Monthly Archives: September 2023
Conférence de Presse conjointe
Cette conférence de presse s’inscrit dans le sillage de la précédente et s’articule autour de deux points :
_ L’exigence de la reconnaissance légale des FPC et du RAG, victimes d’injustice,
_les difficultés des populations à s’enrôler avec les nouvelles Commissions techniques .
Nous avons choisi de mettre l’accent sur ces deux points , sans toutefois méconnaître tous ces autres problèmes , non moins importants, qui existent .
Il s’agit
– de cette pauvreté qui frappe les populations et qui évolue vers la misère ,
– du désespoir de cette jeunesse , sans perspectives , qui se jette dans l’aventure , jusqu’aux nouvelles recrues et fonctionnaires de l’Etat, sans plus d’illusions sur l’avenir du pays .
-de la destruction de la cohésion nationale au travers du racisme d’Etat érigé en mode de gouvernance et de l’esclavage qui perdure,
-du sabotage de l’Enseignement , par chauvinisme et imposition du monolinguisme ,qui traduit un déni de la diversité du pays,
– du recul démocratique et de l’impunité qui s’installent,
– de tous ces déportés de retour, laissés en rade,
-de cette Administration complètement par terre , gangrenée par la corruption ,l’ethnicisme et le népotisme , dans l’improvisation et l’anarchie à tous les niveaux .
– de Nouakchott, -cette capitale sale et nauséabonde par endroits- où règne une insécurité permanente ,etc,etc,etc .
Les FPC et le RAG, tout en reconnaissant ces problèmes , ont choisi cependant de se focaliser et sur la nécéssité de leur reconnaissance légale qui participe du renforcement du jeu démocratique, et sur les difficultés actuelles à s’enrôler que rencontrent les populations des villages, des adwaba et des periphéries des villes .
Selon nos informations , dans certaines localités du Brakna ,du Gorgol ,du Guidimakha, du Trarza et à l’Est du pays, l’enrôlement se fait au rythme de trois personnes par jour, alors que les centres ne désemplissent pas . Partout des blocages , de l’obstruction, comme pour décourager et amener les populations à baisser les bras .
Le Président Ghazouani avait , lors de son discours d’investiture , promis de ‘’résoudre les déséquilbres et toutes les manifestations d’injustice, de consolider l’unité nationale, d’œuvrer au respect des droits de l’homme, de mettre fin au calvaire des populations dans leur enrôlement ’’ .
A propos de l’injustice, le cas des FPC et du RAG, victimes de l’arbitraire, en constitue l’illustration, concernant l’unité nationale, elle a été mise à mal pour ne pas dire démolie , quant au respect des droits de l’homme, il a dérapé en intimidation et menaces, en assassinats dans les commissariats de police ; enfin, pour l’enrôlement , les populations continuent de pâtir de blocages en tous genres . Pour la seconde fois , des commissions techniques ont été diligentées à cet effet par le Président, mais sans résultats , les blocages persistent. Dysfonctionnement manifeste dans l’application . Soit ces consignes avaient été données du bout des lèvres , sans volonté politique réelle, soit les agents de l’Etat civil ,à la base, se moquent des instructions du Président de la république .
En ce qui concerne la reconnaissance des partis politiques ,le RAG et les FPC souhaitent, afin d’éliminer des choix arbitraires et partisans , d’adopter le régime déclaratif qui permet ,le mieux, d’ouvrir le jeu démocratique, et partant l’expression de tous les projets . La démocratie véritable constitue une soupape de sécurité , un gage de l’apaisement social .
Il demeure, en conclusion, trop de problèmes irrésolus , trop de défis non relevés .
Tous ces défis , aggravés , tous ces nombreux échecs posent, naturellement, la question légitime de l’alternative pour 2024 .
Appel ,
LES FPC et le RAG
_Appellent à leur reconnaissance légale et à plus de compassion et de solidarité nationale ,
_ Souhaitent la simplification de l’enrôlement des populations et des sanctions pour les obstructions constatées ,
_ Estiment , nécéssaire et impérieuse au vu de la situation préocupante du moment , la mise en place d’une vaste Mouvance pour le changement (MPC) , en vue bâtir une Mauritanie reconciliée et refondée sur des bases justes , égalitaires et démocratiques . La ‘’nation’’ mauritanienne , le vivre-ensemble harmonieux ne saurait s’édifier sur l’hégémonie suprématiste des uns . Cette situation conduit à l’impasse et reste porteuse de danger .
Il nous faut nous ressaisir …
FPC –RAG
Nouakchott Août -20 -2023
https://www.facebook.com/federationnouakchott/videos/1532208597523363/?mibextid=JgRRn7n7jRVACbyL
Politique : Tous les partis ne se reconnaissent pas dans le pacte signé
La Dépêche – Est-ce à cause du déficit de représentativité de certains de ces signataires ? Est-ce du fait de l’exclusion d’une majorité de partis politiques de l’Opposition et de la Majorité ? Est-ce par contre le désaveu du contenu concocté par les « gauchisants » à l’accord ? Une seule chose est sûre, le Pacte n’apporte pas l’adhésion de toute la classe politique.
Va-t-on assister à une simple alliance politique avant l’élection présidentielle de 2024 entre le parti au pouvoir et deux partis de l’Opposition qui n’ont aucun élu à l’Assemblée nationale ? Ce n’est pas sans doute pas la première fois qu’un document de conciliation politique est signé dans le pays.
L’actuel régime est d’ailleurs à l’origine de la dernière tentative de recherche d’un consensus qui avait inauguré la veille des dernières élections de mai 2023. Cependant, l’événement, s’il faut ainsi le qualifier, ne manque pas de relents d’apaisement du champ politique national.
