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Rencontre CVE/VR – IRA Mauritanie
CVE/VR – Le Conseil des Présidents de la CVE/VR a reçu ce jeudi 13 février 2020 une délégation conjointe d’IRA Mauritanie et du parti RAG conduite par Madame l’Honorable députée Coumba Dada Kane et comprenant M. Balla Touré, Secrétaire général du RAG, M. Elhadj El Id, Coordinateur de IRA Nouakchott et Dah Boushab.
Après le discours de bienvenue du Docteur Alassane Dia, Mme Kane a pris la parole pour transmettre les salutations du Président Biram Dah Abeid et ses félicitations au Conseil des Présidents de la CVE/VR, suite à la mise en place des nouvelles structures de la coalition.
Ce fut ensuite au tour des membres des deux délégations de prendre la parole pour mettre l’accent sur la convergence des objectifs. Il en est apparu que les deux groupes sont tout autant animés par l’intention de bâtir une Mauritanie juste et égalitaire, réconciliée avec elle-même.
Les deux délégations sont convenues de se revoir très bientôt pour étudier les modalités pratiques de leur collaboration.
Nouakchott, le 13 Février 2020
La Cellule de Communication
MAURITANIE : U.C.N ET C.V.E/V.R LES PREMIERS PAS VERS LA RECONCILIATION NATIONALE.
Hier samedi 08 Février 2020, une rencontre historique s’est tenue dans les locaux de l’U.C.N l’Union pour la Cohésion Nationale, (mouvement apolitique à caractère social et humanitaire) dont le siège est situé au carrefour Ould Mah (Ksar).
Cette réunion, une grande victoire remportée par le rapprochement entre leaders politiques, s’est tenue dans un contexte historique particulier. Elle récompense les efforts inlassables et les très longues démarches entreprises depuis de nombreuses années par l’activiste politique Mohamed Dellahi président du Parti Mauritanien pour la Défense de l’Environnement (PMDE) qui tendaient à créer un environnement favorable à la mise en place d’un cadre consensuel pour l’unité et la cohésion nationales. La patience de ce combattant infatigable de la paix, de la justice, de la concorde et de l’unité nationale, un vrai panafricaniste, a porté ses fruits. Une réunion historique, d’un niveau symbolique très élevé, s’est tenue au siège de l’U.C.N. Elle a réuni autour de la table, tous les responsables de l’ U.C.N d’une part, et d’autre part, les dirigeants emblématiques de la C.V.E/VR, (la Coalition Vivre Ensemble /Vérité et Réconciliation). Dia Alassane, président de C.V.E/VR, Ibrahima Moctar Sarr Président de l’AJD/MR, et Samba Thiam président du FPC tous trois des leaders incontestés de la lutte pour une Mauritanie réconciliée avec elle-même étaient présents. Dans un cadre convivial, les différents responsables de ces mouvements issus de différentes sensibilités politiques ont échangés des propos très courtois et très sincères. Ils ontÂÂ convenu de se lancer ensemble dans une dynamique de rapprochement entre différentes sensibilités politiques nationales afin de trouver un environnement favorable pour une vraie solidarité et une inébranlable cohésion nationale.
Cette rencontre qualifiée par Samba Thiam de visite de courtoisie, et par Anna Aidara, la Vice-Présidente de l’U.C.N, de visite historique, a recommandé de créer un cadre de concertation en vue d’identifier tous les problèmes qui sèment des embûches sur le chemin de la réconciliation et l’unité nationale en vue de les surmonter et de leur trouver des solutions définitives pour asseoir une meilleure cohabitation entre les différentes communautés qui constituent les composantes de toutes les couches de la population de ce pays.
La rencontre a été très courtoise. Pleine de sincérité et d’espoir. Les propos tenus par les différents responsables étaient forts et très réconciliants aussi bien dans leurs formes que dans leurs contenus. On peut dire sans se tromper que la rencontre a vu naitre l’embryon d’une future coalition qui, une fois qu’elle prendra sa forme définitive, va reposer ses démarches sur un socle solide de coalition et de cohésion nationale pour un « vivre ensemble » où tous les mauritaniens dans leurs diversités ethniques seront tous égaux et fiers de leur nationalité.
Les deux parties ont convenu de la constitution d’une commission mixte en charge de mettre en place une feuille de route consensuelle pour faire un état des lieux et un diagnostic plus approfondi de tous les maux qui éloignent les mauritaniens les uns des autres, qui entravent l’unité nationale éclatée par trop de souffrance et d’injustice dont été victimes certaines composantes ethniques de notre pays en particulier la composante négro-mauritanienne.
Le Président de l’U.C.N, Monsieur Mohamed Dellahi très ému par la sincérité, la disponibilité et la bonne volonté affichées par ses hôtes a conclu que cette première rencontre historique sera inscrite dans les anales de l’histoire de notre pays. Parce qu’elle récompense trente années de concertation avec ces leaders politiques présents à la réunion. Elle va, plus tard selon lui, permettre de créer un cadre de concertation en vue d’examiner en profondeur tous les problèmes (même ceux qui fâchent), qui entravent l’unité nationale, pour trouver des solutions définitives aux problèmes qui divisent les fils de ce pays et pour laisser à nos générations futures en héritage une Mauritanie arc-en-ciel unie et paisible.
Mohamed Chighali
Posément, tout calmement, et sans emportement : l’Arabe est, en Mauritanie, la langue officielle et celle de tous les mauritaniens !
Mohamed Yeslem Yarba BEIHATT – Exit tout discours de démagogie, fourberie des hypocrites !
Aux orties toutes les méthodes sournoises qui ont tant malmenée notre projet laborieux de constitution d’une seule nation, unie, solidaire à jamais, en parfaite harmonie, et homogène ! Loin de moi toute idée de mêler une problématique d’utilisation d’une langue étrangère au Parlement ; question qui a trait à la souveraineté nationale ; à une autre question sacrée, qui est celle de l’unité de notre peuple.
Cette dernière étant devenue une sorte «Â d’épouvantail », pour nous faire peur ; mise aux mains des «Â pro-occidentaux-pseudo-constipés-limités-intellectuels », et servant comme un «Â étendard », pour les chasseurs dans les eaux troubles.
Et même si, en chantre ému de ma langue sacrée l’Arabe, défenseur à visage non caché, de l’arabisation totale, immédiate, mais sans démagogie ; ni tergiversation aucune, de tous les rouages de l’Etat mauritanien ; même si en tout cela, dis-je, je me suis senti offensé dans mon fort intérieur, par le fait d’entendre des voix qui s’élèvent pour maintenir au même pied d’égalité l’Arabe, notre langue commune et officielle, avec celle à relent colonial ; à aucun moment, je ne me suis laissé emporter. Et après moult réflexions, je me suis finalement décidé à m’exprimer en Français, malgré que, je pouvais le faire en Arabe.
Car, et à l’endroit de ceux qui ne le savent pas encore, je suis très à l’aise en Français, mais je le suis beaucoup plus en Arabe, et tout à fait naturellement, avec, bien entendu, plus de coudées franches, dans ma culture propre et authentique.
Mais pourquoi, ce choix ? Si je l’ai fait, c’est parce qu’il y a eu tellement de malentendus et d’amalgames, de la part de ceux qui ne peuvent voir que d’un seul bout de la lorgnette. Un constat de fait, qui me pousse donc à prendre à témoins tout ce monde, surtout ceux qui, comme nos pseudo-intellectuels d’ici, prennent le français et la France, pour des ‘’contes de fées à dormir debout’’ !
Alors, que ceux-là gardent les yeux grands ouverts, qu’ils mettent leurs mains sur leurs cœurs, et qu’ils retiennent suffisamment leur souffle, jusqu’à la fin de mes propos ; qui mettront à nus les vrais ennemis de notre pays, la Mauritanie. Et comme ce sujet récurrent, lancinant, douloureux à bien des égards, a fait couler beaucoup d’encre, pour ne pas dire de sang, dans notre pays ; l’abcès est à présent, non plus à badigeonner, mais à crever et à bien nettoyer. C’est le prix du recouvrement de la santé, en passant d’une convalescence teintée de rechutes, à la guérison totale.
Je vous préviens tout de go, cela risque bien, de faire parfois très mal, mais c’est le prix de la guérison. Le jeu donc, en vaut la chandelle.
Et comme le sujet n’est pas une partie de cartes, ni une randonnée de rafraîchissement et de détente, le sérieux et l’approfondissement nécessaires à ce débat nous dictent la méthode. Une méthode d’ailleurs très rigoureuse, pour pouvoir démêler toutes les ficelles de cet écheveau, devenu inextricable, comme l’ont voulu les prédateurs.
