Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Monsieur Samba Thiam, président des FLAM, sur la répression de la marche des rapatriés : ‘’La marche n’était pas infiltrée par des malfaiteurs. C’est une pure fiction destinée à disculper la police’’

altLe Calame : Les forces de l’ordre ont réprimé, violemment, la manifestation pacifique des soutiens aux marcheurs-rapatriés mauritaniens du Sénégal, suite à l’imposant accueil que les Nouakchottois ont réservé à ceux-ci. Une marche que le wali avait autorisée, quelques heures avant. Vous étiez sur le terrain, quand la police a chargé. Quelle a été votre réaction ?

Samba Thiam : Oui j’y étais, du début à  la fin. La foule  a paniqué dès la première grenade, femmes et jeunes s’égaillant, affolés, comme des poules de basse-cour, au pic de l’épervier. J’ai tenté de calmer le mouvement, sans succès. Je suis alors resté debout, immobile, à regarder, attristé, cette masse fuir. Vous étiez non loin de moi… Puis, quand tout fut terminé, que la fumée des grenades se fut dissipée,  j’ai marché vers le centre de la place où étaient encore assis quelques « marcheurs »… j’en ai reconnu quelques-uns  que j’ai réconfortés. Puis j’ai tourné les  talons.

– Pensez-vous que la marche ait été infiltrée par des malfaiteurs, comme l’affirme la police pour justifier le recours à la force ?

 – Je ne pense pas qu’elle ait été infiltrée. Je ne crois pas à cette version des choses, pure fiction destinée à se disculper ! Je n’ai constaté, pour ma part, aucun mouvement hostile de la foule à l’encontre de la police, tous les regards étaient, au contraire, tournés vers les réfugiés, au centre du cercle, sur le point de lire leur discours. A mon sens il s’est agi d’une pure  provocation de la police. Rien de plus.

 – Vous êtes une des victimes des années de répression du régime d’Ould Taya. Le président Mohamed Ould Abdel Aziz, a décidé, en prenant le pouvoir, d’ouvrir le règlement du problème, avec la prière de Kaédi, avant de le clore, après l’octroi d’«aides » ou « réparations » aux ayant-droits des victimes et rescapés militaires. Pensez-vous que le fait de décréter, le 25 mars, « journée  de réconciliation nationale »  suffit à tourner cette sombre page de l’histoire de  la Mauritanie ?

– Tout cela relève, simplement, du cirque ! On ne peut solder le passif humanitaire, global,  par de l’argent, nous ne cessons de le répéter ! Il ne servirait à rien d’agir comme l’autruche. Ça ne nous avancerait à rien, il vaudrait mieux, plutôt, se décider à prendre le taureau par les cornes.

Le 29 avril, les pouvoirs publics avaient autorisé une marche pacifique des Haratines qui réclamaient plus de droits, alors qu’ils avaient réprimé, le 25 du même mois, une  sortie de TPMN. Que vous inspire cette attitude du gouvernement de la République ?

– Sa politique de deux poids deux mesures, prise, simplement, en flagrant délit !  Politique que  nous avons toujours dénoncée, vous ne l’ignorez pas. J’ai déjà dit, sur cette question, que la seule différence, entre Ould Abdel Aziz et Ould Taya, tient à l’ampleur des violations des droits de l’homme, à l’intérieur d’un même système, pour sa préservation  et  perpétuation : l’un dans l’autre, c’est kif-kif !

Un système nourri à l’idéologie Afrikaner qui vise “ à annihiler la force numérique et de travail des Noirs, pour les instrumentaliser, afin qu’aucune possibilité ne leur soit laisée de sortir de cette situation”.

Propos recueillis par Dalay Lam- LE CALAME du 14 mai 2014.

 

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