Le président Ghazouani s’y était engagé et continue, malgré les couacs de parcours, à le privilégier à une confrontation stérile. Un quatuor a signé ce document. Il s’agit des présidents des partis, Insaf, Mohamed Malainine Ould Eyih, du RFD, Ahmed Ould Dadah, de l’UFP, Mohamed Ould Maouloud, et du ministre de l’intérieur, Mohamed Ahmed ould Mohamed Lemine, représentant le Gouvernement.
Mais il faut bien se rendre à l’évidence que le véritable « cadeau » est donné aux partis politiques de l’Opposition présents à la signature du Pacte qui malgré leur déconfiture se voit «attribuer » la largeur de représenter une classe politique institutionnellement mieux assise.
Le président Ghazouani contribue ainsi à la mise en selle de partis politiques en déphasage avec l’électorat. Ils ne risquent pas demain de galvaniser et rassembler autour du président, probablement candidat à sa propre succession, les masses qu’ils prétendent représenter.
A voir les réactions des partis de l’Opposition et de la Majorité l’on comprend aisément que ces acteurs crient à l’usurpation de la représentativité réelle pour espérer que les réformes promises se fassent jour. En effet, il est difficile de croire à l’aboutissement d’un Pacte Républicain qui laisse en rade la majorité des acteurs politiques (majorité et opposition).
Les mêmes acteurs refusent –c’est bien plus adressé à l’UFP et au RFD qui s’octroient le bon sens par rapport aux autres- le rôle de locomotive des deux formations dans la matérialisation de la feuille de route annoncée par les signataires. Ils mettent en avant les écarts de réflexion en mettant « en garde contre le manque de lucidité et de clairvoyance des protagonistes politiques ». Comme si la clairvoyance avait un seul camp. Sans appel.
Selon nos amis de l’AMI, « une feuille de route constituée de huit points a été établie pour venir à bout, de nombreux maux qui touchent la société. Les parties prenantes notent que les réformes viseront à renforcer la cohésion sociale, la préservation de l’unité nationale, à travers le règlement de tous les dossiers liés aux droits de l’homme. Par la même occasion, ils entendent matérialiser leur volonté de consolider les valeurs et pratiques de la démocratie, en mettant en exergue la nécessité de réformer les institutions de l’État.
Feuille de route :
Déterminées à faire face à ces multiples défis et périls, nous, parties signataires :
1. Réitérons notre indéfectible attachement à la préservation de la stabilité et de la sécurité du pays par l’instauration d’un système fondé sur la justice sociale, l’État de droit et les valeurs démocratiques ;
2. Considérons que la Majorité et l’Opposition constituent les acteurs principaux dans toute démocratie et portent, chacun en ce qui le concerne, la responsabilité politique et morale de tout ce qui pourrait advenir au pays, en raison du manque de lucidité et de clairvoyance des protagonistes politiques ;
3. Décidons, dans ce contexte sensible, de surmonter nos divergences, en vue de servir les intérêts supérieurs du pays et lui éviter les périls auxquels peuvent le soumettre les divisions stériles et destructrices au sein de la classe politique ;
4. Comptons conduire, en urgence, une profonde réflexion sur notre système électoral et, le cas échéant, engager les réformes pertinentes visant à renforcer notre démocratie, afin de dépasser le contexte issu des dernières élections et prévenir tout désaccord électoral à l’avenir ;
5. Exprimons notre commune volonté de procéder aux réformes fondamentales indispensables à la préservation et au renforcement de l’unité nationale, et à l’ancrage des valeurs et pratiques de la démocratie et de l’État de droit. Ces réformes porteront, également, sur la concrétisation de la justice sociale et de la bonne gouvernance ainsi que sur l’amélioration des conditions de vie de nos populations, éprouvées par la crise et les répercussions des conditions résultant de la décennie du pouvoir précédent. Ces réformes seront menées dans un cadre national inclusif et participatif, sous forme d’ateliers, sur la base de la liste des thématiques en annexe au présent Accord, dont elle constitue une partie intégrante ;
6. Annonçons la conclusion du présent Accord pour la création d’une Entente politique, nationale, républicaine et démocratique, dénommée Pacte Républicain, ouverte à tous les partis politiques désireux de s’y joindre pour la réalisation des réformes énumérées ci-haut ;
7. Œuvrerons dans le cadre du Pacte Républicain, à tous les niveaux et par tous les moyens, en vue de conduire notre pays vers davantage d’unité, d’harmonie, de cohésion sociale et, partant, de démocratie, de développement et de prospérité ;
8. Convenons de la mise en place, à compter de la signature du présent Accord, d’un Comité d’Orientation et de Suivi où seront représentées les parties signataires, pour la mise en œuvre de l’Accord, dans un délai n’excédant pas deux mois à compter de sa date de signature.
