Ely et ses divagations
Probablement atteint du syndrome de la page blanche, dû à un delirium latent, le sieur Ely O. Sneiba n’a trouvé mieux que de se lancer dans une perfide diatribe envers la communauté peule, qu’il ne porte assurément pas dans son cœur . Et pourtant Dieu sait qu’il y a du grain à moudre; entre ces élections volées, le pauvre M’Khaitir que certains barbus continuent à vouloir envoyer à la potence et le dangereux bicephalisme vers lequel on s’achemine, voilà matière à réflexion. Ignorant tous ces sujets qui doivent interpeller son intellect, notre intellectuel préfère dégurgiter cette tirade anti- Haal Pulaar. Ceux-ci, justement, déconseillent, dans un célèbre adage, de répondre aux agissements du baudet, de peur tomber aussi bas mais je ne pus résister face à ces grotesques affabulations.
Dans ce pamphlet, où l’ignorance le dispute à la mauvaise foi, l’arrogance à l’hypocrisie, on a du mal à saisir ce qu’il reproche exactement à cette communauté. Tantôt, c’est Hamidou Baaba et son interview, tantôt les Haal Pulaar du Sénégal, ou les “Naar” absents du gouvernement sénégalais, le coup d’Etat de 87, la diaspora … “what is exactly the problem?”
Ce genre de sorties, reflète en réalité une profonde anxiété identitaire doublée d’une permanente incertitude existentielle des arabophiles mauritaniens et l’ambition utopique qu’ils nourrissent: une Mauritanie exclusivement arabe. Seulement, cette chimère est entravée par la présence de ces négro-mauritaniens, en particulier, peulh qui refusent toute aliénation. Si seulement les choses pouvaient se passer comme dans le reste de l’Afrique du Nord, où la population autochtone noire a été presque effacée ou complètement reléguée au second plan, tel un enfant taré qu’on cache au monde. C’est sous cet angle et sous cet angle seulement qu’il faudra analyser ces récurrentes sorties au vitriol contre les Haal Pulaaren.
Pour en venir à la substance de son propos, si substance il y a, j’aurai souhaité que notre professeur fût honnête dans son analyse, constant dans sa démarche et juste dans ses conclusions. La rigueur intellectuelle aurait voulu qu’il ait retourné les outils d’anslyse dans l’autre sens, en exposant les agissements de sa communauté en Mauritanie et dans les pays voisins. A moins qu’il ne soit un de ces intellectuels que décrivait Barres: “Rien n’est pire que ces bandes de demi-intellectuels. Une demi-culture détruit l’instinct sans lui substituer une conscience.”
Ely entame son propos par deux termes inapropriés, preuve de son ignorance de cette communauté qu’il tient à stigmatiser, à moins que ça ne soit une plaisanterie mal venue. Je rappelle à sa gouverne que le mot “Naar” est totalement inconnu en milieu milieu peulh, nous ne l’utilisons nulle part dans notre langue; ni pour les objets, ni pour les animaux, encore moins pour les humains.
Pour la petite histoire, sachez monsieur que si N’dar a été la capitale de la Mauritanie à un moment donné de son histoire, cela n’a rien à voir à cette prétendue “présence ancestrales des arabo-Mauritaniens (comme vous dites) au pays de la teranga. La vérité est qu’il fallait forcer le destin en donnant à ce pays que certains voisins ne voulaient pas des symboles même provisoires. Ironie de l’histoire, ce sont ces mêmes voisins qui sont courtisés, quant à ceux qui ont assisté à cette difficile genèse, leurs ressortissants constituent le souffre douleur de presque tout et chacun.
Quant à la présence soit-disant ancestrale des maures à St-Louis, je vous renvoie à cette boutade (adage) peulh: ” hol hamme, hol hoore weendu”?
