FLAMNET-RÉTRO: LA LONGUE MARCHE DES FLAM
INTRODUCTION
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Malgré ces innombrables obstacles des jalons importants demeurent aujourd’hui posés, vers la quête de notre liberté. Cette lutte, pour cette longue quête d’une reconnaissance du Noir mauritanien comme citoyen à part entière, est un combat de longue date. L’histoire de notre pays de 1946, 1956, à 1966, montre que nous n’en sommes pas les pères fondateurs, mais les dignes fils héritiers.
La mémoire de notre peuple retiendra que nous n’avons pas démérité dans la gestion de ce lourd et délicat héritage A travers les pages qui suivent, sans gloriole aucune, nous allons retracer la longue marche des F.L.A.M.
GENESE 1946 – 1966
EVOLUTION 1966-1986
-1966: MANIFESTE DES “19”: LA CRISE REBONDIT
-La circulaire 02 de 1979
Au regard de ces sursauts de résistance nous constatons que la lutte contre le Système a commencé il y a fort longtemps en Mauritanie. Mais toutes ces résistances furent brisées ou affaiblies une à une, si elles n’avaient été récupérées.
Voilà l’arrière contexte dans lequel les F.L.A.M. allaient reprendre le flambeau de la lutte.
– 1978- 1986 de la réflexion á la fusion
A partir de 1983, ces mêmes groupes décidèrent de se concerter et procédèrent à une analyse approfondie de la situation des Négro-mauritaniens. Le constat fut unanime : un présent amer et un avenir plutôt sombre.
La marginalisation de plus en plus systématique et affichée des Négro-africains par un Apartheid qui ne dit pas son nom, risquait de finir par leur «esclavagisation» ou par leur expulsion du pays, d’où la nécessité d’unir la résistance et de regrouper les forces pour éviter la dispersion des énergies.
Ainsi, le 14 mars 1983 fut scellée la fusion de ces organisations, qui allait donner naissance aux Forces de libération africaines de Mauritanie (F.L.A.M). Il s’agissait de l’Union démocratique mauritanienne (U.D.M), du Mouvement populaire africain de Mauritanie (M.P.A.M.), de L’Organisation pour la défense des intérêts des Négro-africains de Mauritanie (O.D.I.N.A.M.) et du Mouvement des élèves et étudiants noirs (M.E.E.N).
PRESENTATION
– Les F L A M- IDENTITE
Les F.L.A.M. sont une organisation à caractère plurinational, non ethnique et non raciale qui lutte pour l’avènement d’une société égalitaire et démocratique. Elles sont une Organisation politique pacifique , ouverte, qui privilégie le dialogue et la concertation, mais se résérve le droit de recourir à la lutte armée si elle y était contrainte. Toutefois, la violence physique n’est ni le but ni le credo de l’organisation.
Les F.L.A.M. ont pour objectifs, entre autres, le recouvrement par tous les Mauritaniens et singulièrement les Négro-mauritaniens, de leur dignité par l’élimination de la discrimination raciale érigée en système de gouvernement.
PROJET ET PRINCIPES
Notre quête de l’identité doit être perçue comme procédant du droit à la différence qui fonde l’efficacité et la pérennité d’une solidarité La voie que nous croyons la meilleure pour parvenir à cet Etat de droit reste, après l’échec de 40 ans d’expérience de l’Etat Jacobin : l’autonomie.
En effet, la Mauritanie est condamnée à s’unir sans s’unifier en lieu et place de l’étouffante uniformisation assimilée à l’unité. Les F.L.A.M. demeurent ouvertes à l’unité de l’opposition progressiste, tant pour des actions communes que pour rechercher ensemble les voies les plus appropriées pour une sortie de crise.
–FORMES D´ACTION
– la sensibilisation de l’opinion internationale par l’information sur les faits et gestes du Régime et la dénonciation permanente de sa politique raciste et esclavagiste ;
– la poursuite de la sensibilisation et de la mobilisation de l’opinion interne, en direction à la fois des Négro-mauritaniens pour renforcer la prise de conscience de leurs conditions d’oppression d’une part, et des compatriotes Arabo-berberes honnêtes, soucieux du devenir de la Mauritanie d’autre part. Nous avons besoin de faire connaître et découvrir à l’opinion maure, généralement intoxiquée par 10 ans de propagande mensongère du régime sur les F.L.A.M., la nature réelle de l’organisation, ses revendications, ses projets et les principes qui l’animent.
