Israël/Gaza: face au soutien de Joe Biden à Israël, le front des démocrates se fissure au Congrès
RFI – À l’ONU, ce lundi 17 mai, les États-Unis se sont à nouveau opposés à l’adoption d’une déclaration du Conseil de sécurité, qui appelait à « une cessation des violences » et à la « protection des civils ».
Le texte avait été rédigé par la Chine, la Tunisie et la Norvège, et Washington a simplement indiqué ne pas pouvoir « soutenir, pour le moment, une expression » du Conseil de sécurité. Cette position pour le moins prudente de l’administration américaine commence à susciter des réactions à la gauche du parti démocrate.
Le secrétaire d’État américain a déclaré ce matin que les États-Unis soutiendraient toute initiative en faveur d’un cessez-le-feu entre Israéliens et Palestiniens.
Mais en fin de comptes « c’est aux deux parties en conflit de montrer clairement qu’elles veulent atteindre un cessez-le-feu », a précisé Antony Blinken, qui a une nouvelle fois souligné le droit d’Israël à se défendre contre les attaques du Hamas :
“Les États-Unis restent très préoccupés par l’escalade des violences. Des centaines de personnes ont été tuées ou blessées, y compris des enfants qu’on a retiré des gravas. Nous sommes aussi inquiets par le fait que des journalistes ou des personnels de santé aient été mis en danger. Les Palestiniens et les Israéliens, comme partout dans le monde, ont le droit de vivre en sécurité. Ce n’est pas un privilège israélien ou un privilège palestinien, c’est un droit humain. C’est pourquoi nous travaillons intensément en coulisses pour tenter de mettre fin à ce conflit. Le président Biden est en contact avec le Premier ministre Netanyahu et le président Abbas. J’ai passé mon temps en venant ici à Copenhague, au téléphone avec des responsables régionaux d’Egypte, d’Arabie saoudite, du Qatar, mais aussi avec mon homologue français, pour discuter du besoin urgent de mettre fin aux violences, et nous allons continuer à le faire.”
La position pour le moins prudente de l’administration américaine commence à susciter des réactions à la gauche du parti démocrate.
De plus en plus de Démocrates critiquent Joe Biden
De plus en plus d’élus démocrates critiquent l’attitude de Joe Biden. Le Parti démocrate commence à se fissurer à ce sujet. Ce dimanche 28 sénateurs démocrates ont signé une tribune appelant à un cessez-le-feu immédiat entre Palestiniens et Israéliens. Mais les chefs de la majorité au Sénat et à la Chambre se sont abstenus d’apposer leurs noms sur ce texte.
Chuck Schumer et Nancy Pelosi estiment, comme Joe Biden, qu’Israël est en droit de se défendre contre les tirs de roquettes du Hamas. Le secrétaire d’État américain fait valoir que les États-Unis agissent en coulisses, l’administration estime qu’il serait contre productif de condamner publiquement Israël. Mais cette position est vivement critiquée par la gauche du parti qui voudrait voir le président faire pression sur Israël afin que cessent les raids aériens meurtriers sur Gaza.
« Complicité » des Américains
Alexandria Ocasio-Cortez a évoqué la « complicité » des Américains. Une autre élue démocrate de la chambre a parlé de crime de guerre après le bombardement de l’immeuble qui abritait des médias à Gaza. « Cela se passe avec le soutien des États-Unis », a dénoncé samedi la jeune parlementaire progressiste Alexandria Ocasio-Cortez, en tweetant la vidéo de la frappe ayant pulvérisé l’immeuble qui abritait à Gaza les locaux de la chaîne d’information qatarie Al-Jazeera et de l’agence de presse américaine Associated Press.
Ces tensions internes au parti démocrate interviennent alors que le Congrès a jusqu’au 25 mai pour se prononcer sur une vente d’armes d’une valeur de 735 millions de dollars à Israël.
Il est peu probable qu’une résolution soit votée pour s’y opposer, mais cela va sans nul doute donner l’occasion aux élus de gauche de continuer à exprimer publiquement leur colère.
Le président américain Joe Biden a exprimé lundi 17 mai, lors d’un échange avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son « soutien » à un cessez-le-feu face à l’escalade de violences au Proche-Orient, a indiqué la Maison Blanche dans un compte-rendu à la tonalité très prudente. Lors de cette conversation téléphonique, il a évoqué les discussions en cours avec l’Egypte « et d’autres partenaires » pour y parvenir, précise le texte.
Avec notre correspondante à Washington,
Anne Corpet