Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Sur fond de partage des candidats : La CVE en lambeaux

La coalition Vivre Ensemble (CVE) de Kane Hamidou Baba vient de se diviser, signant ainsi la deuxième mort de son fondateur qui doit se retourner dans sa tombe. Ce n’est certes pas la première fois que des divergences, des retraits et des exclusions sont enregistrés au sein de cette coalition depuis le décès de son président fondateur mais cette crise intervient au mauvais moment. Les partis politiques et les coalitions mettent les dernières touches à leurs listes candidates. La CVE avait décidé, il y a quelques semaines, de sceller une coalition avec la CVE/VR présidée par le docteur Dia Alassane, président de Touche pas à ma nationalité (TPMN). Elle rassemble, entre autres, l’AJD/MR et les FPC… Les deux CVE devraient donc aller ensemble aux élections. Mais c’est à l’instant de se répartir les têtes de listes des différentes circonscriptions que les divergences ont éclaté. Forte de son récépissé, AJDest accusée de faire main basse sur les têtes de listes nationales mixte  et femmes. Les FPC obtiennent la tête pour la députation Nouakchott-Ouest, TPMN, la liste régionale de Nouakchott-Sud… la CVE hérite de celles de Nouakchott-Nord, de la liste nationale des jeunes et du conseil régional de Nouakchott. Mais cette répartition ne satisfaisait pas la CVE. Elle accusait la CVE/VR de ne l’avoir pas associée aux négociations et à la distribution des leaderships. Selon des confidences, les responsables de la CVE, son président Bâ Mamadou Alassane et Binta Kane, responsable des femmes, réclamaient vertement la tête liste nationale et celle des femmes. La CVE bouda donc les discussions. Dia Moctar, un de ses membres, reprochait à leurs alliés de chercher à diviser la Coalition. Après moult tractations menées par Bâ Mamadou Moustapha avec les dirigeants de la CVE/VR pour sauver les retrouvailles qu’il avait réussi à sceller entre les deux coalitions-sœurs, quelques réaménagements étaient apportés. Pressenti pour Nouakchott-Sud, le docteur Dia Alassane, président de TPMN, cède sa place. La CVE obtient, en plus de la liste nationale des jeunes, le conseil régional de Nouakchott. Nouakchott-Nord devrait revenir à une autre coalition. Une offre qui ne satisfaisait pas certains de ses membres qui avaient déjà pris langue avec Tawassoul, le parti islamiste. Selon nos sources, celui-ci leur aurait promis des mairies mais aussi de prendre en charge le financement de leur campagne.  Se sentant alors trahi, l’autre groupe de la CVE, tous membres de la commission exécutive, ont tenu un comité de crise le vendredi 3 Mars et démis le président provisoire  de la CVE, Bâ Mamadou Alassane, pour avoir agi sans respect des procédures. Réponse du berger à la bergère, celui-ci réagissait et décidait d’exclure, à travers un communiqué distribué à la presse et relayé sur les réseaux sociaux, trois membres actifs de la CVE pour « indiscipline ». La guerre de communication est engagée.

Pacte électoral

L’autre groupe décide quant à lui de rester dans la coalition avec la CVE/VR. Les choses vont très vite. Le 4 Mars, un pacte électoral est signé entre les deux parties. CVE/VR et CVE se sont entendus sur la répartition des candidats pour les différentes régions de Nouakchott. La liste nationale mixte, la liste nationale des femmes et la liste régionale de Nouakchott-Ouest sont attribuées à la CVE/VR, tandis que la CVE hérite de la seconde place sur la liste des femmes, la liste nationale des jeunes, la régionale de Nouakchott-Sud et le conseil régional de Nouakchott. Mandat est donné aux coordinations locales, régionales et à la diaspora de s’entendre sur le choix des candidats aux différents scrutins. L’alliance a été paraphée par le docteur Dia Alassane président de CVE/VR et Aboubacry Souleymane Bâ, CVE. La scission est donc actée au sein de la CVE.

Expliquant la posture du groupe ayant signé cette alliance, Bâ Mamadou Moustapha, responsable « diaspora Amérique » de la CVE, indique que « la CVE/VR demeure notre alliée naturelle ». Et d’ajouter :« nous n’excluons aucune entente avec d’autres partis ou alliances politiques partageant notre vision de la Mauritanie. »Tandis que Mamadou Wane des FPC déplore : « rares sont hélas les responsables et cadres politiques de l’opposition qui œuvrent dans l’intérêt commun, pour un véritable changement de nature à édifier une Mauritanie égalitaire, unie et démocratique. »

Il faut rappeler qu’après avoir réussi, non sans peine, à mettre en place la CVE en 2019 et aller ensemble à la présidentielle de la même année, derrière leur candidat feu Kane Hamidou Baba, la CVE connut rapidement des divergences en son sein. Certains membres furent exclus et la grande coalition se divisait sur son avenir. Certains prônaient la transformation de la coalition en un parti politique, d’autres s’y opposaient. Elle se divisait alors en CVE autour de Kane Hamidou Baba et en CVE/VR rassemblant l’AJD/MR, les FPC, TPMN et divers autres mouvements : le ver était dans le fruit. Le choix du candidat à la présidentielle avait fait grincer des dents au sein de la coalition naissante. Ce qui se passe aujourd’hui puise donc ses origines en ces divergences apparues alors, les approches et les visions des uns et des autres restant très éloignées. On avait vécu un mariage de raison. Aussi apprécié était-il par les militants et sympathisants de la communauté négro-mauritanienne qui réclamait l’union de ses leaders politiques, il n’a pas duré. Et si l’on a réussi à sauver les meubles au sein de la CVE/VR, c’est que certains ont accepté d’avaler des couleuvres. Elle risque d’en payer le prix. C’est donc dire que l’unité réclamée n’est pas pour demain.

Dalay Lam

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