Alors, je vous propose d’examiner ce sujet en trois points, dont un, le deuxième, nécessitera le plus gros lot des développements qui seront faits. 1.De la nécessité d’une langue forte, unificatrice, pour bâtir un Etat fort.
Le meilleur exemple, pour ne pas le nommer, c’est la France. Cette force naguère coloniale, n’est devenue nation que grâce au Français. Je vais vous épargner tous les détails de la politique linguistique de la France, qui en grande nation, a su faire exploser le génie de peuples divers et variés, que pourtant rien ne réunissait au début, pour en faire, tout ce qu’elle est devenue aujourd’hui.
Si la France n’avait pas tranché sur la question de la langue, au début de son éclosion, en tant qu’Etat basé sur des institutions républicaines fortes, en imposant la langue française aux flamands, aux bretons, aux occitans, aux habitants de la Corse ; et affiché toute la rigueur et la sévérité dans l’imposition du Français, il n’ y aurait pas eu d’Etat français. Pour la raison suffisante que, pour un Etat fort, il faut une langue forte.
Sans parler de la Loi Toubon, qui, tout récemment, en 1994, est venue imposer l’usage de la langue française dans toutes les affaires de l’Etat français, la vie publique des français ; après que ces derniers ont senti la menace de l’Anglais. Normal. Pour que la France reste un pays fort, il fallait lutter contre l’hégémonie de l’Anglais. Et je vous invite à méditer ce passage de la version consolidée en 2019 de cette loi :
« Loi n° 94-665 du 4 août 1994 relative à l’emploi de la langue française.
Version consolidée au 19 décembre 2019.
Vu la décision du Conseil constitutionnel n° 94-345 DC en date du 29 juillet 1994, Article 1
Langue de la République en vertu de la Constitution, la langue française est un élément fondamental de la personnalité et du patrimoine de la France.
Elle est la langue de l’enseignement, du travail, des échanges et des services publics.
Elle est le lien privilégié des Etats constituant la communauté de la francophonie. »
Alors qu’en est-il chez nous, pour la préservation et la défense d’une langue unificatrice ?
C’est tout le contraire. Et à la place d’une langue, l’Arabe, que tous les mauritaniens avaient toujours eu en commun, comme seule langue savante, écrite et multiséculaire, répandue dans les mahadras du Fouta, du Walo, comme dans le reste du grand espace désertique que constituait la Mauritanie actuelle ; l’Etat mauritanien naissant s’est laissé tromper, par un colon plus rusé, plus puissant et, historiquement plus averti sur l’importance de la langue. Et de facto, par le truchement facile de cadres hautement qualifiés, à sa solde et dans sa langue, a causé l’irréparable.
Le colonisateur en imposant le français, a laissé en quelque sorte une bombe à retardement. C’est pourquoi j’ai toujours dit et soutenu que le Français, comme langue, est enfin d’analyse, la cause, à la source, de tous nos ratés. Ce n’est pas pour nous disculper nous mauritaniens, loin s’en faut, car au moins nous nous sommes laissés berner, sur ce point crucial et déterminant, pour toute l’évolution antérieure de notre pays. Donc, au début, et à la naissance même de l’Etat mauritanien, nous avons perdu la guerre des langues. Nous avons raté l’occasion, pour des causes essentiellement exogènes, mais aussi endogènes, de nous unir autour de l’Arabe.
Nul besoin donc de dire que si notre pays est encore faible, sur tous les plans, c’est qu’il n’a pas su s’approprier sa langue propre, unificatrice, car vecteur de valeurs communes à toutes ses composantes, qui n’est autre que l’Arabe. Nul besoin de rappeler que pour qu’un Etat soit fort, il faut qu’il tranche, et pour de bon et au début de sa constitution, la question la plus importante, qui est celle de la langue. Tous les troubles, toutes les secousses, parfois telluriques, que certains ont connu, avaient pour cause cette erreur impardonnable, commise à la naissance.
2. Les contre-vérités véhiculées par les ennemis de l’unité nationale.
Que n’a-t-on pas entendu, à propos de notre unité nationale. Le premier amalgame, savamment entretenu par les prédateurs de l’unité nationale, c’est cette liaison faite entre la question de l’usage du Français en Mauritanie et l’unité nationale. J’ai toujours dit, et sans démagogie aucune, que ce sont deux sujets complètement différents. Le français n’étant la langue d’aucun mauritanien, n’en déplaise aux niais, l’usage ou non du Français, ne devrait pas, a priori avoir à s’intriquer avec la question de l’unité nationale.
Mais comme les démagogues, politicards, pseudo-intellectuels de tous bords ont pernicieusement creusé et ancré l’idée de lien entre les deux questions, le Français est devenu aux yeux de beaucoup de fous de chez nous, comme la langue du soninké, du Peul, ou du Wolof. Alors qu’il n’en est rien. D’ailleurs, des années 50 et jusqu’aux années 70, les ‘’cultivés’’ en langue Arabe dans ces composantes étaient plus nombreux que ceux ‘’francophonisés’’. Et c’est là une vérité qu’on cherche toujours à occulter. Pourquoi ?
Pour prétendre que l’Arabe n’a jamais été celle des gens du Fouta ou du Walo ; alors que depuis El Hadj Oumar El Futtiyu, jusqu’à l’arrivée du colonisateur, l’Arabe était l’unique idiome de tous les mauritaniens. Tous, sans exception. C’est dire que l’usage ou non du Français, au Parlement mauritanien, qui est d’ailleurs sordide, honteux et déplacé ; est une question qui revient à tous les mauritaniens, pour décider de faire ou de ne pas faire, sans que cela n’impacterait, en quoi que ce soit, l’unité nationale.
Du moment où tous les mauritaniens, à travers leurs élus, tombent d’accord pour se rendre compte combien c’est vilain, insensé, et déplacé, d’utiliser une langue étrangère dans des débats sur des sujets purement mauritaniens ; qui se déroulent sous la coupole, ou plutôt le toit, d’une assemblée sensée représentée le peuple mauritanien, et partant ; tenue à refléter sa diversité culturelle enrichissante ; et décident par conséquent, de n’utiliser désormais que les langues nationales ; cela devait constituer plutôt un bon signe. Celui du recouvrement enfin venu, et après plusieurs années d’errance, de la pleine et entière souveraineté d’un pays libre et indépendant.
N’eût été la démagogie des parties fantoches, qui ne représentent plus que leur sigle et leur entête, la dernière décision de recruter des traducteurs pour assurer la traduction seulement entre les langues nationales, constituait plutôt un réel pas vers le respect des électeurs qui ont donné leurs voix à ses parlementaires pour les représenter, et parler en leur nom. Et que dire de l’ingérence de Radio France, TV5 et autres media français, dans cette affaire hautement souveraine, discrétionnaire et apanage exclusif de tout un pays souverain, libre et indépendant.
C’est une ingérence pure et simple, contraire à toutes les règles du droit international. Mais, bof, ils nous ont habitué que ce dernier n’a de sens que quand il s’agit de ‘’leurs’’ droits. Mais, qu’ils se rendent compte que, dorénavant, et c’est valable non pas seulement pour les mauritaniens, mais pour tous les pays africains ; les français ne pourront plus continuer à semer la zizanie et la discorde entre pauvres africains, à chaque fois que ceux-là réclament leur plein droit à utiliser leurs langues nationales ; au moment où eux, français en France, applique à la lettre la Loi Toubon. C’est tout simplement dingue.
En plus, c’est une infantilisation outrageante, un aveuglement bête, et un cynisme politique criant. Comment se permettre d’imposer l’usage du français dans tous les rouages de l’Etat en France, et priver les africains d’utiliser ‘’occasionnellement’’ et dans leurs ‘’parlements’’ -je me retiens de piaffer sous cape!- leurs langues nationales ? Insensé. Je vous laisse expliquer !!!!
Ceci dit, et pour revenir à nos moutons, personnellement, je pense que l’acquis qui a été réalisé avec la décision, même non largement discutée et préparée à l’avance, de favoriser l’usage des langues nationales était plutôt un acquis. Y revenir, par un ‘’cafouillage’’ de communiqué qui, comme on dirait, venait d’une partie qui sentait le courroux venir d’ailleurs, et cherchait à se racheter devant ses tous puissants maîtres français ; devait marquer le comble de l’humiliation de soi-même, et la bassesse sous ses ultimes limites.
