Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Dialogue Pouvoir-Opposition : Les Islamistes et la « traitrise politique »

altParmi toutes les composantes du Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU), qui renferment l’opposition radicale, seuls les Islamistes du parti Tawassoul auraient accepté l’invitation du Premier ministre, Yahya Ould Hademine, relative à un nouveau round de dialogue politique. De là à renifler dans l’air embuée des relations exécrables entre le pouvoir et le FNDU, les relents d’une énième « trahison politique » des Islamistes, certaines tendances au sein du forum, n’ont pas hésité à franchir le pas.

Houleuse fut la réunion convoquée samedi 8 novembre dernier par le FNDU. L’objet de la rencontre portait sur le diagnostic de la situation politique à l’aune de l’invitation lancée par le Premier ministre, Yahya Ould Hademine, pour des concertations individuelles avec les leaders politiques du forum. D’emblée, le FNDU voyait dans cette invitation dont l’objet portait sur le renouvellement du Sénat, un affront adressé à des partis qui ont boycotté la présidentielle de juin 2014, et auparavant, les législatives et municipales de 2013. Sans conseillers municipaux, ces partis se sentent d’ores et déjà non concernés par les sénatoriales, selon l’avis partagé du Forum. Certains trouvent d’ailleurs que les Islamistes de Tawassoul doivent être exclus du FNDU pour avoir pris la décision unilatérale de répondre à l’invitation du Premier ministre sans consulter au préalable leurs autres collègues.
En effet, selon des sources de presse citant des sources proches du cabinet du Premier ministre, ce dernier avait téléphoné aux leaders politiques du FNDU. Si Ahmed Ould Daddah, président du RFD, a refusé de le prendre au téléphone, Mohamed Ould Maouloud de l’UFP, plus courtois, a différé sa réponse, la liant à la réaction de ses collègues du FNDU. Quant aux Islamistes de Tawassoul, ils ont répondu d’emblée à l’invitation. Le vice-président du parti, Mohamed Ghoulam Ould El Hadj Cheikh sera ainsi reçu par le Premier ministre. Il a restitué au cours de la réunion du FNDU du samedi passé, le contenu de son entrevue avec Yahya Ould Hademine. Selon lui, le Premier ministre l’avait entretenu des préparatifs en cours pour l’organisation d’élections sénatoriales ainsi que de questions diverses relatives à la situation politique générale.
La démarche unilatérale des Islamistes de Tawassoul, enivrés par leur sacre à la tête de l’opposition démocratique dont ils contrôlent désormais l’institution de chef de file, rappelle selon certains pans de la COD, la démarche similaire qu’ils avaient adoptée lors d’évènements précédents, où leur opportunisme politique les avait poussés à trahir le FNDU. Ce fut le cas en 2013, lorsqu’ils profitèrent du boycott par le COD des élections législatives et municipales pour se positionner sur l’échiquier électoral et s’arroger un leadership politique en l’absence des grands ténors, comme le RFD ou l’UFP, entre autres.
Avec la main tendue du pouvoir, qui chercherait à rectifier ses dépassements anticonstitutionnels par le renouvèlement d’un Sénat dont les trois tiers ont consommé leur mandature depuis belle lurette, les Islamistes seraient déjà prêts pour le compromis. L’idée de conforter leur assise parlementaire et de parachever leur destin politique, loin du qu’en dira-t-on, fera dire à certains observateurs que Tawassoul enlève à la politique tout aspect moral ou chevaleresque. Les calculs politiciens des Islamistes pourraient aller plus loin, selon les analystes qui prédisent un rapprochement encore bien plus grand avec le pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz. Ce dernier aurait exprimé d’ailleurs son souhait de rencontrer le nouveau Chef de file de l’opposition démocratique, issue de leur rang, histoire de rétablir le cordon ombilical rompu depuis des années entre le pouvoir qu’il représente et une certaine opposition. L’objectif non déclaré du pouvoir est la mise à l’écart complète de l’aile dure de l’opposition représentée par Ahmed Ould Daddah et sa bête noire, Ahmed Ould Maouloud de l’UFP.
Mais ce rapprochement entre le pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz et les Islamistes de Tawassoul, n’est que le remake d’un vieux mariage qui s’était terminé dans un divorce douloureux. Le « Rahil » d’inspiration islamiste qui avait marqué le summum de la confrontation entre le régime et la COD en 2012 et en 2013, trouvera son apogée avec la récente traque aux Islamistes, suite au rapprochement entre Aziz et Abdel Vetah Sissi d’Egypte, après la chute en disgrâce des Frères Musulmans.
Ainsi, les nouvelles fiançailles qui s’annoncent entre Ould Abdel Aziz et Tawassoul, ne seraient aux yeux des analystes que l’émanation d’un nouveau mariage de raison, au sein d’un couple qui se hait jusqu’à l’extase.

Cheikh Aïdara

 

Source: L ‘Authentique

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