Annexe au « Pacte Républicain »
Les réformes évoquées dans le Pacte Républicain s’articulent, notamment, autour des mesures suivantes :
1. Conduire, en urgence, une profonde réflexion sur notre système électoral et, le cas échéant, engager les réformes pertinentes, afin de dépasser le contexte issu des dernières élections, activer les dispositions légales en matière électorale et prévenir tout désaccord électoral à l’avenir ;
2. Mettre en place un mécanisme crédible pour le règlement définitif des dossiers des droits de l’homme et des injustices en suspens, en tenant compte des efforts déployés et des actions entreprises par le passé afin de résoudre ces questions ;
3. Adopter des mesures concrètes visant à traduire, dans les faits, la diversité culturelle du pays dans l’espace public, notamment au niveau des médias, des programmes éducatifs et des événements officiels, en activant le statut constitutionnel de la langue arabe et en reconnaissant la vocation des langues pulaar, soninke et wolof à accéder au statut de langues officielles ;
4. Appliquer de manière stricte le dispositif juridique pénalisant les pratiques esclavagistes et racistes, et les injustices à l’égard des couches marginalisées, ainsi que les discours incitant à la violence, au fanatisme, à l’extrémisme, au racisme et à la haine, et mettre en place un mécanisme national pour la prise en charge des victimes des pratiques sus-évoquées, y compris par l’adoption et la mise en œuvre de politiques nationales efficientes à même de réduire les inégalités sociales, conduisant ainsi à une discrimination positive en faveur de ces groupes ;
5. Appliquer de manière effective le principe de l’égalité des chances entre tous les citoyens du pays, dans tous les domaines et à tous les niveaux, et instaurer l’égalité entre les acteurs économiques devant les services administratifs ;
6. Combattre la hausse des prix par des mesures appropriées de nature à protéger, durablement, le pouvoir d’achat des populations ;
7. Mettre en place un mécanisme efficace de mobilisation nationale pour une réforme foncière visant à soutenir et promouvoir l’agriculture et à renforcer les politiques visant l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire qui constitue un des piliers de la souveraineté et de la sécurité nationales ;
8. Promouvoir la décentralisation et la bonne gouvernance dans les domaines de la gestion des affaires publiques, de l’administration et des finances de l’Etat, en renforçant et en mettant en œuvre, de manière effective, les dispositifs nationaux de lutte contre la corruption ;
9. Appliquer les conclusions des concertations nationales sur la réforme de l’éducation et promouvoir la contribution substantielle de toutes les forces vives de la nation pour assurer le succès de l’école républicaine ;
10. Appliquer les conclusions des concertations nationales sur la réforme de la justice ;
11. Appliquer la stricte séparation entre les emplois politiques et postes techniques et procéder à l’éloignement de l’administration publique du champ politique et des compétitions électorales ;
12. Assurer la promotion des partis politiques afin de leur permettre de s’acquitter de leurs missions constitutionnelles ; réviser et appliquer les textes juridiques et réglementaires qui les régissent ;
13. Assurer la promotion du secteur privé, des collectivités locales, de la société civile, de la presse, des syndicats et pour leur permettre de jouer leur rôle d’acteurs majeurs dans le développement du pays ;
14. Promouvoir l’instauration d’un dialogue durable entre les partenaires sociaux et assurer la protection des droits des travailleurs ;
15. Mettre en place une stratégie nationale intégrée visant à protéger les enfants et les jeunes contre la drogue, la délinquance et la violence, et assurer un traitement adéquat du chômage et du phénomène de la migration des jeunes ;
16. Promouvoir une autonomisation plus accrue des femmes, des jeunes et des personnes aux besoins spécifiques, et veiller à leur insertion dans la vie politique, économique, culturelle et sociale du pays à travers notamment l’adoption et la mise en œuvre de politiques efficientes en matière d’emplois professionnels qualifiants ;
17. Mettre en place un fonds souverain alimenté par les revenus des hydrocarbures pour la promotion du développement économique durable et équilibré du pays et qui préserve les intérêts des générations futures ;
18. Identifier et mobiliser les compétences, expertises et investissements de nos communautés à l’étranger au profit du pays ».
Fin de citation.
cridem
Mauritanie : Interview exclusive de Samba THIAM à KASSATAYA
« L’accord UFP-RFD- ressemble à du déjà vu, un fourre-tout où s’enchevêtrent questions de fond, questions superficielles et techniques qui relèvent d’axes programmatiques de parti ou de ministère »
kassataya – Le président des FPC réagit sur l’accord tripartite UFP-RFD et INSAF, un document politique qui ne fait pas l’unanimité des Mauritaniens. Pour Samba Thiam il ne parle plus de crise politique mais juste de contentieux électoral à régler. Le chef historique du premier mouvement de libération africaine de Mauritanie s’est confié exclusivement à Kassataya pour revenir aux leçons des élections 2023 qu’il qualifie de mascarade électorale où un opposant homme politique et non politicien ne peut gagner sans faire allégeance au système. Samba Thiam est revenu sur son engagement dans des alliances sans calcul mesquin encore moins d’agenda caché avant de considérer la tolérance zéro édictée par Ould Ghazouani au gouvernement comme un simple slogan. Le leader charismatique de l’opposition n’est pas également indifférent au coup d’Etat du Niger.
« Je trouve la démarche inadéquate, quelque peu inélégante, à la limite de la maladresse. En effet, comment compter rallier à cette initiative d’autres fractions de l’opposition, mises devant le fait accompli – qualifiées de surcroît comme elles l’ont été- en plus d’un droit de propriété assumé avec discourtois… »
kassataya : quelle lecture faites-vous de l’accord tripartite entre UFP et RFD et INSAF ?
Samba THIAM : je m’interdis, en général, par principe, d’intervenir sur des questions ou des situations pour lesquelles je n’ai pas d’informations précises, vérifiées. J’ai lu ces derniers temps, comme tout le monde, un texte repris dans les réseaux sociaux sujet à polémique…Si je devais donc m’avancer à son propos ce ne serait qu’au conditionnel. Est-ce qu’il existe ce texte ? et son contenu est-il endossé par les présumés auteurs ? Si oui, alors mon commentaire porterait d’abord sur son objet, c’est -a- dire la reprise d’un dialogue -concertations qui, dit-on, aurait été suspendu pour des raisons de calendrier électoral.
