » en mettant en avant des accusations portées contre certains de ses compatriotes décédés, originaires de la Vallée du fleuve.
Il n’avait pas besoin de vagues. Il ne voulait ouvrir sous aucun prétexte d’autres fronts surtout pas contre le régime militaire de Nouakchott dont les forces armées « s’apprêtaient à détruire Saint-Louis et ensuite Dakar » selon lui dans ses Mémoires, page 284. Pour rester au pouvoir, tout doit être lisse. Ainsi furent sacrifiés les exilés de force et les déportés mauritaniens.
Ciré Ba
Paris, le 09/09/2021
Guinée: Caporal en France pendant 15 ans, Doumbouya devient commandant sous Alpha Condé et…
Le jour où j’avais révélé le danger de cette force spéciale formée par le sanguinaire Alpha Condé, à la tête de laquelle un légionnaire radié est placé, beaucoup de Guinéens, émerveillés par un simple défilé comme des enfants, m’avaient traité de tous les noms. Alors chers compatriotes, vos héros d’hier sont devenus vos bourreaux impitoyables d’aujourd’hui car ces forces spéciales font partie de ceux qui procèdent aux enlèvements, séquestrations et assassinats des manifestants et qui terrorisent la population dans les quartiers), renseigne le site leguepard.net.
Le cas du fameux commandant Mamady Doumbouya est illustratif de la nature dramatiquement singulière du président Alpha Condé. Il y a des situations qu’on ne rencontre qu’en Guinée. C’est ce qui continue de distinguer ce pays comme étant le royaume des médiocres et de tout est possible. Pour Alpha Condé, rien d’autre ne compte si ce n’est son intérêt. Bon ou mauvais, c’est par rapport à son intérêt. La Nation et l’État sont des outils à son seul service. C’est seulement ce qui peut expliquer la nomination soudaine du Caporal Mamady Doumbouya en Commandant.
Ce monsieur n’a aucune formation militaire lui permettant d’être un simple sergent dans une armée normale. Raison pour laquelle, les 15 années qu’il a passé dans la légion étrangère en France ne l’ont pas mené plus loin que le grade de Caporal. La question que nous avons posée à notre source est la suivante :
Pour quelle raison le Caporal Mamady Doumbouya s’est soudainement retrouvé avec le grade de Comandant ? l’armée guinéenne ne compte plus de vrais militaires ? La raison est très simple dit notre interlocuteur. Face à la réticence de certains hauts gradés de l’armée Guinéenne de soutenir le projet de troisième mandat d’Alpha Condé qu’ils jugent porteur de germes de drames humains, le président se serait attaché les services de certains de ses proches à la recherche de ceux qui sont prêts à massacrer la population pour but de l’imposer aux Guinéens.
Selon notre source, c’est seulement te tels actes c’est-à-dire, transformer un simple Caporal en Commandant qui peuvent entrainer la folie comme celle dont est victime le Caporal Mamady Doumbouya qui s’engagerait à se livrer à des massacres de population pour une personne dont la vie et la carrière sont désormais derrière lui termine-t-il.
leral.net
Guinée-Conakry : les forces spéciales revendiquent l’arrestation du président Alpha Condé
Le Figaro – Une unité d’élite de l’armée a pris d’assaut le palais présidentiel dimanche matin, où résidait Alpha Condé, 83 ans, président depuis 2010.
Vers 8h ce dimanche matin, des tirs nourris d’armes automatiques ont retenti dans le centre de Conakry, aux alentours du palais présidentiel où se trouvait le chef de l’État, Alpha Condé.
En début d’après-midi, le meneur de ce qui se révèle être un coup d’État, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, est apparu sur une vidéo circulant sur les réseaux sociaux. Il y affirme détenir le chef de l’État.
«Nous avons décidé, après avoir vu le président qui est avec nous, de dissoudre la constitution en vigueur, dissoudre le gouvernement, et la fermeture des frontières terrestres et aériennes», a déclaré le putschiste, justifiant ce revirement politique par «le dysfonctionnement des institutions républicaines», «l’instrumentalisation de la justice» et «le piétinement des droits des citoyens».
En début d’après-midi, plusieurs images circulant sur les réseaux sociaux montrent le chef de l’Etat de 83 ans sur son canapé, la mine sombre, entouré des soldats d’élite.
