La loupe du Rénovateur : Point de Presse du Président: Que de fadaises !
La deuxième conférence de Presse du président Mohamed Ould Abdel Aziz en l’espace d’un mois d’intervalle s’est passé dans un climat plus calme mais non moins dominé par l’autorité féroce d’un homme qui tient à réduire les journalistes à de simples pantins venus hocher la tête gentiment ou s’exposer aux réprimandes verbales du chef.
C’est en tout cas cette ligne de conduite qui a régné tout au long du point de presse. Côtés questions, deux sujets ont presque épuisé les échanges : la tournée du président en Assaba et au Gorgol et la question du dialogue politique.
Quelques autres interrogations viendront nourrir le contenu de cette soirée dont les orientations générales semblent focaliser l’intérêt sur l’action programmatique du gouvernement dans les domaines des services sociaux de base.
Un premier tour de micro aura permis de faire le point sur les différents aspects de ces visites à l’intérieur du pays qui, selon le président « traduisent la volonté des pouvoirs publics de répondre aux attentes des populations ».
Le Président s’est plus illustré dans l’exercice de « positivitisation » des actions de son pouvoir au point que la Mauritanie actuelle se confond aux seules œuvres du régime en place. Comme si avant rien n’existait. Le Président a cité des exemples du genre ; « il était devenu difficile de trouver une ambulance pour transporter un mort » ; ou encore : « les véhicules de l’Etat étaient devenus la propriété de certains hommes d’affaires » au détriment des services publics. En fait Aziz n’a fait qu’enfoncer des portes ouvertes. Et lui l’époque dans tout ça !
La problématique de l’eau est revenue avec instance, donnant une fois au président assoiffé de démentis de nier certaines informations ou « plaintes exagérées » des populations qui se plaignent de mourir de soif le plus souvent. Là ne manqua d’ironiser sur certaines mises en scènes entretenues à ce sujet. Pour la première Mohamed Ould Abdel Aziz dira avoir vu ce phénomène de bidons d’eau dans l’une de ses tournées. Pour dire que l’équation de l’eau n’est pas un pari de gagné par les jeux de banalisation de la misère des pauvres. Un deuxième tour de micro posera la question du fameux dialogue politique. Là aussi c’est le même jeu de rejets des responsabilités des blocages sur le camp de l’opposition qui sera le leitmotiv du président Aziz qui récuse toute idée de porter sur lui les conséquences d’un énième échec.
L’esclavage, l’unité nationale, les questions économiques, sont vite évacuées sans apporter d’autres éclairages aux téléspectateurs que des offensives dirigées par le président à ses adversaires et aux « balivernes de la presse » qui de son avis, « rapporte des ragots et verse dans la manipulation. » Pour ne pas heurter l’autorité du chef, l’attitude la mieux partagée au cours de ce point de presse était de plaire ou de subir. Quelques tentatives timides de porter le débat plus sérieusement n’aura pas trouvé des renforts plus conséquents pour casser la monotonie. Finalement des questions sur lesquelles les attentions étaient polarisées manqueront à ce rendez-vous, à la grande déception des téléspectateurs restés sur leur faim.
C’est une fois de plus l’image d’un homme qui veut « apprivoiser » par les intimidations la presse qui sortira tout sourire d’un examen de rattrapage qui n’aura pas effacé totalement le souvenirs du dernier fiasco médiatique. Une épreuve qui consacre aussi l’existence de deux presses sur l’échiquier médiatique dont une est déclarée indésirable parce qu’elle entend jouer son rôle de contre-pouvoir.
Est- ce la meilleure façon de rendre service à la presse que de lui faire porter des bottes et lui demander de marquer le pas ou de se casser loin du regard Azizien ?
le renovateur