Pour ce qui concerne l’autre voie, c’est -à -dire celle de la lutte armée, il ne se pose pas un problème d’option ou de contre option. Elle résultera essentiellement de la maturation des conditions internes (déterminantes) en conjonction avec certains facteurs externes. Dés lors la question de savoir s’il est juste ou non d’y recourir reste sans intérêt.
PHASE DE CONSOLIDATION ET DE RAYONNEMENT
– ACQUIS POLITIQUES
Et certaines doctrines nous enseignent que cette phase d’interrogations est inévitablement suivie de la phase d’action, alors ne désespérons pas de notre peuple. Il est trop tôt, car comme disait quelqu’un «une nation asservie, battue et dispersée peut encore se rebeller contre son sort, et revenir à la vie».
A côté de ces masses à l’intérieur, qui chaque jour en silence, nous rejoignent, il y a ces dizaines de milliers de réfugiés mauritaniens encore au Sénégal et au Mali, et qui, grâce à notre encadrement, résistent aux chants des sirènes et maintiennent intacte la tension du retour. Nous le voyons, ici également notre action n’a pas été vaine.
*Une image corrigée
*Une reconnaissance internationale sans conteste
*ROMPRE LE MUR DU SILENCE
Par l’action médiatique, par une large diffusion de l’information, nous avons réussi à rompre ce mur du silence, à faire échec aux régimes dans leur tentative de circonscrire et d’étouffer les problèmes dans le but de mener en secret, leur funeste dessein. L’opinion internationale retient, désormais, dès qu’on évoque le nom de la Mauritanie, l’image d’un pays qui pratique la discrimination raciale et l’esclavage. Cette image lui colle désormais à la peau, et cela rend le colonel fou de rage. C’est tant mieux ! Bien que l’opinion internationale reste aujourd’hui largement informée de ce qui se passe en Mauritanie, il n’en demeure pas moins que beaucoup reste à faire.
*VIOLATIONS DES DROITS DE L´HOMME DANS LE SUD:LA NOUVELLE FORME
La répression presque unilatérale à l’endroit des hommes politiques bidhan actuels, bien que répondant à une stratégie de diversion, s’inscrit également dans ce cadre là.
*TOLERANCE HARATIN ET “EMANCIPATION”
La tolérance de leur discours -pour les opposants -répond à la même logique. Il est peut-être utile de rappeler ici à nos compatriotes Haratin de ne pas se tromper de cible et de stratégie. L’oppression est d’abord et surtout raciale ; et que seule la suppression de la discrimination raciale les sortirait réellement de leur condition d’existence actuelle. Il ne serait pas également superflu de rappeler peut-être, que les F.L.A.M. avaient été la première Organisation á prendre en charge la question de l’esclavage, quand bon nombre des leaders Haratin actuellement en verve se taisaient, après le procès de Rosso, s’ils ne flirtaient avec le Pouvoir. Sans visée opportuniste aucune , nous avons fait nôtre la lutte pour la libération des Hratin, fidèles en cela à nos positions de principe. Si du reste cette question connaît un certain retentissement aujourd’hui, c’est bien d’abord grâce à l’action continue des F.L.A.M. sur la scène internationale.
*RECONNAISSANCE OBLIGEE DE PARTIS A DOMINANTE NEGRE
Par leur reconnaissance légale – opérée à contre coeur? le régime cherche à déconstruire notre Discours, par des réajustements de sa politique ! Comprenant récemment qu’il était peut-être allé trop loin dans la permissivité accordée aux Noirs de s’organiser. Il vient de retirer toute existence légale à A.C., sous de fallacieux prétextes…dissoute pourtant dans les mêmes conditions et pour les mêmes raisons que L’Union des forces démocratiques (U..F.D.), qui renaît sous le sigle de Rassemblement des forces démocratiques (R.F.D.) ! La candidature orchestrée d’un Négro-africain à la Présidentielle, relève de la même démagogie et d’une stratégie de mystification destinée à la consommation extérieure.
*EVOLUTION DE PENSEE ET D´ATTITUDE
Que la coordination des partis d’opposition discute aujourd’hui de la question de «l’identité» de la Mauritanie est pour nous une évolution positive. Que les concepts de «Système», de «Communauté», de «Négro-mauritaniens» bannis hier du vocabulaire soient aujourd’hui usités par la classe politique, prouve que nous sommes sur le bon chemin. Qu’on l’exprime tout haut ou qu’on le chuchote du bout des lèvres, il reste, au-delà de toute hypocrisie que la Question nationale hante tous les esprits. Le débat est dans les salons, au c?ur des états-majors politiques. Le silence autour de cette question naguère tabou est aujourd’hui rompu grâce aux F.L.A.M.