En vérité, il fut abandonné, de façon unilatérale et péremptoire par la Présidence de la République, bien avant toute échéance électorale et sans que l’Opposition et même la majorité ne fussent consultées ; opposition qui, du reste, manifesta alors, diversement, son mécontentement. Le risque encouru ici, c’est justement de retomber dans les travers du dialogue précédent qui avait été arraché, presque forcé …toute chose qui explique son échec.
Maintenant pour en venir au contenu, il ressemble à du déjà vu ; un fourre- tout où s’enchevêtrent questions de fond, questions superficielles et techniques qui relèvent d’axes programmatiques de parti ou de ministère. Le document ne parle plus de crise politique, notons-le, mais juste de contentieux électoral à régler… Il y a à dire également sur l’attitude courroucée post-électorale adoptée (Manif et déclaration cinglante) en raison du scrutin décrié et, tout d’un coup, cette volte-face soudaine, surprenante, comme par ramollissement, qui sonne comme un flop !
Certains parmi nous de l’opposition donnent l’impression, parfois, d’avoir tellement subi et souffert sous ‘’la décennie ’’passée…que chat échaudé craint l’eau froide. Composer à tout prix et non pas s’opposer, quelle que soit la politique chauvine et pernicieuse menée par le Pouvoir, est devenu une option … N’empêche, nous nous devons, malgré tout, de respecter la ligne et les choix de chaque formation politique, lui reconnaître la liberté, le droit et la latitude de porter des initiatives propres, qu’ils jugent opportunes, avec la précaution toutefois de ne pas le passer au nom de toute l’Opposition.
Enfin pour la forme, je trouve la démarche inadéquate, quelque peu inélégante, à la limite de la maladresse. En effet, comment compter rallier à cette initiative d’autres fractions de l’opposition, mises devant le fait accompli – qualifiées de surcroît comme elles l’ont été- en plus d’un droit de propriété assumé avec discourtoisie ? Au juste, qui ‘’cherchent à entraîner le pays dans l’instabilité voire dans le chaos’’ ? Les tenants du Système avec leur politique chauvine, raciste et funeste ou les victimes de l’oppression en tous genres ? Non content de brimer les victimes, il faut encore chercher à les culpabiliser ! Cela étant, pour conclure, un dialogue politique sincère, sous-tendu par une volonté politique réelle est à prendre, toujours. Depuis 1986 nous le demandons, en vain. Toutes les guerres, même les plus féroces, finissent, généralement, sur la table de négociation…
« C’est toute la pyramide de l’administration qui s’est écroulée avec l’avènement des militaires…. »
kassataya : que vous inspire la tolérance zéro édictée par Ould Ghazouani pour les manquements du gouvernement aux programmes prioritaires ?
Samba THIAM : c’est juste un slogan, rien de plus, parce qu’il n’en a pas les moyens, à moins de relever tous les agents de l’Etat. Il ne comprend pas que c’est toute la pyramide de l’administration qui s’est écroulée avec l’avènement des militaires. Abdallah Sidya Ebnou l’a bien expliqué dans ses mémoires. C’est le désordre partout ; chacun fait comme bon lui semble, embauche rien que sa parentèle et sert sa tribu. Relevé aujourd’hui pour être nommé le lendemain, avec de surcroît, une promotion ! Il n’y a ni suivi, ni contrôle, ni sanctions, d’où l’anarchie générale qui règne. Cette administration, pour se redresser, aurait besoin d’une tutelle de longue durée d’anciens commis de l’Etat modèles.
Notre Raïs n’a pas les moyens de sa politique pour manquer de vision, de connaissance des hommes, de perception claire sur les véritables maux du pays et l’ordre de priorité des choses. D’où l’instabilité du gouvernement constatée au vu des changements multiples à la tête de certains départements, par trois à quatre fois, en l’espace de quelques mois ! Enfin ce Président n’échappe pas, comme beaucoup parmi nous, à l’emprise de son milieu ; comme pour la plupart, il demeure produit et prisonnier de son environnement, prototype de ‘’ l’homo-mauritanicus’’. Le désert façonne à sa façon, tout comme la savane …Pour se distancier de cette entrave, Souleymane B Diagne -philosophe- rapporte deux idées importantes qui y participent : ‘’savoir penser contre soi’’ ; ‘’se déprendre des significations immédiates dans lesquelles nous retiennent la culture et les religions’’.
kassataya : Pour revenir aux élections de 2023. Quelles leçons tirez-vous de l’échec aux législatives ?
Samba THIAM : C’était un test, sans grande attente en réalité, mais qu’il fallait passer. Je ne le perçois pas comme un échec comme vous semblez le poser. Quelle leçon ? Si ‘l’on devait comparer les pays africains dans leur résistance à enclencher la démocratie , au regard de l’opacité des élections , des pesanteur et des insuffisances notoires à ce sujet, la Mauritanie serait classée dernière …Ici on assiste, comme nulle part ailleurs, à l’achat massif des consciences, ouvertement encouragé par l’Etat et le parti au pouvoir, aux ’intimidations et menaces , à la chape tribale ,au carcan ethnique, au contrôle exclusif du ministère de l’intérieur en amont et en aval du processus électoral qui s’arroge le droit et la force de priver les opposants jusqu’aux PV des dépouillements du vote ! On ne peut pas parler d’élection mais de mascarade en Mauritanie ; un opposant ne peut pas gagner avec ce type d’élections à moins de faire allégeance au Système.
Quand les véritables conditions pour un jeu démocratique transparent seront un jour instaurées, alors nous gagnerons…S’y ajoute que le parti FPC reste particulièrement ciblé ; la peste en un mot ,au vu de ses déboires : un récépissé de reconnaissance arbitrairement refusé ,un contentieux juridique bloqué voilà 9 ans, six candidatures aux municipales et législatives dont certaines étaient nettement favorites ,toutes recalées , un chef de parti ,enfin ,ancien fonctionnaire de l’Etat, privé jusqu’à ses droits naturels à pension ; le seul des anciens détenus politiques de Walata à voir sa situation administrative irrésolue .Et dire que ce Président avait promis de solder les injustices … Pas même les plus flagrantes ! Reconnaissez-nous donc cet environnement particulièrement hostile.
