Moi aussi j’étais à Oualata (6) : Ingratitudes… / par Oumar Ould Beibacar
Deux des détenus politiques de Oualata se sont acharnés contre moi, à l’occasion de diverses sorties publiques, m’accusant d’assassin et de tortionnaire, sans pouvoir apporter aucune preuve ni aucun témoignage. Il me semble que principale motivation des auteurs de ces préjugés ne pouvait être qu’un peu d’ingratitude et un peu de racisme.
Le premier est Idrissa Ba. Beaucoup de contrevérités me concernant gâtent l’interview qu’il accorda à Flam-Mauritanie.org, datée du 3 Octobre 2015, qui le présente en « membre et cofondateur des Forces de Libération Africaines de Mauritanie (FLAM), ayant participé activement à l’édition du Manifeste du Négro-mauritanien opprimé, de la guerre civile à la lutte de libération nationale, publié par les FLAM en Avril 1986. »
Entre autres contrevérités, et je le cite : « Il s’est passé un événement qui illustre le comportement de cet individu qu’on prétend humaniste. Un garde haratine répondant au nom de Cheikh refusa, un jour, de torturer l’adjudant Diop Abdoulaye qui avait été surpris en train de ramasser un grain de sel.
Cheikh fut arrêté et menotté, en présence de tous les prisonniers et gardes, sur ordre du lieutenant Oumar ould Boubacar. […] Comment comprendre autrement qu’Oumar Ould Boubacar, le plus gradé et responsable du camp, n’ait jamais rappelé à l’ordre ses subordonnés, ni recadré ses derniers, quand ils pratiquaient, sur les détenus (seulement politiques), les humiliations les plus abjectes et les tortures les plus atroces […] ».
Ces deux affirmations sont dépourvues de tout fondement. Depuis mon arrivée à Oualata, aucun prisonnier ne fut torturé ni aucun garde humilié publiquement.
Alors il en rajoute : « Pourtant, sous le commandement d’Oumar ould Boubacar, on aurait compté plus de quatre morts. Il ne faut pas oublier que DjigoTafsirou et Bâ Abdoul Ghoudouss décédèrent alors qu’il dirigeait la prison de Oualata. » Accusation gratuite.
Et de conclure son interview par cette réaction on ne peut plus absurde : « Je suis extrêmement choqué par les images publiées, ces derniers jours, montrant Oumar ould Boubacar posant fièrement devant les tombes de nos martyrs de Oualata. »
Allusion à une vidéo, rapportant une visite que je fis, sur les tombes des martyrs du fort-mouroir de Oualata, avec mon frère et ami Ly Jibril Hamet, réalisée en Avril 2014 et qui circula sur Facebook en Septembre 2015. Idrissa Ba sera certainement trop vexé en apprenant que c’était ma septième visite sur ces tombes.
Particulièrement à cause de la présence, parmi elles, de la dépouille de mon frère et ami Ba Abdoul Ghoudouss. Chaque fois que je vais à Oualata, ma première activité, c’est d’aller prier sur ces tombes abandonnées qui n’intéressent plus personne.
Contrevérité
Une autre contrevérité, et je le cite encore, : «Au moment du transfert à Aïoun, dirigé par Oumar ould Boubacar, treize détenus dont Diacko Abdoul Kerim, Ibrahima Khassum Ba, Sy Hamady Racine, Ibrahima Abou Sall, Ousmane Abdoul Sarr, Samba Thiam, Amadou Sadio Sow, Moussa Mamadou Ba, Al Hadji Dia et moi-même, avions encore des chaînes aux pieds ».
A propos des chaînes, les derniers qui en furent délivrés, le 5 Octobre, étaient au nombre de cinq ou six, tous des officiers, dont les trois cités dans mon précédent article relatant la visite-surprise du ministre de l’Intérieur. Et lors du transfert à Aïoun, aucun prisonnier n’était enchaîné.
Ainsi qu’en témoigne mon frère et ami Boye Alassane Harouna, dans son livre « J’étais à Oualata », page 143, et je le cite : « Le 31 Octobre 1988, tous les détenus civils et de droit commun furent transférés au fort d’Aïoun.
