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Ould Meguett, tête de listes aux législatives du parti INSAF – Déclaration du Fonadh
Fonadh – Nous nous rappelons tous, de la tragédie que la Mauritanie a connue entre les années 86 et 93, avec de violations massives des Droits Humains caractérisées par des déportations, des exactions extrajudiciaires, tortures, viols, spoliations des terres agricoles et habitats……dont les principales victimes sont des populations noires de Mauritanie.
Cette tragédie a porté gravement atteinte non seulement à l’mage du pays ; mais aussi et surtout à la cohabitation pacifique, à l’unité et à la cohésion Nationale.
Nous avions espéré, qu’après cette histoire sombre de notre pays, que les autorités nationales malgré tous les discours sur le renforcement de l’unité, la cohésion nationale n’allaient pas s’engager dans des initiatives allant dans le sens de remuer le couteau dans la plaie, qui fait souffrir encore une partie importante des citoyens.
A notre grande surprise, nous venons de prendre connaissance de la composition de certaines listes électorales sur lesquelles, des personnes présumées tortionnaires de militaires négro-africains dans les années 90, dont le Général à la retraite Mohamed Ould Meguett comme tête de listes aux législatives du parti INSAF.
Cette désignation, consacre aux yeux de toutes les personnes éprises de paix et de justice, l’impunité, le mépris des victimes, des ayants droits et de leurs familles.
Face à cette situation, le FONADH et ses organisations membres,
– dénoncent vigoureusement cette action de réhabilitation pour ne pas dire promotion d’un présumé tortionnaire pour siéger au sein d’une auguste institution comme l’Assemblée nationale.
– Interpelle le parti INSAF en particulier son président et son SG, afin de retirer cette candidature au fin du respecter la mémoire et la dignité de victimes innocentes.
– Appelle le peuple Mauritanien, les partis politiques et la société civile à lui barrer la route
Fait à Nouakchott, le 12 Avril 2023
Les organisations membres du FONADH signataires
• Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH)
• Collectif des Rescapés Anciens Détenus Politiques Civils Torturés (CRADPOCIT)
• Collectif des Veuves
• Comité de Solidarité avec les Victimes des Violations des droits de l’homme (CSVVDH)
• Groupe d’Etudes et de Recherches sur la Démocratie et le Développement Economique et Social (GERDDES) en Mauritanie
• Ligue Africaine de Droits de l’Homme / Section Mauritanie
• Regroupement des Victimes des Evénements 89 -91 (REVE)
• SOS-Esclaves
• Association des Femmes Chefs de Familles (AFCF)
• Association Mauritanienne pour la Promotion de la Culture et de la Langue Sooninke (AMPCLS)
• Association pour la Renaissance du Pulaar en R.I.M (ARPRIM)
• Association pour la Promotion de la Langue Wolof en RIM (APROLAWORIM)
• Association d’Appui au Développement à la Base des Communautés (SALNDOU)
• Association pour le Développement Intègre de l’Enfant (APDE)
• Association pour le Renforcement de la Démocratie et l’Education Citoyenne (ARDEC)
• Ligue Mauritanienne des Droits de l’Homme(LMDH)
• Collectif des Anciens Fonctionnaires de la Police Victimes des Evénements de 1989
• Union Nationale des Rapatriés Mauritaniens du Sénégal (UNRMS)
• Association Mauritanienne pour la Promotion et l’Education des Filles (AMPEF)
Mauritanie – Contexte électoral : Un peu de matière et de méthode à débattre
Dans le contexte démocratique, une élection est un moment critique, un instant d’une rare gravité quant à la vie publique. L’enjeu est d’une telle tragédie que l’acte du vote, emblème populaire de l’occasion, en devient une formalité quelque puisse être fondamentale l’importance de son rôle dans la délibération.