« J’ai toujours dit que j’étais un homme politique et non un politicien »…
kassataya : des compatriotes vous reprochent votre stratégie de consentement aux différentes coalitions auxquelles les FPC ont consenti pour aller vers des élections. Quelle analyse faites –vous de ces critiques ?
Samba THIAM : pour ma part, je me suis toujours engagé dans des alliances sans calcul personnel mesquin, sans agenda caché, mu essentiellement par la grande cause, l’intérêt général … Et comme je reste fidèle à cette posture ou manière d’être, on peut craindre que les désillusions ne soient pas près de s’arrêter pour nous. J’ai toujours dit que j’étais un homme politique et non un politicien…
kassataya : que vous inspire la situation au Niger ?
Samba THIAM : elle me préoccupe au plus haut point comme tout progressiste et bon panafricaniste . Pour l’instant elle est dans l’impasse. Laisser passer ce coup d’Etat, c’est encourager d’autres coups d’Etat qui consacrent un recul démocratique en Afrique de l’Ouest, voire dans tout le continent. Ne pas intervenir, pour la CEDEAO, c’est perdre la face ; intervenir comme elle le voudrait c’est faire courir à la sous-région entière un risque élevé de déstabilisation. Je pense, par ailleurs, qu’il faut distinguer les coups d’Etat ; il y en qui sont légitimes comme celui du Gabon intervenu récemment, celui de Guinée où hélas, le putschiste commence à suivre les pas de Condé…Rien ne justifie à mon avis celui du Niger qui tombe comme un tonnerre sous un ciel serein.
Des chefs d’Etat qui oppriment leurs peuples, mettent à mal l’unité nationale, ne veulent pas de l’alternance au sommet de l’Etat doivent partir… Ma petite idée est qu’on devrait tenter, pour sortir de la crise au Niger, ce schéma : Libérer le Président Bazoum, procéder dans un délai de 3mois au retour de l’ordre constitutionnel, par l’organisation d’une compétition électorale supervisée par un gouvernement d’union nationale civil et un CENI consensuel, ; une compétition électorale ouverte à tous les partis et acteurs politiques, y compris le général putschiste, devant démissionner de l’armée.
En tout état de cause, quelle que soit l’issue de ce scrutin, le retrait de la France, à défaut d’une remise en cause rapide et profonde de ses relations avec l’Afrique noire, sera inévitable, au regard de la pression populaire que personne ne pourra plus esquiver. Je n’ai pas de problème avec ces généraux dans leur posture vis-à-vis de la France, mais ce que je stigmatise c’est leur politique d’épuration ethnique, ouverte et manifeste, les violations massives des droits humains, le musellement de toute voix discordante. Enfin il ne faudra pas que nous chassions un maître pour un autre maître …qui ne dit pas son nom… Ce que les peuples demandent aux généraux c’est de remettre les choses à l’endroit et de s’en aller, exactement à la belle manière de Rawlings, et non pas s’incruster.
Propos recueillis par Chérif Kane, journaliste à Rouen (France)
RFD/UFP vs INSAF : Vers un pacte républicain ?
Depuis que les leaders du RFD et de l’UFP, partis de l’opposition démocratique, ont informé l’opinion de la décision du président de la République de renouer le fil du dialogue, les Mauritaniens attendaient de connaître la suite. Un document non encore officiel circulant dans la presse et sur les réseaux sociaux n’a pas manqué de susciter, comme nous le signalions dès la semaine dernière, des supputations et des rejets de la part d’autres partis de l’opposition estimant que le contenu d’un tel document « ne les engageait pas ». Mais cette espèce de retrouvailles entre le pouvoir et une partie de son opposition n’en devrait pas moins se traduire par la signature officielle, voire solennelle, de ce que les parties contractantes appellent « Pacte républicain » ou « Charte politique », censé améliorer, selon eux, le fonctionnement de la démocratie mauritanienne…Selon nos sources, les parties continuent à le peaufiner avant de le rendre public.
En attendant, ce document encore « provisoire » dont le Calame a reçu copie s’articule autour de trois points : préliminaires, base de l’accord et feuille de route. Les deux parties expliquent dans les préliminaires que ce pacte vient en droite ligne de la volonté d’apaisement affichée par le président de la République, Mohamed Cheikh Ghazwani, au lendemain de son élection à la tête du pays, et à son attachement à l’essentiel des valeurs et projets de réformes inlassablement défendus par l’Opposition. « Des valeurs partagées », disent les deux parties. Ce pacte se présente donc une réponse à la main tendue du Raïs pour susciter les conditions d’un développement harmonieux et apaisé du pays.