*ACQUIS SYMBOLIQUES
-“LE MANIFESTE DU NEGRO-MAURITANIEN OPPRIMÉ…”
Dans une seconde partie nous indiquions que ce n’était pas le bon chemin pour construire une nation. Que cette voie comportait des risques certains pour l’avenir même du pays.
Enfin, dans la troisième partie nous esquissions des pistes de solution ; et invitions tous les Mauritaniens, sans distinguo, à s’asseoir autour d’une table pour discuter et résoudre ce problème, dans un dialogue des communautés et des cultures, dans l’intérêt de tous.
Tel fut le contenu réel du «Manifeste du Négro-mauritanien opprimé..». Tout le reste fut de la manipulation, tant du pouvoir que de nos adversaires politiques ! La conséquence de cette prise de position courageuse, et surtout patriote, fut la prison. Une prison terrible conçue pour tuer et non pour redresser, où beaucoup de nos camarades laisseront leur vie. Une mort douloureuse par la faim et la maladie.
Avec près de 20 ans de recul nous constatons à la lumière des données actuelles que rien n’a changé positivement. Pire, le régime s’est radicalisé dans sa politique d’épuration ethnique. Il affiche ouvertement sa volonté de faire de la Mauritanie un pays exclusivement arabe. L’alternative offerte au Noir mauritanien est soit l’abdication soit l’exil. Nous le voyons clairement. Les raisons qui nous avaient poussés à la lutte demeurent. Il n’y a donc aucune raison d’arrêter le combat.
-LE LIVRE BLANC DES FLAM:RADIOSCOPIE D´UN APARTHEID MECONNU
-LE MEMORANDUM
-LE FLAMBEAU
-L´EMBLEME NATIONAL (DRAPEAU)
-LA DEVISE
Unité // Egalité // Travail
–LE SITE FLAMNET
–UNE LONGUE RESISTANCE
Ces acquis essentiels, voire fondamentaux, méritent d’être consolidés et conservés.
-UN LOURD TRIBUT
Des centaines d’autres resteront, à jamais anonymes. A la mémoire de tous ceux tombés pour les causes justes nous répéterons après d’autres, cette oraison funèbre devenue classique «Leur vie fut combattante, leur mort héroïque, leur sacrifice sacré et leur mémoire éternelle».
OBSTACLES ET ERREURS
– Les premiers tiennent à des pesanteurs sociales : la culture de résignation, du fatalisme et de la démission, faussement attribuée à l’Islam. Nous l’avons mentionné, les dangers qui menacent la cohabitation entre Négro-africains et Arabo-berbères avaient été perçus avant l’indépendance et mis en évidence après. Mais la conscientisation autour de ces dangers présents et à venir, ainsi que la mobilisation pour y faire face exigeaient une organisation structurée, forte et omniprésente. Elle n’existait pas. Il fallut la bâtir et reprendre le flambeau de la lutte ; ensuite travailler à rendre audibles et crédibles les échos alarmants lancés plusieurs années plus tôt par nos aînés, et par nous-mêmes.
Ce travail de conscientisation a été et demeure, dans une large mesure, contrarié par la culture de résignation et du fatalisme des Négro-africains en général, construite autour d’un double déficit : déficit dans la prise de conscience effective du Négro-africain de toutes les dimensions de sa citoyenneté, encore très marqué ; et quand cette conscience est acquise, se pose le déficit dans sa volonté de l’assumer jusqu’au bout.
De facto, le Négro-africain se positionne par rapport à l’Etat et à l’exercice du pouvoir, plus comme citoyen électeur que comme citoyen éligible. Il a le devoir d’élire, pas le droit d’être élu, dans les faits, pour exercer la charge suprême de l’Etat. C’est à peine s’il ne se considère pas comme étranger ! Cette psychologie intériorisée, (heureusement entrain de changer ), de citoyen électeur mais non éligible à la tête de l’Etat, le Système a réussi à l?imposer aux Négro-africains. Et dans une large mesure, un bon nombre s’y résigne encore. Ainsi sommes-nous confrontés à un double défi : celui d’identifier (sans cesse) et de faire admettre le racisme d’Etat que nourrit l’ethnocentrisme comme réalité politique permanente en Mauritanie ; ensuite, celui de briser la culture de résignation et du fatalisme accentuée par les effets traumatiques de la terrible répression des années 86 -91.
