LETTRE OUVERTE D’UN CITOYEN NÉGRO-MAURITANIEN AU PRÉSIDENT GHAZOUANI
Mr le Président, votre excellence. Je m’adresse à vous en simple citoyen qui se pose des questions et s’indigne des inégalités sociales dont sont victimes les Noirs de Mauritanie. J’ai lu Gobineau, Richet, Mengele et Hitler pour ne citer que les plus exécrables des théoriciens de l’inégalité des races. Je garde en mémoire les jugements fallacieux d’Ibn Khaldoun sur les Noirs. Je reste convaincu que le savant arabe a une forte influence sur les mentalités de certains compatriotes maures. Je ferai remarquer que la pratique dans l’administration mauritanienne est conforme à cette idéologie dont les dégâts historiques ont affecté l’humanité entière. Le nationalisme, quelqu’il soit, expose le monde au danger. Le racisme et les discriminations en tout genre, répandent la haine et le désespoir. J’ai observé l’expérimentation de cette théorie absurde par Botha et le dénouement heureux que Mandela a pu en faire au prix du sacrifice de toute sa vie. La Mauritanie, par une volonté soutenue, un manège morbide et un cynisme sans commune mesure, continue à entretenir cette discrimination, ce racisme primitif contre les Noirs. Il y a toujours eu un responsable au sommet de l’État et c’est lui le vrai coupable. J’accuse tous les présidents mauritaniens depuis l’indépendance à ce jour, à part Khouna et Sidioca, d’être les responsables de cette situation. Je ne vais pas revenir sur les dérapages macabres de certains que je ne nommerai pas ici, parce qu’ils ne méritent ce souvenir que devant un tribunal correctionnel. Tant que nous y sommes, parlons de l’actuel locataire du palais. Aujourd’hui, le seul et unique responsable de ce racisme s’appelle Ould Ghazouani. Mr le Président, vous avez la possibilité de vous rattraper et corriger ces injustices. Vous ne pouvez pas nier l’évidence que vous êtes dans la continuité des oeuvres de vos prédécesseurs. Tous les hauts gradés et officiers des corps militaires sont exclusivement maures, comme le confinement les recrutements de ces dernières années. Vous n’êtes pas sans savoir que de plus en plus de voix s’élèvent parmi les maures, pour s’indigner face à ce danger latent qui guette l’existence de notre pays. Un dialogue national, c’est bien, mais la culture du mérite c’est encore mieux. Si vous regardez autour de vous, vous remarquerez que plusieurs personnes qui vous ont précédé à ce fauteuil ne sont plus de ce monde. Ainsi sera votre destin, le mien et celui de tous, nous répondrons alors à nos actes. Libre à vous d’agir en toute impunité, avant la date fatidique du rendez-vous Final.Pensez-vous un instant que ces concours où aucun noir n’est admis représentent une supériorité intellectuelle ? N’avez-vous pas fait les études primaires et secondaires avec des Noirs? Vous en avez connu des élèves plus forts que vous, d’autres moins, des êtres humains tout court. Des officiers noirs, vous en avez côtoyé de vaillants et illustres camarades. Vous ne pouvez pas continuer à trahir votre conscience en parrainant ces faits obscurantistes. Mr le Président, votre responsabilité est lourde, très lourde même. Vous êtes le garant de l’égalité des citoyens, de la survie du pays et du rassemblement de la population autour d’un idéal commun de paix et de justice. J’ai pris connaissance de ce dialogue inclusif qui n’inclut pas les victimes des injustices dans les débats. Il ressemble énormément aux débats français au cours desquels tout le monde peut participer, sauf l’intéressé. Le résultat est qu’on occulte la question et on déplace le débat, on résout un problème qui n’existe pas, ce qui revient à en créer un autre. Je n’attends pas grand-chose de ce dialogue où on ne désigne pas les maux par des mots, mais par des borborygmes pour ne pas susciter la colère du roi. Avez-vous une fois vu quelqu’un cracher dans sa propre assiette ? La majorité des participants à ce débat vivent du système et les voix sincères des autres sont si minoritaires qu’elles seront inaudibles. Le racisme, ce n’est pas un projet d’avenir, c’est un crime contre l’humanité. Cordialement.
Bacca.