Ancien légionnaire de l’armée française, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya commande le Groupement des forces spéciales (GPS), une unité d’élite de l’armée extrêmement entraînée et équipée. Selon le magazine Jeune Afrique, il aurait tenté, ces derniers mois, de renforcer l’indépendance du GPS vis-à-vis du ministère de la Défense, suscitant de facto la méfiance de l’exécutif. En mai, des rumeurs auraient même fait état, à tort, d’une possible arrestation de Mamady Doumbouya à Conakry.
Un troisième mandat décrié
Des habitants joints au téléphone, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat pour leur sécurité, ont rapporté à l’AFP avoir vu de nombreux soldats intimant aux résidents de rentrer chez eux et de ne pas en sortir. La presqu’île de Kaloum, centre de la capitale guinéenne où siègent la présidence, les institutions et les bureaux d’affaires, a un accès restreint du fait de sa géographie, permettant facilement un blocage par des troupes armées.
Aucune réaction des autorités n’a été formulée depuis dimanche matin. Depuis des mois, ce pays d’Afrique de l’Ouest parmi les plus pauvres du monde malgré des ressources minières et hydrologiques considérables, est en proie à de profondes crises politique et économique. Alpha Condé, 83 ans, a été définitivement proclamé président pour un troisième mandat le 7 novembre, malgré les recours de son principal challenger, Cellou Dalein Diallo, et de trois autres candidats qui dénonçaient des «bourrages d’urnes» et des irrégularités de toutes sortes.
La candidature du chef de l’État à un troisième mandat, après une réforme de la constitution fortement controversée, avait provoqué avant et après l’élection des mois de tensions qui ont causé des dizaines de morts dans un pays coutumier des confrontations politiques sanglantes. L’élection a été précédée et suivie par l’arrestation de dizaines d’opposants.
Par Le Figaro avec AFP
DÉBAT SUR LA TRANSCRIPTION DE NOS LANGUES NATIONALESLet’s be real, Mister Sakho !
DÉBAT SUR LA TRANSCRIPTION DE NOS LANGUES NATIONALESLet’s be real, Mister Sakho !Par Dr Mouhamadou Sy dit Pullo Gaynaako Ainsi donc rouvre le débat sur la transcription des langues non arabes de Mauritanie. Un débat conclu et clos depuis bientôt soixante ans, mais qu’une classe d’idéologues, en Mauritanie, continue de soulever pour la simple raison que la conclusion, pourtant basée sur une expertise bien solide, ne satisfait pas son idéologie conquérante. Il y a moins de deux ans, Pr Ely Moustapha soulevait la même question et prônait, avec beaucoup de méprises sur l’histoire récente de ces langues et leur lutte, et surtout du mépris, volontaire ou par mégarde, à l’égard des communautés concernées et les acteurs de cette lutte, la transcription des dites langues en caractères arabes plutôt que les caractères latins adoptés à la conférence de Bamako. Il y a quelques jours l’on a appris qu’une commission gouvernementale a été mise en place pour veiller à l’application de l’article 6 de la constitution. Le contenu de cet article définit les langues Arabe, Pulaar, Soninké et Wolof comme nationales et promeut l’Arabe à un statut officiel exclusif. À la tête de cette commission se trouve Monsieur Abou Sow, ancien ministre et fervent défenseur de la transcription des langues nationales en caractères arabes. Ce qui frappe dans cette commission c’est déjà l’absence des acteurs reconnus, pour leur compétence et leur dévouement, de la promotion des langues nationales, à commencer par ceux liés de près ou de loin au défunt institut des langues nationales. Comment pourrait cela s’expliquer si ce n’est par un souci de faire passer sans résistance aucune un projet d’empoisonnement de la lutte des langues non arabes du pays ? Il y a plusieurs choses à dire sur cette commission et sur l’article 6 lui-même et son injustice primordiale de laquelle découlent toutes les autres, mais nous y reviendrons une autre fois.La question de la transcription a ainsi inévitablement refait surface à la suite de l’annonce de cette commission et de son programme. Et cette fois, c’est Monsieur Moctar Sakho, dont je viens d’entendre le nom – et je ne le précise que par souci d’exactitude – qui dit nous appeler au « pragmatisme », à la « franchise » et au « réalisme », notamment par la formule « Let’s be real » martelée en point final de son texte. S’il n’y voit pas d’inconvénient, je me permets de la réutiliser. Car en effet, il faut bien être tout cela et