‘’Valeurs partagées’’
La charte recense l’ensemble des points qui feront l’objet de discussions à travers différents ateliers : « renforcement de la cohésion sociale ; préservation de l’unité nationale, en éliminant les pratiques esclavagistes et leurs séquelles et en réglant les dossiers des droits de l’Homme et d’injustices en suspens ; consolidation des valeurs et pratiques de la démocratie et de l’État de droit ; nécessaire réforme des institutions de l’État et impératif de bonne gouvernance. Il s’agit aussi de l’amélioration du niveau de vie de nos populations, de la mise en place d’un service public efficient, tant au niveau de la sécurité et de l’emploi qu’à celui de la santé et de l’éducation, et de l’impérieuse nécessité de promouvoir la concertation entre les partenaires politiques nationaux sur toutes les questions d’intérêt majeur. »
Ces retrouvailles entre la majorité et les deux partis de l’opposition sont intervenues, expliquent-ils, dans « un contexte national délicat où certaines forces cherchaient à entraîner le pays vers l’instabilité, voire le chaos ». Et les rédacteurs du document de poursuivre : « au moment où plus que jamais des réseaux terroristes et de contrebande écument nos frontières et que se développe et se diversifie la criminalité dans notre aire géographique, ces sources de graves inquiétudes viennent s’ajouter à la situation d’instabilité et d’insécurité qui prévaut dans la région où des foyers de tension persistent et où de nombreux pays sont, hélas, en proie à la tourmente et aux crises ouvertes, tant politiques que sociales, dans un contexte de crise internationale aigüe, caractérisée notamment par le déclenchement d’une guerre quasi-mondiale.
Face donc à ses menaces qui pèsent sur le pays et sur la sous-région du Sahel, seul un dialogue franc, sincère et inclusif entre les Mauritaniens peut parer à ces différents périls qui pointent à l’horizon », estiment les parties contractantes, rappelant que des concertations entre le gouvernement et les partis politiques avaient permis l’organisation concertées des élections locales du 13 Mai dernier. Les sérieux dysfonctionnements constatés alors ont cependant prouvé les limites de cette entente et le consensus qui avait prévalu au lendemain de la signature de celle-ci a vite volé en éclats, l’opposition mais également certains partis de la majorité dénonçant des fraudes à grande échelle. Beaucoup réclamèrent l’annulation des résultats et la reprise du scrutin, l’opposition accusa le gouvernement de n’avoir pas respecté les recommandations de l’accord.
Renouer le fil du dialogue
Le Pacte républicain en gestation n’évoque pas l’hypothèse de nouvelles élections anticipées, même si l’on peut penser qu’au lendemain de la présidentielle, le président Ghazwani pourrait, s’il est réélu, accepter de dissoudre le Parlement, donnant ainsi peut-être une chance au RFD et à l’UFP de retourner à l’Assemblée nationale. Ce qui ne manquerait certainement pas de susciter l’ire des autres partis de l’opposition mais également au sein de la majorité présidentielle.
Quoiqu’il en advienne, les parties contractantes ont émis une feuille de route en plusieurs points. Elle actualise pour l’essentiel quasiment celle émise en Septembre dernier. Le pouvoir et l’opposition étaient alors sur le point de démarrer un dialogue inclusif mais des divergences de dernière minute avaient hélas conduit à sa suspension unilatérale par le gouvernement, chaque partie rejetant la responsabilité sur l’autre. Une chose est sûre, tapis dans l’ombre au palais et ailleurs, les faucons du système n’en voulaient pas. Aujourd’hui, le gouvernement semble disposé, à travers son parti INSAF, à renouer le fil du dialogue. La démarche des deux parties n’en pose pas moins une multitude de questions : pourquoi seulement avec deux partis de l’opposition, à savoir le RFD et l’UFP ? Qu’en attendent les uns et les autres ? Quel poids politique aura un tel accord ? Pourquoi le RFD et l’UFP n’ont pas réussi à – ou pas tenté de – rallier les autres partis de l’opposition ? Cet accord en cacherait-il un autre ?
Dans tous les cas, l’avenir nous le dira sous peu. En attendant, les parties contractantes qui ont décidé de « surmonter leurs contradictions pour le bien de la Mauritanie » ont bel et bien produit leur feuille de route. Comme on l’a constaté depuis, ce pacte est loin de faire consensus au sein de l’opposition dont seuls deux partis ont donc décidé de franchir le Rubicon. Déjà contestés du fait de leurs résultats catastrophiques aux dernières élections, leur rôle et leur place au sein de celle-ci pâtiront probablement aussi de ce« rapprochement très poussé » avec le président Ghazwani. Jusqu’où les mènera cette aventure avec le pouvoir ? Wait and see ! (Lire la charte dans son intégralité en bas)
Dalay Lam
Voici la charte de la discorde
Accord Politique
Préliminaire
La scène politique nationale s’est caractérisée, depuis le dernier scrutin présidentiel jusqu’au lendemain des élections du 13 mai 2023, par un climat de détente et d’apaisement, résultant d’une convergence de volontés entre le Président de la République et l’Opposition, ce dont elle avait si grandement besoin.
Cette approche dans la conduite des affaires publiques était en nette rupture avec le mode de gouvernement suivi par le pouvoir précédent.
Base de l’Accord
Quatre années durant, l’Opposition démocratique avisée et responsable a, en effet, répondu favorablement à cette nouvelle approche privilégiant la concertation franche et constructive entre les différents acteurs politiques et a accepté la main tendue par le Président de la République, d’autant plus qu’il a exprimé, ouvertement, son attachement à l’essentiel des valeurs et projets de réformes, inlassablement défendus par l’Opposition, au fil des ans.
Ces valeurs et projets portent, notamment, sur le renforcement de la cohésion sociale, la préservation de l’unité nationale en éliminant les pratiques esclavagistes et leurs séquelles et en réglant les dossiers des droits de l’homme et d’injustice en suspens, la consolidation des valeurs et pratiques de la démocratie et de l’État de droit, la nécessaire réforme des institutions de l’Etat et l’impératif de bonne gouvernance. Il s’agit aussi de l’amélioration du niveau de vie de nos populations, de la mise en place d’un service public efficient, tant au niveau de la sécurité et de l’emploi qu’à celui de la santé et de l’éducation, et de l’impérieuse nécessité de promouvoir la concertation entre les partenaires politiques nationaux sur toutes les questions d’intérêt majeur.
