Elections 2023 Mauritanie : les observateurs s’interrogent sur la crédibilité d’une alliance AJD-MR- FPC-RAG
Entre la première force de l’opposition TAWASSOUL qui cavale seul sur la scène nationale depuis plus d’une décennie et une alliance possible entre l’UFP-RFD du moins pour les présidentielles de 2024, il y a une place pour une alliance AJD-MR-FPC-RAG.La crédibilité d’une telle coalition n’est pas à l’ordre du jour des états-majors concernés mais suscite des interrogations des observateurs qui pointent des élections 2023 dont les jeux sont presque faits.
En réalité avec une nouvelle CENI dont le président est un vieux renard de la politique, un ancien du régime le plus sanguinaire que la Mauritanie ait connu depuis 1960, l’espoir de législatives de municipales et de régionales transparentes, est très mince. Dans ces conditions l’opposition mauritanienne doit éviter la débâcle et se préparer à d’éventuelles coalitions. C’est dans cette perspective que les observateurs s’interrogent sur la possibilité d’une alliance des trois formations de l’opposition systémique l’AJD-MR-FPC-RAG pour 2023. Les trois leaders charismatiques Ibrahima Sarr, Biram Abeid et Samba Thiam sont des combattants de la liberté dont les expériences politiques ne sont plus à démontrer avec comme dénominateur commun, la prison. Les deux premiers sont au moins deux fois candidats malheureux aux présidentielles. Le troisième court derrière une reconnaissance de son parti depuis 2014 mais il est aujourd’hui incontournable sur le plan national et les FPC sont aujourd’hui bien implantées à Nouakchott et à l’intérieur du pays. L’aile politique du leader anti-esclavagiste le RAG n’est pas non plus reconnu officiellement mais l’IRA ONG l’est après 14 ans de combat contre l’esclavage en Mauritanie. Le rapprochement entre l’AJD-MR et les FPC est incontestable avec la mouvance CVE-VR dont fait partie également le mouvement citoyen TPMN, une scission de la CVE des présidentielles de 2019. Les observateurs rappellent que l’alliance de président de l’IRA avec le parti raciste SAWAB aux législatives 2018 a permis à Biram Abeid de siéger à l’Assemblée nationale. Ce mariage avec un parti Baathiste qui est à l’origine du génocide des négro-mauritaniens et de l’assassinat de 28 soldats de la même communauté sous le régime de Ould Taya, est considérée comme une ligne rouge franchie, une trahison politique difficile à oublier pour Ibrahima Sarr et Samba Thiam qui ont longtemps combattu cette idéologie qui continue de diviser les Mauritaniens. Une tâche noire sur le parcours politique du chef historique de l’IRA très vite rattrapé par l’histoire. C’est également sa proximité avec Ould Ghazouis depuis son accession au pouvoir qui est pointé du doigt comme un deal voulu pour être leadership de l’opposition. Et enfin en clarifiant cette année la reconnaissance du Mouvement national démocratique, du mouvement harratin El Hor et du premier mouvement de libération africaine de Mauritanie FLAM, Biram Abeid entend se faire pardonner et revenir certainement dans les rangs de l’opposition systémique et laver tout soupçon de trahison et de campagne contre les peulhs. Ce repositionnement semble ne pas suffir à créer une dynamique d’alliance AJD-MR-FPC-RAG pour les élections de 2023 avec la présidentielle 2024 en ligne de mire. Les observateurs ne croient pas à une alliance de circonstance qui répèterait les mêmes erreurs de la coalition CVE. Autrement dit des alliances purement électoralistes. Des alliances fondées sur les principes et des valeurs ont plus de chance de donner des résultats.
Yaya Cherif Kane Journaliste
Rouen- France .