regarder la question en face. Sur ce point, Monsieur Sakho, nous sommes vraiment d’accord. Et, il faut surtout analyser les données du problème de façon objective et méticuleuse et non se limiter aux impressions impulsives.Le texte de Monsieur Sakho recycle principalement le fameux argument coranique, dans une saveur qui se veut nouvelle.Tout d’abord, il prétend que l’apprentissage du coran est le point de départ de l’expérience scolaire des enfants mauritaniens, et donc cela peut servir de justification à la décision de changer de transcription en faveur des caractères arabes. En réalité, Monsieur Sakho, il n’en est rien ! les enfants mauritaniens ne commencent pas leur aventure scolaire par l’apprentissage du coran. Que faites-vous de la matrice culturelle et linguistique qui a accueilli ces enfants, à leur naissance, qui les a vu grandir, et qui a forgé les bases d’un certain nombre de leurs fonctions cognitives fondamentales ? Vous allez à l’encontre d’un nombre considérable de résultats scientifiques sur le développement cognitif de l’enfant et son apprentissage en tenant de tels propos. L’école, dans son sens qui sied à ce contexte, commence donc bien avant le coran ; c’est d’ailleurs ainsi que l’apprentissage même du coran utilise les acquis de cette école primordiale dans sa méthode mnémotechnique bien connue chez nous. Par conséquent, ce sont des enfants qui ont déjà expérimenté les vestiges d’une école traditionnelle et ayant subi l’encadrement de diverses institutions sociales, incluant des notions dans divers métiers, qui arrivent chez le maître coranique. En omettant cette réalité qui est loin d’être anodine, vous répliquez les erreurs du système qui a produit les échecs scolaires qui semblent vous préoccuper. Ensuite, vous affirmez, toujours dans le but de défendre une transcription arabe, que ‘notre culture quotidienne est largement arabo-musulmane’. Il faut avouer qu’il y a une certaine ambigüité dans cette affirmation. Mais comme l’on parle des langues non arabes de la Mauritanie, il est logique de considérer qu’elle se rapporte aux communautés non arabes du pays. Elle devient alors tout à fait erronée.Ce qui fait le socle de leur culture quotidienne n’est en aucun cas d’essence arabo-musulmane, ni linguistiquement, ni sociologiquement. Et dire ceci n’est pas nier les influences bien réelles que la culture islamique a sur ces communautés, mais c’est uniquement le faire avec mesure. Affirmer avec aisance une telle contre-vérité scientifique dont le contraire est vérifiable, autant à l’observation de la société en question qu’à la consultation de la vaste littérature de recherche qui lui est consacrée, est tout juste indigne de quelqu’un qui prétend faire une proposition d’une certaine clairvoyance scientifique. Vous nous avez appelés à la raison, en utilisant la malencontreuse formule de Senghor. Ce que, personnellement, je trouve très irrespectueux et mal placé. Tout de même, j’apprécie beaucoup l’invitation en tant que telle. Nous sommes ici précisément sur un terrain strictement rationnel. Vous ne serez certainement pas contre que nous adoptions une attitude logique vis-à-vis de la question, vu que vous l’avez vous-même demandé. Donc je suppose que vous êtes à l’aise.Vous dites avoir basé votre réflexion sur votre propre expérience. Expliquez nous alors comment votre expérience de praticien des langues vous a mené à la conclusion qu’en Mauritanie, toutes les langues devraient utiliser les caractères arabes. Avez-vous déjà été confronté à ces problématiques ? Mieux, avez-vous mené des études dont les résultats l’ont suggérée ? Si de l’expertise il y est, il ne suffirait tout de même pas de réclamer une profession pour la faire s’exprimer ; il faudrait, à la place, fournir des arguments solides qui relient vos observations à la théorie que vous en faites. Tout ceci en gardant à l’esprit que, sans une étude à grande échelle, ces observations personnelles n’auront que la valeur épistémique très limitée qu’un témoignage peut avoir. En tout cas, ce serait ainsi ; si jamais l’on décidait de faire les choses avec raison, comme vous le réclamez. Maintenant que nous avons discuté de la faiblesse des arguments principaux du texte de Monsieur Sakho, il convient d’exposer ceux qui sous-tendent la position opposée. Contrairement à ce que laisse penser un passage du texte de Sakho, l’argument des partisans de la continuation des caractères latins n’est pas basé sur le seul fait que