Dès le départ, il nous fallut donc faire face sur plusieurs fronts : Ce type de mentalité qui structure le milieu négro-africain, et a la théorie ambiante, fumeuse du Mouvement national démocratique (M..N.D), entre autres qui a contribué à retarder la prise de conscience véritable du problème.
-1-LE P.K.M-M.N.D.(actuel U.F.P)
La cohabitation entre Arabo-berbères et Négro-africains – ou la question nationale – est identifiée par le M.N.D. comme un problème secondaire devant trouver sa solution dans le cadre de la lutte entre les classes opprimées et les classes dominantes. La référence de base, ici, c’est la classe, dans son acception marxiste. Tout se noue et se dénoue à l’intérieur de la classe et dans les relations conflictuelles ou de solidarité entre les classes. Pour le M.N.D., le racisme d’Etat n’existe pas en Mauritanie. Il y a tout au plus du chauvinisme.
De notre point de vue, le Système discriminatoire à base raciste est une donnée objective qui gouverne la vie nationale. Et cette réalité, par ses effets pervers, rend inopérante la notion de classes sociales. Elle consacre la primauté de l’appartenance communautaire, ethnique et tribale sur l’appartenance à telle ou telle classe.
C’est pourquoi nous avons toujours estimé que la question de la cohabitation doit être résolue correctement et en priorité sous peine de mettre en péril l’existence même du pays. Pendant plusieurs années, l’impact de nos analyses et de notre discours politique fut édulcoré et contrebalancé par la vision du M.N.D.. Le cours des choses finira par nous donner raison ; Les événements survenus entre 1986 et 1991, provoqués par l’acuité de la discrimination raciale, consacrèrent douloureusement la justesse de nos analyses et de notre perception des réalités du pays.
2-Le Régime de Taya
Pendant que les cadres et responsables de l’organisation étaient arrêtés et emprisonnés, les militants qui étaient parvenus à passer entre les mailles du filet de la police politique furent contraints à s’exiler. Ainsi, le front intérieur fut quasiment dégarni avant même que le travail d’implantation, d’organisation et d’encadrement n’ait pu porter ses fruits. C’est, livrés à eux-mêmes, presque sans organisation ni encadrement, que les Négro-africains subiront la répression raciste et les violations massives des droits humains en 1986, et 1991. Notre quasi-absence du front intérieur a constitué un handicap à l’essor de notre action en termes d’influences politique, d’organisation et d’encadrement des populations.
3-L´environnement international et sous régional
Avec le Sénégal et le Mali, elle coopère dans le cadre de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (O.MV.S.). Par le fait de l’histoire, de la géographie et de ces accords, il y a convergence d’intérêts économiques et affectifs entre ces quatre pays. Etant entendu que les intérêts des Etats ne coïncident pas toujours avec ceux des populations. En plus, ces quatre pays présentent un dénominateur commun, à des degrés divers et en des termes différents : tous font face à un problème identitaire ; islamisme et problème kabyle en Algérie, question sahraouie au Maroc, problème des Touaregs au Mali, problème de la Casamance au Sénégal, racisme d’Etat et problème négro-africain en Mauritanie. Auprès des Etats qui forment l’environnement sous régional auquel la Mauritanie appartient, notamment le Sénégal et le Mali, nous pouvons obtenir écoute, compréhension, soutien et solidarité. Mais fondamentalement, au-delà de leurs différences en termes d’avancées démocratiques, de développement, de respect des droits de l’homme, ces Etats percevront toujours notre combat contre la discrimination raciale dont nous sommes victimes, à partir de leurs intérêts géostratégiques et économiques propres.
Cette réalité géopolitique constitue, en l’état actuel des choses, plus un obstacle qu’un atout. Il nous appartiendra de définir vis avis de chacun de ces Etats les stratégies et tactiques adaptées pour renverser cette tendance. Autre obstacle, non moins important : les pesanteurs internes inhérentes à toute organisation en lutte. Celles-ci sont encore vivaces.
-Erreurs de parcours
*En matière d´organisation
En 1986, L’organisation fut, comme une bonne partie de l’opinion, surprise par le caractère répressif du régime, dissimulé sous les dehors débonnaires et prometteurs du «12/12». Ce qui eut pour conséquence d’endormir notre vigilance pour mettre en ?uvre une politique rigoureuse en matière d’organisation. Une telle politique, aurait conféré à notre organisation une aptitude à travailler dans un contexte de légalité, comme dans la clandestinité, ce qui aurait préservé l’essentiel de ses structures et de ses cadres lors de la répression de 1986. Cette défaillance, induite par un manque d’anticipation sur les arrestations de 1986, eut des conséquences lourdes et durables sur notre organisation.