Ce qui doit occuper le devant de la scène publique, c’est bien un débat actif, libre et généralisé, qui puisse faire exprimer le peuple dans ses structures les plus touchées par l’action politique, de sorte à situer le plus clairement possible chaque candidat, chaque programme et chaque parti. Cette condition semble être nécessaire en ceci qu’elle aide à éclairer le chemin qui mène le citoyen à l’urne, mais aussi dans son aspect de lutte contre les tares électorales telles que l’achat de conscience ou, plus exactement, le détournement de conscience – qui, je le rappelle, est un autre type de détournement qui jouit d’une grande impunité.
Ainsi, il n’est de meilleure occasion pour discuter des préoccupations du peuple ; non seulement de ses rapports avec le système gouvernant, ou de l’allocation et de la qualité des institutions et des services, mais aussi des inégalités et des injustices qui affectent sa vie quotidienne et la condition des citoyens.
Dans cette contribution au débat, je me propose de faire une brève discussion de quelques sujets qui me paraissent intimement concernés. Je vais exposer donc trois dignités de base quotidiennement bafouées dans le pays : la dignité sociale, la dignité culturelle, la dignité humaine.
La dignité sociale :
Elle est essentiellement la proie du système féodal et des réflexes patriarcaux multi-échelles. La caste est encore une réalité vive en Mauritanie dans la mesure où elle est prise en compte comme condition d’une transaction sociale fondamentale : le mariage. Le système social que nous avons hérité, et dont nous avons tant de difficultés à révolutionner vers un régime égalitaire, met en action une vie sociale dans laquelle une noblesse détient un pouvoir multiforme face à des castes assignées à des rôles subalternes et un groupe spécial voué à la servitude. Ce régime de vie sociale est un générateur permanent d’inégalités et d’injustices.
Mais, contrairement à ce que l’on peut croire, ces inégalités ne portent pas que sur des paramètres symboliques, elles sont aussi économiques et politiques. Les terres héritées de l’ancien système sont, en général, détenues par les descendants de cette noblesse. Le pouvoir religieux est concentré dans des familles de la noblesse qui, par le biais des liens du mariage, assurent à la fois son partage et sa restriction au sein de la caste. Or, et le pouvoir religieux et la détention des terres constituent des facteurs économiques et politiques. Il est indéniable qu’ils participent, loin de tout système de mérite et de toute approche de redistribution, à alimenter les inégalités.
Pour ce qui est des terres, le sens égalitariste peut remercier la course vers l’émigration, accentuée par l’avancée de la sécheresse, qui avait participé, à une mesure appréciable, à la libération de ceux qui, sans terres, étaient voués à de misérables conditions de dépendance. Malheureusement, comme l’on peut le comprendre sans peine, ce relâchement est de portée très limitée ; l’émigration, n’ayant pas de convictions politiques en soi, n’a été qu’une condition positive pour cette problématique, mais aucunement elle n’a été une mesure pour la résoudre. Les concernés trimbalent encore leurs lots de souffrance. Le phénomène abolitionniste, bien qu’ayant reçu le soutien et la sympathie de plusieurs figures dont celles issues de ladite noblesse, est cependant contré, et souvent avec violence, par le féodalisme. Donc le féodalisme, en tant que système, est réfractaire à l’idée de capituler même si quelques rares individus issus du milieu féodal actent contre ce système. On est là typiquement face à un phénomène, quasi-universel dans les luttes, où le comportement de quelques individus se retrouve à l’opposé de celui de la structure dans laquelle ils sont rattachés. Une subtilité souvent broyée sur le ring des luttes. Je le souligne parce que ces membres en question souffrent de leur achronie au sein des archaïsmes qui les entourent. Pour ceux parmi eux qui sont de caractère à aller au bout de leurs idées, la peine inévitable à essuyer est leur répudiation pure et simple par leur milieu social.
Toujours est-il qu’il faut rappeler que la cellule unitaire qui fait la base de notre société est la famille, et qu’au noyau de celle-ci agit une interaction fondamentale qu’est le lien du mariage ; c’est ce dernier qui assure la liaison du sang et des fortes prérogatives qui y sont rattachées. Or ce lien est interdit entre castes ; nous sommes ainsi en droit de dire que nous vivons dans des apartheids sociaux qui ont toutes les clés pour ouvrir d’autres.