l’UNESCO les reconnaît. Il y a des raisons de nature scientifique qui font qu’ils sont préférables aux caractères arabes, en plus des raisons culturelles, géographiques et programmatiques bien solides. Il y a deux ans, dans le contexte du même débat, il a été exposé le fait vérifiable, basé sur une analyse comparative des sons fondamentaux du Pulaar et ceux du Français et de l’Arabe, que le Pulaar partageait avec le Français 70,97% de ses sons fondamentaux contre 51,61% de sons partagés avec l’Arabe. Un an plus tard, dans une étude statistique sur l’utilisation relative des lettres Pulaar dans sa production écrite, j’ai pu calculer les fréquences d’utilisation de chaque lettre. Je tiens à préciser que l’étude n’était en aucune manière motivée par ce débat. D’ailleurs, qui l’a déjà lu peut, tout au plus, témoigner des motivations cryptanalytiques. C’est bien plus tard que j’ai fait la remarque évidente que ces données peuvent, en fait, raffiner l’observation basique faite ci-haut sur le rapport des sons. On trouve en fait que les sons du Pulaar extra-latins ne sont utilisés qu’à hauteur de 4,34%, ce qui veut dire que les 70,97% des sons que le Pulaar partage avec le Français expriment déjà 95,66% de la production écrite du Pulaar. La même observation montre que 72,65% de cette production est exprimée par les sons arabes. La différence est donc de 23,01% en faveur du Français, et des caractères latins donc ! Vous vouliez de la raison ? Elle est là exprimée par les chiffres et par la méthode dépourvue des sentiments. Reste à savoir ce que vous voudrez rationnellement qu’on en fasse !Rien qu’à ce niveau, on voit donc l’avantage phénoménal que les caractères latins ont sur ceux arabes dans le contexte de la transcription du Pulaar. La même conclusion devrait s’appliquer aux autres langues concernées vu leur parenté avec le Pulaar.Les autres arguments qu’il ne faudrait pas négliger non plus comprennent la standardisation : on ne peut pas sérieusement soutenir que des langues transfrontalières comme celles dont on parle adoptent une transcription différente selon la géographie. Cela constituerait un frein sérieux à leur développement qu’aucune solution nationale ne pourra résorber. Là aussi, let’s be real et pensons convenablement la question. La nature transfrontalière de ces langues et les peuples qui les parlent est un fait qui se passe de toute discussion et vouloir la tronquer pour satisfaire les caprices d’une idéologie est un manque de sérieux inouï qui, dans de conditions normales, ne mériterait qu’un petit sourire. Je crois que les penseurs africains auront toujours tort de vouloir confiner les réalités de leurs peuples dans les aléas géographiques des frontières insoucieuses de toute réalité culturelle ou économique des populations. Surtout, pas au moment où une nécessité pressante fait que même des frontières construites de façon progressive et reflétant une certaine logique historique sont en train de se fléchir au profit du contact des peuples plutôt que de poursuivre les rigidités nationalistes. La véritable Afrique est celle des peuples et non celle des états dessinés à la va-vite. Notre salut passera par le fait que les états finissent par le comprendre, et qu’ils arrêtent de céder au jeu dangereux qui est celui d’assister sans réagir à la mort des peuples (de leurs langues et cultures) quand ils ne l’accélèrent pas par diverses manipulations et mises en opposition génocidaires de leurs communautés constitutives. Ils ont tout intérêt à mettre l’accent sur ces ponts qui les relient de façon si profonde, et de mener des politiques de développement adaptées.La vocation de la Mauritanie, comme celle de tout état africain typique, n’est pas de se matérialiser en un terrain où une culture promue au sommet de l’état assimile -voire assassine – les autres. Il n’est pas question de requérir les mêmes traits culturels, linguistiques ou ‘transcriptifs’ pour garantir la paix dans un pays, surtout pas de le faire en sommant les défavorisés de l’état à rejoindre l’élu. Il est plutôt question d’admettre sa diversité et d’en faire une identité, une force ; d’accueillir l’éventail culturel, linguistique et historique ; d’incuber ces imaginaires dans le plus profond des programmes éducatifs et culturels pour espérer cueillir des créativités diverses. Cela nécessite une dimension dans nos réflexions qui va au-delà des frontières et qui permet de renouer avec notre trajectoire historique authentique.