A ceux qui l’ont rédigé, pour plaire à la France, et pour montrer pattes blanches à notre ancien colonisateur, je dis : ‘’Shame on you !’’. Un Parlement, ô suppôts, est le symbole de la souveraineté par excellence d’un pays, supposé être libre et indépendant. On n’a pas à s’excuser d’y imposer nos langues nationales. C’est notre plein droit, bigre ! Un parlement mauritanien qui utilise la langue française comme langue de travail et de débat est une honte. Les français vous le diront avant moi.
En plus, l’Arabe, et que tout le monde le sache, dans ce pays appelé la République Islamique de Mauritanie, n’a pas à chercher le droit de cité. C’est notre langue officielle. C’est la langue de notre Livre Sacrée Le Coran. C’est celle de notre Prophète Mohamed –PSL-. C’est le véhicule multiséculaire de toutes les connaissances dont se targue l’Occident de nos jours. C’est la langue qu’ont défendu et continueront à défendre, avec toute la véhémence, la force, l’énergie, et la dévotion qu’il faut, tous les fils de ce pays. Tous. Les Halpulars, les Soninkés, les Wolof, tous , sans exception, font leurs cinq prières quotidiennes dans cette langue, font les louanges de leur Prophète-PSL- dans cette langue.
Ont aimé, adolescents, leurs édulcorées dans cette langue, ont partagé dans cette langue, ont chanté les ‘’Muallakat’’, sur les dunes de sables, dans les oasis et les savanes ; se sont représenté tous ‘’Antar’’ et sa bienaimée ‘’AABLA’’ ; ‘’KAIS’’ et ‘’LAILA’’, ont commercé dans cette langue… Prétendre, qu’en Mauritanie la langue Arabe est celle des arabo-berbères seuls est une contre-vérité pernicieuse. Tous les fils de ce pays, ensemble, par une seule voix, à l’unisson et sans exception vous le diront : l’Arabe a été, est et restera notre langue en partage. Nous sommes tous musulmans. Et c’est un devoir qui nous revient tous de la défendre.
Quant aux autres langues nationales, il est tout à fait normal de les entendre au parlement, non ? Ne sont-elles pas nationales ? Les mauritaniens n’ont-ils pas droit de parler leurs langues, sur leur territoire, au sein de leur parlement ? Quoi de plus naturel ? C’est le comble du non-sens !!!!
Alors, attaquons, pour examiner en profondeur, la première contre-vérité.
2.1. Contre vérité n°1 : La langue arabe n’est pas une langue moderne.
Pour cette insanité, je dirais tout simplement que si modernité veut dire technologie, sciences pures, sciences humaines, art, sport, media ; allez voir la publication maintenue du plus prestigieux journal de recherche scientifique dans le monde, à savoir la Revue ‘’NATURE’’ qui paraît, soit dit en passant en Anglais, et non pas en Français.
Eh bien, sa version arabe est assurée depuis plusieurs années, et les savants en traduisant à l’Arabe n’ont jamais trouvé de difficultés pour rendre, tels qu’ils sont les termes scientifiques de la technologie et des sciences les plus pointus, vers l’Arabe. Il n’y a pas un terme scientifique ou technique, aujourd’hui, qui n’ait pas son équivalant en Arabe.
Pour le sport, je vous laisse méditer le cas de l’expérience fulgurante de ‘’Beine-Sport’’, qui a tué, dans son fief, Canal-Horizons. Et les entraîneurs, hauts techniciens de sport, commentateurs de matchs les plus inspirés, fous, férus de sport en tout genre, surtout de foot, qui se content maintenant par milliers. Sans citer, dans le domaine de la presse et des media, la réussite d’Al-JAZEERA qui rivalise, de nos jours avec, CNN et CBS.
Les acteurs, les films, le théâtre, il y a tout un beau monde pour cela, aux quatre coins du monde musulman, et en arabe. Sans compter la presse électronique. Rien que chez nous, comparez les sites d’informations, en nombre et en qualité, vous verrez ceux en Arabe dépasser et de très loin ceux en Français. C’est dire toute la vitalité et la vigueur de la langue Arabe. Et pour l’information des ‘’étriqués’’, un regain certain et inouï pour l’apprentissage de l’Arabe se fait sentir de plus en plus en Allemagne, en Grande Bretagne, en Suède, au Canada, aux Etats-Unis, au Brésil, en Corée du Sud, en Chine, au Japon et même en France. Alors, l’Arabe langue moderne ou pas ?
2.2. Contre-vérité n°2 : La langue arabe est une langue esclavagiste.
Pour cette monstruosité, je dirai qu’il s’agit là d’un outil de sape utilisé sournoisement par les prétendus défenseurs de droits de l’Homme chez nous, qui d’ailleurs persistent et signent, en ne publiant leurs communiqués en qu’en Français. Pour une diabolique lecture que se sont fait quelques ennemis de l’Islam, qui l’ont réduit à un simple outil de soumission, alors qu’il constitue en esprit et en lettre, exactement le contraire de ce qu’ils prétendent.
La langue du Saint Coran, l’Arabe, est celle par laquelle les ‘’intouchables’’ ‘’esclaves chosifiés’’, de la Mecque, en 571, ont senti les premières bouffées de liberté, et ont vu les premières lueurs de de leur dignité humaine. Qui sont les ALU YASIR, Ammar et toute sa famille ? Qui était BILAL IBNU RABAH, et sa mère HAMAMA ? Qui est SOUHAIB ERROUMI, qui est SALMAN EL FARISI ? Qui était KHABBAB IBNU AL’ ARATT ? C’est en langue arabe que tous ces ‘’damnés de la Mecque’’ d’avant l’Islam, ont goûté la saveur de leur liberté, et redevenus ‘’humains’’ grâce à l’Islam, et sa langue arabe. C’est en Arabe qu’ils ont adoré Allah aux côtés de leurs frères, devenus tous égaux, en toute justice et équité auprès des autres compagnons du Prophète Mohammed –PSL-.
Sur ce plan donc, il n’y a rien à redire. Et si, au gré de quelques circonstances et vicissitudes propres aux évolutions, en tout genre, des sociétés humaines et des peuples ; et à un moment donné de l’histoire, quelques autres gens, dans une ou autre contrée donnée, ont commis le péché de renverser cette image, il va sans dire que la faute ne concerne en rien l’Arabe, ni l’Islam.
2.3. Contre-vérité n°3 : La langue arabe ne peut pas suivre les évolutions scientifiques et technologiques modernes.
C’est une autre aberration qui ne dit pas son nom. Elle est à rapprocher de celle du point 2.1. Il faut dire que chaque jour, la langue arabe prouve exactement le contraire. Parmi l’équipe, par exemple, qui a suivi et commandé depuis la Terre, la mission Apollo en 1969 ; il y avait quelqu’un qui parlait Arabe. C’était l’égyptien Farouk El Baz. Chez nous, Mokhtar Hamidoune, -que Dieu ait son âme et lui ouvre son Paradis-, n’a pu devenir ce qu’il était devenu, que parce qu’il a fait ses études universitaires d’abord, tout en Arabe, à la Faculté des Sciences, Option Maths, de l’Université Ain Chams, en Egypte.
Et on prétend, que cette Université lui aurait écrit sur son diplôme, ‘’Il suffit à la Mauritanie, et de t’avoir enfanté. Tu fais la fierté de ton pays et de toute ta Nation’’. Il fut le premier professeur à enseigner les Maths en Arabe, en Mauritanie. Et une fois en France, il n’a jamais eu de difficultés pour poursuivre, grâce à un enseignement en Arabe, à la base. Les ingénieurs, les mathématiciens, les informaticiens, les médecins, les avocats, les artistes, et tout ce que vous voulez ; formés en Arabe, sont nombreux dans notre pays.
Jamais l’Arabe n’a été un frein dans leur apprentissage de n’importe quelle discipline. D’ailleurs, je vous ferai une révélation, concernant le Bac ‘’C’’, c’est-à-dire, celui des Maths, en filière arabe, pour vous dire qu’il a enregistré plusieurs cas de réussite, de quelques génies venant tout droit de nos ‘’Mahadras’’ ; c’est-à-dire, de milieu arabophone par excellence !
Donc, l’Arabe peut très bien suivre les évolutions scientifiques et technologiques modernes, aussi bien par ses valeurs intrinsèques, en tant qu’idiome, langue savante, miraculeusement encore aussi ‘’vivace’’, toujours rajeunie, et capable de servir en toute époque, que par la preuve, de réussite, en fait, dans ces domaines scientifiques, de ceux qui la pratiquent. Que de contre-vérités donc !
