Interview de Bakary Guèye, Ex Porte-parole du PMC Arc-en-ciel
Tawary – Le PMC Arc-en-ciel est secoué actuellement par une crise profonde qui a vu le départ de la majorité des membres du bureau Exécutif. Pour faire la lumière sur cette crise, nous avons invité M. Bakary Guèye, ex Porte-Parole du parti à faire la lumière sur ce qui s’est passé.
Tawary : Que se passe-t-il au sein du PMC Arc-en-ciel ?
Bakary Guèye : Comme vous l’avez sans doute appris, le PMC Arc-en-ciel vient d’imploser avec le départ en bloc de ses meilleurs cadres ; ceux qui ont jusque-là permis de donner à ce parti une consistance et un semblant de dynamisme.
Vous avez bien vu la liste des partants, entre autres le porte-parole du parti, le chargé de la stratégie politique, des vice-présidents, et la liste est très longue. Certains cadres démissionnaires pour des raisons personnelles, n’ont pas souhaité que leurs noms soient rendus publics.
C’est vous dire que le parti est complètement décapité et en dehors du président Balas, il ne reste plus que des troubadours sans aucune envergure. Cela ne devrait pas donc vous surprendre si demain vous apprenez que le parti Arc-en-ciel a mis la clef sous le paillasson et que le président Balas a décidé de jeter l’éponge.
Tawary : Qu’est ce qui a motivé le départ de tous ces cadres du parti ?
B.G :Je vous renvoie au communiqué rendu public au cours de la conférence de presse. Le président Balas est le maître d’œuvre de cette désintégration du parti. Ce communiqué fait état des faits suivants :
-L’accaparement du parti par le président Balas qui en fait une chasse-gardée, un instrument qu’il utilise à sa guise pour réaliser ses intérêts personnels ;
-La gestion unilatérale et le manque de transparence dans les prises de décisions et la gestion du patrimoine du parti, le président Balas confondant les caisses du parti avec ses poches ;
-La mise à l’écart du Bureau Exécutif qui n’est convoqué que pour être mis devant le fait accompli sans aucun recours possible ;
-Le comportement irresponsable et violent du président Balas à l’égard de certains membres du Bureau Exécutif ;
-La grave déviation du parti de ses idéaux d’unité et de cohésion sociale et son revirement spectaculaire vers un discours communautariste et un repli ethnique sous l’influence d’un petit lobby halpoular qui s’emploie à torpiller toutes les initiatives d’intégration des autres communautés au sein du parti ;
-Le choix opaque et suspicieux du poste de membre de la CENI, le président Balas ayant désigné dans l’ombre et sans l’aval du Bureau Exécutif, Mme Waranka Bâ que personne ne connait au sein du parti ;
-Au mépris de toutes les règles de bienséance et des cadres du parti qui ont tout donné, le président Balas qui a poussé le népotisme à un niveau inégalé jusque là dans ce pays a tenu à imposer toute sa famille(épouse, enfants, frères, cousins, etc.) sur les listes électorales et tenez-vous bien, tous ces inconnus tombés de la dernière pluie devaient figurer en premières places sur les différentes listes, bien avant les cadres du parti ; » Voilà la batterie de griefs qui a poussé tous ces cadres à claquer la porte du parti.
Tawary : Pourquoi l’éclatement de cette crise à ce moment précis ?
B.G : Le moment est en effet très délicat, ce volte face intervient à la veille d’élections jugées capitales pour le pays et pour tous les partis politiques pour lesquels c’est une question de vie ou de mort ; car tout parti qui ne réalise pas un taux de 1% sera automatiquement dissous.
Donc, le PMC Arc-en-ciel qui était déjà en très mauvaise posture avant même cette crise a reçu là un sacré coup, je dirai même le coup de grâce car avec le départ de tous les piliers du parti, Arc-en-ciel n’a aucune chance pour se relever.
Tawary : Pourquoi considérez-vous le président Balas comme le bouc émissaire ?
B.G : En effet, le président Balas est le premier responsable de tout ce qui est arrivé au parti. Il se comporte comme un empereur et n’en fait qu’à sa tête. Il n’écoute pas ses collaborateurs et la moindre critique sur sa gestion unilatérale et chaotique le fait sortir de ses gonds.
De nature égocentrique, il n’y a que lui seul qui compte. Cette attitude enfantine et suicidaire, il l’a transposé dans ses relations avec le pouvoir au détriment des intérêts du parti. C’est ainsi que tout va bien tant qu’il est invité dans les cercles officiels et quand il est reçu de temps en temps par le président de la République.
Orateur né, le président Balas est capable de convaincre le plus sceptique des hommes, malheureusement entre le discours et les faits, le fossé est énorme. Et, curieusement, M. Balas ne croit pas au beau discours et aux orientations du PMC Arc-en-ciel qu’il est le premier à fouler aux pieds. C’est la découverte de cette amère réalité qui a poussé la majorité des cadres du Bureau Exécutif à lui fausser compagnie.
Propos recueillis par Aboubekrine Sidi