DEVOIR DE MÉMOIRE ET REFUS DE L’OUBLI.
TÉMOIGNAGE
Exécutions, déportations et répressions au Guidimakha (sud de la Mauritanie) de 1989 /1990 : Peut-on les oublier nos victimes ?
Au cours de nos recherches de mémoire de maitrise (1997 ) intitulé (Les Peulh du Guidimakha,réparation et organisation sociale),nous avons enquêté sur les noms des personnes victimes (mortes,rescapées et déportées) lors des événements de 19 89 /90 dans la wilaya du Guidimakha.
Nous mettons à la disposition des lecteurs et tous ceuxquise sentent intéressés par cette question, qui un jour sera utile pour mettre de la lumière sur des cas qu’a connu cette région .Voire même pour contrebuter à la résolution du dossier du passif humanitaire, qui pour nous est loin être réglé.
Dans un premier temps, nous avons établi la liste des personnes civiles mortes suite aux tortures soit de l’armée soit de certains éléments de la garde nationale, de la police, et même d’une milice organisée par le gouverneur du Guidimakha à l’époque. Nous devons certaines informations aux rescapés qui sont encore en vie malgré les humiliations subies pendant cette période lourde de séquelles et de conséquences.
Dans un second temps, nous avons établi la liste de ces derniers et en fin celle des familles, personnes expatriées de la ville de Sélibaby et en fin la liste des villages déguerpis au cours de même période de tragédie dans notre histoire. Cependant nous tenons à préciser que d’autres cas existent dans cette wilaya.
A. /les exécutions
Dans la commune de Gouraye, plus précisément dans la localité de Boroudji, pendant la tabaski de 1989 sont arrêtés et tués par des militaires basés à Diaguilly les nommés :
1/ Killé Samba Ba
2/ Samba Diouldé touré
3/ Samba Yero Barry
Ces trois personnes sont enterrées dans une fosse commune entre Diaguilly et Moullisimo dans la même commune. Nous avons recueilli ces informations auprès d’Alassane kalidou Saoqui réside à Boroudji (rescapé de cette arrestation) et N’Dama Demba Sao qui était berger à Diaguilly, grâce à qui a d’ailleurs la fosse a été retrouvée. Toutes les 4 (les 3 tués et le rescapé) étaient allés vendre leurs bœufs pour les préparatifs de la tabaski.
A Moudji,dans la même commune ,le dimanche12 Ramadan1990 sont arrêtés et tués par un groupe d’hommes composé d’ éléments de la garde nationale, de la gendarmerie ,de la police et même des civils qui avaient comme prétexte la vérification des pièces d’identité.Il s’agit de
1/ Abdoulaye Galo Ba
2/ silly loumé
3/ Baillo M’bourel Ba
4/ Deya Sankoulé
5/ Boubou Mamadou Diallo
6/ Demba Sall de wendou Goubé
7/ Saidou Moussa Sow de Moudji
8/ Samba Barry
Nous devons cette information à Diallo Mamoudou Sinthiou (rescapé). Dans cette même commune toujours, le vendredi 1ér jour de la fête de Korité ( 1990) sont arrêtés pour ne plus être revus à feytas les nommés :
1/ Souleymane N’donguel Sow
2/ Souleymane Gory Sow (élève coranique)
3/ Boulo Sow
Nous devons cette information à Abou Hamady Sow (rescapé).
Jeudi, 24 Ramadan19 90 dans la commune de Sélibaby,dans la localité de woyndouyol (campement situé à 3 km de sélibaby>) sont tués:
1/ Harouna Ousmane Diallo
2/ Adama Oumar Diallo
3/ Galo Dieye Ba
4/ Yéro Hawa Dia
5/ Séyel M’Baye Ba
6/ Koudel Diallo
7/ Adama Bocar Ba
Ces 7 personnes sont enterrées dans une fosse commune près de Tomiyatt dans la commune de Souvi.
