Dakar: le Sénégal inaugure son Musée des civilisations noires
A l’heure où l’on parle beaucoup de la restitution des œuvres d’art spoliées aux pays d’Afrique, le Sénégal a inauguré en grande pompe, ce 6 décembre, le Musée des civilisations noires, à Dakar, en présence du président du Sénégal et d’autres personnalités.
Dans son discours, le président Macky Sall a plaidé pour un dialogue serein avec la France, après la proposition du président français de restituer aux pays d’Afrique sub-saharienne les œuvres mal-acquises. Pour rappel, Emmanuel Macron a mandaté deux universitaires pour travailler sur cette question. Bénédicte Savoy et le Sénégalais Felwine Sarr ont remis leur rapport il y a deux semaines, suscitant beaucoup d’espoir dans certains pays africains.
Felwinne Sarr qui était d’ailleurs présent à l’inauguration du musée à Dakar, venu présenter le soir, dans l’amphithéâtre du musée, une pièce coproduite par… un Belge, le directeur du théâtre de Namur, qui avait lui aussi fait le déplacement.
Il faut dire que Patrick Colpé entretient des liens étroits avec l’Afrique et plus particulièrement le Sénégal. C’est lui qui a proposé à Felwine Sarr d’écrire un ” discours aux nations africaines “, parce que ” je trouve assez insupportable la façon dont on parle de l’Afrique dans les médias “, nous explique-t-il. Quand le ministre sénégalais de la Culture, Abdou Latif Coulibaly, a eu vent du projet, il a demandé d’accélérer l’écriture, pour que le spectacle puisse être présenté à Dakar, dans le cadre de l’inauguration du Musée des civilisations noires. ” Tous les astres étaient alignés “, se réjouit Patrick Colpé.
Interrogé sur la position du Sénégal concernant la restitution d’œuvres d’art, le ministre sénégalais de la Culture, Abdou Latif Coulibaly, est très clair : ” On nous propose de nous rendre des œuvres, des œuvres qui nous appartiennent. On ne va quand même pas cracher dessus. D’autant que nous avons la place pour les accueillir. ”
L’architecture monumentale est inspirée des cases rondes de Casamance
Il est vrai que le bâtiment est grand, près de 14.000 m², pouvant accueillir 18.000 pièces. C’est la Chine qui l’a financé, à hauteur de 30 millions d’Euros. L’architecture monumentale est inspirée notamment des cases rondes de Casamance (région du sud du Sénégal). Le Musée des civilisations noires fait face à au Grand Théâtre national, lui aussi financé il y a quelques années par la Chine.
” Dans ce musée, nous voulons montrer que l’Afrique peut être fière de ce qu’elle a produit comme éléments de civilisation. Nous voulons qu’un Africain qui sorte de ce musée se sente fier, optimiste pour l’avenir “, explique encore le ministre sénégalais de la Culture.
Le Mali, l’Egypte ou encore la France ont prêté des œuvres
L’exposition inaugurale entend mettre l’accent sur “la proclamation de la valeur de l’humain “. C’est ce qu’a indiqué le conservateur du musée, le professeur Hamady Bocoum. Le projet se veut panafricain, et présentera des facettes de tout le continent. Le Mali, l’Egypte ou encore la France ont prêté des œuvres pour l’inauguration du tout nouveau musée.
Mais il reste encore des salles vides. Vont-elles accueillir bientôt des objets restitués ? Au Sénégal, en tout cas, on se dit prêt. D’autant que le musée est présenté comme respectant des conditions de conservation idéales, à température et humidité constantes. De quoi faire taire les critiques qui disent que les pays d’Afrique ne peuvent pas assurer la conservation de ces œuvres.
L’ouverture de ce musée est le fruit d’un long processus. L’idée d’un tel espace avait pour la première fois été évoquée par le premier président du Sénégal, l’homme de lettres Léopold Sédar Senghor. C’était il y a plus de cinquante ans.
Aujourd’hui, le musée existe bel et bien. Mais les visiteurs devront encore patienter avant de découvrir ses collections. L’ouverture au grand public nécessite, nous dit-on, encore quelques réglages et mises au point.
rtbf
Senalioune