2.4. Contre-vérité n° 4 : La langue arabe est un outil de domination qui servira à soumettre les négro-africains.
Cette contre-vérité porte la marque indélébile des politicards qui roulent leur bosse partout, à la recherche de miettes, en commercialisant des injures et des calomnies à l’égard de leur pays. Dans notre pays, jamais l’Arabe n’a servi d’outil de domination. Au contraire, c’est l’élite francisée, corrompue, vendue, et aliénée constituant la bande de meutes aux commandes, qui a rendu ce pays exsangue, en quelques décennies de prédation, inégalée au monde.
Un pays riche en ressources naturelles, avec une population qui ne suffirait pas à remplir un coin d’une des grandes mégalopoles de notre monde d’aujourd’hui, s’est vu essorée, par des détourneurs de deniers publics, à majorité francisés (précision : j’utilise le terme ‘’francisé’’ à la place et au lieu de celui de ‘’francophone’’ que je trouve inapproprié, fallacieux et bête ; car il ne correspond à rien. Parce qu’il n’y a pas d’Africains à ‘’Phonie’’ c’est-à-dire à ‘’voix ‘’ou ‘’parlé’’, comme les français !!!).
Maintenant, aller jusqu’à dire que l’Arabe ‘’servira’’ ; au futur, je trouve que c’est tout simplement idiot. Pourquoi ? Parce que à aucun moment, les arabo-berbères de ce pays n’ont œuvré, en tout cas depuis la naissance de la Mauritanie moderne, à quelques actes, pour ‘’soumettre’’ leurs concitoyens non-arabes, qui plus est, grâce, ou par le biais de l’arabisation. D’ailleurs je trouve que ce dernier terme est inapproprié, parce que ici chez nous, et dans l’état normal des choses, personne n’arabise personne, parce que, comme je l’ai dit et redis, l’arabe est la langue civilisationnelle de tous les mauritaniens.
Et quand je dis ‘’civilisationnelle’’, je parle des valeurs sacrées qu’on se partage, qu’on s’est partagé, et qu’on se partagera toujours sur cette terre. La cohabitation pacifique, le bon voisinage, le respect mutuel, l’entraide, l’unité de tous, lorsqu’il s’agissait de défendre ce pays, ont été toujours bien observés, et n’ont jamais été l’apanage exclusif d’une composante de notre peuple, à l’exclusion d’une autre. Et lorsque nous nous approprierons tous -et pour bientôt, comme je le souhaite fort- notre langue commune, celle officielle, nous ne le ferons tous ensemble.
En ce moment, l’Arabe sera pour tout le monde, comme il se doit de l’être, et de le rester toujours. Tout l’effort qu’on a consenti pour maîtriser les langues étrangères, nous devons le faire, pour se ‘’réapproprier’’ notre force commune, notre marque d’identité cultuelle, notre belle et prestigieuse langue savante qu’est l’Arabe. En réécoutant les cassettes du feu, IMAM ABDUL AZIZ SY, vous entendrez une éloquence qui fera rougir plus d’un arabe dans ce pays. A entendre notre illustre professeur Cheikh et Cadi YERO KIDA –que Dieu lui accorde encore longue vie- composer des vers de nostalgie de la ville d’Aleg, en poésie arabe classique pure et dure ; on se rend compte que l’Arabe n’est pas la ‘’propriété’’ , ni ‘’l’apanage’’ exclusif des maures. Au contraire, elle appartient à tous les mauritaniens qui ont su l’apprendre et l’aimé. Donc arrêtons de dire du n’importe quoi !
2.5. Contre-vérité n°5 : L’arabisation de l’Etat, à tous les niveaux, entrainera l’exclusion des cadres formés en français, essentiellement négro-africains.
De prime-abord, il y a autant de cadres, des maures que de négro-africains, qui seront exclus, suivant cette idiotie !!! Arabisation totale, immédiate, à tous les niveaux ? Oui. Car comme nous l’avons dit, un peu plus haut, pour un Etat fort, il faut une langue forte, c’est-à-dire, répondant aux critères de développement syntaxique suffisant, de longévité suffisante, d’ancrage local suffisant, et de ‘’maturité’’ satisfaisante.
Tous ces critères, objectivement parlant, ne se trouvent réunis, chez nous que dans l’Arabe. Mieux, à côté de l’Arabe, les langues les plus développées de nos jours, ne sont que de simples et vulgaires dialectes. Et ce n’est pas pour rien que l’Arabe a été choisi par le Tout Puissant, l’Omniscient et l’Omnipotent, pour constituer le ‘’réceptacle’’ du dernier Livre Révélé, le Coran. Les subtilités du message divin, sa transcendance, la polysémie de ses vocables ; et en Arabe, le rôle du graphème même, la nature même des phonèmes ; font des glissements stupéfiants des champs sémantiques, entre versets coraniques, matière d’exégèse et de recherches linguistiques intarissables.
En plus, il suffit de rappeler ici que la transmission de tout l’héritage des civilisations, indienne, égyptienne, et gréco-romaine, a été brillamment assuré par cette langue miraculeuse, qui a défié les siècles, pour devenir presque ‘’atemporelle’’, s’adaptant merveilleusement à tous les milieux, les continents, et les sociétés humaines ; pour devenir celle ‘’universelle’’, au sens littéral du terme, c’est-à-dire ici, au vrai sens du terme !!!
Etant ainsi le cas, qu’est-ce qui a privé notre élite pseudo-intellectuelle de s’intéresser, depuis l’indépendance, -car avant ce n’était nullement le cas, à s’intéresser à cette richesse commune ? Ce n’est que le désistement, l’inadvertance, la nonchalance, l’effacement et le replis civilisationnel qui l’a entraîné.
Autrement dit, le choix de la pente de la facilité, la paresse intellectuelle ; se contentant de ce que les français ont si brillamment produit et préparé comme production scientifique et technologique pour eux-mêmes, ( riches et colorées encyclopédies, des dictionnaires réédités chaque année, des profs coopérants très motivés des années 60, des maisons d’édition entièrement au service de l’édition scolaire, à tous les niveaux, les Bordas, les Faire le point, les CESSAC, Les Vuibert, La Collection Durrande-Such, et autres ; LAROUSSE, ROBRERT, HATIER, HACHETTE, GALLIMARD, DUNOD, BELIN, et des expériences pédagogiques brillantes tels que l’IPAM, etc…) ; les africains se sont contentés de cette culture, en quelque sorte ‘’peluchée’’, comme le disait ALAIN ; pour ne rien produire, pour ne rien faire dans leurs propres langues.
Pas même l’effort d’imiter. Nous nous sommes contenté de rabâcher, oubliant que cette culture-là, cette production, ce progrès n’est pas le nôtre, mais celui de ceux qui, un bon jour, sont venus, nous soumettre, pour disaient-ils, nous civiliser !!! Et alors, nous africains, nous mauritaniens qu’est-ce qu’on a produit pour nous-mêmes ? Qu’est-ce qu’on a ajouté depuis AL KHAWARIZMI, El BEYROUNI, EL KACHI, AVICENNE et AVORROES, pour ne citer que ceux-là.
J’ai la certitude que, par une prise de conscience réelle de la part de tous, la chance nous est aujourd’hui offerte, grâce notamment à la révolution numérique, de revoir tout ça, de rectifier le tir, et commencer à nous ‘’réapproprier’’ notre rempart, notre refuge intellectuel commun, que constitue la langue arabe, pour commencer tous : Arabes, Halpulars, Soninkés, Wolof- à produire en Arabe, à traduire massivement à l’Arabe, à forger notre identité et nos choix culturels purement ‘’mauritaniens’’.
Ni choix locaux irakiens, ni choix locaux saoudiens, ni choix non plus sénégalais ou maliens. Choix consciemment, librement, rationnellement et même affectueusement partagés, et véhiculés en Arabe, mais reflétant toutes nos valeurs et traditions communes, dans toute leur diversité .
Je vous jure que c’est la condition sine-qua-non de l’émergence d’une vraie nation mauritanienne. Celui qui pense qu’on pourra le faire dans une autre langue que l’Arabe, se trompe, et restera dans un pur leurre. On a beau continuer dans le choix de la pente de la facilité, de la paresse intellectuelle, du désistement et de l’effacement ; c’est-à-dire, continuer à utiliser le français, ce que produisent les français ; penser comme eux, vivre comme eux, manger et boire, s’habiller, se distraire, et même ‘’rire’’ comme eux- Je pense à la ‘’mascarade’’ de la République du ‘’GONDWANA’’ de Mamane !!! ; je pense à RFI et à la Francophonie, et tout le reste de la panoplie de ‘’l’appareil’’ du dédain des africains !!!