Sont rescapés:
– Harouna Omar diallo
– Yéro Samba yéro sow
– yéro M’Beri sy
– Doulo Dialo
– Moussa Douré
Ces informations nous ont été données par les rescapés.
Le 27 du mois de ramadan 19 90, ce fut le tour de Amadou Dadiouguel Diallo et de Moussa Ciré, Demba Mody Ba de disparaître
Le 28 du même mois Samba Kolo Ba(un mineur) est tué par prés de >Hamdallahi de la commune de >Hassi Cheggar.
Le 1ér jour de la fête de korité de la même année, Bala Sow est tué lui aussi à Bafou à quelques kilomètres de la ville de Sélibaby, ses vaches sont retrouvées 3jours après dans une clôture à soufi, chef lieu de la commune.
Dans la commune de wompou, meurent suite aux tortures des militaires : Mamadou Demba M’Baye et Samba Habi Ba de Diarrebé. La responsabilité de ces exactions est attribuée à ceux qui commandaient l’unité de l’armée basée à Tagou Talla avaient réclamé 20 beoufs pour les libérer. Le commandement de l’unité basée à Lougueré Poli Bodhedji est cité parmi les auteurs des ces crimes. Ces informations sont de Demba M’Baye, père des deux victimes, qui d’ailleurs a été emprisonné à >Nouakchott en même temps que Demba Rédou Deh et Samba Guessel Deh,Yaya Bocar sall (militaire) et Mamadou Gambi.
C’est par écrit n;535 PAG/CSJ du 7/6/90 et celui du 492/PAG:CSJ/ du 01/8/91 de l’avocat Général auprès de la cour spéciale de justice au ministère du Développement Rural que Demba M’Baye a été libéré. Pendant cette période, plusieurs personnes arrêtées au commissariat de police de Sélibaby la brigade de la gendarmerie, au camp de la 10ème région ont été déclarées mortes. Parmi elles, on peut citer : Yaya Tall, Dia Abdoul Modi Demba Diogoré Sow Abdoulaye Demba Rédou, Ifra Mamadou Samba Deh Samba Tibillé, Issa Mamadou Ifra Ba, Samba Modiel Ba et N’Gadiary leelé.
Dans la commune de khabou également étaient tués : Moussa Boubou de Touroula, Sadio, M’Baré tué entre Coumba Ndao et Touroula, YeroAlioun Sow tué et attaché derrière une voiture à khabou et Mamadou Coumba Sow, bucheron parti à ma recherche de bois.
A cette liste s’ajoute Hamadi Kibbo Diallo, tué à Goudiawol par un certain Brahim Salaye de la tribu d’oulad Béri accompagné de Zouber pendant que Saidou Abdoulaye Dia a été tué à windé Gniby dans la commune d’Arr.
Samba Racine Ba, un malade mental disparu a été retrouvé mort au cours de cette période aussi.
Hamady Sambel sow , Hamady Saidou sow, Ifra Bailo kanté qui étaient allés présenter leurs condoléances à Doumolly suite à la tuerie de Sambayel Niaka sow par Toumony et Med ould khay ont été déclarés morts. Les assassins de Sambayel Niaka ont été arrêtés grâce à Bamba ould Ely Maouloud, chef de tribu Tajounit.
En octobre 89, Ba Hadiya, directeur de l’école de Kalinioro de la commune de Boully a été tué à bout portant par un garde alors qu’il était venu s’enquérir des nouvelles de son neveu qui était à la recherche de ses vaches et arrêté par l’unité du garde assassin.
Dans le même village Djiby Samba, berger de profession a été assassiné à coups de bâtons par des hommes de la tribu de Hel mbarek alors qu’il rentrait de voyage du Mali.
Dans la localité de Mouta alla, 27 personnes ont été ramassées dans leur village et embarquées par une patouille militaire pour une destination inconnue. Selon Galo Penda Diam So ya de Seye Sidi (moughataa de Mbout) une femme et sa fille faisant partie de ce groupe de disparus ont été vues par lui même à Oualata et qu’il était prêt à témoigner à quelque niveau que cela soit. La commission interministérielle qui était chargée du dossier des refugiés, lors de sa visite à Sélibaby a été saisie pour cas. Mais en vain.
