Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Second tour: Une victoire à la Pyrrhus ?

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Les partis engagés dans la confrontation du second tour des élections municipales et  législatives affûtent leurs armes pour l’ultime combat. Un même objectif : engranger le maximum de  voix  au soir du 21 décembre. Une stratégie quasiment identique: le porte-à-porte, pour convaincre les électeurs dont les partis ont été éliminés au 1er tour à  reporter leurs  voix sur leur parti. Une tâche certes difficile mais pas impossible, quand on sait combien certains candidats, particulièrement ceux du pouvoir, n’hésitent  pas  faire  miroiter les billets  bleus ou  presque rose argenté. Et, par les temps qui courent à grands pas, il  est difficile, à ceux qui  se démènent pour éviter le Paradis  à « la grande gueule », je veux dire : la marmite, de ne pas céder à la tentation. A défaut de convaincre par un programme, miroir aux alouettes qui n’a jamais que peu ou prou trompé les Mauritaniens, on recourt, donc, à l’achat des consciences, une autre version de la gabegie contre laquelle le président de la République mène combat même si, il faut le reconnaître et le regretter, celui-ci a nettement baissé d’intensité pour ne pas dire qu’il s’est dévoyé.

Face au  « rouleau compresseur » du pouvoir, les trois partis de  l’opposition ayant pris part au scrutin du 23 novembre – APP, El Wiam et Tawassoul – ont décidé de se soutenir mutuellement face aux candidats du  pouvoir. L’objectif est de limiter les dégâts que la CENI semble incapable d’endiguer. C’est dire que la contestation, déjà fortement présente après le premier tour, ira en s’amplifiant, à moins que la Cour suprême traite avec diligence les nombreux recours qu’elle a reçus. Mais on n’attend guère de surprise de ce côté-là. Ceux-là mêmes qui ont déposé recours n’y croient pas, simplement décidés à faire valoir, sans grand espoir, un droit constitutionnel. Pour toutes ces raisons, les partis politiques impliqués dans le second tour doivent se préparer à une soirée ou matinée de larmes. Le parti au pouvoir ne leur fera aucun cadeau. Reste à savoir à quelle sauce ils accepteront de se faire manger, en cas de refus de la Cour suprême d’invalider les résultats contestés.

Fortement décriée, la CENI est attendue  pour ce deuxième tour. Saura-t-elle éviter le pire ? D’autant plus que, cette fois, elle ne pourra pas arguer de la complexité du scrutin, pour faire traîner la proclamation des résultats. En reconduisant les mêmes erreurs, la CENI achèverait de ternir sa réputation déjà fort dégradée. Et, au lieu de le renforcer, les élections de Novembre et Décembre 2013, « contestées »  et  « contestables », n’auront fait qu’affaiblir le pouvoir acharné à obtenir, par tous les moyens, une majorité simple, à défaut d’être absolue. Il n’aura réussi qu’à doter le pays d’une Assemblée nationale au rabais, avec de probables députés du style de l’ivoirien Charles Blé Goudé et autres obtus zélotes qui n’utiliseront l’hémicycle que pour  insulter les leaders de l’opposition, exiger l’interdiction  d’IRA et des FLAM, voire certains partis de l’opposition. Le président Aziz s’en accommoderait-il ? Certains observateurs de la place n’excluent pas la dissolution de la chambre basse du Parlement, au lendemain de la présidentielle de 2014.

La COD : résister ou disparaître

De son côté, la Coordination  de l’Opposition Démocratique(COD) cherche ses marques pour faire échec  à l’« agenda du pouvoir ». Un pari difficile, dans la mesure où cet  agenda  vient de franchir un pas, peut-être décisif, avec le premier tour du 23 novembre. Même si elle peut se vanter d’avoir   fait bouder les urnes à plus de 700 000 électeurs – CQFD – la COD n’en reste pas moins avec un rude défi à relever : résister activement ou s’éroder dangereusement, au cours des cinq prochaines années, surtout si elle refuse d’aller à la présidentielle. C’est certainement pour avoir compris le risque pour ne pas dire le danger de cette « longue attente » que le président en exercice  de la Coordination, Ahmed Ould Daddah, a tenu, au cours d’un point de presse, à mettre les points sur les i. Boycotter des élections, a-t-il dit en substance, ne signifie pas se désintéresser de la gestion des affaires de la Nation. Bien au contraire, l’opposition va peser sur le cours de l’Histoire, en s’opposant à la « dérive du pouvoir, à son simulacre électoral  et aux risques, graves, qu’il fait encourir au pays ». Mais comment est-ce possible, en marge des institutions ? « Par un ensemble d’actions de masse », répond Ahmed Ould Daddah. Soit, en théorie. Mais en pratique ? La COD saura-t-elle mettre et tenir, dans la rue,  des milliers voire des centaines de milliers de Mauritaniens, à l’instar de ce qui se passe, actuellement, en Thaïlande et en Ukraine ? Maître Bettah, président du CDN, n’en doute pas et croit que les Mauritaniens  sont capables de mettre fin aux dérives du régime en place. De fait, ce sont surtout les résultats du second tour, en ce qu’ils mettront fin ou non aux espoirs des « dialoguistes », qui devraient situer les marges de manœuvres de l’opposition. C’est donc bien d’une victoire à la Pyrrhus dont doit se méfier Ould Abdel Aziz. Du coup, l’équation n’est pas aussi si « simple » que la majorité recherchée par l’UPR…

Dalay Lam

 

Source: Le calame

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