L’autre figure sociale atteinte dans sa condition est la femme. Au moins pour ceux sédentaires parmi les anciens États, où la taille des cités faisait florir les marchés et des commerces de toutes sortes, les femmes avaient un pouvoir et une place qui ne demandaient qu’à s’étendre. La parité, quelque furent ses défauts notamment en politique, était de loin plus convaincante que ce qui est vécu aujourd’hui ; j’en veux pour preuve la place culturelle plutôt égalitaire dont les vestiges sont très éloquents et l’absence de contraintes vestimentaires et de déplacement pour n’en citer que celles-ci.
Dans la transaction qui s’est opérée entre l’ancien et le nouveau cadre de vie, la place de la femme semble régresser dans plusieurs de ses aspects. Le système moderne implanté par des hommes à leur image (les administrateurs coloniaux étaient tous des hommes), calibré pour interagir avec de correspondants masculins, les systèmes postcoloniaux bâtis dans le mimétisme de leur géniteur colonial…
Tout ceci a concouru à établir une culture d’éloignement des femmes des positions de pouvoir, encore plus que ne le faisaient les anciens États précoloniaux où le pouvoir politique était englouti dans sa dimension militaire, et où l’administration et les institutions civiles n’avaient pas d’existence véritable, contribuant à retreindre le pouvoir effectif aux mains des combattants les plus belliqueux. Ceci explique le peu d’action qu’avait le pouvoir de l’époque sur la vie quotidienne des citoyens. Celle-ci était plus régie par l’organisation sociale et les pratiques culturelles que par une administration politique. Ainsi par le rôle qu’occupait la femme dans la chaine économique et dans le lieu culturel et social, sa place a été de plusieurs dimensions supérieure à celle qu’elle a dans un système où l’administration, de par sa construction, donne à l’homme la part essentielle tout en reléguant le champ traditionnel au second plan.
Deux problématiques se posent notamment :
1) Les nouveaux chemins d’acquisition aux tuyaux économiques (salaires) sont ouverts aux sortants de la nouvelle école dans laquelle les femmes ont moultes difficultés à prospérer. Un conflit existe bel et bien entre les exigences sociales et les exigences de l’école. Ce conflit est plus contraignant pour la femme que pour l’homme, qui le subit aussi au fur et à mesure qu’il avance dans les études. Dans l’absence d’ingéniosité à transformer et l’école et la société pour l’avènement d’une formule salutaire qui résoudrait ce conflit, l’éducation moderne de la femme est globalement sacrifiée, son champ de perspectives d’épanouissement rétréci ;
2) Au niveau du droit, nous vivons dans un pays où la protection de la femme n’est pas assurée. La jeune femme victime de viol risque une sanction pénale, du fait de la loi contre le péché de la chair, en plus de ne jamais pouvoir échapper à la sanction sociale et au harcèlement généralisé. Elle est ainsi réduite au silence.
Par ailleurs, la femme est de plus en plus assignée sous un ‘voile’ qui continue ronger expression publique. Un phénomène de harcèlement consistant à la ramener à «sa place » s’est accentuée avec l’avènement des réseaux sociaux où, à chaque altercation, elle voit sa vie privée, réelle ou fantasmée, profanée devant la foule.
La dignité culturelle :
La discrimination culturelle est un problème fondamental qui a surgi dès les premières heures de l’État mauritanien. Nous sommes là typiquement devant un fait d’État en cela que ce problème est purement le fruit d’une idéologie fondatrice de l’État et sur la base de laquelle s’érigent ses institutions, instruments de sa mise en œuvre.
