Mauritanie : Elections à refaire ?
Les élections du 23 novembre 2013 marqueront incontestablement l’histoire de la Mauritanie. Non pas comme un pas de plus pour l’affermissement d’une démocratie imposée par le Discours de la Baule de François Mitterrand, en 1991, mais un grand bond…en arrière.
On dira, s’il faut leur trouver une appellation, que ce sont les élections de la contestation généralisée. Opposition « participationniste » et même certains partis du pouvoir on contesté les résultats qui ont mis plus d’une semaine pour être connus !
Et, pour une fois, c’est à juste raison, que l’autre opposition, la Coordination de l’opposition démocratique (COD) qui avait choisi l’option du boycott, pavoise. Elle avait bien prévu un tel scénario : Les élections non consensuelles mais surtout organisées dans la précipitation, vont accentuer la crise.
On sort avec l’impression qu’on se retrouve, on se ne sait par quels effets de magie, à la veille de 2009, alors que se profile à l’horizon la présidentielle de 2014 !
Avec une classe politique éclatée en mille morceaux, le pouvoir du président Mohamed Ould Abdel Aziz sera contraint à dialoguer avec la COD, surtout que les vexations subies, lors de ces élections municipales et législatives, ont poussé la Coalition pour une Alternance Pacifique (CAP), du président de l’Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheir, a revoir sa position.
L’hégémonie du parti au pouvoir, l’Union pour la République, qui sort largement vainqueur du scrutin du 23 novembre, avec plus de la moitié des 218 conseils municipaux et des 146 députés de l’Assemblée nationale, met à nu des pratiques antidémocratique qu’on croyait pourtant révolues.
Pas de bourrage des urnes certes mais l’exact contraire : on les vide des bulletins de l’adversaire politique, on reconsidère les procès-verbaux pour permettre un second tour où l’UPR doit avoir toutes les chances de son côté. Dans ce que la COD appelle une « farce électorale », la Commission électorale nationale indépendante (CENI) donne l’impression d’avoir été manipulée par le pouvoir.
Pour servir ses desseins de maintien d’une majorité parlementaire, lui assurant un gouvernement issu uniquement de l’UPR et des autres partis satellites de la Majorité, et en supportant, seule, les dommages collatéraux de l’élection la plus mauvaise en Mauritanie.
Source: cridem