Le rapprochement des vues du Pouvoir et de l’Opposition sur l’essentiel de ces questions nationales a permis la conclusion d’un accord entre le gouvernement et les partis politiques relatif à l’organisation d’élections crédibles et transparentes, seules susceptibles de conférer aux élus la confiance des citoyens, préalable incontournable à leur légitime représentation.
Emanant du souci qu’ils ont en commun quant au devenir de la Mauritanie, l’accord conclu entre l’Opposition et la Majorité est intervenu dans un contexte national délicat, où certaines forces cherchaient à entraîner le pays vers l’instabilité, voire le chaos.
Nonobstant la portée positive dudit accord, la mise en oeuvre des clauses relatives aux opérations électorales a révélé des dysfonctionnements et lacunes, dénoncés par une importante frange de la classe politique qui, pour cette raison, réclame une réforme du système électoral.
La situation de mésentente qui a prévalu entre les différentes forces politiques, à l’issue du scrutin du 13 mai, intervient au moment où plus que jamais des réseaux terroristes et de contrebande écument à nos frontières, et que se développe et se diversifie la criminalité dans notre aire géographique. A ces sources de graves inquiétudes vient s’ajouter la situation d’instabilité et d’insécurité qui prévaut dans la région, où des foyers de tension persistent et où, hélas, de nombreux pays sont en proie à la tourmente et aux crises ouvertes, tant politiques que sociales, dans un contexte de crise internationale aigue, caractérisée notamment par le déclenchement d’une guerre quasi-mondiale.
Feuille de route
Déterminés à faire face à ces multiples défis et périls, nous, partis signataires :
– Réitérons notre indéfectible attachement à la préservation de la stabilité et de la sécurité de notre pays par l’instauration d’un système fondé sur la justice sociale, l’État de droit et la démocratie ;
– Considérons que la Majorité et l’Opposition constituent les acteurs principaux de la démocratie et portent, chacune en ce qui la concerne, la responsabilité politique et morale de tout ce qui pourrait advenir au pays, en raison du manque de lucidité et de clairvoyance ;
– Décidons de surmonter nos contradictions pour servir les intérêts supérieurs de la Nation et éviter à notre pays les dangers pouvant survenir, suite aux désaccords de toute nature au sein de la classe politique ;
– Comptons conduire, en urgence, une profonde réflexion sur notre système électoral et, le cas échéant, engager les réformes pertinentes, afin de dépasser le contexte post-électoral et prévenir tout désaccord électoral à l’avenir ;
– Exprimons notre commune volonté de procéder aux réformes fondamentales indispensables pour la préservation et le renforcement de l’unité nationale et la consolidation des valeurs et pratiques de la démocratie et de l’État de droit. Ces réformes porteront, également, sur la concrétisation de la justice sociale et de la bonne gouvernance ainsi que sur l’amélioration des conditions de vie de nos populations, éprouvées par la crise et par les répercussions des conditions résultant de la dernière décennie. Ces réformes seront menées dans un cadre national inclusif et participatif, sous forme d’ateliers, sur la base de la liste des thématiques en annexe au présent accord, dont elle constitue une partie intégrante.
– Annonçons la création d’une entente politique nationale, républicaine et démocratique, dénommée « Pacte Républicain », ouverte à tous les acteurs politiques désireux de se joindre à nous pour la réalisation des réformes énumérées ci-haut ;
-Œuvrerons dans le cadre du Pacte Républicain, à tous les niveaux et par tous les moyens, en vue de conduire notre pays vers davantage d’unité, d’harmonie, de cohésion sociale et, partant, de démocratie, de développement et de prospérité ;
– Convenons de la mise en place d’un Comité de Pilotage, composé des représentants des parties signataires, pour la mise en œuvre du présent accord, laquelle interviendra dans un délai n’excédant pas deux mois, à compter de sa signature.
Annexe à l’Accord politique
Les réformes évoquées dans le texte de l’accord politique seront articulées notamment autour des mesures suivantes :
– Conduire, en urgence, une profonde réflexion sur notre système électoral et, le cas échéant, engager les réformes pertinentes, afin de dépasser le contexte post-électoral et prévenir tout désaccord électoral à l’avenir ;
– Mettre en place un mécanisme crédible pour le règlement définitif des dossiers des droits de l’homme en suspens, en tenant compte des efforts entrepris par le passé afin de résoudre ces dossiers ;
– Adopter des mesures concrètes visant à traduire, dans les faits, la diversité culturelle du pays dans l’espace public, notamment au niveau des médias, des programmes éducatifs et des événements officiels, et reconnaître la vocation des langues négro-africaines à accéder au statut de langues officielles ;
– Appliquer de manière stricte les dispositions juridiques imposant l’égalité des citoyens devant la loi et pénalisant les pratiques de l’esclavage, du racisme et les injustices à l’égard des couches marginalisées; mettre en place un mécanisme national pour la prise en charge des victimes de ces pratiques, en vue de leur réinsertion dans la société, y compris par l’adoption et la mise en œuvre d’une politique nationale de discrimination positive en leur faveur ;
– Appliquer de manière effective le principe de l’égalité des chances entre tous les citoyens du pays, dans tous les domaines et à tous les niveaux ;
– Combattre la hausse des prix par des mesures appropriées de nature à protéger, durablement, le pouvoir d’achat des populations ;
– Mettre en place un mécanisme efficace pour une mobilisation nationale visant à soutenir et promouvoir la politique d’autosuffisance alimentaire ;
– Promouvoir la bonne gouvernance dans les domaines de la gestion des affaires publiques, de l’administration et des finances de l’Etat, en renforçant et en mettant en œuvre, de manière effective, le dispositif national de lutte contre la corruption ;
– Appliquer les recommandations des concertations nationales sur la réforme de l’éducation, et promouvoir la contribution substantielle de toutes les forces vives de la nation pour assurer le succès de l’école républicaine ;
– Appliquer les recommandations des concertations nationales sur la réforme de la justice ;
– Appliquer la stricte séparation entre les emplois politiques et techniques, et procéder à l’éloignement de l’administration publique du champ politique et des compétitions électorales;
– Assurer la promotion des partis politiques, de la presse, de la société civile, du secteur privé et des communautés locales pour leur permettre de jouer leur rôle d’acteurs majeurs dans le développement du pays ;
– Promouvoir l’établissement d’un dialogue durable entre les partenaires sociaux et assurer la protection des droits des travailleurs ;
– Mettre en place une stratégie nationale intégrée visant à protéger les enfants et les jeunes contre la drogue, la délinquance et la violence, et assurer un traitement adéquat du chômage et de l’émigration des jeunes ;
– Promouvoir une autonomisation plus accrue des femmes, des jeunes et des personnes aux besoins spécifiques, et veiller à leur insertion dans la vie politique, économique et culturelle du pays ;
– Mettre en place un fonds souverain alimenté par les revenus des hydrocarbures pour la promotion du développement économique durable et équilibré du pays et qui préserve les intérêts des générations futures ;
– Assurer la mobilisation des expériences et encourager les investissements de nos communautés à l’étranger au profit du pays.
