Après les législatives et avant la présidentielle : Quel gouvernement pour quelle politique ?
Les élections municipales et législatives de 2013 ont vécu. Le gouvernement et ses satellites ont remporté, sans surprise mais non sans peine, la majorité. Les partis de l’opposition ayant pris part au scrutin, comme Tawassoul et El Wiam ont obtenu, malgré la fraude qu’ils ont dénoncée, des résultats relativement satisfaisants. Et le pouvoir a réussi, pour le moment, un de ses plus importants paris : mettre la Coordination de l’Opposition Démocratique (COD) hors d’état de lui « nuire ». Mais il doit se rendre à l’évidence : la bataille électorale n’a pas été de tout repos. Un avertissement pour les échéances à venir, diront certains. Seule, la majorité déjà constituée autour de l’UPR remporterait difficilement une élection présidentielle libre, démocratique et transparente, ce que l’actuelle CENI est incapable de garantir, au vu de son bilan très mitigé et fortement contesté.
Aujourd’hui, la majorité des Mauritaniens continuent à trimer pour survivre. Les conditions de vie deviennent de plus en plus difficiles, et c’est probablement pour cette raison que bien peu de citoyens s’intéressent à la formation de la nouvelle équipe gouvernementale. Seule l’élite et les opportunistes tapis dans l’ombre guettent les signaux venus du Palais gris. Le gouvernement n’a pas démissionné, en dépit de la règle constitutionnelle et de la jurisprudence démocratique. Beaucoup s’attendent donc à un simple remake. Autrement dit, du neuf avec du vieux… Au revoir les slogans genre « Président des pauvres », « changement constructif », « lutte contre la gabegie » ! En somme, l’immense espoir suscité, pour certains, par l’élection de Mohamed Ould Abdel Aziz finit de se faner. Le temps d’une rose. Quoique cela ne le dédouane en rien, on peut, cependant, lui reconnaître des circonstances atténuantes : opposition virulente, concentration excessive des pouvoirs, ce qui bloque, par moments, le travail du gouvernement, « péché originel » d’avoir renversé un pouvoir élu démocratiquement, corruption « présumée », survivances pesantes du régime d’Ould Taya, etc. C’est une fin de mandat particulièrement difficile, pour ne pas dire bilan très mitigé, même si l’on affiche, du côté du Palais, un satisfecit béat : taux de croissance de 6%, caisses de l’Etat pleines, gabegie « endiguée » et tutti quanti. Un inventaire que le président aura à défendre, lors de la présidentielle de juillet prochain.
En attendant, force est de se demander quelle couleur prendra le prochain gouvernement. Sera-t-il, contrairement au précédent, plus ouvert à la pluralité de la majorité, voire à d’autres partis ? Le président ferait-il appel aux intellectuels et technocrates du pays dont on vient de vanter les mérites, lors de l’assemblée constitutive du collectif des cadres expatriés mauritaniens ? Aura-t-il l’audace de mettre fin à l’inique règle des quotas ethniques? Poursuivra-t-il son opération de charme vis-à-vis des Haratines, en portant, à la Primature, un homme de couleur ?
Il faut être dans les secrets du Raïs pour répondre à ces questions. Et encore : l’homme a l’habitude des coups de tête de dernière minute. Pendant que les uns et les autres cogitent, les sénateurs concernés par le renouvellement partiel de leur chambre affutent déjà leurs armes. L’élection aurait lieu après l’investiture des nouveaux maires et conseils municipaux. En février ou mars, avancent certains. Des élections qui risquent fort, en tout cas, faire couler, à flots, l’Ouguiya…
DL
Source: Le calame