Chers frères mauritaniens, chers compatriotes, Halpulars, Soninkés, Wolof et Arabes, dépassons cette étape. Plions cette page morne de notre ‘’sous-existence’’, de notre ‘’soumission’’, de notre ‘’dépendance’’ totale, bref de notre aveuglement, de notre errance. Dieu seul sait combien je n’ai rien contre la France, ni aucun autre pays, ni aucun autre peuple, ni aucune autre culture.
Mais seulement je m’arroge le droit de rêver de voir LE MODELE MAURITANIEN, propre, conçu, élaboré ; et partagé en commun, avec toute grandeur et fierté, par tous les mauritaniens. Bref, et pour conclure sur ce point, il va falloir que tous, sans tarder, prenions conscience que le choix de la pente de la facilité n’est pas payant. Et qu’il va falloir, pour nous tous, une nouvelle ‘’réappropriation’’ de la langue arabe. Le même effort qu’on a fourni depuis le primaire, jusqu’à l’universitaire, pour maîtriser le Français, faisons-le pour apprendre l’Arabe. Pour les non-arabes, je le sais, l’effort sera un peu plus soutenu, mais le but étant l’édification d’une même et unique nation mauritanienne, l’effort en vaut le coût. Wallahi.
2.6. Contre-vérité n°6 : L’arabisation est l’outil des ultra-panarabistes et des extrémistes.
Cette contre-vérité, après tous les développements que nous venons de faire, apparaît si farfelue, qu’on aura même pas besoin d’y répondre. Et si les ultra-panarabistes de chez nous, se renvoient aujourd’hui, dos-à-dos avec ceux ultra-panafricanistes, ou ‘’négressistes’’ ; c’est justement parce que, tous, ils se sont rendus compte que leur omelette n’a pas pris ; et que pour la Mauritanie, à la cohabitation pacifique multiséculaire légendaire-malgré quelques remous-, il faut faire avancer d’autres projets de société, basée sur le seul socle de l’unité linguistique et religieuse.
En tout cas pas les leurs, parce que la Mauritanie appartient toute entière, au monde ‘’arabo-musulman’’ ; soit par ‘’affinités’’ sanguines-la même Nation Arabe, avec parfois les mêmes tribus, du Yémen jusqu’à la Mauritanie- ; soit par appartenance de ‘’civilisation’’ et de ‘’religion’’. Tous les mauritaniens se partagent les mêmes valeurs et on n’a pas de ‘’Hutu’’ et ‘’Tutsi’’ chez nous. Les mauritaniens tous, sans exceptions sont l’un des deux : soit un maure, -blanc ou noir- ; soit un négro-africain.
Et pour ces deux, l’Arabe et l’Islam sont largement suffisants pour unir. Les bandes de voyous qui tuent, massacrent les innocents et ternissent l’image de notre Sainte Religion, ne représentent en rien les mauritaniens, qui se font une lecture authentique de leur Islam pur, celui des valeurs hautement humaines, et ils en sont fiers. Nous le prouvons tous les jours, à tel point que nous pouvons confirmer, sans hésitation, que le ‘’fanatisme’’ et ‘’l’intégrisme’’ ne sont pas mauritaniens, et ne peuvent jamais l’être.
2.7. Contre-vérité n°7 : Seul le français peut nous unir, car enfin ce n’est qu’un moyen de communication.
Cette contre-vérité est si superficielle, si niaise qu’elle ne mérite même pas une ligne de commentaire. J’ai toujours dit et rappelé à qui veut l’entendre, qu’une langue ne peut jamais traitée comme outil de communication neutre. Ou en tout cas pas en toute circonstance. Par exemple, lorsqu’un parlementaire mauritanien ‘’se ridiculise’’ à s’adressant à ceux qui l’ont élu, en Français ; là, il commet un acte de division entre mauritaniens.
Pourquoi ? parce que, au moment où il ‘’s’exprime’’ au Parlement, il représente tout un peuple, sa souveraineté et sa dignité. S’il était chez lui, dans sa voiture, dans un café, ou à la plage, il peut parler comme il veut, en utilisant l’idiome qui lui chante. Mais, dans l’enceinte du Parlement, il y a des règles, une déontologie, un devoir de respect scrupuleux des valeurs communes à tout un peuple. Si on passe outre la langue officielle du pays, on risque de ne plus rien respecter. Imaginez qu’un député français, dans l’hémicycle du Sénat Français, s’adresse à ses collègues, en Allemand, en leur disant : « Bonjour. Aujourd’hui, nous allons parler de Gilets Jaunes et de la réforme de la Retraite, mais en Allemand ».
Tout le monde criera au scandale ! Normal, non ?! Si la langue n’était qu’un outil de communication neutre et atone, pourquoi ne pas permettre aux députés français de s’exprimer dans d’autres langues, ne serait-ce que le breton, ou l’un des patois de France ? C’est justement, et pour parler de chez nous, que nous pensons que le Parlement mauritanien est une institution de souveraineté, où une langue étrangère n’a pas sa place, fût-elle le français.
3.Le français est un outil de division, et constitue la cause majeure du retard pris dans l’émergence d’une ‘’nation mauritanienne’’.
Oui le Français, comme je l’ai toujours dit, en Mauritanie, est la seule langue étrangère très en rivalité avec notre langue officielle, l’Arabe. C’est la langue qui a causé le chômage, de beaucoup de jeunes mauritaniens, et pas seulement ceux de la composante arabo-berbère. Moi-même j’ai assisté au refus pur et simple de la candidature d’un jeune peul, qui a postulé à un travail dans une société d’assurances. Son grand pêché était que son Baccalauréat était en arabe.
C’est pour rappeler aux chasseurs dans les eaux troubles, que ce problème n’est pas seulement posé aux arabes. Sans compter les brillants professeurs en Maths, physique, Chimie, et Sciences naturelles qui ont été mis au chômage, pour la simple raison qu’ils ne pouvaient pas, ou ne voulaient pas enseigner ces disciplines en Français. L’immondice d’idée propagée par les ennemis de notre langue officielle, l’Arabe, selon laquelle celle-ci ne serait pas appropriée à l’enseignement des matières scientifiques, cette idée-là, cette atrocité-là, a été servilement reprise par le Ministère de l’Education Nationale, en décidant un bon jour, et sans préparation, ni concertation avec les concernés, de réserver l’enseignement des matières scientifiques au Français, décrétant débilement, du jour au lendemain, que l’Arabe devra rester à jamais la langue de l’Instruction religieuse et de la poésie !!!
Après deux ‘’réformes’’ majeures, bien ratées, et des errements et tâtonnements infinis, qui continuent toujours dans notre système éducatif ; la jeunesse mauritanienne, celle d’ailleurs qui est en âge de prendre la commande des affaires du pays de nos jours ; s’est retrouvée divisée en deux mondes complètement différents : des ‘’arabisants’’ et des ‘’francisants’’, comme on nomme ici ces infâmes manières de mettre une nation, ‘’ à jamais ’’-à Dieu ne plaise !- en lambeaux. Et il va sans dire que tant que le manuel scolaire n’est unifié pour tous les fils de notre pays dans la langue Arabe, pour instaurer, ancrer, consacrer et permettre un même référentiel, comme condition sine-qua-non pour l’acheminement sûr et progressif vers l’émergence d’une ‘’nation mauritanienne’’ ; le français continuera à sévir.
Au vu de ce rôle dévastateur, ravageur, de la langue française en Mauritanie, on ne peut plus en vouloir à ceux qui ne supporteront plus cette langue, y voyant, et pour de bon, une langue ‘’ennemie’’ !!! Les jeunes que je croise chaque jour, me disent qu’à cause de sa rivalité avec l’Arabe, plutôt l’évincement de cette dernière, dans leur pays, ils ne veulent plus entendre parler du Français. Et ils s’orientent déjà vers d’autres langues vivantes, débarrassées de ce ‘’pendant’’ colonial que trimbale le Français, comme un avatar, doublé par l’hégémonie de la francophonie. Des langues comme l’Anglais, l’Allemand, l’Espagnol, le Russe, le Chinois qu’ils peuvent apprendre sans crainte de concurrence avec leur langue sacrée, l’Arabe.
Qui plus est, est celle officielle, mais pratiquement inexistante, dans l’Administration, au Parlement, dans les Sociétés publiques et privées, à cause justement, de l’usage envahissant et hégémonique du Français. Cette langue ‘’ronge’’ notre pays, dans tous ses rouages, et empêche carrément l’éclosion d’une nation mauritanienne, pourtant facilement unifiée autour de l’Arabe. Langue de l’intime, et qui représente ce que tous les mauritaniens ont de plus cher en commun, à savoir, l’Islam. S’attaquer à ce ‘’blocage’’ , à cet ‘’handicap’’, à cet ‘’achoppement’’ majeur que constitue la dominance de la langue française dans notre pays, est donc la priorité de tous les mauritaniens.