La Mauritanie est un pays multilingue, multiculturel. Et comme tout pays multiculturel, une question essentielle se pose quant à son affirmation identitaire : opte-t-elle pour l’affirmation de sa multiculturalité ? Et dans ce cas une gestion culturelle basée sur un principe égalitaire lui incombe. Ou choisit-elle de promouvoir une culture à développer au détriment des autres ? Dans ce cas, sous l’action de l’inégalité des moyens, les autres cultures verront leur présence décliner jusqu’au néant. Les deux types de modèles sont expérimentés dans le monde. Le premier est celui de la Suisse pour ne citer que ce pays, le second c’est celui de la France. Quant aux effets de chacun de ces modèles, le constat est simple : quand des langues comme le normand, le gascon, l’occitan, que rien ne semblait menacer, se sont retrouvés en voie de disparition en France jacobine sous l’action d’un français armé, une langue comme le romanche, que tout menaçait, s’est vue se maintenir et se développer sur les montagnes d’une Suisse multiculturelle.
Pour ce qui est de la Mauritanie, de la constitution à l’administration, des canaux audiovisuels de l’État à l’école républicaine, le choix de l’unilinguisme ne fait pas de doute. Seulement, une fois que l’on dit que l’unilinguisme a été choisi, faudrait-il encore avoir la suite dans les idées à poursuivre la réflexion sur ce que cela implique, à court, moyen et long terme. Tous les exemples d’expérimentation d’une telle politique sont unanimes sur l’issue : la disparition des cultures non choisies. Là-dessus même les mécanismes par lesquels cette disparition procède sont bien compris.
L’État mauritanien, dans une loi qui a fait couler beaucoup d’encre, a proposé en 2022 une réforme contenant un article qui traite de la politique linguistique. Un article qui rappelle dans sa substance le décret de 1979 sur l’expérimentation des langues pulaar, wolof et sooninke. Seulement, l’article ne laisse aucun doute sur le choix de l’arabe comme langue de la Mauritanie sur tous les plans. L’absence de décision juridique concernant l’usage des langues pulaar, sooninke et wolof, en particulier dans l’administration, qui donnerait ainsi des perspectives d’employabilité, met en lumière l’absence d’une politique égalitaire. Tout montre que le modèle proposé par cette loi est un modèle de transition vers l’unilinguisme arabisant plutôt qu’une étape vers le multilinguisme institutionnalisé.
De plus, l’école, les médias, les espaces de pouvoirs et de services sont des lieux culturellement discriminants qui n’ont aucune autre exigence que le fait de parler l’arabe, ou disons le hassaniya.
La pulwolsooninkité n’apparait dans l’image officielle de la Mauritanie que dans de rares manifestations folkloriques, ou pour teindre les longues queues dans les centres d’État civil où la même frange de la population quémande une nationalité qui lui est pourtant due.
La dignité humaine :
Nous en avons déjà parlé dans le cadre social et culturel ; la dignité humaine est en effet atteinte dans l’oppression sociale et culturelle. Mais au-delà de ces deux processus identifiables et attribuables à des systèmes bien cernés, le peuple, dans sa globalité, souffre des conditions de vie dignes d’un autre temps. Un service de santé extrêmement défaillant, en particulier dans le monde rural. Les citoyens obligés de traverser les frontières pour trouver soins et soulagement à leurs souffrances. Ceux qui n’en ont pas les moyens sont impitoyablement abandonnés à leur sort.
Des citoyens régulièrement réprimés pour avoir consommé un droit fondamental de manifester, d’autres tués à coup de bavures policières dans les cellules de commissariats. L’éducation périclite ; des collégiens qui ne savent ni lire ni écrire du fait du manque de rigueur d’un système idéologisé et négligé. Les diplômés qui s’entassent dans le chômage, en même temps que des milliers de milliards sont empochés des recettes de ressources vendues. Un pays où l’âge médian tourne autour de 20 ans (la moitié des mauritaniens a moins de 20 ans), muni des ressources aussi diversifiées que les mines, l’océan, un fleuve à la bordure duquel s’étendent de vastes terres cultivables, est incompatible avec le portrait de paupérisation continue qu’il ne cesse de renvoyer. Les deux supports de base d’une économie productive sont réunis. La corruption omniprésente est à combattre avec vigueur, elle constitue la plus grande embuche à la gestion rationnelle et intelligente des forces productives, des ressources naturelles et la mise en place des conditions matérielles d’un développement économique.