A cette date, toutes les chaînes avaient été retirées des pieds de tous les détenus.» Le plus surprenant, c’est qu’aucun des neuf prisonniers cités par Idrissa Ba ne l’a démenti, accréditant ainsi sa thèse mensongère. Comme l’a si bien dit Martin Luther King : « Ce qui m’effraie, ce n’est pas l’oppression des méchants ; c’est l’indifférence des bons. »
D’après des renseignements recueillis sur son compte, Idrissa Ba est un manœuvre des eaux et forêts. Inculte et prétentieux, il fut sympathisant du Mouvement National Démocratique et aurait dénoncé, auprès de la police, plusieurs membres des FLAM, avant d’être embarqué, malgré lui, dans leur mauvaise aventure, après une condamnation à cinq ans fermes, au terme d’un procès expéditif.
Analphabète, il n’aurait jamais été membre cofondateur des FLAM : l’élaboration du Manifeste fut affaire d’intellectuels et non d’ouvriers incompétents.
Mais, depuis sa condamnation et, surtout, sa sortie de prison, le manœuvre a cherché à se faire passer pour un des leaders des FLAM, sans doute pour obtenir un bon statut de réfugié. En réalité, il ne partage, avec l’aile extrémiste, qu’une profonde haine envers toute la communauté maure, sans exception aucune.
Infos macabres
Mon second accusateur, c’est le sergent du Génie Ousmane Abdoul Sarr. Dans un premier article daté du 12 Septembre 2015 et publié sur CRIDEM, il s’en est pris à moi dans les termes suivants : « Oumar est venu à Oualata après la mort de feu Ba Alassane Oumar, paix à son âme.
Il y eut, par la suite, les décès de feu Tène Youssouf Guéye, de mon ami et chef Ba Abdoul Ghoudouss et du regretté DjigoTafsirou. Oumar est comptable de la mort de nos vaillants martyrs. » Réagissant à un article que j’avais écrit sur la tentative de putsch du 22 Octobre 1987et le courage du lieutenant Ba Seydi, il alla beaucoup plus loin.
Je le cite encore : « Concernant le peloton d’exécution, je pense qu’Oumar ould Beibacar pouvait être lui-même le tireur assassin qui fit feu sur Ba Seydi, Sarr Amadou ou Sy Saidou. Sinon, était-il simplement présent à la mise à mort de nos premiers martyrs ? L’un ou l’autre cas peuvent expliquer ses remords bien tardifs. »
Puis, dans un deuxième article daté du 25 Novembre 2015, « Oumar ould Beibacar figure sur notre longue liste des assassins et tortionnaires. Au moins témoignera-t-il devant la justice ? C’est là qu’il devrait livrer « ses infos macabres».
Il a poussé son cynisme jusqu’à aller s’agenouiller sur les tombes de ceux qu’il a assassinés. » Dans un troisième article du 2 Décembre 2015, suscité, semble-t-il, par la DGSN, pour me discréditer, suite à mon arrestation, le 28 Novembre 2015, après la conférence sur le génocide d’Inal que j’avais donnée au siège de l’AJD-MR, voici sa réaction : « Oumar ould Beibacar est un des assassins des martyrs de Oualata ; et de bien d’autres, certainement. Les bourreaux comme Oumar ould Boubacar doivent répondre devant la justice. »
Au milieu de l’année 2018, j’ai publié les photos des martyrs Djigo Tafsirou, Ba Abdoul Ghoudouss et Ba Alassane Oumar, sur ma page Facebook que je fus surpris de voir ainsi commentée par Ousmane Abdoul Sarr : « Oumar Boubacar, ces tombes sont celles de nos martyrs, nous les Peuls, les “juifs” du maudit fort que tu commandais.
Laisses nos martyrs dormir en paix ! Toi, le colonel Vaida et tous les autres assassins, vos places sont dans le box des accusés. Honte à vous qui soutenez des racistes, criminels et assassins ! Ghoudouss était mon ami, mon frère, mon camarade. Paix à son âme ! » Je lui répondis aussitôt : « Ousmane Abdoul Sarr, toi, tu n’es pas mauritanien, tu n’as aucune racine en Mauritanie.
Quand tu y viens, tu es obligé de chercher des amis chez qui loger, parce que tu n’as aucun parent ici. Tu es un agent triple de renseignements : des Sénégalais, ton pays d’origine et de toujours ; des Mauritaniens, ton pays adoptif de quelques années, qui te chargea de semer la zizanie dans les rangs de la diaspora ; et des Français, ta nouvelle patrie.
Tu étais aussi le vulgaire petit agent de renseignements de Bobaly, le régisseur de la prison de Oualata, à qui tu aurais dénoncé, entre autres, tes vingt-deux collègues qui avaient réussi à enlever discrètement leurs chaînes, provoquant ainsi leur châtiment, en cette horrible nuit du 22 Mars 1988. Le bourreau, le cannibale, c’est bien toi qui vis du sang de tes amis enterrés à Jreida et à Oualata.