Et pour preuve de l’indécision, de la faiblesse, de la tergiversation, et de l’errance continue ; nous pouvons citer le dernier communiqué en date du Parlement mauritanien, dans lequel nous pouvons lire :
‘’Le français, comme toute autre forme d’expression, n’a jamais fait l’objet d’une quelconque interdiction dans l’hémicycle et certains députés continuent à en faire usage. Pas plus tard que durant la dernière plénière, d’honorables députés se sont éloquemment exprimé dans cette langue, qui reste en effet, à côté de l’arabe, l’une des langues de communication écrite dans les documents, lois et correspondances de l’Assemblée nationale.’’
A force d’errance et d’indécision, de faiblesse et de soumission ; nous en sommes venus à déclarer officiellement -oui officiellement, car provenant du Parlement- que le français, pourtant langue d’aucun mauritanien, que je connaisse d’Eve ou d’Adam !!!!! ; ‘’reste l’une des langues de communication écrite dans les documents, lois et correspondances de l’Assemblée nationale.
Moi, ici, je dirai un seul mot : « Shame on you ! », Président et membres du Parlement mauritanien !
Vous croyez que l’Arabe ne suffit pas pour vous permettre de travailler et de correspondre dans n’importe quel domaine ! Quelle ignorance !
Allez-y voir, est-ce qu’un parlementaire français peut dire un seul mot d’une autre langue au sein de l’hémicycle français. Et les français ont raison, sur ce point. Ils se respectent, respectent leurs institutions, leur peuple et la souveraineté de la France. D’ailleurs ils ont la Loi TOUBON, comme nous l’avons dit. Cette loi que nous envions tellement. Si bien que, j’ai la certitude qu’un bon jour, chaque pays aura droit à la voter chez lui. Nous, sans aucun doute, nous finirons par le faire, pour défendre notre langue officielle l’Arabe, qui, je vous le jure en a grandement besoin. Notre langue commune, et officielle, l’Arabe a besoin d’être prémuni contre l’invasion et l’hégémonie du français.
Il ressort donc de tout ce qu’on vient de dire que seul l’Arabe peut nous unir, en se l’appropriant tous, pour développer notre pays par unification des programmes de l’Ecole de la République, et par la recherche continue et inlassable de référentiels nationaux, forgés dans le socle commun que constitue l’Islam, et notre riche patrimoine arabo-africain.
Et pour conclure, je ne peux qu’insister sur les points suivants :
1.Des mesures urgentes pour raffermir la cohésion et l’unité nationale s’imposent. On peut très bien les adopter en commun, par consensus national, et les appliquer.
2.L’enseignement et l’usage de nos langues nationales s’impose, mais comment ? Ce n’est certes pas en les hissant toutes au même rang que la langue officielle. Et non pas aussi en se laissant duper par des discours de quelques ‘’politicards’’ qui veulent nous faire tomber dans le piège d’un ‘’plurilinguisme’’ officiel, servile, stérile et handicapant.
3.Les composantes non-arabes doivent commencer à ‘’se réapproprier’’ l’Arabe ; seule garantie de notre unité, au lieu d’opposer à chaque fois l’usage du Français, langue étrangère, qui ne sert pas , comme nous venons de le démontrer, l’unité nationale ; et ne peut conduire, si on continue à nous l’imposer, franchement, qu’à une scission. Solution qui ne sert que les ‘’Flamistes’’ et autres extrémistes de tous bords, défenseurs des droits de ‘’leurs poches’’, squatteurs des ‘’palaces’’ , et quémandeurs des ‘’miettes’’ de l’Occident, qui ont terni l’image de leur pays, la Mauritanie.
4.Chaque individu, chaque citoyen mauritanien, de la composante arabe, c’est-à-dire, les maures, dans leur ensemble ; doit ‘’obligatoirement’’ maîtriser, au moins une langue nationale (Soninké, Pular ou Wolof, au choix). D’où l’urgence de l’enseignement de nos langues nationales dès le primaire. Ce que pourtant, ne font ni les Sénégalais, ni les maliens, tout près de nous. Mais, nous, mauritaniens, si nous y voyons un choix national, c’est pour raffermir davantage les liens, déjà solides, depuis la nuit des temps, entre les différentes composantes de notre pays.
5.Le choix judicieux, libre, logique et pertinent de la langue d’ouverture, finira par nous dicter l’Anglais et non pas le Français. Ceci revient à des raisons tout à fait objectives et réelles que j’ai déjà développées. Même les français qui connaissent bien la Mauritanie savent que ce choix pointe déjà à l’horizon, avec l’évolution et le développement des relations économiques de notre pays avec le reste des pays du monde arabe, qui ont tous comme langue d’ouverture, l’Anglais.
Cette langue, qui s’impose au niveau international est aussi la langue de travail en Asie et dans les plus grandes économies des pays africains (Afrique du Sud, Nigéria, Ghana, Kenya,…). Et qui plus est, pour nous mauritaniens, une langue qui n’a pas ce ‘’pendant’’ de langue coloniale, hégémonique, envahissante et impérialiste.
Mohamed Yeslem Yarba BEIHATT
Nouakchott le, 10/02/2020
Source : Mohamed Yeslem Yarba BEIHATT
via cridem
Mauritanie/Sénégal: Signature d’accord sur l’achat-vente du Gaz Naturel
La Mauritanie et le Sénégal s’apprêtent à signer aujourd’hui un accord d’achat et de vente du Gaz Naturel Liquéfié de la phase 1 du projet Grand Ahamim liant les deux pays.
Le ministre du Pétrole, de l’Energie et des Minéraux Mohamed Ould Abdel Fattah a quitté hier soir Nouakchott, se dirigeant vers Dakar pour la signature du contrat avec le ministre sénégalais d’hydrocarbures, les compagnies pétrolières contractantes et BP Gas Marketing (BPGM), adjudicataire de l’appel d’offres international qui a été lancé à cet effet.
Dans le cadre du développement du projet du champ gazier Grand Tortue GTA, que le Sénégal partage avec la Mauritanie, les parties impliquées, ont convenu de commercialiser conjointement tout le Gaz Naturel Liquéfié (GNL) de la phase 1 dudit projet, pour l’optimiser.
Ce champ gazier de GTA, à cheval entre le Sénégal et la Mauritanie, sera développé en 3 phases. La première phase, pour laquelle intervient cette signature de contrat, produira, au total, environ 2,5 millions de tonnes par an (mtpa) de gaz naturel liquéfié (GNL) pour l’exportation et 70 millions de pieds cubes par jour de gaz (environ 500 MW électrique) pour les deux marchés domestiques. Ces quantités sont équitablement partagées entre les deux pays selon les conditions fixées par l’Accord de Coopération Inter-Etats.
En février 2018, le Sénégal et la Mauritanie ont signé un accord pour partager également les rendements des champs communs à la frontière entre les deux pays, et les négociations se sont poursuivies pendant des mois entre les deux pays sur les aspects financiers et fiscaux liés au domaine.
En décembre 2018, les présidents mauritanien et sénégalais ont signé à Nouakchott, des accords de production et de commercialisation de gaz à partir du bassin côtier, en marge d’une visite du président sénégalais Macky Sall en Mauritanie.
senalioune
Parcours politique et position actuelle sur la scène politique
L’histoire des nations peut être comparée à une corde comprenant des nœuds qui correspondent aux évènements importants marquant son évolution. Certaines de ces étapes se déroulent dans le calme, d’autres sont agitées. La Mauritanie ne fait pas exception à cette description. Son histoire récente peut être représentée par une image sous forme de corde, avec quatre nœuds dont chacun correspond à une étape décisive :
1. L’indépendance nationale ;
2. Les coups d’Etat militaires ;
3. Le multipartisme
4. L’alternance entre deux présidents élus.Â
A chaque passage d’un nœud à l’autre, un branle-bas politique se déclenche, avant que les évènements ne reprennent à nouveau la ligne droite. Je m’intéresserai essentiellement au dernier point, à savoir l’alternance pacifique entre deux présidents élus démocratiquement. Ce sont à l’origine deux officiers supérieurs de l’Armée qui ont fait un premier coup d’Etat contre le président que j’ai toujours défendu et que je continue à défendre, qui ont ensuite empêché le défunt président Ely ould Mohamed Vall de conserver le pouvoir par le biais du vote blanc et qui ont fait par la suite un autre coup d’Etat contre Sidi ould Cheikh Abdellahi, président démocratiquement élu et dont j’étais le ministre Secrétaire général à la présidence de la République.
