Mauritanie, a la recherche de la majorité de Ely O. Sneiba
Le mois béni du Ramadane était pour moi une sorte de trêve des confiseurs, m’éloignant sciemment des réseaux sociaux et leurs nombreuses distractions. Intermède que j’aurai prolongé volontier n’eut été la sortie pathétique de Ely O. Sneiba, qui n’est pas à sa première provocation.
Des sorties, dont l’ultime but est de perpétuer la chimère d’une Mauritanie majoritairement arabe.
On serait tenté de ne pas répondre à un ganache de son genre, mais il est nécessaire parfois de rétablir la réalité pour ne pas fourvoyer la nouvelle génération avec ce phantasme de mauvais aloi.
Rappelons d’une part, que même dans les démocraties les plus ordinaires, le poids démographique d’une communauté, quelle qu’elle soit ne doit, en aucun cas être brandi comme un épouvantail pour opprimer les autres. D’autre part, la répartition ethnique ou communautaire dans un pays doit être appréhendée avec une certaine circonspection. Elle ne représente aucunement un gage de domination ou de coexistence pacifique. De la même manière, l’homogénéité de la population n’est pas source forcément de stabilité. Tout est lié au degré de maturité de la démocratie de l’Etat en question. Pour ne citer que quelques exemples : aux États Unis, les Africains- américains qui ne représentent que 13% de la population cheminent vers les mêmes aspirations que leurs compatriotes blancs, grâce aux avancées sur le chemin de « The perfect union ». Plus près de nous, au Sénégal, aucun groupe ethnique pris seul, ne représente plus de 20%, cela ne l’a pas empêché d’être un modèle de stabilité. Un pays a 95% musulman dont le premier président était catholique et les suivants tous soit à moitié ou à 100% pulaar, n’en déplaise au professeur.
La Somalie, par contre avec ses 85% de somalis et à 100% musulmane est un désastre.
Le but ultime des données démographiques est de servir d’outils de planification pour offrir les service des meilleurs aux citoyens en terme d’éducation, de santé, d’infrastructures…, rôle premier de l’Etat et non de surenchères politiques.
Pour en venir aux élucubrations du professeur émérite, je lui demanderai de bien vouloir, la prochaine fois écrire en Hassaniya, tant ses idées sont sens –dessus dessous. Toujours est il qu’il convient de lever les amalgames, dissiper les doutes et lever les équivoques semées volontairement . Je relève globalement les points suivants:
– l’apport ou non de populations allochtones.
– des cadres noirs qui servent différents pays.
– des extrapolations visant à confirmer la majorité arabo-berbère en Mauritanie.
Si pour des raisons évidentes, l’Etat mauritanien, n’a jamais fait appel aux pays arabes pour faire pencher la balance démographique, il n’est un secret pour personne que des populations et cadres Touareg ou maures des pays limitrophes ont été accueillis à bras ouverts notamment pendant les événements de 89 pour diluer la population noire impossible à déporter en entier. Des maures Sahraouis ou maliens ont été enrôlés massivement alors que pour un negro-mauritanien c’est La croix et la bannière. Pratique inspirée des monarchies du golf qui recourent à la naturalisation des Pakistanais sunnites pour neutraliser leurs populations chiites.
C’est au deuxième point de son article que se révèle toute sa mauvaise foi.
O. Sneiba charge Mamoudou Toure, pour avoir change de pays en taisant cyniquement les raisons légitimes qui ont justifié cette option forcée de Touré, mais passe sous silence, malhonnêtement, les cas de Horma, Bouyagui , Miske…
Dans le même sillage, il fait des accusations graves en pointant du doigt certains négro-africains candidats aux présidentielles. La Mauritanie serait donc si laxiste pour ne pas s’assurer de la nationalité des candidats à sa magistrature suprême! Il tait cependant, le fait que O. Abdel Aziz, présidant pendant 10 ans aux destinées de la Mauritanie est un citoyen marocain, avec toute sa famille !
Ely s’appuie, par ailleurs, sur un recensement de Quefelec, dit-il, mais ignore ou refuse de rappeler celui 1959, celui du PNUD, de l’USAID; mais surtout ceux nationaux de 1974 et 1998, dont les résultats sont dissimulés et toujours jalousement gardés service du Plan! Pourquoi dissimule-t-on toujours les recensements des populations par groupe ethnique, depuis O.Daddah, si l’on n’avait rien à cacher ?
Enfin, O. Sneiba se fonde sur un argument spatial pour déterminer poids démographique, en opposant le Nord et le Sud, comme s’il s’agissait d’aires homogènes ethniquement. Il ignore délibérément les populations Sooninke et Peulhs des Hodhs et de l’Assaba, jamais prises en compte numériquement ou dans la représentation en termes de députés, maires ou sénateurs…Dans ce Nord du pays ,il ferme les yeux sur cette masse negro africaine a NDB et Zouerat…
Il est fondamental pour un pays d’avoir une idée claire de la répartition de sa population en fonction de l’âge, du sexe et même si nécessaire par groupes ethniques, mais il faudrait que ces données soient fiables, obtenues sans arrière-pensées politiques ou hégémoniques. Et dans le cas de notre pays, aucune statistique en matière de population n’obéit à ses règles de base. En absence de données officielles, on ne peut qu’épiloguer sur les chiffres. Une certitude cependant, la Mauritanie est composée de trois blocs ethniques, avec l’ensemble haratine majoritaire, suivi par des négro-africains, le groupe arabo-berbère ferme la marche, avec moins de 15 %, selon la plupart des sources sérieuses… La, est la réalité sur le terrain.
La lutte continue !
Abou Hamidou Sy
FPC/Amérique du Nord