Pour ne pas étirer la discussion, je conclus ce panorama de quelques problématiques parmi d’autres qui se posent à la Mauritanie. Je n’ai pas axé ma discussion sur les procédures défectueuses des institutions de l’État même si j’y fais allusion par endroit. J’ai privilégié m’appesantir, pour ce qui est de l’État, sur ses fondations inégalitaires. Par ailleurs, comme dans toutes mes analyses, le centre de mon référentiel est le peuple. Les concepts d’État, de république et de nation n’ont d’importance à mes yeux que dans la mesure où ils s’emploient au service du peuple. Car oui, ces conceptions, quelque pugnace que puisse être leur nature, resteront éphémères face à la longévité des peuples. Le génie du peuple c’est de savoir conserver son facteur humain tout en étant une si grande structure. La folie des États c’est de s’échiner à vouloir l’effacer au sein des cadres rigides qui n’ont jamais prévu la souplesse de s’infléchir pour amortir l’effet des vents de sa destruction.
Dans un tel État, la sagesse millénaire des peuples, du fond de ses plus grandes trouvailles culturelles, doit s’exprimer. Et nous devons l’écouter.
Nous devons refuser cette façon sournoise de tuer les débats par la fuite, cette façon d’envoyer une médiocre image de notre pays où tout se règle entre le boutiquier et le client, où tout s’achète et a un prix. Cette attitude n’est pas moins une corruption quand elle est usitée pour faire sauter une contravention que pour expier un crime. Elle est encore plus ignoble quand elle est employée comme procédure privilégiée d’adhésion électorale.
Mouhamadou Sy
Le 02 avril 2023
Souleymane Bachir Diagne invite l’Europe et l’Afrique à regarder dans la même direction pour ‘’retisser’’ leur lien
Paris, 9 avr (APS) – L’Europe et l’Afrique doivent regarder dans la même direction pour ‘’retisser’’ leur lien et ‘’faire communauté’’, a estimé le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne.
De l’envoyé spécial de l’APS, Ousmane Ibrahima Dia
‘’La meilleure manière de retisser un lien, de faire communauté, c’est de regarder dans la même direction et de se fixer des objectifs communs’’, a-t-il dit.
L’enseignant à l’université de Columbia aux Etats-Unis s’exprimait récemment à la fin du colloque ‘’(Re)fonder le lien Europe-Afrique’’, organisé à l’Auditorium du journal Le Monde, à Paris, par les magazines Le Monde diplomatique et Continent premier.
Des diplomates, d’anciens ministres, des chercheurs, des économistes, des jeunes de la diaspora, etc., ont participé à cette rencontre qui entre dans le cadre du ‘’Gingembre littéraire’’ initié par le directeur du magazine Continent Premier, Gorgui Wade Ndoye, un journaliste sénégalais basé à Genève.
La nécessité de bâtir une nouvelle relation entre les deux continents a été abordée pendant une journée à travers trois tables-rondes ‘’Europe-Afrique : dialoguer autrement’’, ‘’Relations économiques, de la verticalité Nord-Sud à l’horizontalité d’un partenariat entre égaux’’ et ‘’La nouvelle géopolitique, une chance pour renouveler la relation Europe-Afrique ?’’.
Dans son propos de clôture, le philosophe a vanté une ‘’Afrique nouvelle’’ qui se met en place dans la perspective d’‘’un futur souhaitable’’ à co-construire avec l’Europe.
‘’Il est question de construire un lien avec une Afrique nouvelle. Une Afrique qui a pris conscience d’elle-même, avec les atouts que représentent ses ressources naturelles, mais aussi démographiques, pourvue que ces populations soient bien formées et mises en situation d’entreprendre, d’innover et de créer’’, a-t-il souligné.
Selon lui, le colloque ‘’a permis de voir profond et de voir large sur un sujet qu’est la refondation de la relation entre l’Europe et l’Afrique ; quelles actions devons-nous entreprendre aujourd’hui en vue d’un futur souhaitable à co-construire dans la relation entre l’Europe et l’Afrique’’.