Le jour même de ce coup d’Etat, ses auteurs m’ont demandé de rester avec eux, mais j’ai décliné l’offre, en répondant que je ne pouvais avaliser un coup d’Etat et, immédiatement, j’ai entamé des contacts avec tous les partis de l’Opposition, à l’exception du RFD qui avait adopté à l’époque une position pas tout à fait conforme à celle des autres partis d’Opposition.Â
Avec Tawassoul, l’APP et l’UFP, principalement, nous avons décidé de créer un front que nous avions appelé Front national pour la défense de la démocratie (FNDD), en lui fixant comme objectif de faire échouer le coup d’Etat, en agissant aussi bien sur le plan national qu’au niveau international. Des manifestations ont été organisées, parfois avec l’accord des autorités et parfois sans autorisation, et ont souvent été réprimées dans la violence. Parallèlemment, une médiation a été engagée par l’Union africaine, l’Union européenne et le Sénégal et a abouti, après plusieurs mois de négociations, aux accords de Dakar.
Aux termes de ces accords, le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi et le chef de la junte militaire devaient démissionner pour ouvrir la voie à des élections générales. Après leur démission, des élections sont effectivement organisées, sous la houlette d’une Commision électorale nationale indépendante où l’Opposition était majoritaire. Des observateurs de l’Union africaine, de l’Union européenne, des organisations de la société civile mauritanienne y ont assisté. A la proclamation des résultats, Mohamed Ould Abdel Aziz est sorti vainqueur avec plus de 52%. Au début, les résultats ont été contestés par l’ensemble de l’Opposition, à l’exception de Tawassoul. Puis, les autres partis les ont reconnus au fur et à mesure. Le RFD ne l’a fait qu’à la veille du dialogue qui devait être engagé avec le nouveau pouvoir, à la demande du FNDD.
Ainsi, l’Opposition, rejointe pa Tawassoul, s’est engagée à élaborer une feuille de route consensuelle qui devait être présentée au pouvoir. Lorsqu’elle a été soumise au gouvernement et après des va-et-vient entre les deux parties, une bonne partie de l’Opposition a posé des préalables consistant à ce que le pouvoir prenne certaines décisions. Le gouvernement y a opposé une fin de non recevoir , sous pretexte que s’il devait prendre toutes les décisons importantes avant les discussions, il n y’aurait pas besoin d’engager le dialogue. La situation ayant évolué vers une impasse, quatre partis (APP, Sawab, Hammam et El Wiam) décident d’aller au dialogue sur la base de la feuille de route élaborée par l’Opposition dans son ensemble.
Le dialogueÂ
Engagé entre une partie de l’Opposition et la Majorité, ce premier dialogue a abouti, malgré tout, à des résultats tangibles qui ont constitué un bond en avant en matière de pratique démocratique dans notre pays. Ainsi, quatorze lois organiques et lois ordinaires, avec seize décrets d’application ont été pris dans tous les domaines de la vie politique. Je peux en citer, à titre d’exemple, l’interdiction de la transhumance politique, une forte dose de proportionnelle, avec une liste nationale, une liste pour les femmes et une liste régionale pour Nouakchott.
De même, une Commission électorale nationale indépendante (CENI) a été mise en place sur la base de la parité entre l’0pposition et la Majorité, mais en fait l’Opposition était majoritaire dans sa composition, en plus de l’augmentation dans une proportion très importante du nombre des députés de l’Assemblée nationale qui sont passés de 95 à 146 ¬, puis à 156, rendant la représentation parlementaire plus effective au niveau des Moughataas.
Je dois noter que pour les deux dialogues de 2011 et de 2016, j’étais à la tête du groupe de l’Opposition, je signais en leur nom et j’étais co-président du Comité de suivi des décisions du dialogue. Tout cela était au nom du parti El Wiam, créé par un groupe d’intellectuels et de cadres politiques et sur lequel je reviendrais plus loin.
C’est une étape du long combat politique que j’ai entamé dès le collège, ajoutée au syndicalisme et à la clandestinité qui ont façonné ma personnalité et fait de moi l’homme politique que je suis aujourd’hui. D’’abord militant très timide au lycée, j’ai sympathisé avec le mouvement des Kadihines où je n’étais pas un grand activiste, mais je militais parce que j’avais des amis qui étaient très engagés dans le mouvement et qui ont accompagné mes premiers pas dans la clandestinité.
Devenu fonctionnaire à la Direction du Budget en 1973, j’ai continué à avoir les mêmes sympathies politiques et je militais dans une cellule clandestine de fonctionnaires dont je me rappelle encore de certains membres et j’ai perdu de vue plusieurs autres. Je retiens encore le nom de Yadaly Hacen, journaliste chevronné connu de tous, un Soninké du nom de Modibo, originaire du Gorgol, qui était agent comptable à la Comptabilité centrale du ministère de l’Education nationale et qui servira avec moi en 1976 quand je fus nommé chef du Bureau central de la comptabilité de l’Education nationale. Ce travail syndical clandestin m’amena à intégrer, cette fois-ci officiellement et au grand jour, le Syndicat national des Services financiers où je fus élu Secrétaire général de la Section du Budget, avant d’être élu, deux ans plus tard, à la tête du Syndicat national des services financiers, puis Sécretaire général adjoint de l’UTM, unique Centrale syndicale à l’époque.
Suite au coup d’Etat de 1978 et à la dissolution du parti unique, les militaires ont constaté un vide politique et ont voulu le combler en créant la Commission nationale du Volontariat composée uniquement des mouvements politiques dits progressistes : MND, Baathistes, Nassériens et El Hor. Celui-ci était représenté par feu Mohamed Ould Haimer et moi-même, fraîchement sorti de prison. Cettte expérience ne durera pas longtemps et débouchera sur la création des Sructures d’éducation des masses, une entité composée des caciques de l’ex-parti unique, le PPM, et qui existera jusqu’à l’avènement du multipartisme. Les Forces patriotiques, comme on les appelait à l’époque, n’intégreront pas cette nouvelle structure politique, l’abandonnant à la vieille garde du PPM.
Après le coup d’Etat de 2005, les putshistes tenaient à rayer le PRDS de la carte politique. Des pressions ont été exercées pour qu’il change de nom. Au terme de plusieurs tentatives, les décideurs ont opté pour la suppression de la lettre S (social) et son remplacement par la lettre R (renouveau), ce qui donne PRDR (Parti républicain pour la démocratie et le renouveau). Mais cela n’a pas suffi finalement, car les notables du parti se sont d’abord présentés comme indépendants aux élections législatives et municipales, ensuite beaucoup ont rejoint le RFD.
A l’élection présidentielle de 2007, un bon nombre d’entre eux a soutenu le candidat Sidi ould Cheikh Abdallahi. Après son élection, celui-ci a créé le parti Adil dont j’étais le deuxième vice-président. Lors du coup d’Etat de 2008, le président du parti et Premier ministre Ould Waghf fut arrêté et feu Bâ M’Baré, 1er vice-président du parti et président du Sénat ne pouvait assurer la présidence. Alors, c’était moi qui avais assumé l’intérim du président du parti jusqu’à la libération du président Ould Waghf.
A son retour, des divergences ont surgi au sein de la direction du parti au moment de la fusion avec deux autres partis qui sont El Bedil de Mohamed Yehdhil ould Mokhtar El Hacen et le PRM du Dr Louleid Ould Weddad, ainisi qu’un groupe de cadres qui avaient soutenu à l’élection présidentielle le candidat et ancien premier ministre Zein Ould Zeidane. La persistance des désaccords au sein de la direction de Adil, a donné naissance au parti El Wiam dont la direction politique était composée d’hommes et de femmes de grande expérience.
Cette expérience, le parti l’a prouvée en dirigeant, au nom des partis d’opposition qui y ont participé, les deux dialogues que nous avons eus avec le pouvoir, lesquels ont, comme je l’ai dit plus haut, considérablement enrichi l’arsenal juridique régissant la vie politique dans notre pays. Lors des élections législatives et municipales de 2013, alors qu’il participait pour la première fois à une échéance électorale, El Wiam s’était classé 3ème parti au niveau du pays et 2ème de l’Opposition, avec plus de 300 conseillers municipaux répartis sur l’ensemble du territoire national.