Les FPC et le RAG réclament leur reconnaissance
Les forces progressistes du changement (FPC) et le Rassemblement pour une action globale (RAG) ont réclamé leur reconnaissance officielle par le ministère de l’intérieur. Une revendication réaffirmée ce jeudi 31 août 2023, par leurs présidents, respectivement Samba Thiam et Biram Dah Abeid, lors d’une conférence de presse commune au siège du mouvement IRA. Au cours de cette rencontre avec les journalistes nationaux et internationaux, les deux responsables ont rappelé avoir respecté toutes les procédures administratives et effectué toutes les démarches nécessaires pour disposer de récépissés leur permettant de jouir, comme tous les autres partis politiques de la place, des droits liés à cette reconnaissance. Mais, affirment Samba Thiam et Biram Dah Abeid, ‘’nous nous heurtons au refus injustifié des autorités administratives et des présidents Aziz et Ghazwani. L’un et l’autre, « incarnation du système qui régente le pays » justifient leur refus par des « arguments fallacieux ». Pour les FPC, ils continuent d’arguer que cette formation politique vise à « déconstruire le système qui les marginalise et les opprime ». On cherche toujours à nous diaboliser, a dénoncé Samba Thiam qui rappelle : « Voilà 13 ans que nous attendons une reconnaissance par les pouvoirs publics, en vain, indique-t-il avant d ‘ajouter : « quand on prétend instaurer la démocratie, on doit accepter un débat contradictoire, un débat d’idées, non museler et/ ou diaboliser des concurrents et acteurs politiques, octroyer des récépissés à la tête du client ». Et Thiam de préciser : « après le refus du ministère de l’intérieur, nous avons saisi la Cour Suprême et à chaque fois que le dossier est inscrit au rôle pour être jugé, on le reclasse, deux ou trois jours avant la date de l’audience, cela dure depuis plus d’une décennie, cela relève du mépris et viole les textes en vigueur.»
Pour Biram Dah Abeid, ‘’le système en place cherche par tous les moyens à diviser les mauritaniens et à maintenir certains dans une sorte de « ghethoisiation ». On refuse de reconnaître le RAG parce qu’il ne comporte pas toutes les communautés mauritaniennes’’. Or indique Biram, « le RAG comprend les Haratine, les Pulaar, les Soninké et les Oulof ». Qu’est-ce qui manque, s’interroge-t-il ? Les Arabes, nous dit-on. Pourtant enfonce Biram, « les Haratine sont considérés dans la catégorisation des pouvoirs comme étant des arabes, ce que le RAG a respecté. Il apparaît ici clairement, poursuit le président d’IRA, qu’on utilise les Haratine, quand ça arrange la minorité maure et on les rejette quand il s’agit de leur permettre de jouir d’un droit que leur reconnaît la Constitution ». Biram a raconté toutes les péripéties autour de la reconnaissance du RAG, les promesses non tenues, avec l’ancien président Aziz et son successeur, Ghawani.
Pour les deux présidents, les FPC et le RAG sont des partis « ostracisés, communautarisés » sinon, pourquoi beaucoup d’autres partis politiques, moins importants pour ne pas dire des partis « cartables » ont été reconnus après nous, et plus grave, le ministère de l’intérieur a décidé, au lendemain des dernières élections locales de surseoir à la dissolution de partis politiques n’ayant pas obtenu 1% des suffrages lors de deux élections successives, parce que tout simplement, ils sont ses clients. Plus grave, s’indignent Thiam et Biram, le tout puissant ministère de l’intérieur s’apprête à convoquer une réunion des partis politiques pour leur demander de choisir entre la création de nouveaux partis politiques ou le maintien du nombre actuel. Depuis quand des partis politiques disposeraient-ils de la vie ou de la mort d’autres formations politiques, se sont interrogés le président des FPC et celui du RAG. Et de conclure: « nous avons appris de sources fondées que le mot d’autre des autorités est : tout sauf IRA et FPC. Pour autant affirment les responsables des deux partis, nous n’allons pas baisser les bras, nous continuerons à réclamer la reconnaissance de nos parts, parce que c’est un droit légitime. » C’est dire qu’ils restent vigilants sur cette menace qui proviendrait du ministère de l’intérieur.