Affronter le poids de l’histoire
Il a souligné que ‘’dans cette démarche, l’histoire a toute son importance et a son poids’’. L’histoire entre l’Europe et l’Afrique étant ‘’une histoire qui pèse, ce poids il faut l’affronter’’, a-t-il suggéré.
Après l’afro-pessimisme, une ‘’Afrique nouvelle’’ se met place et construit ‘’de plus en plus son propre agenda’’, qui est celui ‘’d’un panafricanisme revivifié’’, a-t-il salué.
Il a rappelé l’avènement, depuis janvier 2021, de la Zone de libre échange continentale (Zlecaf). ‘’(…) ce n’est pas rien. Cela veut dire que la direction est prise. (…) L’idéal fédéraliste s’est au fond réveillé’’, a-t-il dit, non sans reconnaître que la démocratie ‘’est en très mauvaise santé’’ sur le continent, comme dans le reste du monde d’ailleurs.
Selon lui, ‘’l’Afrique est en train de développer des partenariats et entend développer des relations avec elle-même’’.
‘’Cela veut dire que les pays africains eux-mêmes sont en train d’avoir des politiques africaines’’, s’est réjoui le philosophe.
Dans le cadre de ces partenariats, dit-il, le continent entend que ‘’son propre agenda’’ soit pris en compte, a-t-il dit.
Il a rappelé que ‘’ce qui a établi une asymétrie dans les relations entre l’Europe et l’Afrique, c’est que l’Europe avait son agenda’’ alors que ‘’l’Afrique ne semblait pas avoir d’agenda’’.
Souleymane Bachir Diagne a évoqué la construction d’une Afrique qui n’est plus celle des ‘’liens verticaux’’ avec l’ancienne puissance coloniale, symbolisés par le fait que la plupart des infrastructures-routes et chemins de fer-partaient des points d’extraction des richesses jusqu’à la côte. Il s’agit maintenant, selon lui, de mailler l’Afrique en infrastructures pour construire l’espace africain.
L’enseignant a relevé que c’est dans ce cadre qu’il y a un agenda qui indique qu’il faut accorder la priorité aux infrastructures, pour que l’Afrique ‘’soit véritablement unie’’. Cette perspective permet que l’on puisse quitter, avec sa voiture, Dakar pour se rendre à Lagos, a-t-il encore dit.
“S’endetter pour construire des infrastructures a un sens”
Partant de là, il ne faut pas s’étonner de la place importante qu’a prise la Chine sur le contient, a estimé Souleymane Bachir Diagne.
Il a rappelé que ce n’était pas la tradition des puissances européennes d’investir dans les infrastructures qui estimaient qu’il y avait ‘’très peu de rendement, de retour sur investissement’’ dans les infrastructures.
Selon lui, la Chine présente l’intérêt pour les pays africains d’investir dans les infrastructures, c’est-à-dire de faire en sorte que l’Afrique ‘’soit un espace unifié, un espace plus homogène possible’’.
Par rapport aux voix qui s’élèvent contre cette politique, il a déclaré : ‘’On a raison de dire qu’il faut se méfier ; qu’il ne faut pas qu’on soit prisonnier de la dette, mais il y a de bonnes et de mauvaises dettes. S’endetter pour cela a un sens. Et de toutes les façons, tout le monde s’endette vis-à-vis de la Chine. Ce n’est pas pour rien qu’elle est la deuxième puissance économique mondiale (…)’’.
Pour sa part, l’ancien ministre des Affaires étrangères, du Sénégal, Cheikh Tidiane Gadio, a estimé que refonder le lien entre l’Europe et l’Afrique prendra du temps à cause du passif humanitaire lié à l’esclavage, la colonisation et le post-colonialisme.
Selon lui, il faut ‘’inventer une nouvelle relation’’ et ‘’ne pas vivre dans l’amertume’’.
Les Africains peuvent prendre leur destin en main grâce aux nombreux atouts dont regorge le continent, de l’avis de M. Gadio.