Ce brillant résultat obtenu en si peu de temps a suscité des envies et des grincements de dents, ici et là, particulièrement de la part du pouvoir qui a entrepris d’affaiblir le parti, en débauchant ses cadres, discrètement ou ouvertement, et en cherchant à appâter ses unités de base par tous les moyens. Ce travail de démobilisation visant notre parti s’est fait ressentir lors des dernières élections législatives et municipales de 2018 où El Wiam s’est retrouvé avec seulement deux députés, trois maires et près de quatre-vingt conseillers municipaux. Il était en ballotage favorable pour le second tour dans toutes les communes de la Moughataa de Keur Macène, excepté celle de N’Diago qu’il avait remportée dès le premier tour ; il avait également remporté deux mairies du Hodh El Gharbi (Medbougou et Hassi Ould Ahmed Bechna) et était en ballotage dans deux autres communes. N’eut été la complicité entre l’autorité administrative et la CENI, notre tête de liste dans la liste proportionnelle de la députation de Kobeni aurait fait passer le second de la liste commune.
Intégration de l’UPR
Après ces élections, le Président m’avait convoqué à la Présidence pour me demander d’intégrer l’UPR. Il m’avait signifié que le parti envisageait de me proposer à la vice-présidence de l’Assemblée nationale, en faisant remarquer que le règlement de l’Assemblée exigeait que ce poste soit confié à quelqu’un de l’UPR. La seule condition que j’avais posée était que la décision soit avalisée par toutes le instances du parti El Wiam. Ainsi, nous avons engagé un processus auquel toutes les structures du parti ont été associées et qui a été couronné par un congrès extraordinaire. Celui-ci décida d’intégrer l’UPR avec armes et bagages : tous les biens meubles et immeubles sont revenus à l’UPR, y compris la subvention accordée par l’Etat.
Pourquoi cette décision ? C’est qu’avec l’expérience, nous en sommes venus à la conclusion qu’un parti d’opposition ne peut prospérer dans un régime où l’Etat monopolise tous les moyens publics. Même les projets de développement sont orientés selon les engagements politiques de soutien au pouvoir. D’autre part, nous nous sommes dit qu’après onze ans de pratique gouvernementale dont dix ans en démocratie, ce parti est devenu un cadre d’orientation politique et économique aux mains d’un régime à la tête duquel les deux acteurs principaux, vu leurs relations et leur pratique du pouvoir, offrent suffisamment de garanties pour qu’on puisse composer et travailler avec eux, dans un programme politique susceptible de faire évoluer le pays vers plus de progrès démocratique et social.
Malheureusement, quelques mois à peine après l’élection du nouveau président de la République, des divergences sont apparues entre les deux hommes, sous l’effet conjugué de certains courants politiques et de quelques activistes ayant des penchants régionalistes. J’ai eu à discuter avec tous les deux de cette question ; je leur ai fait remarquer que leurs désaccords ne sont pas dans l’intérêt du pays et ne servent pas ce qu’ils ont réalisé ensemble depuis onze ans, et que l’expérience avec le président Sidi Mohamed ould Cheikh Abdallahi qu’ils ont soutenu et que moi-même j’ai soutenu, doit servir d’exemple pour tout le monde.
J’ai fait quelques navettes entre les deux présidents, mais cela n’a pas encore eu de résultat, du fait de Cheytane et de quelques cadres opportunistes qui mènent un travail de sape pour que les efforts de ce genre n’aboutissent pas positivement. Cependant, je reste convaincu que les deux hommes, vu leur expérience, leur maîtrise du terrain politique et leur connaissance parfaite de tous ces cadres qui s’activent sur la scène nationale, finiront par trouver un terrain d’entente. Je ne peux pas dire si ce sera dans les jours à venir, dans deux ou trois ans, mais ils trouveront certainement une solution pour rétablir leurs relations vieilles de plus de quarante ans, émaillées de péripéties ayant abouti à l’accession et au maintien au pouvoir.
La Mauritanie et le monde entier ont suivi avec satisfaction le passage de témoin, pour la première fois dans notre pays, entre deux présidents élus démocratiquement. Nous avons toujours asssisté à un départ par coup d’Etat. Or, cette fois, le président a lâché le pouvoir parce que la Constitution ne lui permettait pas de se représenter. Il a soutenu un candidat qui est passé au premier tour des élections avec 52% des voix.
A la veille de l’investiture des candidats à la présidentielle, l’UPR avait organisé un Congrès et les responsables du parti avaient décidé de suspendre les travaux jusqu’après les élections, après avoir désigné une commission de 27 membres chargée d’assurer les affaires courantes jusqu’à la reprise des travaux du congrès.
Tout se passait normalement jousqu’au jour où un groupe de cadres s’est réuni dans un domicile privé pour déclarer que ladite commission était illégitime et certains sont allés jusqu’à prôner la création d’un nouveau parti. Finalement, après des concertations entre le groupe en question, le président de la commission et moi-même, il a été convenu de procéder à une ouverture en direction des entités et personnalités politiques ayant soutenu la candidature du nouveau président de la République. Deux commissions ont été mises en place à cet effet et ont entamé leur travail immédiatement.
Alors, certains sont venus à ces commissions pour poser des questions qui n’étaient pas à l’ordre du jour, telles que la référence du parti ou la notion de parti-Etat. Notre réponse à ce sujet a été claire, c’est que la référence aux personnes n’existe pas dans les pays démocratiques et seules les dictatures font référence à un Guide ou un Timonier. De plus, un parti qui a un programme illimité dans le temps et dans l’espace ne doit pas circonscrire son existence politique au programme d’un président dont le mandat est limité à cinq ans, pouvant aller jusqu’à dix ans, conformément aux dispositions constitutionnelles en vigueur.
Le président lui-même a reconnu, lors de mes entrevues avec lui, que la référence n’existe pas et ne peut exister dans notre pays, pas plus que le parti-Etat qui correspond à un système de parti unique. Toutefois, les divergences ont persisté.
Au sujet de la langue française
Au moment où la langue française est à l’ordre du jour, je ne peux laisser passer cette occasion sans dire un mot sur cette question qui divise actuellement la classe politique mauritanienne.
Le français est une langue vivante qui est parlée et étudiée en Mauritanie depuis près d’un siècle. Elle fait partie du patrimoine culturell et historique du pays. Vouloir la supprimer du débat national d’un coup de baguette magique pour la remplacer par les langues nationales, sans une préparation préalable à travers l’enseignement de ces langues afin qu’elles puissent être au même niveau que le français et l’arabe, est une erreur. Quel est l’intellectuel formé en français qui peut exprimer ses idées aisément en langues nationales comme il le fait en français ? Vouloir imposer à cette génération de s’exprimer en langues nationales est une manière de rabaisser le niveau des débats.
Je prends mon exemple personnel : je parle Ouolof mieux que certains Ouolofs, mais il y a des idées que je ne peux pas exprimer en ouolof, ni en arabe ou Hassania, sans faire recours à des termes en français. Je pense que ceux qui veulent actuellement que les débats soient en langues nationales ou en arabe font du terrorisme intellectuel, dans la mesure où ceux qui parlent ou écrivent en français ne le font pas par choix, mais parce qu’ils ont été formés dans cette langue et nos langues nationales jusqu’à ce jour ne sont pas enseignées dans nos écoles et encore moins dans les universités et écoles professionnelles.
Je crois que cette décision est trop importante pour être prise au niveau du règlement intérieur de l’Assemblée ; elle doit être débattue à un niveau national et son contour doit être fait sur tous les plans avant son adoption. En tout cas, cette décision n’a pas été prise, ni au niveau du Bureau de l’Assemblée nationale, ni au niveau de la conférence des présidents. Maintenant, je sais que certaines sensibilités nationalistes arabes ont toujours posé ce problème de cette manière. A mon humble avis, un problème si important ne peut être du ressort du règlement intérieur d’une Assemblée nationale, mais essentiellement un problème constitutionnel.
Conclusion Â
Les conditions politiques étant ce qu’elles sont, et au regard de mes rapports personnels avec les deux protagonistes, rapports qui m’avaient amené à accepter de faire fondre tout le parti El Wiam pour leur compte, j’ai décidé de reconsidérer ma position en conséquence. Ma première idée était d’abandonner toute activité de nature politique, mais les discussions avec mes amis et mes alliés politiques m’ont amené à adopter une position médiane.
D’une part, j’ai demandé à tous les cadres d’El Wiam qui avaient intégré l’UPR d’y rester et d’œuvrer ardamment à la réalisation des objectifs que nous nous sommes fixés ; d’autre part, en ce qui me concerne personnellement, je resterai membre du parti, mais sans y exercer de responsabilité. J’achèverai mes deux mandats de député et de maire, Inchaa Allah, et je ne me représenterai à aucun mandat électif, tant que la situation sera celle que nous vivons aujourd’hui. Je continuerai cependant à soutenir et à assister les militants avec lesquels j’ai toujours travaillé.
Boydiel Ould Houmeid
le calame