Le racisme d’Etat dont la dénonciation vous désoblige tant est une réalité en Mauritanie. Il ne peut être assimilé aux problèmes de pauvreté ou d’emplois inhérents au sous-devoppement ou à la mal gouvernance. Il s’agit de ce racisme structurel qui gangrène la Mauritanie. Celui qui fait la part belle à la culture arabe-berbère dans les médias alors que celle des négro-africains est réduite comme une peau de chagrin. Le fait que créer une entreprise pour un noir en Mauritanie, c’est La croix et la bannière, alors les boulevards de la richesse sont largement ouverts à la communauté maure. C’est aussi ces écoles d’élites ou seuls les enfants d’une certaine communauté sont admis. Mais aussi cette “sécurisation” de cet État civil qui ne vise en réalité qu’à sécuriser la prédominance des arabo-berbères par le refus d’enrôler les négro-africains et les Haratines. C’est aussi la confiscation des terres des pauvres paysans de la vallée…
Voilà ce que nous dénonçons et que vous devriez aussi, si la stabilité du pays vous préoccupe tant soit peu.
Les Haal Pulaar et tous les autres négro-mauritaniens ne demandent aucune faveur, aucune largesse, ils sont assez entreprenants par eux-mêmes. Ce qu’ils demandent, c’est l’égal accès aux conditions d’accumulation de la richesse.
Vous conviendrait avec moi qu’il est quand même curieux, que les Noirs de Mauritanie qui excellent partout dans le monde avec des affaires florissantes dans tous les continents n’arrivent pas à reproduire le même talent chez eux. Ceci n’est pas un problème de sous-développement, c’est du racisme pur et dur.
C’est vrai qu’aucun Arabo-berbère n’occupe un poste ministériel ou administratif au Sénégal, mais pas pour les raisons que vous suggèrez. L’honnêteté vous commande à pousser la réflexion jusqu’au bout. Vous feignez d’ignorer que ces compatriotes ont préféré retourner en Mauritanie pour occuper les mêmes fonctions, contrairement à ceux que vous appelez cyniquement ” les naturalisés mauritanien” qui se sont contentés de postes de second niveau, en dépit de leurs qualifications avérées.
Dans la même foulée, vous semblez avoir quelque chose d’insaisisable envers le Sénégal, une certaine amertume, une envie; comme certains d’ailleur de nos compatriotes. Ce Sénégal si proche, mais pourtant si différent. Un pays de négres adulé par les arabes. Un pays si pauvre, mais si influent dans le monde. Cela n’est pas du goût des nationalistes arabo-berbères dont vous épousez les thèses.
Sachez tous que la force de ce pays ce sont ses intellectuels qui ont su taire leurs clivages ethniques pour faire de cette diversité culturelle une nation fière. C’est son armée républicaine qui ne cherche jamais à accéder au pouvoir. Enfin, c’est cette démocratie, même imparfaite, qui permet au peuple de faire partir un président qui voulait rester plus que la constitution le lui permet. Tout le contraire de ce qui passe chez nous.
Vous avez parfaitement raison quand vous dites ” quand on cultive le particularisme tout se gâte et les œillères sectaires nous font faire un mauvais focus “. Qui cultive le particularisme en Mauritanie? Qui ne veut pas habiter avec les noirs ou apprendre leurs langues de peur d’être associés à eux. Enfin qui porte des œillères qui ne permettent de ne voir que dans une direction: l’orient?
Il est tout à fait normal et souhaitable pour un pays que chacun se préoccupe de ” la place, du rôle et du devenir de son groupe ethnique” cela s’appelle de la diversité. Le mal commence quand un groupe ethnique cherche à anéantir politiquement, culturellement et économiquement tous les autres dans un espace où la cohabitation est inévitable. C’est ce que les Négro-africains refusent. Nous ne voulons qu’une chose qu’on nous laisse vivre notre négritude, comme vous vivez votre culture.
Mais enfin ne soyez pas comme le baudet dans la culture maure: ” le’en nachrab aana, ya’amel yeddegdeg al hassi”.
La lutte continue
Abou Hamidou Sy
FPC/Amérique du Nord