Boubacar Messaoud à l’ouverture du 3e congrès ordinaire de SOS Esclaves
« SOS –Esclaves adopte une approche pacifique basée sur la légalité et le respect des textes et lois en vigueurs dans le pays, sans jamais accepter ni la moindre concession, ni la moindre compromission »
C’est sous ce thème que s’est ouvert, hier vendredi 28 septembre 18, à son siège central de Nouakchott, le 3e congrès ordinaire de l’Ong SOS Esclaves. La petite cour du siège a refusé du monde : des responsables des organisations de défense des droits de l’homme, de la société civile, des présidents de partis politiques, des syndicalistes, des partenaires au développement et la presse ont tous honoré de leur présence cette cérémonie d’ouverture.
Ce fut l’occasion pour le président de SOS Esclaves, M. Boubacar Ould Messaoud de renouveler, d’abord l’engagement de son organisation de demeurer, comme toujours, une organisation de lutte pour la promotion et pour l’éradication de l’esclavage en Mauritanie, en particulier, à travers, un soutien inconditionnel à toutes les victimes de violation, quelles que soient leur origine sociale, contre toutes les oppresseurs de quelques communautés qu’ils soient. Il a ensuite dressé un bilan d’étape de l’une des organisations de défense des droits de l’homme, les plus dynamiques du pays en particulier dans la lutte pour l’éradication de l’esclavage dans toutes ses formes, au sein de toutes les communautés en Mauritanie. Un processus enclenché, rappelle Boubacar Ould Messaoud bien avant la création, en 1995 de SOS dont l’objectif est de contribuer à l’édification d’une Mauritanie réconciliée avec elle-même, départie de toutes les formes d’injustice. C’est donc, une affaire de tous, a-t-il martelé. En dépit des difficultés, pour ne pas dire des hostilités rencontrées, SOS poursuit son combat, bon an mal an et a réussi, contre vents et marées, a entretenir l’espoir chez des victimes de cette pratique abjecte, mais aussi d’autres violations des droits humains, ceci grâce à l’appui des partenaires au développement et au dynamisme de son équipe dirigeante et de ses démembrements, aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur. Boubacar Messaoud a profité de l’occasion pour adresser ses remerciements à l’ensemble des partenaires, qui, sans eux, SOS n’aurait pas pu prospérer.
Au chapitre des réalisations et donc des acquis, le président a indiqué la mise en en œuvre de 18 projets dans 8 régions du pays, grâce à l’appui de ses partenaires, notamment Anti Salaverry International ou Minority Rights Group. Ces projets ont permis de prendre en charge , l’assistance juridique, la libération et le convoyage des victimes, la mise en place d’un fonds d’urgence contribuant à leur réinsertion, le renforcement des capacités de groupes d’aide et de soutien , la mise d’un plaidoyer pour les communautés autour de la législation etc.
Au plan judiciaire, SOS a, à son actif, plusieurs procès opposant des victimes d’esclavage à leur maître, comme elle a réussi à sortir d’esclavage de nombreuses personnes. Dans ce cadre, Boubacar Messaoud a cité de nombreux cas dont celui de Said et Yarg, tenus en esclavage par Mme Oumelmounine Mint Ahmed Vall, celui de Salma Mint Ahmed kory et Oumou el Id mint Salem Teyvour , de Rabi’a et de ses sœurs … SOS dispose aujourd’hui d’expertise en matière de questions liées à l’esclavage par ascendance, d’une importante banque de données sur la question, se réjouit son président. Le président de SOS a affirmé que SOS entretient 132 personnes bénéficiant de rémunérations, d’indemnités ou de contribution au transport et communication.
Au chapitre des difficultés, le président Boubacar Messaoud a relevé les réticences du pouvoir à nouer un dialogue constructif avec son organisation, déplorant au passage, l’absence à la cérémonie de ses représentants pourtant officiellement invités, excepté celui du ministère de la justice. Autre obstacle, les difficultés à acquérir le statut de partie civile, la non-indépendance de la justice, la requalification des cas d’esclavage soumis en conflit de travail, la complicité implicite ou explicite de nombreux responsables de l’administration, de la sécurité, de la justice face aux pratiques esclavagistes, l’absence de fonds d’insertion, de centre d’écoute….
Boubacar Messaoud a enfin saisi l’occasion pour rendre un hommage appuyé à ceux qui ont contribué à la création de SOS, à son expansion, et qui, héla, ont tiré leur révérence. Il a cité, entre autres, l’ambassadeur Said Hammody, Niang Abdoul Aziz, mais aussi le juge du tribunal pour esclavage de Néma, Me Bâ Aliou, rappelé à Dieu, la veille du congrès.
Le 3e congrès de SOS s’étale sur 3 jours pendant lesquels, les participants venus d’un peu partout, plancheront sur différentes thématiques et procéderont au renouvellement des instances de l’organisation.
le calame