Remaniement du gouvernement, quelle lecture ?
Paradoxes, incohérences, hypocrisie…la montagne qui accouche d’une souris ! Lorsqu’on a de l’ambition pour ce pays, on éprouve, chaque jour que Dieu fait, des frustrations , de la douleur, un mal-être profond, face à cette navigation à vue, à ces paradoxes, à ces incohérences et cette hypocrisie ambiante…
Un Président, décu, par un coup de sang, décide de vider la moitié de son gouvernement pour incompétence … mais le voilà qui garde le premier des ministres, à qui pourtant incombe la responsabilité première de l’échec ou du succès !
Dans la foulée, il tient une séance de travail physique avec les gouverneurs des régions, sermonés, pour leur manque de proximité avec les populations, et voilà que, là aussi, leur commandant en chef se retrouve propulsé au rang de premier des diplomates !
Incohérences, quand elles nous tiennent …
D’aucuns rapportent que parmi ces gouverneurs, certains auraient décidé, comme pour faire un pied de nez au Président, de suspendre tout bonnement l’enrôlement des populations –en région Sud ! Il n’est pas superflu de rappeler pour ces régions Sud que l’ensemble des personnes qui avaient passé la première phase d’enrôlement, grâce aux commissions itinérantes, mises sur pied avec l’arrivée de Ghazouani, ont vu, toutes, leurs dossiers bloqués au niveau de la Commission centrale de Validation ! la raison invoquée ? “Ce serait des Sénégalais qui se font enrôler”, murmure-t-on.
Comme toujours, partout au Sud ! Même suspicion à l’égard des résidents de Sebkha et du 6ème à Nouakchott . De cette affaire d’enrôlement seuls les Négro-africains et les Haratines en souffrent, véritablement, voilà près de 20 ans . Et on nous parle d’équité !
Mais revenons à nos moutons…
Je constate, et nombre de mauritaniens avec moi , que le Président a limogé des éléments dont certains sont reconnus pour leur probité et sérieux au travail, pour faire entrer quelque négros, quelque négrita, avec pour seul critère visible la dévotion et l’allégeance au Système ! Ces hommes et ces femmes qui ont été poliment remerciés, s’ils n’étaient pas les meilleurs , n’étaient pas non plus en deçà de ceux qui sont restés. Un des Mohicans a échappé par miracle à la purge, mais au regard des traditions du pays qui s’accommodent mal des hommes sérieux, probes et travailleurs, ça ne saurait tarder…
On prend les mêmes et on recommence. Une fraction pour les Hodhs, une autre pour l’Assaba, le Trarza, tel quota pour telle tribu, tel autre pour telle fraction tribale. Un sooninke s’en va un autre fait son entrée ; les wolofs sont oubliés, mais sans susciter aucune indignation; pas même des intéressés eux-mêmes !
Ce pouvoir se dit attaché à l’équité, à la justice, au respect des droits des citoyens, mais ce sont là juste des slogans ! Des mots, rien que des mots, et je suis l’exemple vivant, entre autres, qui l’illustre, à travers et mon dossier politique (récépissé des FPC arbitrairement bloqué), et mon dossier administratif (– seul ancien locataire de Walata de 1986 qui n’a été , jusqu’ici, ni indemnisé, ni admis à faire valoir ses droits à pension) ! Combien sont-ils tous ceux-là qui souffrent d’injustices flagrantes non résolues au quotidien ? Si ould Abdel Aziz ne fut, manifestement, pas notre Président, celui-là, non plus, ne semble pas acter dans le sens contraire. Loin s’en faut !
Avec ce régime on glisse, lentement, vers le culte de personnalité, vers la répression de la moindre contestation ou velléité de changement, comme avec ce jeune blogueur de Toujounine, arrêté et torturé , dont le seul crime fut de s’être proclamé “président d’un Mouvement pour le Changement”. Niveau auquel même le général, déchu, se gardait de tomber, au nom de la liberté d’expression !
Nous avons mal à notre gouvernement, mais que dire de notre peuple, ou plutôt des nos populations, tous horizons confondus, qui ne cessent de se lamenter sur leurs misères, mais qui attendent, tranquillement, la solution du Ciel …Que dire de nous autres, exilés dans notre propre pays, toujours dans l’expectative comme frappés d’hébétude ?
Que dire de nos leaders politiques, de nos intellectuels qui gardent le silence sur des orientations et manquements graves qui mettent en péril notre unité ? Qui ferment les yeux sur un génocide qui se déploie, dans toute sa laideur, à notre frontière Est, par amalgame d’une junte militaire pustchiste!
Que dire des Organisations nationales des droits de l’homme, de l’Union Africaine, de la CEDEAO-obsédée par les élections- qui font profil bas sur cette question cruciale ?
Que dire de cette Opposition, éclatée, par dysharmonie entre ces tendances dans et hors -Système, qui ne veut même plus s’opposer ?
Que dire, enfin, de nos partenaires internationaux qui pleurent pour l’Ukraine et se détournent des charniers dramatiques du Macina et de ce qui s’installe insidieusement en Tunisie ? Que penser de ceux-là qui disent venir en aide à notre cohésion sociale, mais qui injectent chaque année des millions d’Euros en soutien à un secteur de justice arriéré, mono-ethnique et grabataire ?
Hypocrisie quand tu nous tiens !
Samba Thiam
Président des FPC