Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

L’Afrique de nouveau Française

altDevant un portrait géant de Nelson Mandela, François Hollande prononce son message d’ouverture du sommet de l’Elysée, le 6 décembre 2013. Photo Elysée.

Ce n’est ni le Président en exercice, ni la Présidente de la Commission de l’Unité Africaine, qui ont annoncé la création de la force Africaine d’intervention. C’est le Président Français, François Hollande, en personne, qui l’a annoncée. Il l’a fait devant une cinquantaine de Chefs d’Etat, sans que personne ne s’en émeuve.

La France décide, au nom et pour le compte de l’Afrique. La France va créer, par l’Afrique une force militaire d’intervention. Où ? Là où elle le jugera opportun ! A cet effet, elle formera et entraînera, annuellement, vingt mille militaires africains, pour constituer ladite force.

Nos dirigeants étaient là, en grand nombre. Ils écoutaient, studieusement, voire religieusement. Ce qu’ils entendaient, et auquel ils étaient venus prêts et préparés, est une aubaine pour eux. Ces despotes incorrigibles, et corrompus invariants, voient la France se mettre à leur offrir les moyens de perpétuer les pouvoirs qu’ils continuent de monopoliser. De l’Afrique française, nous sommes passés par la France-Afrique, pour revenir maintenant à l’Afrique de la France. Les pouvoirs en place y trouvent leurs comptes, et la France y a grand intérêt.

Les intérêts de la France :

De l’aveu même du Président Hollande, la France aurait perdu 50 % du volume de ses « échanges » avec le continent noir. Ces « échanges », côté africain, se sont orientés vers les nouveaux pôles que sont la Chine et l’Inde. C’est la menace et la bête noire pour les occidentaux : les pays émergents.

A cette invasion économique venue de l’Est, il s’est ajouté un autre défi, sécuritaire celui-là. Un défi aggravé par les conséquences de la guerre de Libye, alimenté par les prises d’otages et les divers commerces illicites qui passeraient par l’Afrique, venants d’Amérique de Sud, pour parvenir à des débouchés au sud de l’Europe.

La situation n’est pas, non plus, facilitée par la course des émigrants clandestins qui, s’ils ne meurent pas par dizaines au Sahara, finissent malheureusement, pour la plupart, dans les fonds marins, aux cimetières, ou centres de concentration du sud de l’Italie.

Il est clair que la France se devait de trouver des moyens appropriés pour faire face à cette triple menace : économique, sécuritaire, démographique.

Devant la menace économique, la France a pensé d’abord à attirer vers elle, le maximum d’étudiants des pays dits émergents. Pour ce faire, ils pensent que l’introduction de l’anglais comme langue d’enseignement dans les universités françaises, est une bonne parade, quitte à délaisser la francophonie et les francophones, à leur sort. Le pouvoir économique, semble primer sur le rayonnement culturel. Ne pouvaient-ils pas aller de pair ?

Il va sans dire, que les intérêts économiques ne prospèrent que dans un environnement sécurisé.

On dit que l’argent est le nerf de la guerre. Accouplée à la force militaire, ils deviennent tous les deux l’instrument privilégié de sécurisation des intérêts économiques.

Avec d’éventuels nouveaux projets français en Afrique, et la crise qui s’installe dans la durée en Europe, le phénomène migratoire pourrait être résorbé, par la création d’opportunités d’emplois au niveau des pays ‘’exportateurs’’ de clandestins, et la démystification de cet Eldorado chimérique européen.

La création de cette nouvelle force « Françafricaine », sera bénéfique à la France, en lui permettant, à nouveau, de faire main basse sur le continent. Pour les dirigeants africains, elle est une bénédiction du ciel.

La bonne étoile des dirigeants africains :

Les dirigeants africains ne peuvent que jubiler. Ils ont leur « OTAN », imaginé, structuré, formé, financé, équipé, et dirigé par la France. Avec la création de ce nouveau « pacte militaire » avec la France, ils doivent se sentir immunisés. C’est un retour, qui ne dit pas son nom, aux accords révisés dans les années 70, par la plupart des pays africains, sous la pression des opinions publiques, jadis influentes sous la houlette des jeunes élites patriotiques.

Avec cette nouvelle consolidation des « institutions militaires », par et pour la France, au sommet dit de « L’Elysée », on affaiblira, sans nul doute les semblants d’institutions dites démocratiques, que la France de Mitterrand, au sommet de la Baule, avait imposées comme condition nécessaire à l’éligibilité à l’aide au sous-développement.

Les affaiblir, est un euphémisme, pour quelque chose qui était déjà agonisant. Les parodies de démocraties ont montré leurs limites. Elles n’ont permis, ni une évolution économique, ni une avancée socio-politique. Leurs résultats varient entre nul, négatif, et néfaste.

Ces nouvelles orientations ne seront certainement pas de nature à impulser nos éternellement « processus » démocratiques. Les mandats de nos immortels dirigeants pourront s’étirer avec une élasticité infinie. Les torchons de Constitutions se modifieront à volonté, et seront variables dans le temps et dans l’espace. Les mal élus demeureront malléables et corvéables, et obéiront à la moindre allusion, ou au petit clin d’œil, ou au minime geste de la tête.

Les biens mal acquis, les suffrages mal obtenus, les fonctions non méritées, les élections concoctées, les suffrages non ou mal exprimés, les droits spoliés, les devoirs mal accomplis, tout cela passera par compte pertes (pour les africains) et profits exceptionnels (pour la France et ses pions locaux).

Ce projet était certainement en couveuse depuis longtemps, et le problème de la République Centrafricaine (RCA) n’en a été que le détonateur. C’est, parait-il, pour stopper un cycle de violence à tendance génocidaire. Quelle hypocrisie ! J’ai entendu Monsieur Louis Michel fustiger le régime de Bozizé (pour lequel je n’éprouve la moindre sympathie), et vanter les mérites des forces (SELECA) qui ont débarrassé la RCA de cette tyrannie. Il doit se rendre compte, trop tard, qu’une mauvaise démocratie vaut mieux qu’une bonne pagaille.

Un élément important de notre culture africaine continue d’échapper, par inadvertance ou à dessein, à tous les chercheurs et spécialistes français, DGSE comprise. Autant nous sommes réfractaires à la démocratie copiée qui ne colle pas chez nous, autant nous sommes allergiques à la domination. Les solutions dont ils ont besoin, et que nous voulons pour eux et pour nous, sont à notre portée. Mais nous n’y parviendrons, ensemble, que si s’ils nous donnent la latitude d’adopter le mode de gestion de nos sociétés qui nous sied.

Debellahi Abdeljelil

 

Source: cridem

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