*En matiére de communication
-Le concept “SYSTEME BEYDAN”
Or, les divergences que nous notons autour du concept «racisme d’Etat» portent moins sur la formulation du concept lui-même que sur la réalité des faits qu’il recouvre. Sur le plan intellectuel, le «racisme d’Etat» en tant que concept est admis et non repoussé. Pourquoi en est-il autrement du concept «Système Beydan» ? Pourquoi subit-il un traitement différent de celui réservé au concept «racisme d’Etat» ?
Cette différence de traitement tient à notre avis à plusieurs choses : la contiguïté des termes «système» et «Beydan» entraînent une polysémie. Le fait que le terme «Beydan» soit accolé à celui de «système» a pu laisser penser, pour certaines personnes de bonne foi, que c’était tous les Beydan (ou Arabo-berbères ) qui étaient, en tant que groupe ethnique, incriminés. Une manière de comprendre complètement erronée, car comme disait Angela DAVIS qui évoquait la problématique de la lutte des Africains-Américains «dès lors que le peuple blanc est, sans discrimination, considéré comme l’ennemi, il est virtuellement impossible de mettre en place une solution politique».
Ce qui est incriminé, c’est le système raciste, c’est l’Etat raciste et non les Beydan (ou Arabo-berbères) en tant que communauté, même si ce sont des éléments issus de cette communauté qui contrôlent l’Etat, maintiennent et perpétuent son caractère raciste. Même si tous bénéficient, volontairement ou involontairement de ses retombées, ne serait ce que par la valorisation de leur langue, de leur culture, de leur histoire etc.Il s’y ajoute les manipulations politiciennes de nos adversaires peu honnêtes pour rajouter à la confusion. Enfin, il fallait à chaque occasion l’expliquer comme dans une position défensive ! . Un concept qu’il fallait expliquer tout temps, qui ne rendait pas clairement, sans ambiguïté aucune, le contenu que nous lui logions, ne semble manifestement pas opératoire. Voilà pourquoi nous y avons volontairement renoncé. Si donc sur le fond, nous n’avons rien à concéder par rapport au concept. Sur la forme toutefois, dans la formulation, nous reconnaissons que nous avons pêché par manque de rigueur. Par souci pédagogique et pour une meilleure lisibilité de notre discours politique, nous nous sommes volontairement censurés en suspendant de notre discours politique l’usage de ce concept.
C’est cette erreur de communication – et elle seule – qui justifie notre autocritique par rapport au concept «Système Beydan». Cette erreur a consisté à avoir défini et employé un concept nouveau dans notre registre, sans en avoir mesuré tous les contours.
Erreur, également concernant la lutte armée, tentée entre 1989 et 1990.
*A PROPOS DE LA LUTTE ARMEE
-Notre position de principe
La lutte armée, du reste, est rarement le résultat d’un choix politique. Elle est plutôt la résultante de la maturation de facteurs internes (surdéterminants ), en conjonction avec certains facteurs externes Sans verser dans l’apologie de la lutte armée ou de quelque autre forme de violence que ce soit , on peut cependant se demander si face à la tyrannie et au despotisme et devant l’impossible alternance politique, elle ne constitue pas l’ultime et légitime recours. Il ne faudrait pas non plus verser dans l’angélisme, Il est question de se donner la liberté et les moyens de pouvoir tenir le seul langage que les régimes racistes et répressifs comprennent, dès lors qu’auront été épuisées toutes les ressources pour une solution pacifique au problème vital de la Mauritanie : la cohabitation entre Arabo-berbères et Négro-africains.
Sur ce point également, notre erreur a été dans la proclamation publique de la lutte armée. On ne dit pas la révolution, comme la guerre, on la fait, disait quelqu’un. Par ailleurs le contexte ayant présidé à son choix, qui était un contexte passionnel, dans le feu des déportations et exécutions ; une forte dose émotionnelle ayant embué les esprits, gênant la lucidité requise en pareille circonstance, pour évaluer froidement les moyens, tous les moyens humains, matériels et techniques, données géostratégiques et géopolitiques pour une telle entreprise. Nous avons omis d’intégrer la position – et le sens de son évolution – des Etats et des populations de la sous région, notamment le Mali et le Sénégal où se trouvaient des milliers de déportés. Bref nous n’avions pas pris suffisamment la juste mesure des choses.