A Nébiya (commune de ould yengé),Adama N’Diaye et sa famille dont une femme qui venait d’accoucher ont été embarqués pour ne plus être revu et ses animaux emportés ,une seule vache a pu s’échapper pour venir se réfugier dans la localité de Boujoubayé. A cette liste s’ajoute Samba Modiel Ba de Dioubayé.
B/Rescapés des Tueries et Tortures
1/ Alassane kalidou sao de Borouji
2/ Demba Rédou Deh de sounatou
3/ Samba Guessel Deh de sonatou
3/ Yaya Bocar Sall de Sélibaby
Demba M’baye de Diarébé
4/ Samba galo Ba de sélibaby
5/ Sadio Alel Diallo de sélibaby
5/ Abou Hamady sow de sélibaby
6/ Mamoudou Sinthiou D iallo de kitan
7/ Yero Samba yero de woydouyol
8/ yéro M bery sy de woydouyol
9/ Moussa Douré de woydouyol
10/ DouréDIalo de woydouyol
11/ IssaSamba Ba de woydouyol
12/ Alassane Samba yero Deh
13/ Samba Galayel BA
14/ Samba Dopperé Ba
15/ Niaka Birass Dia
16/ Kane Amadou Demba
17/ Kibo Diallo
18/ Alasane Adel sow
19/ Moudou yero Nialé sow
20/ Demba Doudou Dialla
21/ Demba Hamady Deh
22/ Abou Galoyel Ba
Les 11, derniers ont été arrêtés dans le mois de septembre 89 dans un petit campement situé à l’est de Daffort lors que des vaches enlevées aux peulh dans le département de sélibaby et confiées à des maures de Doubaly par Tourad, juge d’instruction à sélibaby ont été razziées.
Après 4 jours de Tortures à Awoitawal, ils ont été envoyés à la brigade de gendarmerie de ould yengé pour 11 jours avant d’être envoyer à Sélibaby où ils sont restés pendant 9 mois et 13 jours en prison. Notons au passage que pendant leur séjour en prison, ils ont été obligés de signer le remboursement de ces vaches à hauteur de 6 vaches par individu soit au total 66 vaches pour être libérer.
C//les familles déportées de sélibaby et villages déguerpis:
– Famille de Sy Hamodine instituteur
– Famille de Hada Diallo, employé à la direction régionale de l’enseignement fondamental du Guidimakha
– Famille de Dia Adama Karou,instituteur
– Famille de Ba Mamadou Boye
– Famille de sow AMADOU,prof
– Famille de Boubou Guenguel
– Famille de Séga soumaré
– Famille d’ifra soumaré
– Famille de Belle soumaré
– Famille de Diallo Harouna tero
– Famille de Bambado camara
– Famille de Demba samba woury
– Famille de Y aya tall
– Famille de Bocar Hamady sall
– Famille de Sow Demba Malal
– Famille de yero Datt
– Famille de Mamadou TALL
– Famille de Malik Diagne Ba
– Famille de Sadio woury
– Famille d’Ismaila Sall
Et quelques personnes dont :
– Ba El Housseinou Bocar
– Hamady Maro sarré
– Belal AW, prof
– Diallo Kalidou yero Salam
– Ndim Mamadou.
Quant aux villages et /ou campements qui déguerpis on note:
Dans le département d’ould yengé:
– Gourel seydi Tabara – Mouta alla – Takadé Thierno Samba – Ould jiddou guanguébé et ould Jiddou foulabé – Goupou mbondi louboyré(revenu en 93)
Dans de Sélibaby on note aussi:
– loobiya
– kajel pobbi
– bafou
– talabé
– Gourel adama
– Sounatou
Pour finir, nous avons fait ce travail pour que l’opinion nationale et internationale sache que règlement du passif humanitaire est autre chose qu’une simple prière ou indemnisation de certains victimes. Les douloureux événements de 1989 et 91 qui ont secoué notre pays et menacé notre cohésion sociale peuvent pas être oubliés que quand il y a reconnaissance des torts et autres concernés que ceux indemnisés par l’auto proclamé président des pauvres alors qu’il les ignore. Nous espérons toute fois que justice sera rendue un jour à l’ayant droit et que l’impunité cessera dans ce pays pour consolider notre unité nationale.
Nous nous engageons à mettre à la disposition de tous ceux intéressés par ces cas la liste des tortionnaires et/ou de personnes ayant contribué à cela.
Signé Amadou Bocar Ba