Pourquoi n’as-tu jamais demandé, aux autorités, de te montrer le site des tombes, de tes trois amis assassinés le 6 Décembre 1987, pour leur rendre visite, comme le firent les parents et amis des officiers du 16 Mars 1981? Pourquoi n’as-tu jamais rendu visite aux tombes de ton ami Ba Abdoul Ghoudouss et de ses deux autres compagnons, lui qui t’avait fait entrer dans l’Histoire, toi, le minable petit sergent sans foi ni loi?
Pourtant, tu connais bien leur emplacement, et leur accès n’a jamais été interdit. Mais c’est surtout ton ingratitude qui t’empêche de franchir le pas.
Tu m’as traité de génocidaire, sans doute sur instruction de tes patrons de la DGSN, pour me discréditer, sans y apporter aucune preuve, lorsque j’ai dénoncé le massacre d’Inal dans une conférence au siège de l’AJD-MR, le 28 Novembre 2015.
Pourquoi les ayants droit et toi ne portez-vous pas plainte contre moi, devant les juridictions mauritaniennes, sachant que les crimes et délits commis à Oualata ne sont pas amnistiés et que les crimes de sang sont imprescriptibles ?
La loi 93-23 du 14 Juin 1993 portant amnistie ne concerne en effet que les membres des forces armées et de sécurité auteurs des infractions commises entre le 1er Janvier 1989 et le 18 Avril 1992, relatives aux événements qui se sont déroulés au sein des forces armées et ayant engendré des actions armées et des actes de violence.
Situés entre le 26 Août et le 28 Septembre 1988, les décès de tes compagnons ne sont donc pas couverts par ladite loi. Toi, tu es un grand menteur et n’as, dans ton cœur, que la haine envers les Maures. Tu es un vrai raciste.
Pourquoi ne peux-tu pas citer un seul témoin, parmi les cent prisonniers qui étaient avec toi, pour crédibiliser tes allégations de génocidaire et de bourreau dont tu m’accuses ? Moi, je ne te pardonnerai jamais et j’attends la justice du Tout-puissant. »
Voici sa réponse à propos de la Mauritanie : « […] j’aurais tellement souhaité ne jamais connaitre ce pays raciste et esclavagiste dont il faudra redéfinir les frontières et brûler le drapeau ! ». Il divague, preuve incontestable qu’il n’a jamais été un vrai mauritanien.
D’après mes investigations au sujet de ce sergent sénégalais, il aurait été recruté dans l’armée nationale par le lieutenant martyr Sarr Amadou qui lui aurait procuré un état-civil mauritanien. Il se serait spécialisé en mécanique et muté à la 6ème région militaire où il se sera surtout distingué par son alcoolisme.
C’est là qu’il fit connaissance avec le futur général Ould Abdel Aziz, sénégalais et mécanicien comme lui, jusqu’à devenir très bons amis. Avant d’être muté au Génie où, sur recommandation du lieutenant Sarr, dirigeant du projet de coup d’Etat du 22 Octobre 1987, le lieutenant Abdoul Ghoudouss lui confia la coordination des éléments putschistes du Génie, avant son départ en stage en Algérie. Voilà comment Ousmane Abdoul Sarr entra-t-il dans l’Histoire, avec sa condamnation à vingt ans de prison ferme.
Pendant son séjour en France, il se serait converti en trafiquant d’état-civil mauritanien, vendant la nationalité mauritanienne à plusieurs africains, majoritairement des sénégalais, contre une somme importante, avant d’être stoppé par l’informatisation de l’état-civil mauritanien.
Il joua également un rôle principal dans le ridicule scénario monté, en 2011, par des irresponsables, pour faire plaisir à son ami et compatriote le général Ould Abdel Aziz, visant à saboter la solution définitive du passif humanitaire, en trompant les veuves et les victimes.
Homme sans consistance, le sergent manque de lucidité et de cohérence dans toutes ses sorties m’accusant gratuitement d’assassin et de tortionnaire. Il évoque des listes mais mon nom ne figure sur aucune, même pas celle d’AVOMM « Association d’aides aux Veuves et aux Orphelins des Militaires Mauritaniens », fondée le 25 Décembre 1995 à Paris, dont il serait l’un des cofondateurs et qu’il présida pendant quelques années.
Cette incohérence, prouve qu’en toutes ses sorties, le sergent était probablement en état d’ivresse. Comme le disait le physicien Albert Einstein : « Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal mais par ceux qui y assistent et ne disent rien ». (A suivre)
le calame