Et quand elle fut gelée, sans large explication, cela ajouta à la confusion. C’est donc tout naturellement que son gel déclaré fut perçu par bon nombre de militants et sympathisants comme un abandon pur et simple de la lutte contre le racisme d’Etat, entraînant des frustrations.
Ce fut là aussi une erreur de communication.
Nous venons de survoler quelques-uns des obstacles et erreurs qui ont jalonné notre longue marche.
Pour surmonter ces obstacles et éviter la répétition des erreurs commises, il faut plus que des convictions ancrées. Pour venir à bout d’un système raciste et tenace dont les tenants ne reculent devant rien pour écraser leurs adversaires et perpétuer leur domination, il faut ?uvrer à tous les niveaux pour rendre notre organisation plus forte, plus structurée, plus présente sur tous les fronts. En même temps, nous devons résolument intégrer la dimension pédagogique dans notre action politique pour la rendre facilement lisible. Pour cela, il faut remettre à l’honneur l’information, l’explication, et la cohérence entre notre discours politique et notre pratique de tous les jours.
PERSPECTIVES ET/CONCLUSION
A plusieurs reprises, dans la vie nationale, des crises liées à cette cohabitation ont conduit le pays au bord du chaos : 1966, 1989, 1990 et 1991. Les conséquences de ces crises sont toujours là : des milliers de déportés, des centaines de veuves et d’orphelins produits par les violations des droits humains. Ces faits interpellent chaque jour, chaque Mauritanien.
C’est pourquoi nous invitons solennellement tous les Mauritaniens sans exclusive à prendre leurs responsabilités historiques avec courage pour faire face avec sérénité et détermination à la question nationale afin de lui trouver une solution juste et durable. Enrichissons-nous des enseignements que nous offre la scène internationale. Partout où le problème identitaire a été mal géré, nous avons observé des tragédies avec des risques de partition des pays concernés. Les événements tragiques que vit aujourd’hui la Côte d’Ivoire en sont une illustration. Là aussi, on retrouve à l’arrière plan la question identitaire, parmi tant d’autres, comme facteur déclencheur de la crise. Pour notre part, nous réitérons aujourd’hui, ce que nous avons préconisé depuis 1986 : notre disponibilité à engager de larges consultations avec tous les Mauritaniens pour définir les grandes lignes pouvant conduire à une solution correcte et durable de la question nationale.
En direction de l’opposition, nous renouvelons notre appel pour la construction d’un vaste front de l’opposition combative afin de hâter l’alternance politique. Etant entendu que pour nous, l’alternance politique doit rendre possible une solution juste et durable de la question nationale et une éradication de l’esclavage.
En direction des Négro-africains, nous disons : le combat pour l’éradication du racisme d’Etat et l’avènement d’une Mauritanie où le Négro-africain et l’Arabo-berbère auront les mêmes droits et les mêmes devoirs, les mêmes chances d’épanouissement, ce combat est le vôtre. Personne ne le fera à votre place. Il faut se persuader que les personnes qui luttent pour leur liberté vaincront quel que soit le terrain sur lequel elles se battent, et ce malgré la disproportion des rapports de forces.
A la jeunesse négro-africaine, nous disons : que la dignité n’a pas de prix. Ce combat contre l’injustice et l’oppression raciale, c’est surtout le vôtre, car c’est vous et vos enfants qui serez les premiers bénéficiaires. Dans bien des domaines, vous avez fait vos preuves. En matière de lutte contre le régime et le racisme d’Etat sous toutes les formes, vous devez faire davantage.
En vingt ans, nous avons accompli une longue marche. Plusieurs étapes et épreuves encore plus difficiles nous attendent. A l’heure où nous sommes devenus une force politique incontournable, nous appelons tous nos militants et sympathisants à plus de vigilance, plus de détermination, plus de discipline.
Vigilance : pour déjouer toutes les man?uvres, toutes les tentations et les tentatives de diversion et de récupération politique.
Détermination : il n’en faudra jamais assez pour venir à bout des obstacles et épreuves qui se dresseront sur notre chemin.
Discipline : Discipline dans la conception, discipline dans l’action parce que sans elle rien ne peut se faire dans la durée.
Nous sommes entrés dans l’histoire par la grande porte, veillons à ne pas en sortir par la petite.
La lutte continue!
Les Forces de libération africaines de Mauritanie (F.L.A.M.)- 14 MARS 2003.