Défaut de leadership
‘’Nous avons tout. Nous sommes le continent potentiellement le plus riche du monde. On a un milliard de jeunes, des terres qui nous permettent de nous nourrir. On a toutes les ressources naturelles du monde. Il nous manque juste un leadership’’, a-t-il dit.
Selon lui, l’Afrique doit réfléchir et régler elle-même ses propres problèmes.
‘’Nous sommes des adultes. Nous voulons prendre notre destin en main. Nous voulons régler nos problèmes, qu’on arrête de réfléchir pour nous’’, a-t-il exhorté, déplorant l’existence de ‘’20 vingt stratégies’’ pour le règlement de la crise sécuritaire au Sahel.
Il a déclaré que ‘’vingt stratégies Sahel ont effondré le Sahel’’. Reprenant une expression des jeunes en guise de conclusion, il a dit : ‘’Tout ce qui se fait pour nous, sans nous, se fait contre nous’’.
OID/ASG
DEVOIR DE MÉMOIRE: 9 AVRIL 1989 À DOUNDÉ KHORÉ.
Le 9 avril 1989 est une date tragique et inoubliable. Suite à un banal incident entre éleveurs Mauritaniens et cultivateurs Sénégalais, le garde frontalier mauritanien Khreibishe Ould Eyde à la gâchette facile, trouve un prétexte pour tirer à bout portant sur des pauvres paysans sénégalais désarmés de Diawara. Bilan: 2 morts (Moussa Sakho et Fousseynou Sakho). 3 blessés graves (Lansana Peinda Sakho, Congo Koné et Lassana Niamé Ba), 12 otages pris et emprisonnés à Selibaby.
Vous connaissez la suite: le sourire cynique du tristement célèbre ministre de l’intérieur mauritanien colonel Djibril Ould Abdallah dit Cimper à Dakar devant la presse( le 18 avril). Révolte des jeunes sénégalais, pillage des boutiques et lynchage des maures à Dakar ( 19 avril). Nouakchott réplique par des pogroms anti noirs à Nouakchott et Nouadhibou ( 24 et 25 avril). Rapatriement des populations, les larmes du président Abdou Diouf au CTO de Grand Yoff ( le 28 avril), le fameux discours du colonel Taya ponctué et saccadé par son fameux “Nul n´ignore”, ( 7 mai), la rupture diplomatique entre le Sénégal et la Mauritanie. Des centaines de morts de part et d´autre du fleuve, des déportations massives des populations noires au Sénégal et au Mali et le début d’une longue traversée du désert pour la communauté négro-mauritanienne devenue depuis “sans papiers, ni patrie, sans travail”, autrement des “Palestiniens de l´Afrique de l´Ouest” pour reprendre la belle formule de notre regretté ami et frère Sennen Andriamirado de Jeune Afrique.
Non à l’oubli!
DEVOIR DE MÉMOIRE: 9 AVRIL 1989 À DOUNDÉ KHORÉ.
Il y a un engouement nouveau qui pousse beaucoup de gens et parmi eux beaucoup de jeunes à se précipiter de manière désordonnée à la candidature de la députation. Quelles en sont les réelles motivations ? Le salaire à plus d’un million ou l’illusion de penser que l’Assemblée Nationale est autre chose qu’une chambre d’enregistrement des décisions de l’Etat profond ? A part des prises de parole chronométrées qui font un buzz, relatif d’ailleurs, sur les réseaux sociaux que se passe-t-il réellement au Parlement sinon les validations de propositions de lois qui trop souvent vont à l’encontre de nos intérêts. Sans une coalition forte de changement toute tentative est ridicule et contre-productive. Un député dans le contexte actuel, qu’il soit du pouvoir ou de l’opposition, n’a franchement qu’une portée symbolique. Mais quand même c’est un symbole que nous devons confier à ceux, comme Samba Thiam, qui ont la profondeur nécessaire. Pour l’instant nos politiciens nous précipitent vers une vaste farce. Aboubacar Soumaré dit AKA Maire de Sebkha. Source: Facebook