Présidentielle 2019- Aziz à Ghazouani : “Si je coule, tu coules aussi” !
Alors que la campagne électorale ne fait commencer la sympathie dégagée, aux premiers jours, par le candidat Ghazouani, s’effiloche de plus en plus sur la jauge des citoyens Lambdas.
Principale raison ; son éclipse par le président sortant. Le président sortant Aziz fait désormais carrément l’ombre au candidat Mohamed Ould Ghazouani. Une réalité amère –perceptible à l’ouverture de sa campagne à Nouadhibou- dans le camp du prétendant au palais ocre impuissant à se frayer une image personnelle en dehors du cliché de second du président Aziz.
Un homme qu’il a servi y compris dans les moments les plus difficiles comme ce fut le cas dans l’incident de la balle amie. Suffisant pour que Aziz lui soit reconnaissant à vie. Mais on assiste au contraire, le candidat Ghazouani obligé de refaire platement allégeance à son prédécesseur.
L’usure du temps et de la mauvaise gestion du pays dix ans durant ont eu raison des plus inconditionnels de ce dernier. Dans le discours et dans l’attitude, le candidat Mohamed Ghazouani est pris au piège du président sortant qui, non seulement veut réussir son propre clonage, lui a fait endosser son bilan, mais, au passage, lui a aussi refilé les ressentiments de populations stoïques, toute cette décennie face à un népotisme sans borne, un coût de vie invivable, fruit d’une économie exsangue par l’aventurisme managérial qui a transformé le filet de sécurité du tissu social en haillons.
La cacophonie traversée par la Ceni monocolore et la présomption de fraude liée à l’attribution du marché d’impression des bulletins de vote créent une atmosphère dont héritera le candidat Ghazouani, s’il devait être élu aux forceps. Un environnement de suspicions dans lequel s’est forgé son prédécesseur ramenant le pays à la case-départ d’une bipolarisation politique irréversible et une gestion catastrophique des deniers publics.
En cela, le président sortant a réussi, en début de campagne tout au moins, à sceller le sort du candidat Ghazouani au sien, après avoir échoué à faire valoir son projet de troisième mandat. «Si je coule, tu couleras aussi» semble professer le président sortant à l’endroit de son dauphin au sein du système pour rappeler «l’utilité de son expérience» à naviguer en eaux troubles. Aziz continue ainsi, à travers ses hommes, à avoir le dernier mot sur le déroulement de la campagne du «pauvre» candidat Ghazouani.
Ghazouani serait-il comptable de la gabegie de ces 10 dernières années?
A en juger par les intentions de vote des électeurs, il semble bien que ces derniers se détournent du candidat du régime, Mohamed Ould Ghazouani. Tous les prétextes sont bons pour prendre leurs distances au profit des candidats de l’Opposition et notamment en faveur du candidat Sidi Mohamed Ould Boubacar, cité comme son véritable concurrent.
Ancien chef d’état-major des armées, le candidat Ghazouani a certainement un bilan à faire valoir sur ce registre. C’est d’ailleurs l’un de ses premiers slogans de campagne. Mais est-ce suffisant aujourd’hui pour convaincre les électeurs à lui accorder leur confiance? La confusion voulue du candidat avec le président sortant parait être un véritable boulet à son pied. En prend-il conscience avant le jour «j»?
A y observer de près, le candidat Ghazouani tente pour l’instant de colmater des brèches. Il accepte même de rencontrer et de sceller pacte avec le mouvement «La Mauritanie avant tout», décidé à tourner la page Aziz en déclarant «Nous n’entendons assumer nul bilan, uniquement le projet du candidat. Il est temps d’inventer un modèle alternatif pour réparer la Mauritanie».
Position de circonstance ou prémices de frictions avec Aziz ? C’est à croire que le candidat cherche à renverser la tendance en élargissant le spectre de ses alliances pour tenter de gagner cette élection ou à défaut se trouver des circonstances «atténuantes ».
J.D
mauriweb